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HORIZON PLURIEL - N°28 - JANVIER 2015
... que la magie opère !
Education et promotion de la santé en Bretagne
Horizon pluriel
Les acteurs de la promotion de la santé, et notamment l’IREPS de Bretagne, s’engagent à soutenir et mettre
en œuvre des projets fondés sur la conance en la capacité des personnes et des groupes à décider de
leur vie et de leur santé. Ces projets s’inscrivent dans des valeurs de bienveillance, de non-malfaisance,
d’autonomie et de justice sociale. Ces valeurs peuvent nous amener à exprimer des convictions fortes, à
bousculer un ordre établi, à susciter un rééquilibrage et un partage des pouvoirs, à repenser en profondeur
les rôles et les places, an d’accroître le pouvoir d‘agir des acteurs de terrain et des populations.
Ces nalités ne peuvent être rejointes sans une réelle possibilité d’exercer des choix, pour soi ou pour sa
collectivité. Les évènements violents que connaît notre pays traduisent la volonté de certains de porter
atteinte à la pluralité des discours, de réduire notre périmètre d’action et donc notre liberté de choix.
C’est pourquoi, considérant que la liberté d’expression est un droit inaliénable, indissociable de la promotion
de la santé, l’IREPS de Bretagne tient à marquer sa solidarité avec l’ensemble des énergies positives qui se
mobilisent en ce moment en se joignant à ce mouvement. Nous sommes Charlie
Santé connectée...
© Kacper Kiec
HORIZON PLURIEL - N°28 - JANVIER 2015
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Témoignages
Controverse
Analyse
Marque-page
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Editorial
3 Réinventer le numérique au service de la
santé pour tous
Les jeunes et les réseaux sociaux :
n’ayons pas peur !
Médecine translationnelle
et personnalisée : entre progrès
technique et questions éthiques
La santé connectée : une réponse
aux dés actuels de suivi des patients ?
Le domicile comme relation : quand
les usagers réinventent un bracelet
de géolocalisation
14 Santé connectée et promotion de la santé,
complémentarité ou antagonisme ?
15 Inédit : Le Journal Connecté de Bridget
sommaire
p. 5
Horizon pluriel
ISSN 1638-7090
Horizon Pluriel est une publication de l’IREPS Bretagne
4 A rue du Bignon, 35000 Rennes, [email protected]
Cette publication est disponible en ligne : http://www.irepsbretagne.fr
Directeur de la publication : Gérard Guingouain
Rédacteur en chef : Magdalena Sourimant
Comité de rédaction : Isabelle Arhant, Christine Ferron, Marick Fèvre,
Philippe Lecorps, Jeanine Pommier
Documentation : Flora Carles-Onno
Conception graphique : Magdalena Sourimant
Illustrations : Kacper Kieć (Wałbrzych, Pologne)
Impression : Imprimerie du Rimon (35)
8Smartphone en fête ou la prévention
des risques en milieu festif
12 Promesses et limites de la santé
connectée
10 Connectés pour le meilleur et pour
le pire !
p. 6
p. 7
p. 8
p. 10
p. 12
p. 14
10
Débat
p. 15
3HORIZON PLURIEL - N°28 - JANVIER 2015
La ville, le trottoir, la maison, le parcours de santé intelligents : tout ce
qui touche au numérique rendrait-il notre environnement « intelligent »
et notre société plus performante ?! C’est le rêve devenu réalité pour
quelques magiciens des nouvelles technologies, un peu illusionnistes
et très prolixes dans les médias actuellement.12 Longtemps ignorée, la
santé y fait une entrée triomphale : fascination relevant parfois de la
science-fiction, ou rejet viscéral invoquant l’éthique. Un discours et des
usages éclairés sont-ils encore possibles dans ce monde connecté mais
quelque peu déboussolé ? Ce numéro d’Horizon Pluriel apporte des
éléments de réponse mais pose aussi avec pertinence beaucoup de
questions pour un développement raisonné et utile du numérique en
promotion de la santé et dans le champ de la prévention.
De vrais projets pour de vrais usages
La e-santé recouvre des domaines permettant de développer des projets
de nature très variée influant tous directement ou indirectement sur la
santé des individus et de la collectivité : bases de données, domotique,
réseaux sociaux… Or ces technologies captivantes, poussées par des
passionnés d’informatique et des systèmes d’information, conduisent
très souvent à mettre entre nos mains des outils gadgets, dont
l’intérêt réel est parfois discutable. Dans ce dossier d’Horizon Pluriel,
il est évoqué une expérimentation de télémédecine en Etablissement
d’hébergement pour personnes âgées (EHPAD). Personne ne doute de
son utilité, mais beaucoup d’entre nous connaissent des équipements
installés dans ces structures dont l’usage concret est quasi inexistant.
Or un outil numérique doit d’abord se mettre au service d’un projet de
santé. La 1ère étape est d’élaborer un vrai projet médical d’établissement
démontrant ou non l’opportunité de disposer d’un tel outil. En promotion
de la santé, il en est de même : d’abord élaborer par exemple un projet
de santé de territoire avant de se poser la question de l’utilisation
possible des réseaux sociaux de proximité pour activer la participation
de la population. L’outil numérique doit être au service d’objectifs à
définir préalablement. C’est la seule façon d’en développer des usages
pertinents pour des citoyens et des professionnels réellement acteurs.
Favoriser l’évolution des organisations
En miroir à ce premier constat, il est nécessaire de préciser que
l’émergence d’outils numériques peut être également un puissant
facteur de changement, bousculant favorablement des organisations
figées. Récemment, il a été proposé de déployer des outils numériques
connectés pour faciliter le maintien à domicile de patients en fin de
vie. C’est un souhait rarement réalisé concernant de nombreux malades
et leurs familles. Les solutions techniques existent, les organisations
opérationnelles sont implantées dans plusieurs pays, l’efficience de
ces soins palliatifs humanisés est démontrée… pourtant le lancement
de cette expérimentation a suscité de violents débats3. Pourquoi ?
éditorial
Cette proposition modifie les organisations, notamment par un transfert
d’activité de l’hôpital vers la ville, mais aussi et surtout peut provoquer
un transfert de compétences entre infirmiers et aides-soignants !
Aujourd’hui, ce projet est en
stand by.
Cependant, il aura permis de
poser de bonnes questions sur l’organisation de notre système de
santé et le maintien de la qualité de vie des malades et de leurs aidants.
Libérer la parole citoyenne
Dans certains pays, le smartphone accessible à tous fait émerger des
contre-pouvoirs peu maitrisables par les autorités traditionnelles. Cette
dynamique de « l’empowerment retrouvé » peut être un puissant levier
de changement. Dans cette perspective, ces outils ne doivent pas rester
aux mains des puissants, qu’ils soient entreprises multinationales ou
régimes autoritaires. Ce sont de vigoureux supports d’(r)évolution !
Les éducateurs, mais aussi les autorités de santé, doivent se poser
la question de leur rôle dans ce nouvel espace qu’ils ne peuvent plus
ignorer. Il est nécessaire qu’ils trouvent des voies de compréhension et
d’action en cohérence avec les concepts portés par la Charte d’Ottawa,
ce qui est non seulement possible mais très prometteur. Dans le pré-
rapport rédigé à l’occasion d’un des chantiers de la Stratégie nationale
de santé (non publié à ce jour), il est précisé :
« Les outils numériques
participent à la transformation de la relation entre les autorités de santé
traditionnelles et les citoyens. Ils bousculent les asymétries d’information
médecin-patient, autorité publique-citoyen… ».
Dans ce même rapport, une place significative est accordée à la parole
et à la science citoyennes dans une logique de partage. Il est notamment
fait référence aux limites de l’Evidence based medicine qui doit
« coexister
de plus en plus aux côtés d’une information populaire ; elle peut la
challenger, la contredire ou la compléter »
. Il est aussi évoqué l’importance
de former les professionnels de santé
« à accueillir les usages numériques
des patients, voire à en tirer parti dans un but d’améliorer leur propre
pratique ».
Le Conseil national du numérique décline cette notion à travers
un terme et une définition : la littératie en santé numérique pour
« faire en
sorte que chacun dispose, selon sa trajectoire, son point de départ, son
but, des connaissances qui l’aideront à réaliser ses objectifs immédiats
comme à développer ses projets, à comprendre son environnement et
à le changer »
4. Si la dimension collective est prise en compte, il est fait
également référence aux risques d’une autonomisation du citoyen sous
forme de libre-service des informations de santé et donc à la nécessité
d’irriguer des réseaux et cercles de sociabilité réels. Dans le cas contraire,
le numérique accroitrait les inégalités sociales face à la santé.
Enfin, ce rapport mentionne la notion de démocratie sanitaire avec
l’importance d’horizontaliser, non seulement les savoirs mais aussi les
pouvoirs. Dans cette perspective, si une information pédagogique de
proximité et de confiance est indispensable autour de la compréhension
de notre système de santé, il est impératif de passer de l’information à
l’action engageant tous les citoyens. Le rôle des outils numériques dans
cette démarche participative est aujourd’hui peu développé. Il reste, là
encore, de la place pour l’innovation, l’imagination et peut-être le rêve.
RéinventeR le numéRique au seRvice de la santé pouR tous
FRançois BaudieR, aRs FRanche comté
4
EDITORIAL / TÉMOIGNAGES
HORIZON PLURIEL - N°28 - JANVIER 2015
© Kacper Kiec
Acteurs de la promotion de la santé et de la prévention, réapproprions-nous le
numérique ! Donnons du sens à ces outils avant que des intérêts très particuliers ne les
instrumentalisent pour des objectifs peu avouables. Les rejeter serait laisser le champ libre à
des logiques mercantiles ou autoritaristes. Nous en sommes convaincus, le numérique peut
être un puissant facteur de changement et de liberté si nous savons agir collectivement…
mais le temps presse ! n
1
Médecins de demain, docteurs es numérique, par Jean-Christophe Féraud, Libération, 1
er
décembre 2014
2
L’aube des villes intelligentes, par Frédéric Joignot, Le Monde « Culture et idées », 20 décembre 2014
3
Fin de vie : un projet d’accompagnement à domicile des aides-soignantes en Franche-Comté fait débat, par
Nicolas Cochard, Dépêche APM du 17 juillet 2014.
4
Conseil national du numérique : Citoyens d’une société numérique, octobre 2013, consultable à partir du lien
suivant : http://www.cnnumerique.fr/inclusion/
Pendant des années, et encore aujourd’hui, les rapports des jeunes aux réseaux sociaux
et au numérique ont suscité rejet ou scepticisme (rarement enthousiasme) de la part
d’éducateurs, de parents ou d’enseignants « protecteurs » sur ces sujets. Cette question
a été très souvent abordée à travers les dangers qu’ils pouvaient représenter. Sans nier
cette réalité, nous faisons l’hypothèse que cette ignorance ou cette condamnation à priori
sont pour partie liées aux risques de remise en cause d’une autorité ne passant plus
par les voies classiques de notre organisation sociale. Ces nouveaux espaces d’échange
et de partage créés par les réseaux sociaux échappent brusquement aux règles
organisationnelles et décisionnelles de la famille ou de l’école.
Parmi les éléments ayant le plus d’impact sur le bien être et la qualité de vie des jeunes
se trouvent les relations amicales, piliers de la construction de leur identité.
Actuellement, les supports les plus utilisés pour faire vivre ces relations sont les réseaux
sociaux. Ils permettent aux jeunes d’affirmer leur appartenance à un groupe, de partager
leurs émotions et de se valoriser.
Mais ces mêmes outils peuvent aussi servir de support aux aspects les plus négatifs des
relations sociales : dénigrement, harcèlement, humiliation.
Ni blancs, ni noirs, les réseaux sociaux ne sont que des outils du lien social, et c’est la façon
dont ils vont être utilisés qui fera d’eux des alliés ou des freins à la santé des jeunes. C’est
en cela qu’il est important d’accompagner les adolescents vers un usage « raisonné »
de ces moyens de communication, dans le respect d’eux-mêmes et des autres.
Les pratiques connectées peuvent revêtir des formes multiples et investir
le quotidien des personnes. Qu’elles soient orientées santé ou pas, elles
ne sont pas sans impact sur le bien-être et la qualité de vie des utilisateurs.
Qu’en est-il des réseaux sociaux ? Très prisés des jeunes et souvent
décriés par les adultes, sont-ils porteurs de risques ou vecteurs de santé ?
Les jeunes et les réseaux
sociaux : n’ayons pas peur !
François BAUDIER
ARS Franche Comté
Amélie CHANTRAINE
IREPS Bretagne
1
La médecine translationnelle est « une activité
aux interfaces entre recherches fondamentale et
clinique ». Elle suppose des échanges constants
et réciproques entre les acteurs impliqués dans
ces deux types de recherche et vise à concevoir
et valider de nouvelles stratégies préventives,
diagnostiques, pronostiques ou thérapeutiques
(d’après la définition de l’Agence Nationale
de Recherche). Dans cette perspective, la
recherche fondamentale doit pouvoir se traduire
en application concrète pour le patient et
réciproquement, l’observation du patient doit
permettre de nourrir la recherche cognitive.
2
http://research.systemsbiology.net/100k/#
33
http://www.senat.fr/rap/r13-306/r13-306_
mono.html
44
http://www.prnewswire.com/news-releases/
genetic-testing-can-help-the-us-cut-costs-
and-improve-health-care-126105103.html
5
Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée relative
à l’informatique, aux fichiers et aux libertés
5
TÉMOIGNAGES
HORIZON PLURIEL - N°28 - JANVIER 2015
Médecine translationnelle1 et personnalisée :
entre progrès technique et questions éthiques
Jessica Thiot, Elève directrice d’hôpital,
Promotion Denis Mukwege (2014-2016)
Lors du sommet mondial de la santé qui s’est tenu du 19 au
22 octobre 2014 à Berlin, la recherche et l’innovation étaient
à l’honneur. Les apports de la médecine translationnelle ont
en particulier été soulignés. Cette nouvelle approche médicale
permet de faire le lien entre la recherche fondamentale et la
recherche clinique, rendant les innovations thérapeutiques
plus rapidement accessibles. Ainsi, des échantillons biolo-
giques (sang et tissus) prélevés sur des patients sont étudiés
en laboratoire dans le cadre de recherche fondamentale. Cette
méthode favoriserait la rapidité et la pertinence des résultats.
La médecine : le bénéficiaire phare du big data
en matière de santé
La constitution de
big data
(ou données massives) démultiplie
les capacités d’analyse des chercheurs. En triant et recoupant
de si nombreuses informations, il devient désormais possible
d’élaborer de nouvelles statistiques, et donc en quelque sorte
de « prédire » des phénomènes. Cela est particulièrement per-
tinent dans le domaine de l’épidémiologie. Mais pas seulement,
puisque l’analyse du génome humain par des plateformes bio-
informatiques
open source
permettrait de se concentrer sur le
0,1% d’ADN propre à chaque individu, et donc de définir une véritable
médecine personnalisée.
Ainsi, l’étude des nouveaux biomarqueurs, associée à une analyse
interdisciplinaire des données de santé, ouvre la voie à une nouvelle
forme de médecine, dite « médecine P4 » car personnalisée, préven-
tive, prédictive et participative. Selon Dr Hood, de l’
Institute for Sys-
tems Biology
de Seattle, qui promeut ce concept, il s’agit de garantir
aux individus l’accès à leurs propres données de santé via les objets
connectés, et notamment les smartphones. Par exemple, l’application
Withings
offre déjà des fonctionnalités telles que : prendre son pouls,
suivre sa courbe de poids ou encore le nombre de pas effectués en une
journée. Les médecins pourraient alors suivre l’état de santé de leurs
patients en dehors des visites programmées.
Le rôle préventif, plus que simplement curatif, de la médecine est ici
souligné. Les nouveaux systèmes de biologie associés à la révolution
numérique permettront ainsi d’identifier la défaillance d’un organe ou
une perturbation biologique de façon plus précoce2.
Les bénéfices attendus pour la médecine sont nombreux. Le laboratoire
pharmaceutique suisse Roche a en effet démontré il y a deux décen-
nies qu’un même médicament pouvait avoir une efficacité différente
et provoquer des réactions différentes selon les patients. Cela est par-
ticulièrement vrai dans le cadre du traitement du cancer3. Les systèmes
nationaux de santé pourraient également tirer profit de ces effets
positifs. En effet, il a pu être démontré que le choix de médicaments
adaptés au patient permettait de diminuer les risques de mortalité de
30%, et de 52% les risques de rechute, tout en réduisant les coûts de
24 000$ par patient4.
Des questions éthiques invitent à rester vigilant sur
l’ouverture des données de santé
L
a récolte et la conservation des données de santé posent des ques-
tions de sécurité et de protection d’informations personnelles, d’où les
nombreux débats autour des
big data
et plus encore de l’
open data
(données ouvertes). Par exemple, dans le cadre de la gestion de la
crise Ebola, le gouvernement nigérien s’est illustré par son efficacité à
gérer cette crise, mais avec des moyens qui ne sont pas sans soulever
des interrogations. En effet, afin d’identifier les personnes à risque, un
décret présidentiel a autorisé les autorités à accéder aux enregistre-
ments de téléphones portables et à surveiller certains citoyens.
En France, un arsenal juridique existe afin de limiter l’accès aux don-
nées à certaines institutions et professionnels de santé, garantis-
sant aux individus l’anonymat et la liberté de modifier ou supprimer
les données qui les concernent5. Les pressions pour ouvrir de plus
en plus le périmètre de libre circulation de ces données et l’évolution
des systèmes de traitement des données, les exposant à des analyses
auxquels elles n’était pas initialement destinées, nécessitent toutefois
de rester vigilant sur ce sujet. Les données de santé sont en effet par-
ticulièrement sensibles, relevant de l’intimité.
Vers une redéfinition des rôles des professionnels de
santé et de l’hôpital
Au-delà de ces débats se pose également la question de l’accompa-
gnement des patients qui auraient un accès instantané aux diagnostics
et données médicales, récoltés avec les mêmes outils, surtout dans un
contexte de multiplication des maladies chroniques et de vieillissement
de la population.
L’éducation thérapeutique des patients devient alors fondamentale,
sans paraitre suffisante. Le rôle des médecins comme celui de l’hôpital
sont en ce sens essentiels, tant dans le soutien à l’interprétation des
données, que pour assurer un suivi social adapté. Ainsi, l’utilisation des
technologies numériques, associée à un accompagnement personnel
des patients, ouvre des perspectives vers un véritable changement de
paradigme, pour une approche globale centrée sur la personne, mais
aussi respectueuse de son environnement, dans la mesure où le déve-
loppement de la e-sante favorise le maintien à domicile. n
Des échos du Sommet mondial de la santé (Berlin, 22 octobre 2014)
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