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La répétition générale de l’Or du Rhin, première partie de la
tétralogie, a eu lieu le dimanche 6 août, de 7 heures à 9 heures
1/2 du soir. Pendant que le roi de Bavière écoutait ce prologue
de l’Anneau du Nibelung, les habitants de la capitale de la
Haute-Franconie préparaient l'illumination de leur ville, et
cette illumination, paraît-il, a pleinement réussi. À la sortie du
théâtre, le Roi est monté en voiture, pour retourner à
l'Ermitage en traversant les principales rues de la ville, et sur
tout le parcours il a été entouré d'une foule compacte qui n'a
cessé de l'acclamer avec enthousiasme.
Ce même jour on a reçu de Gastein la nouvelle officielle de
l'arrivée de l'Empereur d'Allemagne qui est attendu à Bayreuth
avec sa suite, le samedi 12 août, à 5 heures 1/2 de l'après-midi.
L'Empereur Guillaume habitera le «Nouveau Château», créa-
tion du Margrave Frédéric de Brandebourg (mort en 1763),
beau-frère du roi de Prusse Frédéric II. Le grand-duc et la
grande-duchesse de Bade et le prince George de Prusse sont
également attendus le 12 août. On annonce pour le même jour
l'arrivée de l'Empereur et de l'Impératrice du Brésil.
L'Indépendance sera représentée aux solennités wagné-
riennes de Bayreuth par un correspondant spécial, qui nous
rendra compte de la première série des représentations : 13
août, l’Or du Rhin ; 14 août, la Walkyrie ; 15 août, Siegfried ; et
16 août, le Crépuscule des Dieux.
Il n'a pas fallu moins de quatre ans pour mener à bonne fin
cette entreprise unique dans l'histoire de l'art musical, et pen-
dant ces quatre années on s'est bien souvent demandé si
l'auteur de l'Anneau du Nibelung réussirait à réaliser son rêve.
Ce n'est guère que depuis l'été dernier, depuis les premières
répétitions du mois d'août 1875, qu'il a fallu se rendre à
l'évidence. Depuis deux mois, cette entreprise, dont le succès
semblait problématique, dont l'avortement était même considé-
ré comme probable, excite les plus ardentes sympathies, et
tout au moins la curiosité la plus vive. Un grand nombre de
journaux, non seulement en Allemagne, mais encore en France,
en Angleterre, un peu partout, voire même en Amérique, pu-
blient des comptes-rendus anticipés de la tétralogie wagné-
rienne. Bien que les poèmes aient paru pour la première fois, il
y a plus de dix ans, bien que la dernière partition soit gravée
depuis quelques mois, nous n'avons pas voulu suivre cet
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