Séminaire Dubreil. Algèbre et théorie des nombres M. L AZARD Compositeurs et analyseurs Séminaire Dubreil. Algèbre et théorie des nombres, tome 9 (1955-1956), exp. no 5, p. 1-7 <http://www.numdam.org/item?id=SD_1955-1956__9__A3_0> © Séminaire Dubreil. Algèbre et théorie des nombres (Secrétariat mathématique, Paris), 1955-1956, tous droits réservés. L’accès aux archives de la collection « Séminaire Dubreil. Algèbre et théorie des nombres » implique l’accord avec les conditions générales d’utilisation (http://www.numdam.org/legal.php). Toute utilisation commerciale ou impression systématique est constitutive d’une infraction pénale. Toute copie ou impression de ce fichier doit contenir la présente mention de copyright. Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques http://www.numdam.org/ 5-01 Faculté de Paris des Sciences 5 décembre 1955 Séminaire P. DUBREIL et C. PISOT (ALGÈBRE et THÉORIE n~ 5 Exposé NOMBRES) DES 1955/1956 Année COMPOSITEURS et ANALYSEURS. par M. LAZARD. t.- Compositeurs. Si M est ments dans tésien de M n a. ~, ge~ nous dirons f ensemble quelconque, nous appellerons fonction de n arguune application f s M 2014~. M ~ où 1’~ désigne le produit carensembles égaux à M . La valeur prise par f pour une famille un ... ~ f M a . .-. ~ e(M), n?-L définis par e~ i doit vérifier ~(a~1 , i ~ M lieu de "la fonction sera composée fonction ou ... , ~- généralisation M y plus simplement, a~) = a~ e.. n~i pour tous ? (M) . noté notée sera a~ , les éL éments .~ ~ de Fn M . L’entier a~ o n . naturelle de la notion de dans lui-même est la demi-groupe d’applications suivante ; on prend dans chaque y(M) partie E~ ~ et on considère la suite laquelle on impose deux conditions : 1°) chaque (I ~ i ,( n) ? 2o) si ~ g~ ~ , g~. de au plusieurs arguments dans M : si une Par " abus de g~) . Nous noterons d’un ensemble arguments dans g~ ~ ~"~ ? Une n a ). 3 x) ... ~ composer les fonctions de f ~ ~(ël ... ° parfois ~la fonction " . L’ensemble des fonctions de On notée sera abstraction~ on parvient à "abstrait"). Il faut E E~ e f(g~ , .~~ g~) ~ E~ . alors la notion de compositeur alors axiome pour un à (E ) . contient les (tout assurer comme à celle "l’associativité de la composition". Définition ~ Un compositeur E est constitué par la donnée s 1°) d’une suite d’ensembles (E ) , n 1, 2.... ~ n 2°) d’une famille distingués e . (- E , pour 1 = o ~ 201420142014201420142014.2014.20142014 3°) 1~ m p d’une famille d’applications Tm,n : t ° ° ° ~ i n Em~ Fm(En), définies pour assujettis à vérifier les deux axiomes suivants : 0153 ; fm) = fi , (Tm,n em,i)(f1 , en,n) = f , (T n,n f)(e n, 1, (02) et pourtous ... , En . e o e 9 (Cl) L’axiome d’associativité } est l’axiome "éléments neutres" Dorénavant, dire que nous écrirons g) qu’un compositeur E ~ a une famille d° application ~’ En n suivantes ~ 1°) à la composition dans dans M 9 2°) aux éléments distingués Nous dirons de même nom e alors 03C4n(f g1 , . , gm) Nous nous permettrons de (E ) = opère sur ; fn (M) c’est-à- e . si de E f E Em ... ... , gm) . conditions aux composition des fonctions correspondent les fonctions la et En 9 g1 , ... , gm ~ et 03C4ngm) , , si l’on M ensemble un satisfaisant correspond E (03C4mf )(03C4n g1 , = est l’axiome des de (T lieu au précisément: M Plus dans (C2) l’axiome supprimerons les signes nous e fm. ~ En , ... , 03C4n e. e= e plus expliciter les définitions aussi naturelles. ne peut définir la représentation régulière d’un compositeur par un procédé de "dédoublement" analogue à celui utilisé pour la représentation régulière des groupes et des algèbres. Soit E = (E ) un compositeur. Nous pouvons considérer des applications s pour p q , en posant ~ On biunivoques 03C0pq: = f(xl ’ f(eq,1 , ... , pour f E ... , eq,p) x) la Eq M opérer E sur représentation régulière faisons tibles On avec la une M de et stable pour la On famille définit un = formons nous E . e un homomorphisme en F ~"~ En p t~~ r s E ~ F de deux qui sont compacorrespondance les éléments distingués. d’applications 03C6n : En et mettent Fn considère applications 03C0pq E ~ Fn 0 définit la notion de sous-compositeur la famille des ensembles on et pour les P d’une manière naturelle n nous obtenons ainsi famille composition dit : x1 , ... , xp, ... , xq) ; des ensembles On définit d’une manière naturelle compositeurs:i c’est ( autrement E fonction de comme une alors la limite inductive nous Ep F d’un compositeur E supposée contenir les éléments ~ c’est distingués, composition. système de d’ensembles An ~ En, générateurs A tels que E d’un compositeur E comme une soit le seul sous-compositeur de E qui contienne A. A Soit = (A ) compositeur libre E engendré suite d’ensembles. Un une compositeur admettant A comme système de générateurs, et tel que pour tout compositeur F et toute application 03C6 : A ~ F (c’est-à-dire par A est pour toute un prolongeant 03C6 ~ F)s nissant des iimots"’ et compositeur un en il existe homomorphisme lU : un E ~ F est nécessairement unique. L’homomorphisme . peut construire On A famille ((): libre demi-groupe libre naturelle de "longueur" comme un introduisant la notion peut alors être défini en défi- d’un mot. générateurset de relations entre ces générateurs : on se donne un système de générateurs, et des égalités entre "mots" en ces générateurs, qui engendrent une relation d’équivaTout E compositeur lence compatible générateurs en Exemple s avec la composition dans le au moyen de compositeur libre engendré par les questiono on prend x ) 9 x3) comme générateur f ~x ~ x ) ) o = f ~ E29 et comme relation On obtient ainsi le compositeur des demi-groupes. peut considérer que les ensembles sur lesquels opère un compositeur E donné appartiennent tous à une même espèce de structure algébrique. Les opérations (lois de compositions) de l’espèce considérée correspon- généralement, Plus dent à on système de générateurs du compositeur E ; les restions entre ces générateurs se traduisent par des identités génériques (c’est-à-dire valables pour un choix quelconque des arguments) dans les structures de l’espèce en question. Par exemple, pour les demi-groupes, on prend’une opération (le produit) et une identité (la relation d’associativité). un Il est aisé de caractériser les espèces de structures algébriques que l’on peut définir à partir d’un compositeur ? ce sont celles où les opérations sont partout définies, et ne sont assujetties qu’à vérifier des "identités génériques". Ces structures comprennent, par exemple, les demi-groupes, groupes, groupes abéliens, anneaux, anneaux de Lie, 03A9-modules (03A9 désignant un anneau donné ), etc. Par contre elles ne comprennent pas les corps (l’inverse n’est pas partout 0 ("pour tout x s il existe un h tel que xph = 1 " n’est pas une identité générique, puisque h peut varier), ni les demi-groupes avec règles de simplification ("xy = xz implique y z °’ n’est pas une "identité’’)~ etc. On obtient donc une classe assez restreinte de structures algébriques. défini)9 ni les p-groupes = (E ) , et l’espèce de structure algécompositeur E brique qu’il définit, chaque ensemble En peut être identifié à la structure libre de l’espèce en question, engendrée par les générateurs pour i ~ n . Par exemple, le compositeur des groupes est formé d’une suite de Si l’on considère = un 0 groupes libres à générateurs. 1~2~... La définition d’une espèce algébrique à partir système de générateurs et de structure d’un composi- de relations. qu’on ait fait choix d’un Deux systèmes différents conduisent à deux définitions distinctes de structures teur suppose algébriques. équivaut à dire qu’un isomorphisme entre deux compositeurs E~ et E~ permet de définir canoniquement une structure algébrique d’espèce E. sur une structure algébrique d’espèce E? et réciproquement. Par exemple, supposons que les structures d’espèce E. soient les groupes nilpotents de classe ~ p , vérifiant l’identité xP =1 (p s nombre premier, h : entier) , et que les structures d’espèce E~ soient les anneaux de Lie nilpotents de classe p vérifiant l’identité p x = 0 . Alors il est possible d’identifier ces deux espèces de structures, c’est-à-dire d’établir un isomorphisme de E. Cela 0 sur E~ . 2.- Compositeurs analytiques. 0 ~- désigne un anneau unitaire, que nous supposerons dès na intenant commutatif, il lui correspond le "compositeur des 03A9 -modules" que nous noterons Si [03A9] ; [03A9]n s’identifie donc 03A9-module définition, un 03A9 -compositeur Par siteur au E sera libre de base en,1 , ... , en,n . constitué par la donnée d’un compo- et d’un homomorphisme (u ? _~. E . Cela revient à exiger que, sur chaque En soit définie une structure de . -module unitaire, telle que l’opération de composition (f , dans E ’ ... p g ) ~ f(g1, soit Q-linéaire par rapport à f. 0 ... , gn) On ~ : ~ vérifie immédiatement ~)’ 2014~ structure de donnée d’un homomorphisme unitaire d’anneaux commutatifs unitaires équivaut à la donnée d’une 03A9-algèbre que la unitaire ou encore d’un homomorphisme , Rappelons aussi E~~ 2014~ E~’] que nous désignerons par la même lettre ~ si En est un ~1-module~ le produit tensoriel ~~ En moyen de l’homomorphisme ~; peut être considéré noterons ce Si ~’s Q posant produit tensoriel nous avons un ~-~ E’ n Q’ ~ = -~. nous ~E~ , ~ $’1,-compositeur pouvons E = défini ~1’-module. désignant l’homomorphisme E ~ toujours former comme un et un au Nous 0 f).~ ~ . homomorphisme la suite d’ensembles en , mais il est en général impossible de définir sur E’ (Et) = une 03A9’-compositeur structure de vérifiant certaines conditions préciser. En postulant que cette définition est possible~ nous obtenons la notion de (¿-compositeur analytique 3 beaucoup plus restrictive, et par conséquent plus riche~ que la notion de .-’;? -compositeur. naturelles que nous allons Définition. Un 03A9-compositeur analytique E est constitué par la donnée : 1°) d’un 03A9-compositeur E (E ) . 2°) d’une "construction canonique" (ou foncteur) qui à tout homomorfait corresphisme unitaire 03C6 de 03A9 dans un anneau commutatif unitaire pondre un 03A9’-compositeur E’ et un diagramme commutatif d’homomorphismes de compositeurs : = de telle sorte que les Pour tout E’n = 03A9’n l’homomorphisme 4’ ~ 03A9’ et 03C6’ : Q’ 03C6 :Q est défini par la structure ~ 03A9" unitaires d’anneaux, posons 03C6" = 03C6’03C6 s 03A9 ~ 03A9" commutatif d’homomorphismes de compositeurs ?1 obtenu juxtaposant en morphisme ~’: E’ deux ~’ L ’ homomorphi sme en tant que module à 03C8’n f = 1 ~03C6’f’ diagrammes E" 2014~ sans défini par est f ,(il’ L’axiome o i’2’ homomorphismes Alors dansle diagramme . (1) , on peut introduire nécessairement uniquei E~n =:.Q" ~fE’n : E’n . Nous écrirons désormais du type sont des un homo- dét,ruire la commutativité. = pour est na- ~ 201420142014201420142014 Si o et 03C9’ ~03C6 En ; f6 E . pour tout ~ (CA2). n , 03A9’-module de E’ , turelle de ~ suivants soient vérifiés. axiomes ’ 0 x’E au .g En) , (CA2) lieu de est et un 03C8’ ~, n s’identifie est défini par axiome de transitivité. E’ . o compositeur Prenons pour E le des 0 -algebres associatives et commutatives. Alors s ’ id ent i fie canoniquement à l’anneau de polynômes Exemple : E~ o 03A9[en,1 , ... , en, n], et il y a une construction naturelle de E’ = 03A9’ ~03C6 E . La donnée du foncteur ~ donnée 9 sur chaque E d’ une n-gradué vérifiantcer- 03A9 -module de structure est équivalente à la E 03A9 -com ositeur un pour tain.3 conditions. Précisons les notations nécessaires ~ ble des suites de anneau, et Soit f ~ En ; o 1 nous avons " ~ g 03B1 T03B1 notera on éléments d’un T03B1 1 le "monôme" . o ... T] Or tout élément de T03B1 sont des T -compositeur analytique. Pr enons pour ~~~’ 1 ’ anneau des et pour 03C6 l’isomorphisme naturel de 03A9 dans un 03A9[T1 , ... , Soit . 03B1=(03B11 , ... , 03B1n) ~ Nn , E polynomes si entiers 0 ; n désignera N E’ E’ . et n T.i~ ’e . ~ E’ , n,i donc : n ’écrire, univoquement, s’ comme une somme n peut finie : définissons donc des opérateurs Nous dans (P03B1)03B1~N E en n posant : On vérifie utilisant les axiomes en d’homogénéité, P203B1 c’est-à-dire que que, pour tout f ~ est (ÇA) que les et = égal à la sont des projecteurs P~ P P03B2 0 == 03A3 finie somme ~ ~~N~ On notera alors E’ à-dire le 03A9 -module des On alors les a a) Chaque b) E~ Si la composante homogène f ë- E propriétés est somme ~= tels que f de P03B1 = x ~. @ ~~) , E~ , ... ~ -. = d) ~~ Soit f ~E~ , ~) ~ > ~=I:j~ i ’" En , c ’ est- = f(x~ + x~ , alors tous =0 alors f(g1 , ). ~ ... , ... , gm) En, G " posons ~~~ ’ Alors P03B2 o g de ~~~ . (~ , ... ,~) , ~~n+1,1 ~ ~n+1,2 ’ ~n+1,3 ~ homogènes P03B2 g ( 03B2 = (03B21 , ... o= santes ~ ~ ~i~m, ... ,> P.f . ’" ... , "° o > et (E~) ~n~ ~ B’"~m~ ’~~~ ? g~) pour ~1 ~ ~" ~ ~ m ~-~ (il convient de poser ~ =1 c) Si f 6E~ , ~. (~ , ~). N" , = , suivantes :1 ... 03B2i = (03B2i,1 , avec ~l (~ , /3 f . directe des (~ , 03B1 ~ pour xJ . " g = 0 sauf si 5-07 03B21 03B22 = 03B11 + et 03B2i = 03B1i-1 plies, (P03B2g)(en,1 , pour 3 ~ i ~ n+1 . Si si toutes ces x E. définir le produit tensoriel conditions sont propriétés sont supposées vérifiées9 Signalons f2 enfin le axiomes de rapport -anal seur peut est un ,o. p 0) P. CARTIER. Elle d’existence du des graduations exige des notions introduites incomplet E l’axiome supplémentaire ~ f(0 , "termes~ constants’9 sont nuls) Un on L’idée de remplacer tous les axiomes de graduations par des axiomes de produits tensoriels est due à abrège sensiblement l’exposé, car une démonstration complète produit tensoriel à partir des assez longs, quoique faciles. rem- en,n) = 1 03B21!03B22! f. en,1 , en,2 , ... , Réciproquement, ces avec développements celle d’analyseur. ~~ -compositeur analytique vérifiant == 0 pour tout f ~~ E n (les o Un n -analyseur complet s’obtient en complétant un -analyseur incomplet~ de façon à considérer des éléments qui ont une infinité de composantes homogènes non nulles. Cette complétion est en tous points semblable à celle qui fait passer des polynômes aux séries formelles. Un -analyseur complet est --compositeur~ analytique (il faudrait modifier la définition remplaçant par un "produit tensoriel complété"). teur du non un :~~. -composi- produit tensoriel en le