© IRD/L .Cors
i
n
i
©
Cartes : IRD/L .Cors
i
n
i
Sc
i
e
n
ces
au
Sud
-
Le
j
ourna
l
d
e
l
’IRD - n° 57 - novem
b
re/
d
écerm
b
re 2010
10
Recherches
L
es courants
océani
q
ue
s
Encore mal connus des oc
é
ano
g
raphes, les courants
de bord situés le long des côtes des continents ont un
impact non n
é
gligeable sur les grands m
é
canismes
climati
q
ues de la
p
lan
è
te. En
p
assant de l’oc
é
an Indien
dans l’Atlantique le courant des Aiguilles influence l
a
circulation oc
anique mondiale, alors que les courants de
bo
r
d
s
i
tués
dans la mer des Salomon et la mer de Corail
s
ont des acteurs majeurs de grands phénomènes climatique
s
c
omme Enso
(
El Niño
S
outhern
O
scillation
).
L
a valse des courants en mer des
S
alomon
argement influenc
é
e pa
r
l
es
m
ou
v
e
m
e
n
ts
des
masses d’eau oc
é
a
-
ni
q
ues, la variabilit
é
cli-
matique du Paci
f
ique est
f
ortemen
t
d
é
pendante des courants qui parcou
-
rent cet oc
é
an. Lionel Gourdeau
,
océano
g
raphe à l’
I
R
D
,
et ses collè
g
ue
s
de Toulouse et Noum
éa
1
-
2
,
d
onnent
pour exemple le ph
é
nom
è
ne Enso (El
Niño Southern Oscillation
)
, qui repré
-
sente la variabilit
é
climatique la plu
s
mar
q
uante aux
é
chelles interan-
n
ue
ll
es
.
C
ette oscillation climatique, qui tou
s
les 3
à
7 ans d
ép
lace le r
é
servoi
r
d
eau
c
h
aude
de
l’
ouest
à
l’
est
du
Pacifique
é
quatorial, est largement
associ
é
e aux intenses courants de
bord le lon
g
des continents. Les
courants de bord ouest du Paci
f
ique
Sud, qui longent les c
ô
tes est de
s
continents, alimentent le réservoi
r
d’eau chaude du Pacifique
é
quatoria
l
et sont
l
a
p
rinci
p
a
l
e source
q
ui a
l
i
-
mente le sous-courant équatoria
l
remontant en surface vers les c
ô
te
s
d’Am
é
ri
q
ue
.
Dans cette ré
g
ion du Pacifique Sud, la
complexit
é
du relief sous-marin et
les cha
p
elets d’
î
les ne sont
p
as san
s
impacter ces courants de bord aux
caract
é
ristiques encore mal connues.
La mer des Salomon,
p
ar la
q
uelle il
s
transitent
,
est une mer semi-ferm
é
e
entre la Papouasie-Nouvelle-Guinée à
l
ouest, la Nouvelle-Bretagne au nord
et les
î
les Salomon
à
l’est. Peu ex
p
lo-
rée, ce n’est que tout récemment,
sous l’
é
gide du programme Clivar
/
S
p
ice dans le
q
uel sont im
p
li
q
u
é
s de
s
chercheurs du Le
g
os, que cette mer
commence
à
d
é
voiler la complexit
é
d
es courants
q
ui
y
transitent
.
Les mesures de la pente de l’océan
par altim
é
trie satellitaire, le d
é
velop
-
pement de mod
è
les r
é
gionaux
à
haut
e
résolution ainsi que l’analyse des pro
-
f
ileurs de courant s
accordent pour
confirmer le cheminement des eaux
remontant vers le nord. En se parta-
geant entre les d
é
troits de Vitiaz et
des Salomon pour atteindre la r
é
gion
équatoriale, ces eaux forment un nou-
veau courant, baptis
é
Courant C
ô
tie
r
d
e
N
ouve
ll
e-
B
retagne
.
L
utilisation de planeurs sous-marins
par les chercheurs a encore r
é
v
é
l
é
les
p
articularit
é
s du courant c
ô
tier
de
N
ou
v
e
ll
e
-
Gu
in
ée
. En f
a
i
sa
n
t
l
a
navette entre les
î
les Salomon et l
a
Pa
p
ouasie-Nouvelle-Guin
é
e, ces
p
la
-
neurs ont permis d
identi
f
ier que ce
courant
é
volue
à
des profondeurs
largement sup
é
rieures
à
celles envi
-
sa
g
ées sans que les spécialistes ne
disposent d’une explication
à
cette
singularit
é
.
L’im
p
ortante activit
é
tourbillonnair
e
de la ré
g
ion entraîne une variabilité
des transports d
eau pouvant aller d
u
sim
pl
e au
d
ou
bl
e en
q
ue
lq
ues mois
.
La valse de ces courants, leur varia
-
bilit
é
tant en intensit
é
qu’en temp
é
ra-
ture n’est
p
as sans relation avec
les
g
rands phénomènes océaniques
comme
E
nso.
«
La Niña de 2007-2008 est à l’ori-
gine d’une baisse significative des
transports en mer des Salomon qui
montre le lien étroit entre Enso et les
courants de bord pour l’alimentation
du réservoir d’eau chaude
»
, sou
l
ign
e
Lionel Gourdeau.
La prochaine campa
g
ne Pandora,
avec
l
a pose
d
e moui
ll
ages
d
ans
l
e
s
diff
é
rents d
é
troits ainsi
q
ue la
p
our
-
suite de l
utilisation « planeurs sous
-
marin »
d
evrait mieux suivre ces ano
-
ma
l
ies c
l
imati
q
ues
d
ans
l
a mer
d
e
s
Salomon et aider à comprendre com-
ment elles influencent les ph
é
no-
m
è
nes climati
q
ues
à
l’
é
chelle du
Paci
f
ique.
1
. S. Cravatte et A. Ganachaud.
2. Laboratoire d’
é
tudes en
ophysique e
t
océanographie spatiales.
Con
t
ac
t
lionel.
g
ourdeau
@
ird.
fr
a
f
onte des
g
laces dan
s
l
’Atlanti
q
ue Nord due
au
r
éc
h
au
ff
e
m
e
n
t
c
lim
a
-
t
ique va-t-elle impacte
r
l
es gran
d
s courants marins qui re
d
is
-
t
ri
bue
n
t
eau
x
c
h
audes
et
fr
o
i
des
entre le Nord et le Sud ? Les spécia-
l
istes restent
p
ru
d
ents, mais
d
e
s
h
yp
othèses sur un ralentissement de
cette circulation océanique, voire so
n
arr
ê
t, sont avanc
é
es. Quand les eau
x
chaudes et salées des tro
p
i
q
ues
remontées par le Gulf Stream s
e
refroidissent au Groenland
,
elle
s
g
a
g
nent en densité et coulent. Ce
m
ou
v
e
m
e
n
t
ini
t
i
e
u
n
cou
r
a
n
t
de
fo
n
d
qui descend le long des c
ô
tes am
é
ri-
caines
j
usqu’à l’Antarctique. Cett
e
circulation pourrait bien ralentir
,
voire s’arr
ê
ter, si la fonte des glaces
d’eau douce de l’Arcti
q
ue venait à
r
e
n
d
r
e
l
a
m
e
r m
o
in
s
sa
l
ée
et
do
n
c
moins
d
ense
,
l
imitant ainsi cette cou
-
lée. Avec des conséquences ma
j
eure
s
pour le climat planétaire.
«
Le courant des Aiguilles chaud et
salé qui descend à l’ouest de l’océan
Indien pourrait en partie contrebalan-
cer cette perte de sel dans l’Atlan-
tique et ainsi soutenir la circulation
atlantique
»
, su
gg
ère Pierrick Penven
,
c
h
e
r
c
h
eu
r
à
l
I
R
D
.
Descendant
j
usqu’à
la
p
ointe sud de l’Afri
q
ue, il s
e
retourne alors sur lui-même
p
ou
r
revenir dans l'océan Indien, une por-
tion
n
é
trant l’Atlanti
q
ue sous form
e
de tourbillons
(
voir schéma
)
.
Alors que des études en paléo-
oc
é
anographie montrent une corr
é
la
-
tion entre le passa
g
e du courant
des Ai
g
uilles dans l
Atlantique et l
e
climat
p
lan
é
taire, Mathieu Rouault
de l'Université de Ca
p
e Town et ses
partenaires ont identifié au niveau de
l
a zone
d
e retournement
d
u couran
t
un
p
ic de réchauffement. Ces travaux
de modélisation, menés dans le cadr
e
d’une coo
ration entre l
UC
T
,
l
'
IRD
et
l
e
C
NR
S
, su
gg
èrent que le flux de
chaleur et de sel passant vers l
'
Atlan-
ti
q
ue a doubl
é
ces 25 derni
è
res ann
é
es.
Le réchauffement climati
q
ue viendrait
alors au
g
menter le
f
lux de chaleur et
de sel r
é
inject
é
dans l’Atlantique par
le courant des
A
i
g
uilles, soutenant
ainsi la circulation atlantique pour-
tant impactée né
g
ativement par c
e
m
ê
me r
é
chauffement.
«
D’autres travaux soulignent une
augmentation similaire de la pénétra-
tion du courant des Aiguilles en Atlan-
tique Sud, mais les processus
impliqués restent encore discutés
»
,
sou
l
igne
P
ierric
k
P
enven.
Pl
us
l
oca
l
e-
ment, des travaux sont en cours
p
ou
r
com
p
rendre son rôle dans les remon-
tées d’eau le lon
g
des côtes africaine
s
(syst
è
mes d’
upwelling
), des zones
g
p
articulièrement riches en
p
lancto
n
et donc importantes en terme de
ressources halieuti
q
ues. Ces recher
-
ches menées
p
ar l’
IRD
p
ourraient
p
ré-
senter des résultats importants pou
r
la
g
estion des pêcheries au sud d
e
l
A
f
rique.
Contac
t
r
U
MR
L
a
b
oratoire
d
e P
hy
sique
d
es
Océa
n
s
(CNRS-Ifremer-IRD-Universit
é
d
e Bretagne occidentale
)
.
U
n
acteu
r
de
l
a
c
ir
cu
l
at
i
o
n
o
c
é
anique atlantique
Sous-courant équatorial
Courant
équatorial
Sud
Aust
r
a
li
e
P
apouas
i
e-
N
ouvelle-
G
uiné
e
Mer
d
e Corai
l
Me
r
d
es Sa
l
omo
n
Nouve
e
velle
e
Bret
Bretagne
e
Îles
S
alomo
n
V
anuatu
Nouvelle-
Nouvell
ouve
Calédonie
alédo
Courant côtier
de Nouvelle-Bretagne
Courant côtier
de Nouvelle-Guinée
Jet Nord Calédonien
Jet Nord Vanuatu
Du nouveau
en mer de Corail
E
n
mer
d
e Corai
l
,
l
’image c
l
assique qu’un
l
arge courant équatoria
l
su
d
a
l
imen
-
t
erait les courants de bord ouest ne corres
p
ond
p
as à la réalité. En rencontrant
les nombreuses
p
etites îles
q
ui forment l’archi
p
el du Vanuatu et de la Nouvelle-
C
alédonie, le courant équatorial sud se scinde en di
ff
érents « jets zonaux » se
p
ropa
g
eant vers les côtes australiennes. Dans le cadre des campa
g
nes Secalis
,
m
enées entre 2004 et 2006, les premières observations des
j
ets nord Vanuat
u
et nor
d
Ca
l
é
d
onien ont été menées
g
râce à un p
l
aneur sous-marin.
Le
j
et nor
d
Ca
l
é
d
onien,
d
’une
l
ar
g
eur
d
e 100
k
m environ, représente presque
la
m
oitié
d
es transports entrant en mer
d
e Corai
l
. En c
h
erc
h
ant à trouver
l
’ori
g
ine
d
e ce
j
et,
g
râce à
d
es ana
ly
ses récentes
d
e
l
’ensem
bl
e
d
es résu
l
tats
d
es cam-
p
agnes Seca
l
is,
l
es spécia
l
istes ont mis en évi
d
ence
l
a présence
d
’un nouveau
courant de bord le long de la Nouvelle-Calédonie, le courant est Calédonien.
Les
p
articularités du flux entrant en mer de Corail ont aussi motivé les é
q
ui
p
e
s
d
e l’
IRD
à entreprendre, dans le cadre du projet Secargo, des mesures à haute
r
ésolution spatiale entre la Nouvelle-Calédonie, le Vanuatu et les îles Salomon.
Les océano
g
raphes espèrent
a
insi amé
l
iorer
l
es connais
-
sances en c
l
imato
l
o
g
ie por-
t
ant sur
l
a ré
g
ion et e
n
obse
rv
e
r
la
v
a
ri
ab
i
l
i
sa
i
so
n
-
niè
r
e
.
C
ette campagne est auss
i
l’occasion de déployer des
f
lotteurs Ar
g
o a
f
in d’étudie
r
le devenir des
j
ets à leu
r
b
i
f
urcation dans les di
ff
é-
r
ents courants
d
e
b
or
d
ouest
aust
r
al
i
e
n.
Con
t
ac
t
christo
p
r
Gu
st
ream
© IRD/Christo
p
he Maes
G
lider (ou planeur sous-marin)
servant à étudier les courants
e
n mer de Corail.
Les principaux courants en mer de Corail et mer des Salomon.
000_007_010_IRD57 23
/
12
/
10 14:59 Pa
g
e 1
0
1 / 1 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !