Redécouvrir la cueillette sauvage tout particulièrement dans le Jura

14 | Mardi 13 octobre 2015 | Le Quotidien Jurassien
MAGAZINE Des futurs ingénieurs agronomes
partagent leur vision
d’une agriculture idéale
alors il s’agit de tirer délicatement, en
tenant la plante entre le pouce et l’in-
dex, l’objectif étant de ne pas l’abî-
mer. Il est important de ramasser
seulement ce dont on a besoin dans
l’immédiat car les plantes ne se
conservent pas longtemps. On peut
les garder au frigo, une fois lavées et
rangées dans des sachets en plasti-
que. Lors de la récolte, les sacs en
plastique ne sont pas indiqués, car ils
augmentent la transpiration des
plantes et les ramollissent. Un sac en
tissu est mieux adapté. En automne,
il est utile de laisser quelques graines
et petits fruits secs sur les arbres. Du-
rant l’hiver, cela sera la nourriture
principale de nombreux animaux. Il
serait dommage de les en priver.
MARINE REYNARD, filière AGRO1
à la Haute Ecole de paysage, d’ingénierie
et d’architecture de Genève (hepia)
• Pour en savoir plus: François Couplan,
Le régal végétal: plantes sauvages et comes-
tibles, Editions Ellebore, 2009, www.cou-
plan.com. Serge Schall, Mon jardin de
plantes médicinales comment les cultiver,
les conserver, les utiliser, Editions Larousse
2014. Ordonnance sur la protection la
nature, site du canton du Jura
www.jura.ch rubrique Autorité> Admi-
nistration> Environnement et équipe-
ment> Environnement (ENV)> Protec-
tion de la nature et du paysage> Protec-
tion des espèces.
les hydrocarbures, poursuit François
Couplan. De même, on évitera les
bords de chemins les chiens ont
l’habitude de faire leurs besoins. Ne
cueillir que des végétaux en bonne
santé et sans insectes. Pour s’en as-
surer, il suffit de regarder sous les
feuilles, c’est souvent qu’ils se ca-
chent. Avant toute consommation, il
est important de bien les rincer à
l’eau claire.»
Comment cueillir?
Lorsque l’on cueille des plantes
sauvages, il faut aussi penser à pré-
server leur habitat ainsi que le végétal
lui-même, ceci pour garantir son re-
tour l’année suivante. Dans le Jura, la
limite légale est fixée à une poignée
et sans utiliser d’outils. François
Couplan la juge trop restrictive et cite
le cas de l’ortie: sa cueillette, même
en quantités assez importantes, ne
mettra pas sa repousse en danger.
Pour les autres espèces, il conseille
toujours d’éviter de récolter la totalité
des plantes d’une même espèce à un
endroit donné: laisser en place au
moins un tiers des individus. De
même, il vaut mieux s’abstenir de ré-
colter un sujet isolé. Ne pas déraciner
une plante, sauf si on la prélève pré-
cisément pour sa racine, bien enten-
du. Si ce sont les jeunes pousses ou
les feuilles qui nous intéressent,
pour les champignons. Il faut donc
rester très attentif afin d’éviter les in-
cidents malheureux. Les plantes sau-
vages sont très concentrées en princi-
pes actifs et c’est pour cela qu’elles
doivent être consommées avec modé-
ration: elles sont parfois trop fortes
pour notre organisme et peuvent pro-
voquer des troubles digestifs, légers
mais incommodants.
Pour une récolte réussie, il faut
choisir des plantes de qualité. «Préfé-
rer celles qui poussent dans des lieux
sauvages à celles qui croissent au
bord des routes, souvent polluées par
ne), qui se révèle être très nocive
pour la santé», cite notamment Fran-
çois Couplan. Au printemps, il faut
se méfier de la ressemblance entre le
muguet qui est toxique et l’ail des
ours qui dégage une forte odeur et
peut être utilisé dans la préparation
du pesto notamment. L’épinard sau-
vage quant à lui est parfois confondu
avec l’
Arum maculatum
, très toxi-
que! Comment se prémunir de telles
erreurs? Malheureusement, à l’heure
actuelle il n’existe pas d’organisme
officiel qui contrôlerait les plantes
des cueilleurs, comme c’est le cas
Se nourrir et se soigner avec
des plantes sauvages, est-ce
encore possible au-
jourd’hui? Oui, à condition
de bien connaître ces plantes à portée
de main, gratuites et bonnes pour la
santé. Et pour les connaître, encore
faut-il se rendre dans la nature et re-
trouver le lien qui nous unit à elle.
Nourriture corporelle et spirituelle
donc! C’est la promesse de la cueil-
lette en nature, qui rencontre un inté-
rêt croissant dans le public, affirme
François Couplan, ethnobotaniste
spécialiste des plantes sauvages pra-
tiquant la cueillette depuis 64 ans. Le
scientifique, qui est aussi homme de
radio, a bien voulu nous indiquer
comment, et quand bien pratiquer
la cueillette, en particulier dans le
canton du Jura. Ceci en tenant comp-
te d’un principe élémentaire: ces ri-
chesses naturelles exigent discerne-
ment et délicatesse, sans quoi elles
risquent de ne pas se renouveler cor-
rectement, voire de s’épuiser.
Voici donc les règles de base d’une
cueillette respectueuse et sans ris-
ques, ni pour la nature, ni pour les
cueilleurs.
Quelles plantes
sont intéressantes?
«La première étape est de savoir
quelles sont les plantes qui nous inté-
ressent, explique François Couplan,
il ne faut ramasser que des plantes
que l’on a identifiées avec certitude.»
Dans la région jurassienne, il existe
un large éventail de stages sur les
plantes sauvages. Il est aussi possible
d’apprendre avec des livres et même
recommandé d’en prendre un avec
soi lors de la cueillette. Il faut aussi
savoir qu’il existe des plantes proté-
gées que l’on ne peut pas cueillir et
des plantes semi-protégées que l’on
ne peut pas déraciner. Pour connaî-
tre ces plantes, on peut se rendre sur
le site www.jura.ch et consulter l’Or-
donnance sur la protection de la na-
ture qui donne toutes les informa-
tions nécessaires.
Attention aux faux amis!
Il existe des cas connus de person-
nes qui se sont intoxiquées en se
trompant au moment de la cueillette.
Il est donc important de bien se ren-
seigner sur les plantes que l’on veut
cueillir. «On pourrait par exemple fa-
cilement confondre la fleur de robi-
nier (fleure blanche) qui est très goû-
teuse, avec celle de cytise (fleure jau-
Redécouvrir la cueillette sauvage
tout particulièrement dans le Jura
V
ETHNOBOTANIQUE De nombreuses plantes poussant spontanément dans la nature sont comestibles
ou ont des vertus médicinales. Conseils et astuces pour récolter raisonnablement et sans risques
La cueillette des cynorrhodons. Tout à droite, François Couplan, ethnobotaniste spécialiste des plantes sauvages, qui pratique la cueillette depuis 64 ans. PHOTOS © FRANÇOIS COUPLAN
Quand faut-il cueillir?
Chaque plante a une période de récolte différente, donc
il est nécessaire de se renseigner pour chaque espèce. De
plus, il faut savoir que la partie que l’on veut cueillir joue
un rôle important dans le choix de la date de cueillette.
Mais en règle générale, les bourgeons sont cueillis au
printemps. Les feuilles le sont avant la floraison. Les
fleurs et les sommités fleuries avant l’épanouissement
complet et les tiges en automne. Les fruits charnus doi-
vent être récoltés à parfaite maturité et les fruits secs au
moment où ils se détachent facilement de l’arbre. C’est à
ce moment que les graines sont complètement mûres.
Maintenant à vous de jouer. Il n’y a pas besoin de beau-
coup d’efforts pour transformer les balades en vrai mo-
ment didactique et en découverte gastronomique. MR
La récolte a été bonne. Elle est prometteuse pour les plaisirs de la table.
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