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de l’ampleur ». Les migrations féminines, comme les flux masculins se dirigent principalement des pays en
développement et/ou émergents vers les pays industrialisés/développés d’Asie, d’Amérique du Nord et d’Europe.
Sur les 36 millions de migrants répertoriés entre 1990 et 2005, 33 millions étaient situés dans les pays industrialisés.
En 2005, 1 migrant sur 4 vivait en Amérique du Nord et 1 sur 3 en Europe7.
Enfin, il y a lieu de souligner l’extrême diversité des profils sociodémographiques et professionnels des
migrantes. Elles peuvent être jeunes, moins jeunes, voire matures, célibataires, mariées, avec ou sans enfants,
qualifiées ou pas, provenant des milieux agraires, industriels, commerciaux, ou des secteurs des « cols blancs ». Il
n’y a semble-t-il pas de « profils » types chez ces « oiseaux de passage ». Leur mobilité internationale s’intègre et
s’explique par l’existence d’un contexte international « favorable » à la mobilité des femmes. Cet environnement
semble d’autant plus attractif qu’il se conjugue aux facteurs d’accroissement de leur vulnérabilité économique,
sociale, culturelle, juridique au sein de leur propre pays.
-Des principaux facteurs structurels de la féminisation des flux migratoires internationaux
La mobilité internationale des femmes, principalement originaires des pays en développement ou émergents,
est en premier lieu une réponse à une demande émanant de secteurs économiques qui ne peuvent pas être
délocalisés au sein des zones d’origine de ces femmes. Ainsi, quelques soient leurs provenances, les migrantes
occupent « systématiquement » des emplois dans les secteurs de la domesticité, qui comprend les activités de soins
à la personne (enfants/personnes âgées), dans les secteurs dits de loisirs/récréatifs qui englobent la prostitution et
dans les secteurs de petites industries où elles exerceront un travail d’ouvrières. Les emplois de soins médicaux
(infirmières/aide soignantes/soins aux personnes âgées), et pour certains Etats comme la Grande-Bretagne
l’éducation ou les activités de communication, constituent aussi les niches d’emplois pour les femmes migrantes les
plus « qualifiées ». Enfin, si la migration pour mariage a toujours été une importante cause de la mobilité des
femmes, elle prend aujourd’hui de nouvelles proportions quantitatives et qualitatives et peut aujourd’hui, encore
s’expliciter en terme économique. La reconfiguration de la division internationale du travail offre ainsi plus
d’opportunités aux femmes qu’aux hommes de migrer, ce qui explique en grande partie la constante augmentation
du volume des flux. Inversement, l’offre ainsi faite aux femmes des pays en développement et/ou émergents semble
créer une solution à la précarisation de leur situation économique et sociale à laquelle beaucoup d’entre elles
doivent faire face dans leur pays d’origine.
L’accroissement quantitatif de la migration internationale des femmes s’explique par un ensemble de facteurs
« structurels » inhérents à leurs zones d’origines, les pays en développement et/ou émergents. Ils sont, sur bien des
aspects, connus, dénoncés et combattus depuis les années 1970, sans résultats probants sur certains continents
comme l’Afrique. Bien que certains maux liés à la pauvreté et ayant des conséquences spécifiques sur la condition
des femmes aient enregistré de nets reculs (santé, éducation, droits), ils n’ont pas été éradiqués. Il semblerait
qu’aujourd’hui, pour un nombre croissant de femmes, y compris éduquées, la mondialisation économique ait
participé à l’exacerbation des situations de précarité. Le motif économique constitue pour les femmes en migration
la principale raison du départ, comme pour les hommes auparavant. Il s’agit par l’élaboration et la constitution d’un
projet migratoire de trouver/d’améliorer des perspectives économiques souvent réduites dans les pays d’origine.
Aux causes économiques de la migration internationale des femmes, s’ajoutent également des causes que nous
qualifions de genre alors que d’autres préfèrent parler de causes individuelles. La persistance (ou la recrudescence)
au sein des sociétés civiles de conceptions très fortement patriarcales conduit les femmes à « choisir » de partir
vers un ailleurs qu’elles imaginent meilleur. Les conceptions patriarcales, exacerbées par la pauvreté, demeurent à
l’origine d’importantes violences sexistes, qui si elles ont toujours existé, sont aujourd’hui dénoncées et combattues
au niveau international. L’accroissement de la mobilité internationale des femmes, et particulièrement celle des
pays en développement et/ou émergents, provoquée, voulue, n’en est pas pour autant facilitée. Les femmes plus que
les hommes rencontrent des difficultés pour concrétiser leur projet migratoire, tant dans l’obtention des
financements nécessaires que des autorisations des pays d’arrivées, pour lesquels la migration économique reste
avant tout un migration d’homme. Aux demandes migratoires des femmes répondent ainsi une organisation
parallèle du marché de la migration, bien souvent criminalisée et à l’origine de nombreuse déviances, dont la traite
des êtres humains.
C’est dans ce « premier » contexte que s’inscrit et doit s’analyser l’accroissement des flux de migrations de
femmes chinoises. Il favorise, explique et conditionne leurs processus migratoires. Nous avons vu d’ailleurs lors de
l’analyse des différents parcours migratoires des femmes interrogées dans le cadre cette étude, que de nombreux
7 Fonds des Nations Unies pour la Population, State of World Population 2006. A Passage to Hope. Women and International
Migration, op.cit.page 6.