Mahomet et l’origine de l’Islam dans les sources
arméniennes anciennes et médiévales:
de la reconnaissance de la légitimité de l’Empire arabe
à la diabolisation du prophète et de ses successeurs
par Valentina Calzolari Bouvier
professeure d’études arméniennes
Vendredi, 14h15-16h, Uni-Bastions, Aile Jura 320, entrée libre
Suite à une série de trois invasions consécutives, en 661, l’Arménie, dont le territoire à
l’époque était partagé entre les Byzantins et les Perses sassanides, fut complètement
conquise par les Arabes. Pour la première fois depuis le partage de 387 ap. J.-C., la partie
orientale et la partie occidentale du territoire arménien se trouvèrent réunies dans un
seul Etat (tributaire), dirigé par un prince arménien.
Dans un premier temps, la domination arabe comporta des aspects positifs. D’un point
de vue religieux, les Arabes musulmans se révélèrent à l’égard des Arméniens chrétiens
plus tolérants que les Grecs, chrétiens de foi chalcédonienne, avec lesquels les Armé-
niens eurent souvent des rapports très conictuels. Néanmoins, dans un deuxième
temps, à partir de la n du VIIe siècle, la politique des dominateurs s’endurcit. En 701,
l’Arménie fut englobée dans une province (Armînyia) dirigée par un gouverneur arabe
résidant dans la capitale arménienne. La politique religieuse devint plus intolérante et
la politique scale plus oppressive.
Les traces de cet endurcissement trouvent leur écho dans les œuvres d’historiographie
arménienne, et en particulier dans la représentation que les historiens arméniens ont
donnée des Arabes. Alors que dans l’œuvre attribuée à l’historien Sébéos (VIIe siècle)
Mahomet est encore présenté d’une façon positive, comme un Arabe très versé dans
les Écritures et ayant eu le mérite de conduire son peuple du polythéisme au mono-
théisme, dans les sources successives, à partir du début du VIIIe siècle, les Ismaélites ont
été soumis à un processus de diabolisation.
Le cours s’interrogera d’une part sur la représentation des Arabes et de l’Islam dans
l’historiographie arménienne du VIIe au XIIIe siècle. D’autre part, il sera intéressant de
comprendre, à travers le témoignage des historiens arméniens, bien qu’orientés idéolo-
giquement dans une perspective chrétienne, comment Musulmans et Chrétiens se sont
arontés ou sont entrés en dialogue à l’époque de la domination arabe.
Ce cours public est complémentaire du cours
«D’une historiographie nationale et providentialiste vers une vision universelle de l’histoire: les Arméniens entre Arabes
et Byzantins selon les sources arméniennes des VIIe-XIe siècles» de Valentina Calzolari Bouvier.
Les mardis, de 16h15 à 17h, Uni-Bastions, Aile Jura, salle 317
(descriptif et programme en ligne).
Renseignements:
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