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© Groupe Eyrolles
Tout repenser…
Voici venu le temps des incertitudes et de la crise de conscience.
Le plus meutrier des siècles est aussi celui de l’effondrement de
la conception classique du sujet : Freud affi rme que l’homme
est autre que ce qu’il arrive à saisir de lui-même et qu’il y a en
lui une part de sauvagerie qui ne demande qu’à détruire. D’autre
part, les mathématiques (comme la théorie des indécidables de
Gödel) induisent que la vérité n’est plus du domaine logique,
mais que foi et croyance sont à prendre en compte ; la physique
inscrit la probabilité dans le réel par l’analyse de la méca-
nique quantique ou les relations d’incertitudes de Heisenberg.
Wittgenstein (1889-1951) affi rme que les énoncés de la logique
et des mathématiques ne nous apprennent rien sur le monde,
que seuls les énoncés corrélés à un « état du monde » possèdent
une signifi cation : l’expérience humaine ne peut se résumer à
ce qui est dicible et cette nouvelle philosophie du langage s’at-
tache à ce qu’on peut exprimer. Bergson explore les limites du
champ rationnel et défend l’élan vital, l’intuition, la vie immé-
diate contre la toute-uissance d’un positivisme en fi n de course.
L’éthique devient la réponse à la barbarie et engage à trouver
une sagesse pratique à même de remplacer tant bien que mal le
crépuscule des idoles annoncé par Nietzsche. L’existentialisme
athée de Sartre n’est rien d’autre que la défi nition d’une respon-
sabilité totale de l’homme : envers lui-même comme devant
tous. L’analyse de H. Arendt (1906-1975) confi rme l’implosion de
l’individualisme dans les systèmes totalitaires et la nécessité de
considérer la démocratie comme la condition même du progrès
de la vie de l’esprit, sans vigilance éthique la démocratie ne
cesse d’être en danger. Les derniers philosophes d’importance
se sont éteints… Derrida, Ricœur, Lévinas et la relève, assez
timide, cherche à l’homme un recours à la perte de sens…