Asthme : physiopathologie et système immunitaire Auteur : A. Taytard (Mis à jour le 16/12/2007) www.respir.com définition générale L'asthme est une maladie chronique inflammatoire des voies aériennes. Cette inflammation : rend les voies aériennes sensibles (hyper réactives) à des stimuli tels que les allergènes, les irritants chimiques, la fumée de tabac, l'air froid ou l'exercice, provoque des épisodes récidivants de toux, sifflements, difficultés respiratoires. Quand elles sont exposées à ces stimuli les voies aériennes peuvent se contracter, s'œdématier, se remplir de mucus et progressivement se remodeler. L'obstruction bronchique qui en résulte est réversible soit spontanément, soit avec un traitement. phénotypes On distingue 3 grands types de phénotypes cliniques : sévérité, sensibilité aux traitements... liés aux facteurs déclenchants : allergique, exercice... inflammatoires : éosinophiles, neutrophiles... anatomo-pathologique L’obstruction bronchique est due à 3 phénomènes qui interviennent à des degrés divers en fonction du type de la crise et de la sévérité de l'asthme la bronchoconstriction, liée à la contraction des muscles lisses bronchiques, de survenue rapide, de durée habituellement brève, et traitée par les bronchodilatateurs l’œdème inflammatoire de la muqueuse bronchique, de survenue plus lente, de durée plus longue, et traitée par les anti-inflammatoires stéroïdiens l’hypersécrétion bronchique d’un mucus épais, de survenue plus lente, de durée plus longue, et pour laquelle on ne dispose pas, actuellement, de traitement régulièrement efficace. Avec le temps, on assiste à un remodelage des bronches. Système immunitaire : Modèle : asthme allergique 1. Sensibilisation : Première inhalation du pneumallergène Captation par les cellules dendritiques des voies aériennes - présentation de l'antigène aux lymphocytes T CD4 Th2 en association avec le complexe majeur d'histocompatibilité (CMH) classe II. Les lymphocytes T Th2 sont producteurs d'IL-4 et d'IL-13 qui induisent la synthèse d'IgE et d'IL-5 qui activent les éosinophiles - activation des lymphocytes B et sécrétion d'IgE sous l'action de l'IL-4 et de l'IL-13 - fixation des IgE sur les récepteurs IgE à haute affinité des mastocytes tissulaires, les basophiles circulants, les cellules dendritiques à basse affinité des lymphocytes, éosinophiles, plaquettes et macrophages - Lymphocytes T mémoire 2. Crise d'asthme : Réponse inflammatoire allergique Il s'agit d'une réaction allergique immédiate de type I de la classification de Gell et Coombs caractérisée par une phase précoce et une phase tardive. 2.1. Précoce L'allergène se fixe sur les IgE spécifiques fixées sur leur récepteur de haute affinité. Les récepteurs de haute affinité se rapprochent et induisent la dégranulation des mastocytes et des basophiles. Celle-ci induit la libération de médiateurs pro-inflammatoires responsables de : - oedème - bronchoconstriction - vasodilatation - augmentation de la perméabilité vasculaire - hypersécrétion de mucus Ces médiateurs sont : - histamine - leucotriènes cystéinés (C4, D4, E4) - cytokines 2.2. Tardive et/ou chronique Sous l'action de l'IL-5 et de chimiokines pro-éosinophiles - augmentation de l'éosinophilopoïèse - attraction des éosinophiles - activation des éosinophiles consuisant à la production de protéines basiques, toxiques pour les épithéliums, telles que la Major basic protein (MBP) ou l'eosinophil cationic protein (ECP) Si l'exposition à l'allergène est permanente ou si elle récidive fréquemment, l'activation des éosinophiles est permanente et aboutit à la pathologie chronique. 3. A terme, remodelage : cf infra 4. Implication du système nerveux autonome système cholinergique - récepteurs muscariniques M1 : ganglions, cellules épithéliales et glandes sous-muqueuses - récepteurs M2 : rétrocontrôle sur la sécrétion d'acétyl-choline - récepteurs M3 : muscles lisses, glandes sous-muqueuses, vaisseaux bronchiques système adrénergique - récepteurs β2 sur le muscle lisse, les cellules épithéliales et glandulaires système NANC - composante bronchodilatatrice : inhibiteur (VIP) - composante bronchoconstrictrice : excitateur : substance P, neurokinines (NK) A, NKB, CGRP remodelage bronchique Il se traduit par des zones sans épithélium dans les voies aériennes des dépôts dans la matrice cellulaire une métaplasie muqueuse une augmentation de la masse musculaire lisse une augmentation de la surface des vaisseaux sanguins des voies aériennes un recrutement de cellules inflammatoires Conséquence : l’obstruction bronchique devient irréversible (ou moins sensible aux traitements) www.respir.com A. Tayard