H„ - LES ÉTATS-UNIS ET LE MONDE DEPUIS LES « QUATORZE POINTS » DU PRÉSIDENT WILSON Introduction En 1823, le président Monroe définit sa doctrine, « l’Amérique aux Américains » : les ÉtatsUnis orientent leur politique étrangère sur les États latino-américains, délaissant le reste de la planète. Cette diplomatie dure jusqu’au milieu du XXème siècle, à l’exception des deux guerres mondiales, auxquelles les États-Unis sont contraints de participer. La Première Guerre mondiale consacre les États-Unis au rang de première puissance mondiale et le président Wilson, en janvier 1918, propose un programme en « Quatorze points » destiné à préparer la paix : il cherche à faire jouer un rôle international aux États-Unis mais son projet échoue. Avec la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis sortent à nouveau de leur repli puis, pendant la Guerre froide, ils deviennent une des deux superpuissances en concurrence pour dominer le monde… Ce qu’ils parviennent à faire. En 1991, lorsque l’URSS disparaît, ils s’ont plus de concurrent sérieux. Mais les contestations et les concurrences vis-à-vis du rôle mondial des États-Unis ressurgissent à partir du début des années 2000. Problématique : Comment les États-Unis, qui se coupent du monde entre 1920 et 1941, parviennent-ils à devenir et à rester la première puissance mondiale jusqu’à nos jours ? I. Un pays qui hésite entre ouverture mondiale et repli Š ‰-‰„ A. Les États-Unis participent à la guerre et préparent la paix Fidèles à leur tradition d’isolationnisme (politique étrangère promouvant une intervention minimale dans les affaires du monde), les États-Unis restent en dehors de la Première Guerre mondiale jusqu’en avril 1917. Wilson parvient à convaincre le Congrès de voter l’entrée en guerre aux côtés de la Triple Entente (France, RoyaumeUni, Russie), du fait de la « guerre sous-marine à outrance » (torpillage des navires par l’Allemagne dans l’océan Atlantique) et d’une tentative allemande de convaincre le Mexique d’entrer en guerre contre les États-Unis. Deux millions de soldats états-unien sont envoyés pour se battre sur le sol français. L’entrée en guerre des États-Unis soulage donc les alliés (car elle apporte des hommes et des armes en nombre) et permet d’accélérer la victoire sur l’Allemagne en novembre 1918. Doc. 1 page 194 : « Les Quatorze points du président Wilson » Consigne : Identifiez le document puis analysez-le afin de montrer que les « Quatorze points » du président Wilson contribuent à l’ouverture internationale des États-Unis. Le 8 janvier 1918, le président démocrate Wilson présente un plan en « Quatorze points » qui définit les grands principes de la paix à venir : - les points 1 à 5 rappellent les grandes valeurs auxquels les États-Unis sont attachés : une paix négociée publiquement, la liberté de navigation, la réduction des armements et la fin des revendications coloniales européennes ; - les points 8 à 13 dessinent la nouvelle carte de l’Europe après le conflit : la libération de la France ; le rétablissement des frontières italiennes, l’autonomie pour les minorités austro-hongroises, la création d’un État polonais ; - le point 14 propose la création d’une organisation internationale chargée de garantir l’intégrité territoriale de toutes les nations, donc de maintenir la paix : il s’agira de la Société des Nations, créée en janvier 1920. Wilson cherche donc à faire peser les États-Unis sur les affaires du monde (il a pour objectif de protéger les intérêts des États-Unis). Mais il pratique le multilatéralisme (relations internationales fondées sur la négociation, la coopération et le respect des interlocuteurs) : en 1919, il est présent en France pour la négociation du traité de Versailles, qu’il signe pour le compte des États-Unis. 1 B. Dans les années ‰‚, une nette fermeture diplomatique ? Doc. 3 page 195 : « Un pèlerin aborde l’Amérique » Doc. 4 page 195 : « Les effets des lois des quotas » Consigne : Confrontez les documents afin de montrer que les États-Unis se replient sur eux-mêmes à partir du début des années 1920. En 1920, les républicains, majoritaires au Congrès, refusent de ratifier le traité de Versailles (ce qu’on voit sur la caricature avec les flèches que les « Republican hostiles » tirent sur Wilson qui rentre d’Europe dans sa barque). Par conséquent, les États-Unis n’adhèrent pas à la Société des nations qui vient juste d’être créée et les élections présidentielles de 1920 mènent un républicain – Harding – au pouvoir. Il rompt totalement avec la politique wilsonienne et revient à l’isolationnisme. Le pays durcit les conditions d’entrée pour les immigrés : en 1920 et 1924, sont votées les « lois des quotas » (lois fixant des plafonds à l’entrée des immigrés aux États-Unis). Le nombre d’immigrés entrant aux États-Unis passe de 1,2 millions en 1913 à 400 000 en 1920 puis à 200 000 en 1930. Les quotas sont définis en fonction de la nationalité d’origine, proportionnellement au nombre d’immigrés déjà présents sur le sol des ÉtatsUnis en 1890. Ces quotas privilégient les WASP (pour « white anglo-saxon protestants », c’est-à-dire les immigrés britanniques, allemands et scandinaves). Cependant, les États-Unis ne se coupent pas totalement des relations internationales. La « diplomatie du dollar » est mise en place par le président républicain Coolidge entre 1924 et 1929 : les États-Unis accordent des prêts publics et privés à l’Allemagne, qui peut ainsi rembourser les réparations de guerre à la France, au Royaume-Uni et à la Belgique. En contrepartie, ces trois États peuvent rembourser les dettes contractées aux États-Unis pendant la guerre. Ceci permet d’apaiser les tensions internationales. C. Dans les années ‰ƒ, une nette fermeture économique ? En octobre 1929, lorsqu’intervient le krach boursier à Wall Street et la crise économique mondiale qui s’en suit, les États-Unis entrent dans une nouvelle phase de repli, économique cette fois-ci. Les États-Unis rapatrient les capitaux qu’ils avaient placés en Europe donc les Européens stoppent le remboursement des dettes de guerre. D’autre part, le États-Unis renforcent leur protectionnisme (politique économique menée par un État consistant à protéger ses producteurs contre la concurrence des producteurs étrangers) en relevant leurs taxes douanières : en 1930, est votée la loi Hawley-Smoot qui impose des taxes de 59% sur plus de 3200 biens susceptibles d’entrer aux États-Unis ! En 1934, le président Roosevelt décide une dévaluation (politique consistant à abaisser la valeur d’une monnaie par rapport à une monnaie de référence) du dollar de 40% par rapport à l’or. Toutes ces mesures visent bien à protéger l’économie nationale contre la concurrence étrangère et à stimuler les exportations. Roosevelt ne peut empêcher le Congrès de voter les « lois de neutralité » (lois interdisant aux banques et aux firmes états-uniennes la vente de tout produit ou de tout prêt à des pays en guerre) en 1935, 1936 et 1937. Il ne parvient pas à convaincre son opinion publique de sanctionner le Japon pour l’agression de la Chine en 1937 et il refuse d’aider Paris et Londres face aux menaces hitlériennes. Après l’attaque de la Pologne, en septembre 1939, il obtient du Congrès l’ajout de la clause « cash and carry » (clause votée en novembre 1939 permettant à un État en guerre de se fournit auprès des États-Unis à condition de payer la marchandise comptant et de la transporter sur ses propres navires. Quand la Seconde Guerre mondiale débute en Asie et en Europe, les États-Unis n’y prennent pas part, comme ils l’avaient fait en 1914. ⇒ En 1918, Wilson espérait imposer une politique interventionniste mais l’opposition et l’opinion publique s’y sont opposées. Les années 1920 et 1930 sont celles de l’isolationnisme, largement renforcé par la crise économique. 2 II. Un pays qui assume enfin son rôle international Š ‰„-‰‰ A. Avec la Seconde Guerre mondiale, la fin de l’isolationnisme En mars 1941, le Congrès vote la loi prêt-bail, permettant aux États-Unis de vendre des armes à des États sans entrer en guerre à leurs côtés. En août 1941, Roosevelt et Churchill rédigent la « Charte de l’Atlantique », qui rappelle les principes du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, du renoncement aux conquêtes, de la collaboration économique internationale… Ce texte s’inscrit donc dans l’héritage des « Quatorze points » de Wilson. En décembre 1941, l’attaque de la base de Pearl Harbor par le Japon contraint les États-Unis à entrer en guerre contre le Japon et ses alliés. Les États-Unis deviennent l’« arsenal des démocraties » (expression désignant le fait que les États-Unis fournissent des armes à tous les États en guerre contre l’Axe) et engagent 12 millions de soldats (c’est l’État qui mobilise le plus grand nombre de soldats pendant la guerre). Les États-Unis contribuent à la victoire sur l’Italie, sur l’Allemagne et sur le Japon. En Europe de l’ouest, les soldats états-uniens sont accueillis comme des héros lorsqu’ils libèrent les villes et les villages. Les États-Unis sont présents lors de la signature de la capitulation de l’Allemagne le 8 mai 1945 et du Japon le 2 septembre 1945. Au sortir de la guerre, les États-Unis reconstruisent le monde, conformément aux principes de la « Charte de l’Atlantique ». La conférence de Bretton Woods (juillet 1944) refonde le système économique et financier international en faisant du dollar la monnaie de référence (les États-Unis détiennent deux tiers des réserves mondiales d’or) et en créant deux organisations internationales, la Banque mondiale et le Fond monétaire international, deux basées à Washington. Les conférences de Yalta (février 1945) et de Potsdam (juillet-août 1945) définissent les principes de la reconstruction de l’Europe. En juin 1945, la conférence de San Francisco crée l’ONU, basée à New York. Face aux États européens dévastés, les États-Unis constituent une superpuissance (pays capable d’exercer une suprématie mondiale grâce à son rayonnement dans tous les domaines) capable d’imposer ses vues à presque tous les États de la planète. B. Les États-Unis, une des deux superpuissances de la Guerre froide Doc. 2 page 201 : « Les alliés des États-Unis dans une monde divisé » Doc. 1 page 223 : « La doctrine Truman, 1947 » Consigne : Confrontez les documents afin de tracer un schéma cartographique montrant par quels moyens les États-Unis soudent leur bloc afin de lutter contre le communisme. Point méthode : Construire et intégrer un schéma cartographique dans une composition d’histoire, c’est : - analyser la consigne pour comprendre ce qu’on attend de vous : ici, mettre en évidence les moyens par lesquels les États-Unis dominent leur bloc afin de lutter contre le communisme (il faudra donc cartographier le communisme) ; - lire les documents afin de lister les moyens mis en place par les États-Unis afin de lutter contre le communisme : des alliances diplomatiques et militaires ; des aides financières ; la diffusion de leur modèle auprès de leurs alliés ; - affecter un figuré et une couleur pour chaque élément à cartographier ; - rédiger une phrase annonçant le contenu du schéma qui suivra ; - schématiser les continents avec des formes géométriques simples ; - dessiner le schéma en suivant cet ordre : d’abord, les figurés zonaux puis, les figurés ponctuels et enfin, les figurés linéaires - achever le schéma avec la nomenclature (en respectant bien les règles déjà vues en cours : minuscules/majuscules ; bleu/noir) ; - tracer la légende sous le schéma et lui donner un titre explicite (veillez à ce que la légende, le schéma et le titre soient sur la même page). 3 Les États-Unis soudent leur bloc pour lutter contre le communisme CANADA URSS URSS ÉTATS-UNIS 1 CHINE JAPON CUBA VIETNAM OCÉAN ATLANTIQUE OCÉAN PACIFIQUE OCÉAN INDIEN AUSTRALIE OCÉAN INDIEN 1 CORÉE Un modèle états-unien à diffuser contre le modèle soviétique Les États-Unis : démocratie, capitalisme et société de consommation Diffusion du modèle états-unien notamment par le cinéma hollywoodien L’URSS : totalitarisme communiste, économie collectivisée et planifiée États communistes alliés à l’URSS « Containment » : politique d’endiguement de l’extension communiste Principales interventions militaires états-uniennes pendant la Guerre froide Des alliances pour souder le bloc et lutter contre le communisme Organisation des États américains (1948) Organisation du traité de l’Atlantique nord (1949) ANZUS (1951) Organisation du traité de l’Asie du sud-est (1954) Pacte de Bagdad (1955) Autres États ayant conclu une alliance avec les États-Unis Des aides économiques pour reconstruire certains États après la guerre Plan Marshall (1947) pour la reconstruction des États d’Europe de l’ouest Plan Dodge (1949) pour la reconstruction du Japon C. Une puissance contestée qui sort vainqueur de la Guerre froide Dans les années 1970, les États-Unis voient leur superpuissance affaiblie : - le prestige international des États-Unis est écorné par leur défaite contre les communistes au Vietnam en 1973, par le soutien qu’ils apportent aux dictatures militaires en Amérique latine (au Chili, en 1973, la CIA soutient le coup d’état du général Pinochet pour renverser le président socialiste Allende) et par le scandale du Watergate (affaire d’espionnage du siège du parti démocrate sur les ordres du président républicain Nixon, qui est contraint de démissionner); - les États-Unis sont confrontés à des concurrents de plus en plus sévères. Alors qu’ils sont frappés par la crise économique à partir de fin 1973, comme le reste de l’occident, le Japon – seconde puissance économique mondiale – résiste bien. De plus, l’URSS profite de la faiblesse états-unienne pour relancer des opérations militaires (en 1977, l’URSS pointe des missiles balistiques nucléaires sur l’Europe de l’ouest et en 1979, elle envahit l’Afghanistan). 4 En 1980, le républicain Reagan est élu président avec le slogan « America is back ». Il compare l’URSS à l’ « Empire du Mal » et réplique aux provocations soviétiques de la fin des années 1970. Il pointe des missiles balistiques nucléaires sur l’URSS depuis l’Allemagne en 1984 et il soutient les guérillas anti-communistes en Afghanistan et au Nicaragua. Les dépenses militaires états-uniennes passent de 4,8% du PIB en 1977 à 6,5% du PIB en 1987, entraînant l’URSS dans une véritable « course aux armements » (expression désignant l’escalade aux armements dans les années 1980 entre les ÉtatsUnis et l’URSS). Mais cette politique contribue à creuser le déficit budgétaire étatsunien (ils sont contraints, pour la première fois depuis 1917, d’emprunter sur les marchés étrangers). Elle a aussi pour effet d’essouffler économiquement l’URSS qui, sous l’accumulation des difficultés à la fin des années 1980 (accident nucléaire de Tchernobyl en 1986, chute du mur de Berlin en 1989…) n’y résiste pas. ⇒ En 1941, les États-Unis sont à nouveau contraints à entrer en guerre (alors que l’opinion publique y était jusque là opposée) mais le pays assume désormais son statut de superpuissance mondiale pendant le conflit et pendant la Guerre froide. III. Un pays en position d’hyperpuissance contestée depuis ‰‰ A. Une décennie de domination mondiale sans contestations Doc. 1 page 212 : « Le poids des États-Unis dans l’économie mondiale, 1992-2009 » Doc. 4 page 213 : « Les leviers de la puissance américaine au début du XXIème siècle » Consigne : Confrontez les documents afin de montrer que les États-Unis sont dans une situation d’hyperpuissance dans quasiment tous les domaines. En 1991, avec la disparition de l’URSS, les États-Unis sont en position d’hyperpuissance (État dont la puissance est sans rivale). Dans les années 1990, plus aucun état n’est en mesure de les concurrencer. Cette hyperpuissance se manifeste au plan diplomatique et militaire. Leurs dépenses militaires sont les plus élevées de la planète et ils disposent de la deuxième armée qui compte le plus grand nombre de soldats. Ils disposent également d’un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU (c’est le cas depuis 1945), lui conférant le droit de veto (possibilité de bloquer une décision au Conseil de sécurité de l’ONU sur simple opposition d’un des membres) et le droit de posséder légalement l’arme nucléaire. Grâce à cela, ils interviennent militairement à la tête de coalitions internationales qu’ils dominent totalement (Irak en 1990-1991, Bosnie en 1995, Kosovo en 1999). Les États-Unis disposent donc de tous les outils du hard power (capacité d’un État à imposer ses vues par la force). Mais les États-Unis disposent également d’outils du soft power (capacité d’un État à diffuser son modèle à d’autres États en utilisant des moyens pacifiques) : - le soft power se manifeste dans les domaines économiques et financiers. Dans les années 1990, les États-Unis sont la première puissance économique mondiale : ils ont le PIB le plus élevé de la planète et disposent de la capitalisation boursière la plus importante au monde (ce qui leur permet d’investir massivement à l’étranger). À cette période, leur principal concurrent, le Japon, entre en récession (ralentissement de la croissance économique) ; - le soft power se manifeste aussi dans le domaine culturel. Ils attirent du fait de la croissance économique qu’ils ont retrouvée à ce moment-là (l’immigration vers les États-Unis repart à la hausse ; ils accueillent le plus grand nombre d’étudiants étrangers sur leur sol). D’autre part, le modèle culturel états-unien – l’American way of life – se diffuse sur la planète, notamment par les exportations de produits de consommation (baskets Nike, logiciels Microsoft, ordinateurs Apple…) ou par la diffusion des médias étatsuniens (films hollywoodiens, musique, Internet…). 5 B. L’unilatéralisme conduit à l’affaiblissement de la puissance L’hyperpuissance dont profitent les États-Unis les conduisent à pratiquer l’unilatéralisme (politique extérieure consistant à décider seul, sans tenir compte du point de vue de ses alliés ou de la communauté internationale). Cette attitude se traduit par une vague d’antiaméricanisme (position hostile à l’égard des États-Unis) et constitue une des causes des attentats du 11 septembre 2001 perpétrés par Al-Qaïda (organisation terroriste islamiste fondée en 1987 par Ben Laden). En réaction, le président Bush attaque l’Afghanistan en 2001 car le pays abrite des terroristes islamistes) puis l’Irak en 2003 (car le pays détiendrait des « armes de destruction massive »). Face à la menace de veto français, les États-Unis partent en guerre contre l’Irak sans l’aval de l’ONU (ils renouent avec l’unilatéralisme).En Afghanistan comme en Irak, les résultats ont été mitigés : Saddam Hussein et Oussama Ben Laden ont été tués mais l’armée états-unienne a eu du mal à identifier les terroristes (car ils étaient mêlés au sein de la population) et elle n’a pas stabilisé la situation de ces deux États. Dans les années 2000, la puissance économique des États-Unis est encore une fois affaiblie. Le pays cumule un déficit budgétaire très important (du fait des dépenses militaires) et de la balance commerciale (les États-Unis importent bien plus qu’ils n’exportent). Le pays vit au-dessus de ses moyens et doit continuer d’emprunter de l’argent sur les marchés internationaux (notamment le Japon et la Chine). De plus, en 2008, la crise des subprimes (emprunts immobiliers à taux variable) et la faillite de la banque Lehman Brothers précipitent le monde dans la crise financière puis économique. Doc. 1 page 212 : « Le poids des États-Unis dans l’économie mondiale, 1992-2009 » Doc. 4 page 213 : « Les leviers de la puissance américaine au début du XXIème siècle » Consigne : Confrontez les documents afin de montrer que les États-Unis sont confrontés à des concurrents sérieux dans un certain nombre de domaines De plus, les États-Unis sont confrontés à une montée de concurrents, dans de nombreux domaines. Ces concurrents sont des pays développés (comme le Japon ou les pays membres de l’Union européenne) ou des pays émergents (comme la Chine, la Russie ou le Brésil). Au plan militaire, la Chine a la plus grande armée du monde. Au plan économique, le PIB de la Chine est passé devant celui des États-Unis en 2014. Au plan culturel, l’U.E. accueille plus d’étudiants étrangers que les États-Unis… C. Une nouvelle place au sein d’un monde multipolaire ? En 2008, avec l’élection d’Obama, un tournant s’opère dans les relations que les États-Unis entretiennent avec le reste du monde. Les États-Unis ont retiré leur troupes d’Irak en 2013 et ont limité leurs interventions militaires (ils ne s’engagent pas aux côtés de la France et du Royaume-Uni en Libye en 2011). Ils s’emploient à renouer le dialogue avec certains États : en 2014, les relations diplomatiques ont été rétablies avec Cuba (elles avaient cessé depuis l’embargo de 1962). De plus, Obama cherche à restaurer l’image de son pays : en 2015, il signe l’accord de Paris sur le réchauffement climatique (alors que le pays avait refusé tous les accords sur ce sujet depuis 1997). Mais Obama n’a, pour autant, pas totalement abandonné le hard power. Il n’a pas fait fermer le camp de Guantánmo (camp de détention situé dans une base militaire étatsunienne à Cuba dans lequel sont détenus illégalement des terroristes islamistes capturés en Afghanistan ou en Irak). D’autre part, il a envoyé les drones de l’armée en Syrie (contre le régime de Bachar el-Assad). Dans les derniers mois, les tensions avec le président russe Poutine se sont ravivées (à propos de l’intervention russe en Syrie et de la supposée manipulation des élections de novembre 2016 aux États-Unis par la Russie). ⇒ Les États-Unis sortent en position d’hyperpuissance à la fin de la Guerre froide. Pendant dix ans, ils sont les « gendarmes du monde » mais les contestations et les concurrences se multiplient, les obligeant à revoir leur rapport au monde. 6 Conclusion Les États-Unis construisent leur stature de superpuissance mondiale à la faveur des deux guerres mondiales, dans la première moitié du XXème siècle. À cette période, ils préfèrent, en dehors de ces deux guerres auxquels ils sont finalement contraints de participer, rester dans une position de repli vis-à-vis des affaires du monde (c’est la tradition de la politique étrangère états-unienne depuis la doctrine Monroe de 1823). Avec la Guerre froide, les États-Unis assument enfin leur statut de superpuissance, n’hésitant pas à intervenir dans les affaires internationales et parfois même nationales. Cette politique est alors conforme à leur niveau de puissance. Ils n’ont qu’un seul concurrent potentiel, l’URSS, mais celui-ci finit par disparaître en 1991. Après la Guerre froide, les États-Unis sont une hyperpuissance qui se comporte en « gendarme du monde » et qui pratique l’unilatéralisme, convaincue qu’elle pourra imposer un « nouvel ordre mondial ». Mais cette attitude génère des crispations et de nouveaux concurrents se dressent face aux États-Unis. Ce nouveau contexte a contraint Obama à réorienter la politique extérieure des États-Unis. Donald Trump, qui vient d’être élu président en novembre 2015, modifiera-t-il à nouveau la politique étrangère des États-Unis, comme il l’a annoncé pendant sa campagne ? 7