La première réserve est constituée par une molécule présente dans le muscle, la créatine-phosphate,
qui se dégrade facilement en ATP, et constitue en quelque sorte le deuxième réservoir. Mais celui-ci
va s'épuiser vite également, en cinq ou six secondes. C'est cette réserve que l'athlète consomme lors
des efforts violents et courts, comme un sprint.
Si l'effort continue, il faut que le muscle ait accès à une source d'énergie plus durable. Celle-ci est
constituée par le glucose et le glycogène, qui est la forme sous laquelle est stockée le glucose à
l'intérieur de l'organisme, notamment dans le foie. Lorsque l'effort persiste, le muscle a recours au
glycogène, qui, à la suite de nombreuses réactions enzymatiques (la glycolyse), se dégrade et forme
une nouvelle source de carburant, et donc d'énergie, pour le muscle. En se dégradant, le glycogène
donne naissance à deux composés, l'acide pyruvique et l'acide lactique. Cette voie métabolique s'ouvre
très rapidement, car il ne faut que quelque secondes pour que les précédentes s'épuisent. Ce deuxième
réservoir est utilisé pour les effort de moyenne durée, par exemple une course de quatre cents mètres.
Ces deux premières sources d'énergie, employées pour les efforts courts et intenses, n'ont pas besoin
d'oxygène pour se mobiliser. On dit qu'elles sont anaérobies. Un effort plus prolongé, qui dure plus de
quarante secondes, use d'une troisième voie métabolique, qui, elle, exige de l'oxygène, et est appelée,
pour cette raison, aérobie.
Ce troisième réservoir, auquel l'on recourt pour les efforts longs, comme les courses de fond ou le
marathon, naît de la combustion de l'acide pyruvique (qui, comme nous l'avons vu, provient de la
dégradation du glycogène) et des acides gras, en provenance des graisses accumulées dans
l'organisme. Les acides aminés et les protéines sont très peu utilisés comme source d'énergie.
Le muscle dispose ainsi d'un équipement énergétique sophistiqué, adapté à la nature de chaque effort
musculaire, fonctionnant un peu comme une automobile qui aurait en permanence à sa disposition des
carburants différents selon l'effort demandé (démarrage, course en ville, parcours long, etc.)
Pour utiliser ces carburants, les fibres musculaires sont équipées différemment : on distingue en effet
les fibres lentes, dites de type 1 (rouges), qui emploient surtout la voie aérobie. On les reconnaît au
microscope, car elles ont de nombreuses mitochondries, micro-organismes intracellulaires où se réalise
la réaction de combustion aérobie des graisses de l'organisme. Et, en second lieu, on distingue les
fibres rapides, dites de type 2B (blanches), qui utilisent essentiellement la voie anaérobie. Les fibres de
type 2A ont des caractéristiques intermédiaires et recourent aux deux méthodes d'approvisionnement
en énergie. (cf tableau)
La répartition de ces types de fibres varie d'un muscle à l'autre. Les fibres lentes, plus vascularisées et
qui contiennent davantage de graisses (triglycérides) et de myoglobine (une molécule qui fixe
l'oxygène du sang et donne au muscle sa couleur rouge caractéristique), sont par exemple plus
nombreuses dans les muscles extenseurs du pied comme le soléaire (dans le mollet) que dans les
muscles fléchisseurs. Il y a également une variation importante selon les individus et le type de sport
pratiqué. Un sprinter développera davantage ses fibres rapides, anaérobies, tandis qu'un marathonien,
habitué des efforts de longue durée, développera surtout ses fibres lentes.
Nous nous intéressons ici surtout aux fibres striées, ainsi nommées à cause
de leurs particularités anatomiques, comme nous allons le voir. Ces fibres