Médecine Nucléaire - Imagerie fonctionnelle et métabolique - 2001 - vol.25 - n°2 59
G. Baudin
La transformation de proinsuline en
insuline dans l’appareil de Golgi et
dans les granules de transport jusqu’à
la membrane cellulaire (demi-pé-
riode d’environ 60 minutes) fait in-
tervenir des enzymes à activité tryp-
sine et carboxypeptidase et conduit
à la formation de quantités équimo-
laires d’insuline et de C peptide.
La glycémie est le stimulus principal
de la biosynthèse et de la sécrétion
d’insuline.
Secrétion
L’insuline et le C peptide des granu-
les sont libérés par exocytose : ce
mode de sécrétion - le principal - est
fonction des stimuli primaires (gly-
cémie surtout) et secondaires (hor-
mones).
Une sécrétion de base existe, en de-
hors de tout stimulus exogène.
En réponse aux stimuli, la sécrétion
est biphasique : d’abord une élévation
en moins d’une minute représentant
l’insuline stockée dans le comparti-
ment immédiatement mobilisable,
puis, après une diminution, une
deuxième sécrétion plus lente repré-
sentant de l’insuline stockée mais
aussi une insuline nouvellement syn-
thétisée.
Les stimuli influençant la sécrétion
d’insuline sont de diverses origines.
-Des métabolites : le glucose, la plu-
part des acides aminés (arginine sur-
tout), les acides gras et les corps cé-
toniques dans une moindre mesure
stimulent la secrétion.
-Des hormones : hormones gastro-
intestinales (gastrine, secrétine, gluca-
gon), hGH, glucocorticoïdes, oestro-
gènes, progestérone stimulent la
secrétion.
-Des neuro-médiateurs : les agents
cholinergiques stimulent la sécrétion
et les catécholamines l’inhibent.
Les α bloquants stimulent donc la
sécrétion et les β bloquants la dépri-
ment.
Circulation et catabolisme
Insuline, proinsuline et C peptide cir-
culent sous forme libre, l’insuline
sous forme de monomère.
La proportion de proinsuline circu-
lante peut représenter jusqu’à 20 %
de l’immunoréactivité insulinique
totale et peut-être considérablement
accrue dans certains états pathologi-
ques.
La demi-vie de l’insuline dans le sec-
teur vasculaire sanguin est brève -
environ 5 minutes -:
-le foie, organe important d’action
et de dégradation, prélève 50 % de
l’insulinémie en un passage - celle-ci
est donc nettement plus élevée dans
la veine porte -.
-le rein prélève, lui, 40 % de l’insuli-
némie - l’insuffisance rénale se tra-
duit donc par une demi-vie plasmati-
que de l’insuline augmentée -.
Presque tous les tissus de l’orga-
nisme utilisent et dégradent l’insuline,
le foie et le rein étant les deux sites
majeurs.
La demi-vie de la proinsuline est d’en-
viron 20 minutes : sa dégradation ne
s’accompagne pas de conversion en
insuline ; c’est d’autre part un inhibi-
teur compétitif de la dégradation de
l’insuline.
Le C peptide n’est pas dégradé et est
éliminé sans modification dans
l’urine.
Mode d’action
L’action cellulaire de l’insuline
est médiée par un récepteur - le ré-
cepteur de l’insuline - à activité tyro-
sine-kinase. Ce récepteur, de type 2,
est un tétramère α2 β2.
La liaison extra-cellulaire de l’hor-
mone au récepteur conduit à l’auto-
phosphorylation du domaine intra-
cellulaire. Les récepteurs ainsi activés
sont alors reconnus, grâce à leurs
domaines SH2, par les protéines ci-
bles. Ces protéines, phosphorylées,
jouent alors leur rôle dans la signali-
sation cellulaire.
Actions physiologiques
L’insuline exerce des effets métabo-
liques multiples : son rôle, par son
effet sur l’homéostasie glycémique,
est une stimulation de la mise en ré-
serve de l’énergie ; le glucagon exerce
un effet inverse de mobilisation des
substrats énergétiques.
-Sur les glucides : l’insuline stimule
la glycogènogenèse (foie, muscle
strié) et inhibe la glycogènolyse et la
néoglucogenèse hépatiques.
-Sur les lipides : l’insuline stimule
la lipogenèse (tissu adipeux, foie) et
inhibe la lipolyse et la cétogenèse
(foie). L’utilisation périphérique des
corps cétoniques est favorisée par
l’insuline : le déficit en insuline favo-
risera donc l’apparition d’une acido-
cétose.
-Sur les protéines : l’insuline stimule
le transport intracellulaire des acides
aminés (tissu adipeux, muscle strié)
et accroît leur incorporation dans les
protéines. La synthèse des protéines
est accrue au niveau des ribosomes
dans le foie et le muscle strié.
L’insuline diminue le catabolisme
protidique.
Le glucagon
Structure
Polypeptide de 29 acides aminés, le
glucagon a très peu varié au cours de
l’évolution : la composition en acides
aminés est similaire chez de nom-
breux mammifères et oiseaux. Son
poids moléculaire est d’environ 3500
(figure 8figure 8
figure 8figure 8
figure 8).
NH2-NH2-
NH2-NH2-
NH2-HIS-SER-GLU-THR-PHE-THR-SER-ASP-TYR-SER-LYS-TYR-LEU-ASP-SER-
1 5 10 15
-ARG-ALA-GLU-ASP-GLU-ASP-PHE-VAL-GLU-TRP-LEU-MET-ASN-THR-COOHCOOH
COOHCOOH
COOH
20 25 29
Figure 8. Structure du glucagon.