L`Islam cautionne-il le terrorisme

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Hocine Fezzioui
L’Islam cautionne-il
le terrorisme ?
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A toutes les victimes du terrorisme.
A celles et à ceux qui combattent vaillamment
les terroristes.
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« Et sois bienfaisant comme Dieu t’a été
bienfaisant. Et ne répands pas le désordre sur
terre. Dieu, vraiment, n’aime pas les fauteurs
de désordre ».
Coran – Sourate Al-Qasas : 28 : 77
« Quiconque tuerait une personne non
coupable d’un meurtre ou d’une corruption sur
la terre, c’est comme s’il avait tué l’ensemble de
l’humanité. Et quiconque lui fait don de la vie,
c’est comme s’il faisait don de la vie à tous les
humains ».
Coran-Sourate Al-Maidah : 5 : 32.
« Parce que la religion est divine, doit-elle régner
par la haine, les tortures, les meurtres ? ».
Voltaire : Traité sur la Tolérance.
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Quel est l’être humain qui n’a pas été outré, indigné et
consterné par les vidéos et les images montrant les
atrocités, les horreurs et les carnages commis par des
groupes barbares et sanguinaires au nom de l’Islam ?
Quelle est l’âme la plus insensible qui n’a pas été
écœurée par la scène macabre du pilote jordanien brûlé vif
dans une cage au nom de l’Islam ?
Quelle est la religion qui ordonne à ses fervents
adeptes d’apprendre (l’art) de torturer et de tuer à des
enfants ?
Quelle religion révélée ordonnerait de telles actions
qu’on ne peut qualifier que d’inhumaines, voire de
sauvages ?
Ces groupes terroristes agissent-ils selon les préceptes
et les recommandations de l’Islam ?
Comment des groupes d’individus se voient-ils
endoctrinés au point de devenir des robots meurtriers et
des bombes humaines, télécommandés par des fanatiques
sans conscience et sans scrupules ?
Un nombre considérable d’ouvrages, de thèses et de
conférences ont été consacrés à l’étude de l’Islam et de son
rapport avec le terrorisme et les questions qui reviennent
très souvent et tourmentent les consciences des gens sages
se résument ainsi :
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– Le terrorisme dit islamiste est-il un corollaire de
l’Islam ?
– L’Islam ordonne-t-il à ses adeptes de terroriser leurs
semblables pour répandre la bonne foi ?
– Est-ce qu’une religion divine doit être imposée aux
humains par la violence et la terreur ?
Ces recherches ont pour la plupart versé dans la
philosophie pour arriver à des conclusions métaphysiques,
abstraites et difficilement assimilables, surtout par les
communs des mortels qui constituent l’écrasante majorité
des adeptes de l’Islam.
Cet écrit se veut compréhensible par toutes les
catégories d’adeptes de l’Islam et tout lecteur.
La recrudescence des actes terroristes atroces et
barbares, commis au nom de l’Islam et aux cris d’Allah
Akbar ces dernières décennies et leurs conséquences
désastreuses, ont laissé les musulmans et les nonmusulmans perplexes et stupéfaits.
Les musulmans se figent de stupeur et d’étonnement
en voyant des criminels prononcer la sainte et noble devise
de leur religion : Allah Akbar (Dieu est grand) en
commettant des actes cruels et répréhensibles.
Le comble, c’est que ces atrocités et ces conflits cruels,
ont lieu pour la plupart dans des pays musulmans et entre
musulmans.
Cette situation ambiguë et complexe a ravivé et attisé
les animosités enfouies depuis les ancestrales guerres et
conflits interreligieux.
Ceux qui ne connaissent que superficiellement l’Islam,
les profanes, les fauteurs de troubles et les opportunistes de
tout bord, versent inconsciemment ou sciemment dans des
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polémiques venimeuses, qui sèment la suspicion, la haine
et le courroux entre les musulmans et entre ces derniers et
les différentes communautés religieuses.
L’Islam, religion monothéiste, a été révélé pour le Bien
et le Bonheur de l’humanité.
Le prophète Mohamed (que Dieu répande sur lui ses
bénédictions et lui accorde le salut) a dit :
« J’ai été envoyé pour parfaire ce qu’il y a de généreux
dans la nature de l’homme ».
Allah a loué la moralité parfaite et irréprochable de
son prophète dans ce verset :
« Et tu es certes, d’une moralité majestueuse ». Sourate
Al-Qalam : 68 : 4.
Aucun verset, aucune sourate ni aucun hadith du
prophète n’incitent à l’intolérance, à la haine, moins
encore à la terreur et à la violence.
Toutes les déviations tendancieuses empreintes de
desseins insensés et irresponsables visant à imposer des
opinions, des théories sectaires par la contrainte et la
violence, sont les résultats épineux du fanatisme et de
l’intolérance.
La Basmala qui ouvre toutes les sourates du Coran et
qui est prononcée par le musulman avant tout acte, toute
prière, tout discours… est ainsi formulée :
« Au nom de Dieu, clément et miséricordieux ».
Si notre puissant créateur s’est attribué ses deux
nobles qualités : la clémence et la miséricorde, comment
ses faibles et insignifiants sujets s’érigent-ils en tyrans
sanguinaires en prétendant agir en son nom ?
Allah, notre créateur a bien dit à son prophète
Mohamed (que la prière et le salut soient sur lui) de ne pas
contraindre les gens à embrasser l’Islam comme le
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stipulent clairement les versets suivants :
« Pas de contrainte dans la religion ! Car le bon
chemin se distingue de l’errance » sourate Al Bakara 2 –
256.
« Et Bien, rappelle ! Tu n’es là que pour rappeler. Tu
n’as sur eux aucun pouvoir despotique » sourate Al
Ghachiyah : 88 : 21 – 22.
« Ô Prophète ! Nous t’avons envoyé [pour être]
témoin, annonciateur, avertisseur » sourate Al-Ahzab : 33
– 45.
« Ce n’est pas à toi de guider, mais à Dieu qui guide
qui il veut » sourate Al Bakara 2 : 272.
« Or si ton seigneur voulait, tous ceux qui sont sur
terre croiraient. Est-ce à toi de contraindre les gens à
devenir croyants, il n’appartient nullement à une âme de
croire si ce n’est avec la permission d’Allah. Et il voue au
châtiment ceux qui ne raisonnent pas » sourate Yunus :
10 : 99 – 100.
Ces versets montrent, on ne peut plus clairement,
qu’Allah a proscrit à son prophète Mohamed (que la prière
et le salut soient sur lui) de contraindre les gens à devenir
croyants, lui signifiant que sa mission de messager se limite
à montrer le droit chemin à ceux qui veulent le suivre et de
laisser les sorts des égarés à la justice divine :
« Tu ne diriges pas celui que tu aimes, mais c’est Allah
qui guide qui il veut. Il connaît mieux cependant les bien
guidés » Sourate Al-Qassas : 28 : 56.
Si Allah a interdit à son envoyé la contrainte dans
l’Islam, comment de simples adeptes, qui ne connaissent
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de leur religion que des bribes, se considèrent comme ses
représentants exclusifs et plénipotentiaires sur terre et
sèment la terreur au nom de l’Islam qu’ils prétendent
défendre ?
Comme le rappelle explicitement l’un des versets cités
supra, si Dieu le voulait, tous ceux qui sont sur terre
seraient des croyants.
Ce sont ses sujets et il est le seul détenteur du pouvoir
de les juger ; de les sanctionner ou de leur pardonner.
« C’est lui qui vous a créés. Parmi vous (il y a)
mécréant et croyant. Allah observe parfaitement ce que
vous faites ». Sourate At-Taghaboun : 2.
« Nous l’avons guidé dans le chemin, qu’il soit
reconnaissant ou mécréant ». Sourate Al-Insan : 76 : 3.
L’Islam se caractérise par rapport aux autres religions,
même monothéistes, par l’absence de clergé et de
hiérarchie entre Dieu et ses sujets.
Tout musulman, sans distinction de situation sociale,
de race ou de nationalité, doit adresser impérativement ses
prières, ses sollicitations et ses plaintes à Dieu et à lui seul,
sans intermédiaire ni médiateur. C’est à lui qu’il doit se
confesser et demander indulgence et pardon. Toute autre
voie est bannie et considérée comme païenne :
« Et quand mes serviteurs t’interrogent sur Moi…
Alors je suis tout proche : Je réponds à l’appel de celui qui
me prie quand il me prie. Qu’ils répondent à mon appel, et
qu’ils croient en Moi, afin qu’ils soient bien
guidés ».Sourate Al-Baqara : 2 : 186.
Le fanatisme et l’intolérance sont les fléaux qui ont
gangrené les religions, les croyances et même les
idéologies.
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Pour atteindre leurs buts et réaliser leurs desseins les
plus vils, les fanatiques n’hésitent pas à travestir les
principes fondamentaux des religions.
Quelle est la religion qui n’a pas connu le fanatisme et
ses dramatiques conséquences ?
Quelle est l’idéologie qui a échappé à l’extrémisme et à
ses corollaires ?
Le terrorisme dit (islamiste) découle d’opinions
fanatiques dont les auteurs obsédés par la réalisation de
leurs objectifs n’accordent aucune importance aux
conséquences désastreuses qui en résultent ; ce qui compte
pour eux, c’est d’accomplir leurs vils desseins.
Les initiateurs, les théoriciens et les responsables des
sectes et des organisations islamistes qui prônent le
terrorisme ne sont ni des oulémas de la célèbre université
islamique d’Al Azhar, ni des imams des saintes mosquées
de La Mecque ou de Médine, ni des érudits en théologie,
mais ce sont pour la plupart de simples profanes ou des
novices en Islam :
– Le plus tristement célèbre d’entre eux : Oussama
Ben Laden, était un homme d’affaires ayant hérité d’une
fortune familiale, il possédait une médiocre formation
dans les sciences musulmanes et la théologie, il excellait
plutôt dans les affaires.
– Bouyali Mustapha : celui qui a fondé le premier
noyau terroriste en Algérie n’était qu’un agent en hygiène
et sécurité dans une société industrielle.
– Layada Abdelhak : le fondateur et premier chef du
GIA algérien (groupe islamique armé) était un tôlier.
– Abou Mossab Al-Zarkaoui, émir d’Al-Qaida en Irak,
vivait de la petite délinquance dans les rues de Zarka en
Jordanie (sa ville natale, d’où son pseudo de guerre).
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– Belmokhtar Mokhtar, émir d’AQMI et Abubakar
Shekou, émir de Boko Haram sont des illettrés.
Le verset suivant décrit parfaitement ce genre
d’individu :
« Et il y a parmi eux des illettrés qui ne savent rien du
Livre hormis des prétentions et ils ne font que des
conjectures ».
Sourate Al-Baqarah : 2 : 78
Ces chefs terroristes, cités à titre d’exemple, peuventils incarner l’esprit et la lettre de l’Islam ?
Le prophète (que la prière et le salut soient sur lui),
dont ils prétendent suivre les orientations, a bien dit :
« Ceux qui seront miséricordieux, le clément sera
miséricordieux envers eux. Ayez compassion de ceux qui
sont sur la terre ; celui qui est dans les cieux aura
compassion de vous ».
El Boukhari raconte, d’après Abdellah Ben Omar, que
le prophète (que la prière et le salut soient sur lui) a dit :
« Une femme fut punie par Dieu pour avoir laissé
mourir de faim une chatte qu’elle avait enfermée. Elle fut
plongée, pour ce fait, dans le feu éternel ».
Si telle est la rétribution de celui qui fait du mal aux
animaux, quelle sera celle de celui qui cause du mal et du
dommage à l’homme que le très haut a honoré et à qui il a
donné la supériorité sur les autres êtres ?
Allah a bien dit :
« Nous honorâmes les enfants d’Adam. Nous les
portâmes sur la terre et sur les mers, nous leur donnâmes,
pour nourriture, des aliments délicieux et nous leur
accordâmes une grande supériorité sur un grand nombre
d’êtres que nous avons créés » Sourate Al Isra. 17 : 69.
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Les chefs terroristes et leurs acolytes se distinguent
plutôt dans les méthodes assassines et destructrices, dans
les modes d’embrigadement et d’endoctrinement de jeunes
désespérés et frustrés à la recherche d’un repère (comme
nous allons le voir plus bas dans le chapitre consacré aux
confessions authentiques d’un terroriste algérien repenti),
mais ils ignorent beaucoup, voire tout de l’Islam.
Même la Dââoua (le prêche de la religion), que les
islamistes considèrent comme l’une des principales
missions dont ils sont les seuls investis par l’Islam, Allah a
ordonné à son prophète de l’effectuer par la sagesse et la
bonne parole :
« Par la sagesse et la bonne exhortation, appelle au
sentier de ton seigneur ». Sourate An Nahl 16 : 25.
« Et ne discutez que de la meilleure façon avec les gens
du Livre, sauf ceux d’entre eux qui sont injustes ». Sourate
Al-Ankabout : 29 : 46.
Parmi les fléaux qui désolent et déchirent les sociétés,
le plus cruel, je pense, est celui qui naît de l’intolérance,
quel que soit son objet.
L’intolérance est contraire même au droit naturel.
L’intolérance est la mère des dissensions, des
déchirements et des conflits.
Et comme l’ont prédit les anciens, l’esprit
d’indulgence ferait des frères, celui d’intolérance peut
former des monstres.
J’ai toujours donné comme exemple de tolérance mon
village natal : Kenadsa ; un village du sud algérien où
cohabitaient durant plus d’un siècle, dans une atmosphère
cordiale empreinte de sympathie et d’amitié, voire de
fraternité, trois communautés religieuses différentes : des
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musulmans, des chrétiens et des juifs. Il y avait même des
communistes athées très intégrés dans cette fresque
religieuse.
Les membres de cette société ; mosaïque
multiculturelle et disparate, que le labeur de la mine de
charbon a rassemblé, partageaient leur quotidien,
peinaient et se divertissaient ensemble.
Chaque communauté avait ses lieux de culte : en plus
des deux mosquées séculaires du village, il y avait une
église et une synagogue.
Chaque communauté avait aussi son cimetière.
Aucun incident à tendance religieuse ou ethnique n’est
venu entacher les relations intercommunautaires cordiales
et exemplaires pendant toute cette très longue période.
Aucun imam, aucun curé ni aucun rabbin de la
région, ne prêchaient le discours de la haine et de
l’intolérance.
Les enfants de différentes confessions et races
fréquentaient les mêmes écoles et jouaient ensemble.
Même des relations amoureuses se sont tissées entre jeunes
garçons et jeunes filles de religions différentes.
Durant cette période, se passaient des événements qui
de nos jours soulèveraient un tollé général, aiguiseraient les
tensions communautaires et provoqueraient même des
conflits armés. Un geste exceptionnel, qui mérite d’être
cité, rapporté par nos aînés, m’a profondément marqué :
Lors de l’agonie d’un sans domicile-fixe nommé
Bassou, à laquelle assistaient les notables des différentes
religions, c’était le représentant de la communauté juive, le
nommé Hugo Azzi, qui a rappelé à Bassou, de confession
musulmane, de prononcer la Chahada (profession de foi
musulmane) pour, lui disait-il, mourir en bon musulman.
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