Semaine de rencontres islamo-chrétiennes 2015
22 novembre 2015
Châtenay-Malabry
Intervention de Mohamed Bachir Ould Sass
Quels sont les axes à développer dans l’enseignement de nos religions respectives
pour amener vers la rencontre de l’autre ? Il s’agit certes d’une question qui mérite
beaucoup de recherche. Mais dans le but d’y apporter au moins quelques éléments de réponse
j’ai identifié cinq principes pouvant constituer le « socle commun » à développer pour amener
vers la rencontre et aussi pour donner du sens à la rencontre.
Le premier d’entre eux réside dans la prise en conscience de la réalité selon laquelle
les humains ou les fils d’Adam (pour reprendre une terminologie coranique), constituent une
seule et unique communauté de destin. Allah dit : « ….De la terre Il vous a créé, et Il vous
l'a fait peupler » (Sourate n°11, verset 61). A cet égard, il convient de rappeler que Dieu
nous a accordé l’honneur et le devoir de peupler avec conscience la planète- terre et en être
responsable. Il s’agit d’un appel divin à l’optimisation des ressources et un devoir de
responsabilisation vis-à-vis de cette planète qui nous réunit tous et qui nous sert de Foyer
commun. Certains hadiths (textes prophétiques) utilisent la métaphore d’un bateau commun
pour nous rappeler à juste titre que tous les habitants de la terre sont embarqués dans le même
bateau et par conséquent il leur incombe d’être solidaires. Quand les droits de l’homme sont
bafoués quelque part sur la terre cela doit nous indigner, quand des dictatures sévissent
quelques part sur la terre cela doit aussi nous inquiéter même si on vit dans un pays
démocratique. L’envie de comprendre notre monde et les causes de ses problèmes doit nous
amener à la rencontre constructive. Dieu sait combien il y a eu d’indifférences à l’égard de
problèmes dans notre monde d’aujourd’hui. Dieu sait comme bien il y a eu de magouilles et
de manipulations monde d’aujourd’hui. Alors qu’in fine, on risque tous de payer cher le prix
de l’indifférence. On risque tous de payer cher parce qu’on n’a pas pris conscience
collectivement des risques communs. Il est temps de prendre conscience de notre destin
commun. D’ailleurs, au-delà de ce constat il nous faut faire vivre notre prise de conscience, la
faire partager au maximum et l‘inculquer à nos enfants et nos jeunes pour qu’elle soit à la fois
pérenne et présente dans les mémoires vives de toutes et tous.
Le deuxième principe est celui qui consiste en la Foi, l’iman, la foi en la dignité
humaine et surtout en la supériorité du Bien par rapport au Mal, dans la nature innée de l’être
humain. Allah dit : « Certes, Nous avons honoré les fils d'Adam. Nous les avons transportés
sur terre et sur mer, leur avons attribué de bonnes choses comme nourriture, et Nous les
avons nettement préférés à plusieurs de Nos créatures. » (Cf. Sourate 17 - Verset 70)
On doit croire en la supériorité du Bien dans la nature innée de l’homme. Il faut
étudier l’homme, s’approcher de luicomprendre qu’est-ce qui le pousse à faire telle ou telle
action. Il y aura toujours une voie qui pourrait nous amener à résoudre les problèmes humains.
Bien sûr ce ne sont pas les violences qui peuvent résoudre les problèmes du monde ni les
problèmes de l’humanité, mais c’est plutôt à travers l’éducation, à travers l’humanisation de
l’éthique de l’homme, le respect de l’honneur de l’homme, de ce que j’appelle la supériorité
du Bien dans la nature innée de l’être humain. Cela existe dans nos textes et dans plusieurs
références. La dignité humaine fait partie des droits sacrés en islam. Bien sûr
malheureusement il y a des musulmans qui ne respectent pas ce principe. Oh combien y va-t-
il de pays où la dignité humaine est bafouée et les gens qui y habitent prétendent être
musulmans ! Or en principe si une personne prétend être musulmane et ne respecte pas la
dignité humaine cela entache sa propre foi du point de vue doctrinal. Certes, on ne doit pas se
baser sur ce constat pour juger l’ensemble des musulmans ou juger l’islam dans son ensemble.
Alors que c’est une monnaie courante dans les medias d’aujourd’huidès que quelqu’un qui
s’appelle Mohamed ou quelqu’un qui s’appelle Mamadou ou quelqu’un qui se dit ou se
déclare musulman fait quelque chose, Hop, on cède aux préjugés et on dit c’est l’islam qui est
la cause ou c’est l’islam qui est comme ça dans son ensemble. Force est de constater que
malheureusement ces stigmatisations hâtives font l’objet d’une manipulation inquiétante.
Mais, on est conscient du fait que les personnes de bonne volonté ne se laisseront pas tomber
dans un tel piège médiatique.
Le troisième principe qui fait partie de ce que j’appelle un « socle commun », c’est le
devoir d’interconnaissance et la prise en conscience de l’utilité qui en découle
individuellement et collectivement. Dieu nous rappelle ce devoir moral hautement symbolique
et plein d’enseignement. « Ô hommes ! Nous vous avons créés d'un mâle et d'une femelle, et
Nous avons fait de vous des nations des peuples et des tribus, pour que vous vous entre-
connaissiez. Le plus noble d'entre vous, auprès d'Allah, est le plus pieux. Allah est certes
Omniscient et Grand-Connaisseur. » (Cf. Verset 13 de la Sourate numéro 49). Les plus
nobles d’entre vous ce ne sont pas ou les noirs ou les rouges, ou tel peuple, les plus nobles
d’entre vous sont ceux qui développent la plus noble piété de leur cœur…
Le quatrième principe consiste à développer l’esprit solidaire via la notion d’Al-
ihassan qui renvoie à l’entre-aide à l’hospitalité gracieuse et en cela nous pouvons apprendre
plein de choses à travers l’héritage de notre père Ibrahim, Abraham, que l’on partage dans le
cadre des trois religions monothéistes. On doit être amené à la rencontre pour témoigner notre
soutien et pour faire et construire des bonnes choses ensemble. Comme on dit dans la sagesse
populaire : « Une seule main n’applaudit pas. Il faut des mains pour produire des énergies
conjuguées au pluriel pour produire une dynamique humaine chaleureuse et faire avancer les
choses durablement » Les textes authentiques de l’islam appellent, clairement à cet esprit
solidaire, à cet esprit de coopération : « Et entraidez-vous pour le Bien et dans le Bien » (notre
traduction du sens, en partie, du verset 2 de la Sourate 5.)
Pour conclure je tiens à attirer votre attention sur le fait que si les quatre éléments
susmentionnés peuvent amener à la rencontre et donner du sens à la rencontre de l’autre, le
cinquième principe, à savoir l’esprit de gratitude, aura pour vocation de maintenir les liens,
de prolonger l’expérience dans le temps et dans l’espace, de renforcer les liens déjà établis,
d’assoir la rencontre de l’autre sur des bases saines, des fortes bases de confiance, de loyauté
et du respect réciproque. A propos de la gratitude, le Prophète de l’islam, que le Salut et La
Paix d'Allâh soient avec lui, a dit ceci : « La foi a deux moitiés : l'une est la patience, et
l'autre est la gratitude. » et « chacun d’entre vous doit avoir une langue qui prie et un cœur
qui remercie ».
Du fond du cœur, je vous remercie pour votre attention.
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