la première étape, une fraction de l’hormone est extraite par
des anticorps anti-hormone immobilisés sur une phase so-
lide. Après lavage, dans la seconde étape, l’ajout du ligand
marqué (hormone ou dérivé marqué) permet la mesure des
sites restés libres. Cette méthode repose sur des bases
physicochimiques bien établies et présente l’avantage de ne
pas mettre en contact direct le ligand avec le sérum. Elle est,
de ce fait, en principe à l’abri des interférences dues à des
anomalies des protéines de transport ou à des anticorps
anti-hormones thyroïdiennes. En méthode manuelle elle
reste délicate et son développement actuel est lié à son
automatisation.
Dosages en une étape
Une seule incubation met en contact le sérum, le ligand et
l’anticorps. Pour assurer la validité de ces dosages, le ligand
doit conserver sa réactivité vis-à-vis de l’anticorps sans
interagir avec les protéines de liaison. Ce ligand peut d’une
façon générale être considéré comme un analogue de l’hor-
mone avec laquelle il doit conserver une certaine parenté
structurale. Le marqueur est porté soit par le ligand, soit par
l’anticorps.
Les premières techniques par ligand marqué qui utilisaient
un traceur radioactif ont fait l’objet de vives critiques, en
raison de leur sensibilité à l’influence de l’albuminémie
[17]. D’autres ligands marqués sont maintenant utilisés.
Dans le cas des traceurs macromoléculaires, l’hormone
peut être liée à une enzyme (traceur conjugué) ou une
immunoglobuline par exemple. Ces ligands de masse mo-
laire élevée ont en général une réactivité négligeable avec
les protéines de transport [18]. Des ligands biotinylés ou
d’autres dérivés de l’hormone sont aussi employés.
Dans le cas de la technique par anticorps marqué, mainte-
nant très répandue, le ligand est fixé à une phase solide ce
qui bloque ou limite sa réactivité avec les protéines de
transport [19]. Pour la T4L le ligand est soit de la T4
(dosage homologue), soit de la T3 (dosage hétérologue).
Pour la T3L le ligand est soit de la T3 (dosage homologue),
soit de la di-iodothyronine (dosage hétérologue).
À l’heure actuelle les dosages les plus utilisés sont des
immunodosages non isotopiques automatisés en deux éta-
pes ou une étape avec anticorps marqué ou ligand macro-
moléculaire.
Performances techniques [4]
Pour la T4L et la T3L respectivement, les limites de détec-
tion sont < 2 pmol/L et < 0,5 pmol/L. Ces valeurs sont suf-
fisantes pour l’utilisation clinique de ces dosages. Les coef-
ficients de variation (imprécision totale) sont
respectivement<7%et<10%.Pour la T3L en particulier
des progrès sont souhaitables. Le domaine de mesure peut
être compris entre 60 et 130 pmol/L pour la T4L et 0,5 -
40 pmol/L pour la T3L. Avec les immunodosages de rou-
tine, si le résultat de T4L ou T3L obtenu est au-delà du
dernier étalon de la gamme d’étalonnage, un résultat exact
ne pourra pas être obtenu par dilution. En effet, l’équilibre
initial entre hormone liée et hormone libre tend à se rétablir
après dilution dans un tampon inerte. Cette propriété peut
être mise à profit pour tester la sensibilité d’une méthode de
dosage à la capacité de fixation des protéines du sérum [7].
Influence des inhibiteurs de liaison —
Maladies non thyroïdiennes sévères — Héparine
La mesure des concentrations d’hormones libres est sou-
mise à l’influence de facteurs susceptibles de modifier
l’équilibre libre - lié : dilution, pH, force ionique, nature du
tampon et température (le dosage doit être fait à 37 °C). Des
inhibiteurs de liaison (ou compétiteurs) peuvent éventuel-
lement entrer en compétition avec les hormones thyroïdien-
nes pour la liaison aux protéines de transport.
Parmi ces inhibiteurs figurent des médicaments tels que le
furosémide, les salicylates et des anti-inflammatoires non
stéroïdiens (diclofénac, fenclofénac). L’effet à court terme
se traduit par une augmentation des hormones libres qui
peut à plus long terme, après mise en jeu du rétrocontrôle,
être suivie d’une baisse de l’hormone totale et d’une nor-
malisation de l’hormone libre [20]. L’effet inhibiteur de ces
médicaments est renforcé quand l’albuminémie est basse et
quand la concentration sérique d’inhibiteurs endogènes
augmente comme chez les patients atteints de maladies
générales sévères, dans le sérum desquels le rôle des acides
gras libres (AGL) comme inhibiteurs de liaison est sus-
pecté. En particulier dans l’insuffisance rénale chronique
ces inhibiteurs et les médicaments peuvent agir en cascade
[21].
L’élévation de la T4L observée lors d’un traitement à l’hé-
parine, même de bas poids moléculaire et à faible dose, est
expliquée par la libération d’AGL, in vivo et in vitro [9]. La
libération d’AGL, conséquence de l’activation de la lipo-
protéine lipase, est plus importante quand la concentration
des triglycérides est élevée. En pratique, afin de minimiser
l’effet de l’héparine de bas poids moléculaire, le prélève-
ment devra être effectué au minimum 10 heures après l’in-
jection et le sérum conservé moins de 24 heures à 4 °C
avant dosage.
Pour toutes ces raisons, c’est chez les patients hospitalisés
atteints de maladies graves non thyroïdiennes que la varia-
bilité des résultats de T4L et de T3L reste la plus grande et
que l’interprétation du résultat devra tenir le plus grand
compte de la méthode utilisée [22-24]. En particulier, plus
la dilution de l’échantillon est importante, plus l’effet des
compétiteurs est atténué et plus le résultat de T4L mesuré
in vitro est abaissé par rapport à sa valeur in vivo.Dela
même façon, l’intensité de la baisse de la T3L chez ces
patients dont la T3T est souvent basse dépend beaucoup de
la trousse utilisée. Outre les effets de la dilution, la présence
d’albumine ajoutée dans les réactifs dans le but d’amortir
Dosage des hormones thyroïdiennes
Ann Biol Clin, vol. 61, n° 4, juillet-août 2003 415
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