JANV 98 MEP 27/04/04 14:07 Page 3583 Immunologie et psychiatrie Dépression et immunité : du stress à la dépression, modifications du système immunitaire ? A. Galinowski* L e terme de dépression est utilisé à la fois par les immunologistes, pour désigner une baisse de l’immunocompétence, et par les psychiatres pour qualifier un trouble de l’humeur. L’hypothèse a souvent été évoquée d’un lien entre état dépressif et dépression immunitaire, conduisant à une pathologie organique, en par ticulier cancéreuse. Cependant, une étude prospective chez des femmes opérées pour un cancer du sein ne trouve aucun lien entre l’existence d’une dépression majeure ou le deuil d’un proche pendant le déroulement de l’étude et la survenue d’une rechute (1). Le rôle du psychisme serait seulement déterminant dans la rémission des cancers non métastasés (8). Une étude contrôlée montre qu’une psychothérapie de groupe, améliorant le coping (attitude devant une situation de stress) face au mélanome malin, diminue le taux de mortalité chez les patients bénéficiant de cette prise en charge, parallèlement à l’augmentation de l’activité des cellules natural killer (NK) (7). Le syndrome de fatigue chronique est aussi un exemple de pathologie interprétée par certains auteurs comme une altération des fonctions immunitaires et par d’autres comme une forme de dépression. Plusieurs questions se posent : des réactions de type dépressif dans les situations de stress prolongé sont-elles à l’origine d’anomalies immunitaires ? La fonction immunitaire est-elle altérée dans les états dépressifs majeurs caractérisés ? Les modifications observées sont-elles liées à certains symptômes dépressifs ? * SHU, Sainte-Anne, Paris. 3583 Situations de stress prolongé chez l’homme Chez l’animal, la répétition de chocs électriques aléatoires et inévitables conduit à une situation de désespoir appris (learned helplessness) comportant des anomalies immunitaires (développement accéléré de greffes de tumeur, échec de vaccinations). Cet état est sensible à l’effet des médicaments antidépresseurs utilisés en pathologie humaine. Chez l’homme, les situations de stress prolongé peuvent déclencher une réaction dépressive. KiecoltGlaser et coll. (12) ont étudié pendant plus d’un an un groupe de sujets prenant en charge un parent alzheimérien. Ils constatent une augmentation de la morbidité (notamment des affections ORL) et une baisse de plusieurs paramètres de l’immunité cellulaire. Cependant, le nombre de sujets remplissant les critères de dépression majeure augmente peu au cours de cette prise en charge (de 25 % au début de l’étude à 32 % au bout de 13 mois) et les anomalies immunitaires ne sont pas corrélées avec les scores à l’échelle de dépression de Hamilton. De même, sur le plan biologique, le décès du conjoint entraîne une baisse de la prolifération des lymphocytes stimulés in vitro par des substances mitogènes et de l’activité des cellules natural killer (NK), en particulier chez les maris survivants qui paraissent plus vulnérables que les épouses (13). Ces anomalies ne surviennent pas immédiatement mais après un délai de plusieurs semaines et se normalisent dans l’année (25). Des femmes dont le mari est traité pour un cancer du poumon métastasé présentent moins d’anomalies immunitaires qu’un groupe de femmes dont le mari est mort depuis moins de 6 mois (11) ; la fonction immunitaire peut même être stimulée chez le mari anticipant le décès de sa femme (27). Ces phénomènes ont pu être interprétés comme l’expression du deuil, vécu ou encore à venir, avec une période critique de durée limitée où des anomalies immunitaires peuvent être observées. JANV 98 MEP 27/04/04 14:07 Page 3584 Immunologie et psychiatrie Zisook et coll. (29), chez des femmes veuves depuis deux mois n’ayant aucun antécédent dépressif, déprimées ou non au moment de l’enquête, ne constatent aucune anomalie immunitaire significative dans la totalité du groupe pendant la période de suivi (13 mois après le décès). En revanche, une baisse de deux paramètres immunitaires, l’activité des cellules NK et la prolifération lymphocytaire in vitro en présence de concanavaline A, est observée dans la sous-population répondant aux critères d’épisode dépressif majeur (30 % des veuves au bout de deux mois). Ces résultats indiqueraient que la dépression proprement dite, à la différence d’une simple réaction de deuil, entraîne des modifications immunitaires. De plus, la morbidité somatique augmenterait en cas de veuvage selon les auteurs. Mais cette notion n’est pas confirmée par d’autres travaux et on ne sait si les anomalies immunitaires constatées sont responsables de cette vulnérabilité à la maladie. Enfin, la rupture d’une relation conjugale augmenterait également le taux de morbidité et de mortalité. Des études contrôlées montrent, là aussi, une baisse de l’immunocompétence, baisse plus marquée si l’attachement au partenaire reste plus intense et si la séparation est plus récente (13). Il faut souligner que de nombreuses variables ne sont pas prises en compte par ces études : un sujet qui vit seul, outre une éventuelle réaction dépressive après la séparation, ne se comporte plus de la même manière (par exemple prise de risques, consommation de tabac et d’alcool). Axe corticotrope, axe thyréotrope et immunité Des anomalies de l’axe hypothalamohypophyso-surrénalien ont été décrites dans les états dépressifs sévères. Or les lymphocytes portent à la surface de leur membrane des récepteurs à l’ACTH (Adreno-Corticotrophic Hor-mone sécrétée par le lobe antérieur de l’hypo- physe) et au CRF (Corticotropin Releasing Factor sécrétée par l’hypothalamus), qui interviennent dans la régulation de l’axe corticotrope. Les cellules lymphocytaires synthétisent le précurseur de l’ACTH. Leur sensibilité aux corticoïdes n’est pas la même chez les patients déprimés. Kok et coll. (14) ont ainsi montré que la sécrétion d’immunoglobulines de type IgM était induite chez eux par des doses d’hydrocortisone plus élevées que chez les sujets sains. La résistance à la freination de la sécrétion de cortisol plasmatique par l’administration de dexaméthasone (DST), longtemps considérée comme paradigmatique de la dépression, se retrouve au niveau cellulaire. De même, la sensibilité de la TRH à l’administration de TSH est diminuée chez le sujet déprimé, aussi bien au niveau plasmatique qu’au niveau lymphocytaire in vitro (9). Les déprimés caractérisés par une anomalie du fonctionnement corticotrope présentent-ils davantage de modifications immunitaires ? Kronfol et coll. (15) ne trouvent aucune différence dans les mesures de prolifération lymphocytaire entre les patients dont la sécrétion de cortisol urinaire est élevée, ceux dont la sécrétion est normale et les témoins sains. En raison de l’absence d’association entre les paramètres immunitaires et la cortisolémie ou la réponse au DST constatée par la grande majorité des auteurs, et pour tenir compte des pics sécrétoires de cortisol, Miller et coll. (22) ont calculé la corrélation entre la quantité de cortisol mesurée dans le plasma pendant 3 heures et l’activité NK, souvent diminuée dans la dépression : aucune corrélation n’apparaît. Charles et coll. (3) proposent une explication : l’élément déterminant serait le niveau d’anxiété ; ils ont noté une corrélation positive entre le rapport lymphocytaire T4/T8 et le score à l’échelle d’anxiété de Hamilton dans le seul sous-groupe non suppresseur au DST d’une population de patients déprimés et anxieux. L’administration de dexaméthasone lors du DST peut aussi constituer un biais Act. Méd. Int. - Psychiatrie (15), n° 206, janvier 1998 3584 (16) car ce corticoïde de synthèse ne régule pas seulement la cortisolémie mais provoque aussi des effets immunitaires : une inhibition de la prolifération lymphocytaire et de la production d’interleukine chez les témoins normaux. Existe-t-il des anomalies immunitaires dans les dépressions majeures caractérisées ? Miller et Stein (22) ont analysé dans la littérature 24 études contrôlées des fonctions immunitaires de patients déprimés majeurs, comparés à des témoins sains. Ces travaux étudient le nombre et la fonction des immunocytes. Une mise au point plus récente du même groupe (23) confirme ces données essentiellement négatives. Numération cellulaire Des anomalies du nombre de globules blancs (augmenté dans 2 études sur 7), de polynucléaires neutrophiles (augmenté dans 2 travaux sur 6) et de lymphocytes (abaissé dans 2 études sur 8) sont observées de manière inconstante (tableau I). La rareté de la lymphopénie est surprenante étant donné l’hypercortisolisme caractéristique de la dépression. Le nombre de lymphocytes T, cellules régulatrices et effectrices, est diminué dans 2 études sur 9. Une seule étude (sur 4) trouve une augmentation du rapport T4/T8 et une autre (sur 6) une baisse du nombre de lymphocytes B. Maes et coll. (17) constatent également une élévation du rapport T4/T8 dans la dépression. En analysant plus finement les sous-groupes de lymphocytes T4 et T8 marqués par des anticorps monoclonaux, cette équipe parvient à diagnostiquer les dé-primés mélancoliques avec une sensibilité de 68 % et une spécificité de 95 %. Fonction cellulaire La fonction cellulaire n’apparaît pas JANV 98 MEP 27/04/04 14:07 Page 3585 Herbert et Cohen (10) proposent Numération Nombre d'études une méta= analyse moins néga2 5 0 Leucocytes tive de la lit2 4 0 Neutrophiles térature, à 0 6 2 Lymphocytes partir de 14 0 7 2 Cell. T é t u d e s 0 5 0 CD4+ concer nant 0 5 0 CD8+ des patients 0 5 1 Cell. B déprimés 0 1 2 Cell. NK diagnostiqués sur des : baisse du nombre de leucocytes comparativement aux témoins normaux. critères dia= : pas de différence avec témoins normaux. : augmentation comparativement aux témoins normaux. gnostiques (RDC et DSM), apTableau II. Études de la réponse lymphocytaire aux substances mitogènes dans pariés à des la dépression majeure (23). témoins de même âge et Mitogène Nombre d'études de même sexe et non = traités au 1 10 Phytohémagglutinine (PHA) 6 moment des 0 7 7 Concanavaline A (Con A) examens 0 7 Pokeweed Mitogen (PWM) 6 immunologiques. Leur : baisse de la prolifération comparativement aux témoins normaux. = : pas de différence avec témoins normaux. méta-analyse, : augmentation de la prolifération comparativement aux témoins normaux. bien étayée sur le plan statistique, non plus comme nettement altérée. Une montre plusieurs anomalies de la foncmi-norité d’auteurs cons-tatent une baistion cellulaire : baisse de la lymphoprolise des capacités de prolifération lymphofération en présence de mitogènes, baiscytaire en présence de mitogènes, la pluse de l’activité NK et altération du part rapportant une réponse normale nombre de cellules (augmentation des (tableau II). Selon Schleifer et coll. (26), leucocytes, baisse des lymphocytes bien que restant dans les limites de la totaux, des lymphocytes B, T, T helper, T normale, la prolifération lymphocytaire suppressor ainsi que du pourcentage des diminue avec l’âge et l’intensité de la cellules NK et du rapport T4/T8). Ces dépression. altérations sont plus marquées chez les L’activité NK apparaît diminuée dans 6 patients plus âgés et hospitalisés. Une études sur 10, et cette fois ni l’âge ni l’incorrélation avec l’intensité de la déprestensité de la dépression n’interviennent sion est notée pour la baisse de plusieurs (23). Evans et coll. (6) notent aussi une paramètres de l’immunité cellulaire (prodiminution du nombre de cellules NK et lifération des lymphocytes ; activité NK, de leur activité, mais seulement chez les cette dernière corrélation apparaissant déprimés de sexe masculin. La baisse de peu robuste). Bien que cette méta-analyl’activité NK semble la moins inconstanse rigoureuse mette en évidence des anote des modifications immunitaires retrouvées dans la dépression. malies significatives, contrairement à Tableau I. Études du nombre des leucocytes dans la dépression majeure (23). 3585 Miller et coll. (22, 23), il n’est pas établi que ces anomalies prédisposent à la maladie. L’analyse de Miller et coll. ne portait que sur les dépressions majeures au sens du DSM, sans retenir les autres types de critères, et surtout ne prenait pas en compte l’existence d’une fenêtre thérapeutique. Or, le traitement antidépresseur modifie certains paramètres immunitaires. Weizman et coll. (28) ont ainsi montré que la baisse de l’IL-1 bêta et de l’activité IL-2 et IL-3 like observée dans la dépression majeure avant traitement était corrigée par un traitement de 4 semaines par la clomipramine. Des anomalies décelées in vitro peuvent également ne pas refléter le fonctionnement immunitaire in vivo : d’autres tests permettraient de répondre à cette dernière question (étude de la réponse anticorps à un antigène non pathogène, hypersensibilité retardée). Anomalies immunitaires et dimensions du syndrome dépressif Les symptômes qui composent le tableau dépressif sont-ils individuellement associés à des modifications de la fonction immunitaire ? Herbert et Cohen (10) ont recherché une relation entre tests fonctionnels et humeur dépressive dans 9 études réalisées chez des sujets ne présentant pas de dépression caractérisée, mais seulement dans un tableau psychiatrique différent, une dimension dépressive évaluée par diverses échelles (comme le BDI : Beck Depression Inventory). L’intensité de l’humeur dépressive apparaît significativement corrélée à une baisse de la prolifération mitogénique (avec la phytohémagglutinine : PHA) et à une baisse de l’activité NK. Ce profil ne recouvre pas exactement les corrélations mises en évidence par les auteurs avec le score à l’échelle de dépression de Hamilton dans la dépression avérée. Outre l’humeur dépressive, les troubles neuro-végétatifs ont été associés à des JANV 98 MEP 27/04/04 14:07 Page 3586 Immunologie et psychiatrie anomalies immunitaires. La privation de sommeil, utilisée comme une thérapeutique antidépressive par certains cliniciens, est associée à une immunostimulation (5). Selon Cover et Irwin (4), le score aux items évaluant les troubles du sommeil dans l’échelle de dépression de Hamilton est corrélé négativement avec le paramètre immunitaire le plus constamment modifié dans les états dépressifs : l’activité NK. Les autres regroupements d’items de cette échelle ne sont pas liés à l’activité NK en dehors du ralentissement moteur, si typique de la dépression. Les auteurs soulignent que la latence du sommeil paradoxal, généralement présentée comme significativement plus courte dans la dépression, n’a pas de lien avec l’activité NK. Paramètres immunitaires et lieu de contrôle Selon que les patients déprimés, interrogés à l’aide d’un questionnaire, attribuent l’origine de leurs troubles à un facteur externe sur lequel ils n’exercent aucun contrôle ou à un facteur interne dont ils se sentent responsables, l’activité NK diffère : elle diminue davantage chez ceux qui attribuent leur dépression à des causes extérieures dont ils seraient les victimes. En revanche, ni le nombre de cellules NK, ni les tests de lymphoprolifération ne différencient les deux groupes de patients. Ainsi, la perception du contrôle de la situation, qui renvoie au style de coping, apparaît-elle liée à cet aspect du fonctionnement immunitaire (24). Suicide et fonctionnement immunitaire : une étude chrono-épidémiologique Reprenant les statistiques belges des morts par suicide violent entre 1979 et 1987, Maes et coll. (19) ont montré que pendant la période correspondant au plus grand nombre de ces suicides (mars à mai) plusieurs paramètres biologiques (mesurés dans un groupe de volontaires sains étudiés régulièrement pendant une année) sont modifiés. Ils reflètent l’activité sérotoninergique (taux de tryptophane, binding de la paroxétine) classiquement associée au comportements suicidaires impulsifs et le fonctionnement immunitaire. Le nombre de lymphocytes CD 20+ et le ratio T4/T8 diminuent significativement pendant cette période critique. Auto-immunité, infection virale et dépression Une théorie auto-immune est avancée dans la schizophrénie, rarement dans la dépression. La présence d’autoanticorps, notamment antinucléaires et antithyroïdiens, n’a pas été établie, pas plus qu’une association avec un système HLA particulier. Maes et coll. (18) ont noté chez des patients déprimés, particulièrement dans un sous-groupe de mélancoliques, des taux d’auto-anticorps antiphospholipides plus élevés que dans un groupe de témoins sains. Cependant, les taux mesurés restaient inférieurs aux taux observés dans une affection autoimmune comme le lupus érythémateux. Le même groupe avait déjà relevé dans la dépression des taux élevés de récepteurs solubles à l’IL-2, marqueurs d’une activation des lymphocytes T, associés à la présence d’anticorps antinucléaires chez certains patients et corrélés aux taux d’anticorps anticardiolipine. À côté de ces indices d’une hypothétique activation auto-immmune, les concentrations d’anticorps antiviraux (cytomégalo virus et virus d’EpsteinBarr) restaient normaux, n’apportant aucun argument en faveur d’une participation virale dans le développement des états dépressifs. Récemment, des traces de virus équin Act. Méd. Int. - Psychiatrie (15), n° 206, janvier 1998 3586 Borna ont été trouvées dans le sang de patients déprimés. Un traitement par amantadine (qui possède une activité antivirale) a guéri une malade déprimée porteuse du virus et recevant ce traitement pour une maladie de Parkinson associée (2). Cependant, il existe, là encore, moins d’arguments en faveur d’une théorie virale dans la dépression que dans la schizophrénie. Le modèle de Maes Maes a proposé le modèle immunitaire le plus élaboré dans la dépression (figure 1). S’appuyant sur de nombreuses études personnelles, il défend l’existence d’une activation auto-immune dans les états dépressifs. Cette activation explique en particulier l’augmentation qui a pu être observée du taux des autoanticorps antinucléaires, la modification du pourcentage de lymphocytes T4 helpers (augmentés) et de lymphocytes T8 suppresseurs (diminués), l’augmentation de la concentration plasmatique de néoptérine et l’activité accrue des cellules phagocytaires (polynucléaires neutrophiles, monocytes). Au centre de ce dispositif biologique, l’augmentation de la sécrétion d’interleukine 1 bêta et d’interleukine 6 est en tout premier lieu responsable de la stimulation de l’immunité humorale (auto-anticorps) et cellulaire. Quatre autres effets biologiques seraient la conséquence de cette hypothèse des interleukines : – les interleukines provoqueraient une activation de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien, avec des taux de cortisol plasmatique élevés qui en retour inhibent la sécrétion d’interleukines ; – les interleukines au niveau du cerveau participeraient au déclenchement des symptômes non spécifiques du “comportement de maladie” (anorexie et amaigrissement, troubles du sommeil, inhibition psychomotrice...) ; JANV 98 MEP 27/04/04 14:07 Page 3587 tats semblent plus robustes, comme la baisse de l’activité NK au cours des états dépressifs. Cependant, la réponse immunitaire est sensible à de nombreux facteurs, en particulier neurotransmetteurs et hormones, spécifiques ou non des mécanismes invoqués dans les troubles de l’humeur. Ainsi la mélatonine, qui retient actuellement l’attention par son rôle dans la chronobiologie de la dépression, module l’activité NK et d’autres paramètres immunitaires (20). À l’avenir, des études longitudinales permettront peut-être de préciser le passage d’une situation de stress qui n’est pas encore pathologique à un état dépressif cliniquement repérable, la neuro-immunomodulation traduisant l’adaptation de l’organisme entier dans sa lutte contre la maladie. – l’activation immunitaire réduirait le passage du tryptophane libre plasmatique, précurseur de la sérotonine dans le cerveau ; – enfin, comme dans les processus inflammatoires, ces interleukines règleraient au niveau hépatique la sécrétion des protéines de phase aiguë, les protéines positives, comme l’haptoglobine étant augmentées et les protéines négatives (transferrine, albumine..) diminuées. Selon ce modèle, le système immunitaire ne jouerait pas ici son rôle traditionnel de défense contre la maladie. Au contraire, c’est l’activation de l’axe corticotrope, observée dans les états dépressifs, qui protégerait l’organisme contre une activité immunitaire excessive serait caractéristique de la dépression (19). Conclusion Références Les données en faveur d’une hypothèse immunitaire de la dépression restent encore controversées. Quelques résul- 1) Barraclough J., Pinder P., Cnuddas M. et coll. : Life events and breast cancer prognosis. B.M.J., 1992, 304 : 1078-81. Comportement dépressif NA, 5HT CRH + ACTH + Cortisol IL-1 β + IL-6 + Foie + Prostaglandines Prot. phase aiguë - + Activité et prolifération des lympho T - Prolifération des lympho β Activité NK Figure 1. Modèle de Maes (1995). 3587 2) Bode L., Dietrich D.E., Stoyloff R. et coll. : Amantadine and human Borna disease virus in infected patient with bipolar depression. Lancet, 1997, 349 : 178-9. 3) Charles G., Machowski C.G., Brohee D. et coll. : Lymphocyte subsets in major depressive patients. 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