Infections à Herpès simplex virus résistant à l`aciclovir chez les

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MISE AU POINT
Infections à Herpes simplex virus
résistant à l’aciclovir chez
les patients infectés par le VIH
Resistance of Herpes simplex virus infections to acyclovir
in HIV infected patients
A. Foucher*, C. Deback**, E. Caumes*, V. Martinez***
L
* Service des maladies infectieuses
et tropicales, hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris.
** Laboratoire de virologie, hôpital
Pitié-Salpêtrière, Paris.
*** Service de médecine interne et
immunologie clinique, hôpital Antoine-Béclère, Clamart.
es infections à Herpes simplex virus (HSV) sont
très répandues à travers le monde. La prévalence de l’infection à HSV de types 1 (HSV-1)
et 2 (HSV-2) est estimée à 85 % et 15-25 % respectivement dans la population mondiale (1). L’herpès
génital est lié à HSV-2 dans 60 à 80 % des cas et à
HSV-1 dans environ 35 % des cas (2, 3). C’est l’une
des principales causes d’infections sexuellement
transmissibles (IST). La prévalence de l’infection à
HSV-2 est encore plus importante chez les patients
séropositifs pour le virus de l’immunodéficience
humaine (VIH), avec des taux de l’ordre de 50 à
90 % (4).
Bien que les traitements antiviraux des infections
à HSV aient été largement utilisés depuis ces vingt
dernières années, l’isolement de souches résistantes
aux traitements antiviraux demeure rare chez les
sujets immunocompétents (0,1 à 0,7 %) et le plus
souvent sans conséquences cliniques (5, 6). L’isolement de souches résistantes est plus fréquent (4 à
7 %) chez les sujets immunodéprimés : patients
infectés par le VIH, transplantés d’organe ou transplantés de moelle osseuse (6-8). La fréquence de
la résistance aux antiviraux reste stable malgré
l’utilisation croissante des antiviraux.
La prise en charge de l’infection à HSV chez les
patients touchés par le VIH diffère de celle des
patients séronégatifs pour trois raisons : les lésions
sont plus étendues et persistantes ; la fréquence
des récurrences est augmentée ; l’infection à HSV
accroît la réplication et le risque de transmission
du VIH (9). Enfin, l’immunodépression liée au VIH
accroît le risque de sélection de mutants résistants et le risque d’échec du traitement (6-8).
174 | La Lettre de l’Infectiologue • Vol. XXIV - n° 5 - septembre-octobre 2009 Actuellement, plusieurs traitements antiviraux
sont disponibles pour le traitement curatif des
primo-infections et des récurrences à HSV ainsi
que pour le traitement préventif. L’utilisation de
plus en plus répandue de l’aciclovir (ACV) et, dans
une moindre mesure, du foscarnet (PFA) et du cidofovir (CDV), a pour conséquence une pression de
sélection accrue sur les souches d’HSV, avec par
conséquent un risque plus important d’émergence
de mutants résistants, particulièrement chez les
patients immunodéprimés (10, 11).
Épidémiologie
Importance de la résistance à l’ACV
◆ ◆Chez les sujets immunocompétents
La prévalence des souches HSV résistantes est
faible, entre 0 et 0,7 % dans les différentes études
(6, 8, 10, 12). La prévalence de virus résistants est la
même chez les sujets traités ou non par ACV (5, 12).
Elle reflète la fréquence naturelle de la résistance
due à des mutations aléatoires dans le gène de la
thymidine kinase (TK) ou de l’ADN polymérase.
La majorité des cas d’infections à HSV résistant
des sujets immunocompétents a été détectée au
cours d’herpès génitaux récurrents (13). Cette incidence semble constante au cours du temps, malgré
la large utilisation des antiherpétiques. Après un
traitement suppressif de 6 ans par ACV chez des
patients atteints d’herpès génital récurrent, le
niveau de résistance des isolats reste similaire à
celui des isolats préthérapeutiques et à celui de
Résumé
L’aciclovir (ACV) est le traitement de choix des infections à Herpes simplex virus (HSV). Des cas de résistance à cet antiviral ont
été rapportés dès le début de son utilisation, principalement chez les patients immunodéprimés, et notamment ceux infectés
par le virus de l’immunodéficience humaine. Dans cette population, la prévalence des souches résistantes est estimée à 4 %.
Un échappement thérapeutique peut être lié à une résistance virologique, secondaire à des mutations des gènes codant pour
les deux enzymes virales impliquées dans le mécanisme d’action de l’ACV : la thymidine kinase (TK) [95 % des cas] et l’ADN
polymérase (5 % des cas). La détermination phénotypique de la résistance in vitro repose sur la mesure des concentrations
d’antiviral inhibant 50 % de la réplication virale (CI50). La technique de référence est la méthode de réduction des plages de
lyse (MRP). L’étude de la sensibilité in vitro est primordiale pour orienter le clinicien dans sa prise en charge thérapeutique.
La prise en charge des infections résistant à l’ACV repose sur des molécules ayant des mécanismes d’action indépendants de
la TK, comme le foscarnet (PFA) et le cidofovir (CDV). Généralement, les mutants résistants perdent la capacité de se réactiver.
Après l’isolement d’une souche résistante, un traitement par ACV est le plus souvent efficace sur les récurrences. Cependant,
des réactivations ACV-résistantes sont possibles, favorisées notamment par le maintien d’une pression médicamenteuse.
Une alternance entre molécules antivirales peut être discutée pour préserver une efficacité sur les récurrences ultérieures.
la population non exposée à ces traitements (13).
Finalement, mis à part de rares cas (14-16), l’isolement de souches résistantes chez les sujets immunocompétents n’entraîne pas d’échec clinique. De
plus, la résistance a été démontrée comme étant
transitoire (17) : seuls trois cas de réactivation de
mutants résistants ont été décrits dans la littérature
chez ces patients (10, 14, 16).
sans isolement d’une souche résistante chez les
sujets sources (10). L’absence ou la rareté de la
transmission des souches résistantes explique la
faible prévalence de la résistance et sa stabilité au
cours du temps. L’émergence de la résistance est
dépendante de facteurs liés à l’hôte, de la pathogénicité du virus résistant et de la pression des
traitements antiviraux utilisés.
◆ ◆Chez les patients immunodéprimés
En cas d’immunodépression (patients infectés par
le VIH, transplantés de moelle osseuse ou d’organe
solide), les virus résistant à l’ACV sont beaucoup
plus fréquents. L’incidence des HSV résistant à
l’ACV varie de 7 à 15,4 % chez les patients transplantés de moelle (7, 8, 10) et de 4,2 à 7,1 % chez
les patients infectés par le VIH (6, 8, 10, 12). La
prévalence semble stable au cours du temps, malgré
l’augmentation de l’utilisation des traitements antiviraux (6, 8, 10, 18).
Dans une étude prospective réalisée entre 1999 et
2002 par 15 laboratoires français de virologie, la
sensibilité de 3 923 souches issues de 3 357 patients
hospitalisés, traités ou non par ACV, a été évaluée
in vitro (10). Parmi 1 855 patients immunocompétents, seuls 0,32 % (6 patients : 3 HSV-1 et
3 HSV-2) étaient infectés par une souche résistante
à l’ACV contre 3,6 % chez les patients immunodéprimés (54 patients : 36 HSV-1 et 18 HSV-2). Les
patients ayant une immunodépression cellulaire
profonde sont les plus à risque : les transplantés de
moelle osseuse présentent le taux de résistance le
plus élevé (10,8 %), suivis par les patients infectés
par le VIH (4,2 %), les transplantés d’organe
(2,5 %), puis les patients atteints d’hémopathies
(2,1 %) [10].
◆ ◆Facteurs liés à l’hôte
Il existe dans tout isolat clinique une population
minoritaire en proportion variable (de 0,01 à 0,15 %)
de virions “naturellement” résistant à l’ACV, liés à
des mutations spontanées dans le gène de la TK (19).
En présence de l’antiviral, ces souches résistantes
minoritaires acquièrent rapidement un avantage
sélectif et réplicatif. Cela explique qu’un échec
thérapeutique, par sélection de mutants résistant
à l’ACV, soit observable chez les patients naïfs de
tout traitement antiviral, et ce dès leur tout premier
traitement par ACV (6). Chez les sujets immunocompétents, la probabilité de sélection de mutants
résistant aux antiviraux est moins grande, parce
qu’ils sont éliminés rapidement, comme les autres
virions, par le système immunitaire.
En revanche, chez les individus immunodéprimés,
deux facteurs majeurs expliquent l’incidence plus
élevée de la résistance du HSV aux antiviraux.
Premièrement, un déficit de la réponse immunitaire
cellulaire spécifique entraîne une réplication virale
plus intense, plus prolongée (plusieurs semaines au
lieu de quelques jours) sur une surface plus étendue,
favorisant la sélection de mutants résistants (19).
De plus, il existe une relation inverse entre le taux
de lymphocytes T CD4 et le risque de réactivation herpétique. Cette corrélation avec le taux de
lymphocytes T CD4 et le risque d’infection est le
reflet de l’immunité spécifique contre HSV médiée
par les cellules T cytotoxiques (CTL).
Ramaswamy et al. ont étudié la reconstitution de
l’immunité cellulaire T spécifique chez les patients
VIH mis sous traitement antirétroviral (20). La
production d’INF-γ par les cellules mononucléées
sanguines spécifiques d’HSV a été comparée par
méthode ELISpot chez des sujets sains séropositifs pour HSV et chez des patients VIH à différents
stades de l’infection. La réponse immunitaire T
Facteurs influençant l’émergence
de la résistance
L’acquisition d’une résistance est extrêmement
rare chez les patients immunocompétents et
elle survient majoritairement chez les sujets
immuno-déprimés. Une transmission interhumaine de souches résistantes a été évoquée chez
des sujets non traités préalablement (14), mais
Mots-clés
HSV
VIH
Aciclovir
Résistance
Highlights
Acyclovir (ACV) is the treatment
of choice for Herpes simplex
virus (HSV) infections. Since
ACV was marketed, cases of
resistance have been reported,
mainly among immunocompromised persons such as HIVinfected patients. Among this
population, the prevalence of
ACV resistance is around 4%.
ACV-resistance is due to
mutations located in one of
the two genes involved in
ACV mecanism of action, the
thymidine kinase gene in 95%
of the cases and the DNA
polymerase gene. The clinical
resistance is confirmed by the
detection of resistance in vitro
by phenotypic test which determines the antiviral concentration inhibiting viral replication
by 50%. The plaque-reduction
assay is used most widely for
susceptibility testing.
Foscarnet (PFA) and cidofovir
(CDV) act directly on viral DNA
polymerase and both treatment
are active on viruses resistant
to ACV but cases of resistance
to these molecules have also
been reported.
Typically, HSV mutants virulence, when compared to
wild-type virus, is reduced.
After isolation of a resistant
HSV, recurrences are usually
due to ACV-sensible strains.
Nevertheless, reactivation
with ACV-resistant virus has
also been reported.
Cycling of antiviral treatments
is a potential strategy for overcoming the emergence of resistant strains.
Keywords
HSV
HIV
Acyclovir
Resistance
La Lettre de l’Infectiologue • Vol. XXIV - n° 5 - septembre-octobre 2009 | 175
MISE AU POINT
Infections à Herpes simplex virus résistant à l’aciclovir
chez les patients infectés par le VIH
spécifique apparaît corrélée au statut “non
progresseur à long terme” et au taux de lymphocytes T CD4. Sous traitement HAART efficace, la
réponse immune augmente aussi de manière significative (20). Ces résultats sont en contradiction
avec l’étude de Posavad et al. (21), dans laquelle le
niveau d’excrétion d’HSV a été comparé chez des
patients VIH traités par HAART et chez des patients
non traités dont les taux de lymphocytes T CD4
étaient identiques. Sous HAART, les infections à
HSV sont moins sévères et moins symptomatiques,
malgré la persistance de l’excrétion virale et une
fréquence de récurrence similaire.
◆ ◆Facteurs liés au virus : pathogénicité des virus
résistants
Les mutations conférant la résistance aux antiviraux peuvent s’accompagner d’une altération
des propriétés biologiques des virus, notamment
au niveau de leur capacité de réplication, de leur
tropisme et de leur pathogénicité.
Initialement, il a été démontré que les souches
d’HSV résistantes sont généralement moins neurovirulentes que les souches sauvages (22). La TK joue
un rôle essentiel dans la réactivation du HSV. De
façon générale, les virus totalement dépourvus de
TK sont capables de se répliquer efficacement au
site d’inoculation et d’établir la latence dans les
ganglions sensitifs, mais ils sont davantage neuroatténués, c’est-à-dire incapables de se réactiver
et de se répliquer activement dans les ganglions
sensitifs (23). De façon quelque peu contradictoire,
des virus résistant à l’ACV et semblant totalement
dépourvus d’activité TK ont été isolés de lésions de
récurrence herpétique chez des patients immunodéprimés (24). La présence d’une faible sous-population de virus sauvages qui compensent l’activité
TK ou une certaine activité TK indécelable par les
techniques de laboratoire utilisées pourrait être à
l’origine de ces observations (25). De plus, certaines
variations génétiques et l’augmentation de l’activité
d’autres enzymes virales pourraient compenser la
perte d’activité TK (24, 25).
L’implication du gène de l’ADN polymérase dans
la neuropathogénicité de l’infection à HSV a été
beaucoup moins étudiée que celle de la TK virale.
Certaines mutations dans le gène de l’ADN polymérase, associées à la résistance aux antiviraux,
entraînent également une diminution de la neurovirulence du HSV chez la souris (8). Le mécanisme
associé à cette neuro-atténuation pourrait être lié
à une diminution de la capacité réplicative des virus
ADN polymérase mutants.
176 | La Lettre de l’Infectiologue • Vol. XXIV - n° 5 - septembre-octobre 2009 Finalement, après l’isolement d’un HSV résistant,
les réactivations se font généralement avec une
souche ACV sensible, TK-compétente. Cependant,
des réactivations avec des souches résistantes,
TK-altérée (14) ou TK-déficiente (22) ont été
décrites. Ces situations correspondent à une véritable réactivation d’une souche ACV résistante, à
partir d’un ganglion sensitif, à la persistance d’une
réplication dans le site initial ou à l’émergence
d’une nouvelle mutation.
◆ ◆Pression de sélection des traitements
antiviraux
La sélection de virus résistants n’est possible que
s’il persiste, en présence d’un traitement antiviral
exerçant une pression de sélection, une réplication
virale suffisante (26). Dans ce cas, le traitement
diminue l’excrétion virale sans complètement
la supprimer lors de traitements épisodiques ou
préventifs, surtout lorsque les concentrations plasmatiques d’antiviral sont suboptimales, favorisées
par une mauvaise absorption ou une mauvaise
compliance.
Il n’existe pas de données fiables sur la durée du
traitement associée à l’émergence de la résistance.
Cependant, la sélection de mutants résistants peut
être rapide, dès le premier traitement (27). L’hétérogénéité de la population de virus (coexistence de
souches sensibles et résistantes) favorise cette
sélection rapide. Chez des patients transplantés de
moelle, la résistance apparaît en moyenne dans les
42 jours suivant le début d’un traitement prophylactique par ACV (7). Concernant le PFA, des cas de
résistance ont été décrits après seulement 5 jours
de traitement (7).
Chez les patients immunocompétents, le traitement,
qu’il soit curatif ou préventif, oral ou local, ne semble
pas avoir d’impact sur la prévalence de la résistance,
qui reste faible (13).
Caractéristiques cliniques
des infections à HSV chez
les patients immunodéprimés
Les patients ayant un déficit de l’immunité cellulaire secondaire à un traitement immunosuppresseur (transplantation ou néoplasie), à une maladie
associée (sida, déficit immunitaire congénital) ou
à la malnutrition sont plus à risque de développer
des infections sévères à HSV (28). La sévérité des
lésions ainsi que leur progression semblent liées
au degré d’immunodépression des patients. Les
MISE AU POINT
vésicules ont une taille plus importante, sont plus
nombreuses, nécrotiques et peuvent former des
ulcères hyperkératosiques aux localisations plutôt
atypiques. Les infections herpétiques sévères et
prolongées (d’une durée supérieure à 1 mois) sont
l’une des caractéristiques définissant le stade sida.
Les récurrences sont elles aussi plus fréquentes, plus
extensives, et surviennent à des sites multiples (29).
Ainsi, l’herpès cutanéo-muqueux extensif ou chronique touche 15 à 30 % des patients infectés par
le VIH. Ces infections peuvent atteindre le tractus
respiratoire, l’œsophage et le tractus gastro-intestinal, surtout en cas de primo-infection virale (1).
L’excrétion asymptomatique du HSV est particulièrement importante chez les patients immunodéprimés. Les individus séropositifs pour les virus
VIH et HSV-2 excrètent du HSV 3 à 4 fois plus
souvent que les individus uniquement infectés par
HSV-2, et la fréquence de l’excrétion est corrélée
avec la déplétion en lymphocytes T CD4 (30).
La résistance clinique doit être soupçonnée :
lorsque les lésions herpétiques persistent plus de
7 à 14 jours sans diminution de la taille des lésions
sous un traitement adapté ; lorsque celles-ci sont
atypiques ; en cas de lésions satellites se développant 3 à 4 jours après l’instauration du traitement
antiviral ; en cas de dissémination viscérale (31).
Néanmoins, certains facteurs tels que la biodisponibilité, la pénétration de l’antiviral au site d’infection, la compliance du patient au traitement,
le statut immunitaire de l’hôte et les interactions
médicamenteuses avec l’ACV peuvent entraîner une
diminution d’efficacité du traitement sans résistance virologique. L’inverse est également possible :
la détection d’une résistance in vitro à l’ACV ne
conduit pas nécessairement un échec clinique au
traitement antiviral (18, 32). En cas d’échappement
thérapeutique, la résistance à l’ACV doit donc être
confirmée par des tests in vitro.
– les analogues nucléosidiques, qui comprennent
l’ACV, le penciclovir (PCV), le ganciclovir (GCV), et
leurs prodrogues respectives : le valaciclovir (VACV),
le famciclovir et le valganciclovir (VGCV). L’ACV doit
être sous forme triphosphorylée pour être actif. Le
premier groupement phosphate est conféré par la
TK virale. La conversion en ACV di- et triphosphate
est catalysée par des kinases cellulaires. L’incorporation de cet analogue nucléosidique dépourvu
de groupement OH en 3’ stoppe l’élongation de
la chaîne d’ADN, interrompant ainsi la réplication
virale. L’ACV et sa prodrogue, le VACV, constituent
le traitement de choix des infections à HSV ;
– les analogues des pyrophosphates inorganiques
constituent la deuxième classe d’antiviraux et
comprennent le PFA, un inhibiteur direct non compétitif de l’ADN polymérase virale. Le PFA ne requiert
pas d’activation préalable par la TK virale ou par
les kinases cellulaires, ce qui explique son efficacité
contre des mutants HSV résistant à l’ACV (29) ;
– le CDV, analogue nucléotidique, constitue une
seconde alternative en cas de résistance à l’ACV. Cet
analogue de la cytidine ne nécessite pas de phosphorylation par la TK virale pour être activé. Les
kinases cellulaires le convertissent en CDV diphosphate actif, qui est un inhibiteur compétitif de l’ADN
polymérase virale. Le CDV est actif sur des HSV
résistant à l’ACV par mutation du gène de la TK virale
(33, 34) et contre des virus résistant au PFA (34).
Plus encore, les souches de HSV ayant une activité
TK déficiente ou altérée semblent plus sensibles
au CDV, à cause d’une moindre augmentation du
“pool” des désoxycytidines triphosphates (dCTP).
La compétition entre le CDV et le dCTP au niveau
de la polymérase est alors en faveur du CDV (33).
Valaciclovir
Résistance de HSV
aux antiviraux
Mode d’action des traitements
antiviraux
Les seuls antiviraux, dont l’efficacité antiherpétique
a été démontrée jusqu’alors, ont tous pour cible
ultime l’ADN polymérase virale. Selon leur mécanisme d’interactions avec celle-ci, on peut séparer
les antiviraux disponibles pour le traitement de l’infection à HSV en trois classes distinctes (figure 1) :
ACICLOVIR
PENCICLOVIR
Thymidine
kinase
virale
ACV-MP
PCV-MP
Kinases
cellulaires
Kinases
cellulaires
ACV-DP
ACV-TP
PCV-DP
PCV-TP
Famciclovir
GANCICLOVIR
GVC-MP
GVC-DP
GVC-TP
ADN
polymérase
virale
CDV-DP
Kinases
cellulaires
CIDOFOVIR
Valganciclovir
FOSCARNET
MP : monophosphate ; DP : diphosphate ; TP : triphosphate.
Figure 1. Mécanisme d’action des antiviraux.
La Lettre de l’Infectiologue • Vol. XXIV - n° 5 - septembre-octobre 2009 | 177
MISE AU POINT
Infections à Herpes simplex virus résistant à l’aciclovir
chez les patients infectés par le VIH
Mécanismes de la résistance
La résistance à l’ACV est liée aux mutations dans les
gènes codant pour les deux enzymes impliquées dans
le mécanisme d’action de l’ACV : la TK [95 % des
cas] et, beaucoup plus rarement, l’ADN polymérase
(5 % des cas).
Plusieurs mécanismes sont à l’origine de la diminution de la susceptibilité de l’HSV à l’ACV :
– l’absence complète de production de TK (TK-négative)
constituant le niveau de résistance le plus élevé ;
– une diminution de la production de la TK virale
(TK-partielle) ;
– l’expression d’une TK altérée, encore capable de
phosphoryler les nucléosides naturels, mais dont
l’affinité pour l’ACV est modifiée (TK-altérée) ;
– l’expression d’une ADN polymérase virale altérée
incapable d’incorporer l’antiviral en tant que substrat.
Les souches résistant à l’ACV par modification de la
TK ont le plus souvent une résistance croisée avec
les autres traitements requérant l’action de la TK.
Ces traitements ne sont donc pas recommandés en
cas de résistance à l’ACV.
Les résistances au PFA et au CDV sont liées uniquement à une altération de l’ADN polymérase, puisque
ces antiviraux ne nécessitent pas d’activation préalable de la TK virale. Des résistances croisées aux trois
antiviraux ACV, PFA et CDV ont été rapportées par
mutation dans le gène de l’ADN polymérase.
Mutations des gènes des HSV
Thymidine kinase
Résistance à l'aciclovir
et autres analogues nucléosidiques
ADN polymérase
Résistance
au foscarnet
Résistance
au cidofovir
Figure 2. Support génétique de la résistance.
178 | La Lettre de l’Infectiologue • Vol. XXIV - n° 5 - septembre-octobre 2009 La détection de virus résistants et sensibles sur
le même prélèvement est possible, associant des
virus de phénotype TK-négative, TK-partielle et/ou
TK-altérée (18).
L’ADN polymérase ayant un rôle essentiel dans la
réplication virale, contrairement à la TK, il existe une
plus grande probabilité de produire un virus ACV-résistant réplicatif avec une mutation du gène de la TK
que par mutation du gène de l’ADN polymérase (35).
Support génétique de la résistance
Des modifications au sein du gène de la TK virale
peuvent être à l’origine de la résistance d’HSV aux
analogues des nucléosides, alors que des changements moléculaires au niveau du gène de l’ADN
polymérase peuvent être associés à une résistance
à tous les antiviraux (figure 2).
Les mutations surviennent spontanément durant la
réplication virale et les virus résistants sont ensuite
sélectionnés sous traitement antiviral. Les tests génotypiques sont fondés sur la détection de mutations
génétiques responsables de la résistance. Ils nécessitent une amplification par PCR du gène de la TK ou
de l’ADN polymérase virale, suivie d’un séquençage.
Les séquences génétiques obtenues sont comparées
à celles des souches HSV de référence. Cette technique est sensible et permet la détection des virions
mutés, même minoritaires, dans la population virale.
Cependant, une des limites de cette technique est
la méconnaissance des mutations de résistance du
HSV-2 et du polymorphisme génétique naturel de ces
virus. L’imputabilité de certaines mutations dans la
résistance reste parfois difficile à établir.
◆ ◆Mutations dans le gène de la TK virale
Le virus HSV code pour sa propre TK, qui est
le produit du gène précoce UL23 composé de
1 128 nucléotides : 377 acides aminés (aa) pour
HSV-1 et 1 125 nucléotides (376 aa) pour HSV-2.
La TK n’est pas essentielle à la réplication virale mais
elle est certainement impliquée dans la virulence
et la réactivation du virus (36). Les mutations de la
TK associées à des résistances sont pour la moitié
d’entre elles des insertions ou des délétions nucléotidiques. Celles-ci surviennent dans des répétitions de
guanines ou cytosines qui constituent des hot spots
de mutations. Les insertions-délétions aux codons
145-146 (répétition de 7 guanines) et 184-185 (répétition de 6 cytosines) constituent les mutations les
plus fréquemment décrites. La seconde moitié des
mutations de résistance sont des substitutions
MISE AU POINT
survenant dans un ou plusieurs sites importants
pour l’activité catalytique de l’enzyme. Citons par
exemple : R51W, P57H, K62N ou T63I au niveau du
site à l’ATP ; A168T, A175V ou R176Q dans le site
de liaison des nucléosides ; ou encore C336Y dans
un site très conservé. Ce sont quelques-unes des
substitutions les plus fréquemment décrites dans
les isolats cliniques (11, 37).
◆ ◆Mutations dans le gène de l’ADN polymérase
virale
L’ADN polymérase virale est codée par le gène
UL30, composé de 3 705 nucléotides (1 235 aa)
pour HSV-1 et 3 720 nucléotides (1 240 aa) pour
HSV-2. C’est la cible ultime de tous les antiviraux
actuellement disponibles pour le traitement des
infections à HSV. Les mutations dans l’UL30 confèrent des résistances aux trois antiviraux ACV, PFA
et/ou CDV, et des résistances croisées entre ces
différentes molécules sont possibles. Pour HSV-1,
la majorité des mutations de résistance décrites se
situe entre les acides aminés 500 et 1028. Jusqu’à
présent, les mutants de l’ADN polymérase présentent essentiellement des substitutions ponctuelles
d’un nucléotide induisant la modification d’un acide
aminé. La faible fréquence de ce type de mutant
suggère qu’il n’existe qu’un nombre limité de mutations au sein du gène de l’ADN polymérase induisant une résistance à l’ACV tout en préservant les
fonctions de réplication de l’enzyme indispensables
à la multiplication du virus.
➤➤ Mutations de l’ADN polymérase et résistance
à l’ACV
La plupart des mutations des souches ACV résistantes sont localisées au sein d’une des 8 régions
conservées du gène, particulièrement les régions II
et III (40 % des mutations), et plus rarement dans
des régions non conservées (11). Ces mutations
sont fréquentes aux codons 700 (R700M), 724 à
729 (S724N) ou 841 (G841S) de l’HSV-1. Quelques
rares mutations ont été décrites dans le domaine V,
comme la mutation N961K de l’HSV-1, ou encore
dans les domaines VI et VII, par exemple Y941H. Ces
mutations modifient souvent à la fois l’affinité des
sites de fixation des analogues nucléosidiques et du
pyrophosphate, et sont ainsi à l’origine de résistances
croisées à l’ACV et au PFA.
➤➤ Mutations de l’ADN polymérase et résistance
au PFA et au CDV
Des mutations de l’ADN polymérase peuvent également entraîner une résistance au PFA. Celle-ci fait
suite le plus souvent à un traitement prolongé ou
séquentiel, ou par résistance croisée avec l’ACV
(34, 38). Cependant, des mutations ponctuelles de
résistance isolée au PFA ont été mises en évidence
dans les régions conservées II (Y696H), III (Y818C),
VI (D785N) et entre les régions VII et I (P920S) [34].
Ces mutations induisent une résistance croisée à
l’adéfovir, alors que la sensibilité au CDV reste
inchangée (39).
Plusieurs mutations de l’ADN polymérase à l’origine
d’une résistance in vitro au CDV des virus HSV-1 et
HSV-2 ont été décrites dans les régions conservées
II (R700M), VI (L783M) et δ-région C (V573M), ainsi
que dans les régions variables (39, 41). Des travaux
récents montrent que la résistance de l’HSV-1 au
CDV peut être induite par des mutations de l’extrémité C-terminale non conservée de l’enzyme comme
L1007M ou I1028T. Certaines de ces mutations sont
à l’origine d’une résistance isolée au CDV, alors qu’il
existe pour d’autres une résistance croisée avec l’ACV
ou le PFA. Le seul cas clinique d’infection herpétique
résistante au CDV décrit à ce jour impliquait une
souche présentant une partie C-terminale tronquée
(40).
Le rôle des mutations dans la résistance reste difficile
à préciser en l’absence de souches prélevées avant
traitement, lorsqu’il existe plus d’une mutation dans
le gène de l’ADN polymérase et des mutations à la
fois dans le gène de la TK et de l’ADN polymérase.
En effet, une limite du génotypage est la méconnaissance actuelle du polymorphisme génétique naturel
de ces gènes, de sorte que certaines mutations sont
difficiles à interpréter.
Prise en charge des infections
à HSV résistants
Évaluation in vitro de la sensibilité aux
antiviraux
La détection de la sensibilité in vitro aux traitements
est fondée sur la détection de l’inhibition de la réplication en présence de concentrations croissantes de
l’antiviral à tester. On détermine ainsi la concentration d’antiviral inhibant 50 % de la réplication
virale (concentration inhibitrice 50 % [CI50]). La
réplication des virus est révélée par diverses techniques, dont les principales sont la méthode de
réduction des plages de lyse (MRP), la détection
d’antigènes viraux et le test colorimétrique au rouge
neutre (dye uptake assay).
La Lettre de l’Infectiologue • Vol. XXIV - n° 5 - septembre-octobre 2009 | 179
MISE AU POINT
Infections à Herpes simplex virus résistant à l’aciclovir
chez les patients infectés par le VIH
Ces techniques ne sont pas standardisées. De ce
fait, les valeurs des CI50 diffèrent selon le système
cellulaire et la méthode de révélation utilisés. Il est
fondamental que la résistance in vitro d’une souche
donnée soit établie par rapport à une souche de
référence sensible, testée dans les mêmes conditions.
La méthode de réduction de plages demeure la technique de référence et l’une des plus utilisées. Des
concentrations croissantes de la suspension virale
testée sont mises en culture sur des cellules (Vero
ou MRC5) en présence de concentrations croissantes
de l’antiviral testé. Après 2-3 jours d’incubation, les
plages de lyse sont dénombrées pour chaque concentration d’antiviral, ce qui permet de déterminer la
concentration diminuant de 50 % le nombre de plages
(CI50) par rapport à un virus témoin. La courbe effetdose présentant le pourcentage d’inhibition de la
croissance virale en fonction de la concentration de
l’antiviral permet de déterminer la CI50 du virus. C’est
une méthode fastidieuse dont la lecture est longue
et subjective. La comparaison des CI50 obtenues avec
les différentes méthodes fait apparaître une grande
hétérogénéité des valeurs entre les équipes, aussi bien
avec des techniques différentes que des techniques
similaires. Cela s’explique par la diversité des lignées
cellulaires et des souches de référence utilisées.
Des techniques automatisables ont été développées,
comme la PCR en temps réel, qui permet de quantifier en 24 heures le nombre de copies d’ADN viral en
présence de concentrations croissantes de traitement
antiviral. Elles montrent des résultats corrélés à ceux
de la méthode de réduction de plages (42).
Traitement
En cas de résistance clinique, une étude virologique
est nécessaire pour déterminer la sensibilité in vitro
de la souche aux antiviraux. Si l’antivirogramme met
en évidence une souche sensible ou intermédiaire,
un traitement à doses plus importantes ou par voie
intraveineuse peut être envisagé. En cas de résistance
à l’ACV liée à une TK-altérée ou à une mutation de
l’ADN polymérase, l’augmentation des doses d’ACV
ou le passage à la forme intraveineuse peut s’avérer
efficace (8, 43). S’il s’agit d’une résistance liée à
l’absence complète de TK, l’ACV est alors inefficace
quelle que soit la dose utilisée ou la voie d’administration (44). Le passage à une molécule ayant
le même mécanisme d’action avec une activation
nécessaire par la TK (PCV ou famciclovir par exemple)
n’est pas recommandé en raison du risque élevé de
résistance croisée.
180 | La Lettre de l’Infectiologue • Vol. XXIV - n° 5 - septembre-octobre 2009 ◆ ◆PFA
Le PFA, qui agit directement sur l’ADN polymérase sans activation préalable par la TK, est donc
le traitement de choix de ces souches résistant à
l’ACV, à la posologie de 120 à 180 mg/kg/jour en
2 ou 3 perfusions/jour (29). La durée de traitement
est d’au moins 10 jours, mais peut être prolongée
selon la réponse clinique. Malheureusement, le taux
de récidive à l’arrêt du PFA est important : jusqu’à
17/18 patients dans un délai médian de 14 jours
dans l’étude de Safrin et al. (29). Un traitement local
par PFA est décrit comme efficace dans un essai de
phase I/II sur des formes d’herpès cutanéo-muqueux
résistant à l’ACV (45).
Comme les récurrences sont par la suite souvent
liées à des souches sensibles à l’ACV (7/10 lors de
la première récurrence) [29], un traitement par
ACV peut de nouveau être réintroduit en attendant les données de l’antivirogramme. Cependant,
le maintien d’un traitement préventif par ACV dans
les suites d’un épisode de résistance est discutable
en raison du risque du maintien d’une pression de
sélection.
Des résistances au PFA ont également été rapportées en clinique, et ces isolats sont habituellement
sélectionnés à la suite d’un traitement prolongé
(38, 39). Des cas de résistance primaire au PFA ont
aussi été décrits chez des transplantés de moelle
(7). Dans l’étude de Danve-Szatanek et al. (10),
parmi 22 patients ACV résistants traités par PFA,
14 ont développé une résistance (64 %) dans un
délai médian de 13 jours (entre 5 et 43 jours) après
le début du traitement. Ce délai est encore plus court
dans l’étude de Chen et al. (7), lesquels décrivent
l’apparition de résistance après 5 à 7 jours de traitement chez des patients antérieurement traités
par PFA. Comme pour l’ACV, cette résistance peut
être transitoire (38).
◆ ◆CDV
Le CDV agit comme le PFA sur l’ADN polymérase et
ne nécessite pas d’activation par la TK. Il peut être
efficace par voie intraveineuse ou locale en cas de
lésion résistant à l’ACV et/ou au PFA (46, 47). En
effet, des études ont montré que les souches d’HSV
exprimant une TK modifiée seraient plus sensibles
au CDV (33, 39).
Une formulation topique à 0,3 % ou 1 % a montré
une certaine efficacité sur des lésions résistant à
l’ACV et au PFA chez les patients au stade sida ou
transplantés de moelle osseuse (46). Dans une
étude randomisée, en double aveugle, de Lalezari
et al. (46), le traitement par CDV gel 0,3 % et 1 %
MISE AU POINT
appliqué durant 5 jours sur des lésions cutanéomuqueuses (en majorité ano-génitales) chez des
patients au stade sida (n = 20) après échec d’un traitement oral ou intraveineux par ACV a été comparé
à un placebo (n = 10). Le CDV gel a montré une
efficacité en termes de guérison complète (30 %
versus 0 %, p = 0,03) ou supérieure à 50 % (50 %
versus 0 %, p = 0,008) dans un délai médian de
21 jours, de diminution de l’excrétion virale (87 %
versus 0 %, p < 0,001) dans un délai médian de
2 jours, et de douleurs (p < 0,04). Des effets secondaires locaux sont survenus chez 25 % des patients
traités par CDV et chez 20 % des patients traités par
placebo. Cependant, des cas de résistance au CDV
ont également été décrits, in vitro le plus souvent,
mais aussi in vivo (33, 39, 40).
◆ ◆Immunomodulateurs
Les immunomodulateurs (resiquimod et imiquimod)
représentent une alternative intéressante au traitement antiviral. Leur utilisation est fondée sur l’hypothèse qu’en améliorant la réponse immune contre le
virus HSV, la fréquence et la durée des récurrences
seront réduites. Les immunomodulateurs ont un rôle
important, particulièrement chez les patients présentant des désordres immunologiques ou infectés par
des virus résistant aux antiviraux (48). Appliqués
directement sur les lésions, ces traitements n’ont pas
d’activité antivirale directe mais induisent l’expression de cytokines telles que l’IFN-α, l’IFN-γ le TNF-α,
l’IL-6 et l’IL-12. En fait, la stimulation d’une réponse
de type Th1 couplée à la présence d’antigènes du
HSV reproduit l’effet d’un vaccin thérapeutique (49).
Plusieurs cas d’herpès génitaux résistants ont guéri
après application d’imiquimod crème à 5 %, avec
un délai avant une nouvelle récurrence allant de
1 mois à plus de 20 mois (50, 51). L’utilisation de ce
traitement peut toutefois être limitée par ses effets
secondaires locaux (52).
◆ ◆Autres
Des molécules qui inhibent d’autres phases de la
réplication du HSV sont également disponibles ou
en développement : le trifluorothymidine, seul (53)
ou en combinaison avec de l’IFN-γ (54), les inhibiteurs de la ribonucléotide réductase, les inhibiteurs de
l’hélicase virale, les inhibiteurs de la protéase virale,
les inhibiteurs de la glycosylase ADN-Uracil ou les
inhibiteurs de l’attachement viral.
Conclusion
Les infections à HSV sont particulièrement fréquentes
chez les patients infectés par le VIH. Chacun des traitements antiviraux (ACV, PFA, CDV) peut induire une
résistance. Ces patients immunodéprimés sont particulièrement à risque de développer une résistance à
l’ACV utilisé fréquemment comme traitement curatif
ou préventif des infections herpétiques. Les alternatives
thérapeutiques sont essentiellement le PFA et le CDV.
L’étude de la sensibilité du virus in vitro, par méthode
phénotypique, nécessite l’isolement préalable du virus.
Les résultats ne sont pas disponibles avant plusieurs
jours mais sont cependant très utiles pour guider le clinicien dans la prise en charge thérapeutique. En effet, après
un épisode résistant à l’ACV, les récurrences peuvent
être sensibles ou résistantes. De plus, des résistances
croisées aux autres antiviraux peuvent survenir. Une
alternance des traitements peut être nécessaire pour
conserver une efficacité sur les récurrences ultérieures.
L’utilisation prolongée de ces traitements, surtout à dose
infrathérapeutique, entraîne une pression de sélection
sur le virus et nécessite donc une réévaluation régulière
clinique et virologique. Une alternance des traitements
peut être envisagée, guidée par les données virologiques.
La suspension d’un traitement par ACV permet alors
aux virus TK-compétentes de redevenir prédominant
par rapport aux TK-déficientes.
■
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