L`émergence de la résistance aux antibiotiques annonce-t

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Synthèse
Ann Biol Clin 2011 ; 69 (6) : 637-46
L’émergence de la résistance aux antibiotiques
annonce-t-elle le retour des âges sombres ?
Does the emergence of antibiotic resistance announce the return
of the dark ages?
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017.
Dalèle Elhani
Faculté de pharmacie, Laboratoire des
maladies transmissibles et substances
biologiquement actives, LR99ES27,
Monastir, Tunisie
<[email protected]>
Résumé. Les antibiotiques ont été à l’origine d’une révolution démographique
et sociale, en diminuant de façon drastique la mortalité infectieuse. Malheureusement, chaque apparition d’un nouvel antibiotique s’est rapidement
accompagnée de l’apparition de bactéries qui lui sont résistantes. Face à la rapidité de l’accroissement des résistances et à leur élargissement à des familles de
bactéries de plus en plus nombreuses, les molécules d’antibiotiques efficaces se
raréfient et le retour à l’ère pré-antibiotique semble être une réalité pour certaines
parties du monde. Cette revue bibliographique revoit ce phénomène inquiétant
de la résistance aux antibiotiques en se focalisant sur quelques exemples de
« super-bactéries », qui représentent un défi quotidien pour le corps médical,
à savoir le Staphylococcus aureus résistant à la méticilline, les entérocoques
résistants à la vancomycine, les entérobactéries sécrétrices de bêta-lactamases
à spectre élargi ainsi que Pseudomonas aeruginosa résistant aux carbapénèmes.
Face à l’émergence des souches multirésistantes aux antibiotiques, la priorité est
évidemment de lutter contre la diffusion de ces microorganismes. On a besoin
plus que jamais de nouvelles molécules d’antibiotiques, mais on est appelé à
une restriction de l’utilisation des antibiotiques et des antimicrobiens dans tous
les domaines afin de ralentir l’émergence de nouvelles résistances et continuer
à traiter les infections.
doi:10.1684/abc.2011.0632
Mots clés : multirésistance aux antibiotiques, Staphylococcus aureus résistant
à la méticilline, entérocoques résistants à la vancomycine, Pseudomonas aeruginosa résistant aux carbapénèmes, bêta-lactamases à spectre élargi
Abstract. Antibiotic revolution changed the course of modern medicine, by
decreasing mortality due to bacterial infections. However, bacteria have developed several ways of resistance against all antibiotics used. In view of the
rise of resistance and of its dissemination to different bacterial families, new
effective antibiotics are scare and the return in the pre-antibiotic era seems
to be a reality for some parts of the world. This review revises the worrying
phenomenon of antibiotic resistance focusing on some examples of “superbugs”, which represent a daily challenge for the medical profession, such as
methicillin-resistant Staphylococcus aureus, vancomycin-resistant Enterococcus, extended spectrum ß-lactamae-producing Enterobacteriaceae as well as
carbapenem-resistant Pseudomonas aeruginosa. Facing the emergence of the
multiresistant strains, the priority is obviously to control the spread of these
microorganisms. It is only through the prudent use of antimicrobial drugs and
the introduction of new and effective antibiotics that the antibiotic resistance
will be slowed down and that we continue to treat bacterial infections.
Article reçu le 25 mai 2011,
accepté le 18 juillet 2011
Key words: multiresistance, methicillin-resistant Staphylococcus aureus,
carbapenem-resistant Pseudomonas aeruginosa, vancomycin-resistant Enterococcus, extended-spectrum ß-lactamases
Tirés à part : D. Elhani
Pour citer cet article : Elhani D. L’émergence de la résistance aux antibiotiques annonce-t-elle le retour des âges sombres ? Ann Biol Clin 2011 ; 69(6) : 637-46
doi:10.1684/abc.2011.0632
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Synthèse
L’antibiothérapie (ou le traitement par les antibiotiques),
qui n’a vu le jour que depuis 70 ans, est devenue l’un
des piliers de la médecine moderne. En effet, les antibiotiques ont été à l’origine d’une révolution démographique
et sociale, en diminuant de façon drastique la mortalité infectieuse jusque-là prédominante. Malheureusement,
chaque apparition d’un nouvel antibiotique s’est rapidement accompagnée de l’apparition de bactéries qui lui sont
résistantes [1]. Face à la rapidité de l’accroissement des
résistances et à leur élargissement à des familles de bactéries de plus en plus nombreuses, la recherche de nouveaux
antibiotiques devient un défi pour la communauté scientifique. Le risque de se retrouver sans défense face aux futures
épidémies est davantage accentué par le nombre limité de
molécules efficaces pour lutter contre les infections bactériennes en augmentation [2].
très forte en éliminant les bactéries sensibles. Les bactéries présentant une mutation leur permettant d’y survivre
continuent à se reproduire, en transmettant à leur descendance leurs gènes de résistance, produisant rapidement
une génération de bactéries pleinement ou majoritairement
résistantes [6]. Les bactéries ont pu développer différents
mécanismes de résistance suivant les différentes classes
d’antibiotiques [7]. Par transfert entre bactéries, les gènes
de résistance peuvent se propager et transmettre la capacité
de résistance à d’autres espèces [4, 7].
Ces processus semblent cependant s’être accélérés dans
l’espace et dans le temps, avec plusieurs explications possibles et complémentaires.
Origine de la résistance aux
antibiotiques
Certaines bactéries, au départ très sensibles, ont subi, durant
environ 60 ans d’antibiothérapie, une évolution qui ne
s’est pas produite au cours des millions d’années précédentes. Le moteur de cette résistance aux antibiotiques
semble être lié à leur utilisation massive par l’homme,
durant la deuxième moitié du XXe siècle [1]. Le mode
d’utilisation des antibiotiques comme composés phytopharmaceutiques sur des plantes, compléments alimentaires
(pour une croissance accélérée) ou médicaments chez les
animaux d’élevage (poissons compris), et médicaments
chez l’homme (en milieu hospitalier ou en communauté),
a influé fortement sur le nombre d’organismes résistants
développés. L’usage massif et parfois inapproprié de biocides industriels ou domestiques, chimiquement proches ou
identiques à certains antibiotiques ou désinfectants hospitaliers et domestiques peut entraîner la sélection des gènes
de résistance [1, 4].
La vente des antimicrobiens représente un énorme marché.
Aux États-Unis, des milliers de tonnes d’antibiotiques évaluées à des milliards de dollars sont produites annuellement
et approximativement 40 à 50 % de ces antibiotiques sont
utilisés comme additifs de la nourriture du bétail. Entre un
tiers et trois quart des antibiotiques utilisés chez les animaux
ne le sont pas à des fins thérapeutiques [8].
La résistance aux antibiotiques est aussi ancienne que les
antibiotiques eux-mêmes et avant même leur utilisation
par l’homme. À l’origine, les antibiotiques sont effectivement des molécules synthétisées par des microorganismes :
champignons et bactéries, notamment ceux qui vivent dans
le sol [3, 4]. Ainsi, de nombreux antibiotiques sont fabriqués par des bactéries de la famille des actinomycètes,
comme la streptomycine qui est produite par Streptomyces
griseus. La sécrétion d’antibiotiques est donc une stratégie
développée par certaines bactéries pour éliminer leurs compétitrices de leur environnement. Ces bactéries productrices
d’antibiotiques ont développé plusieurs enzymes leur permettant de résister à la molécule qu’elles produisent, afin
de ne pas en être elles-mêmes les victimes : ces microorganismes fabriquent en même temps le poison et l’antidote.
Des gènes de résistance en tous genres sont donc présents
dans le sol (tels que les gènes de résistance aux aminosides
ou à la vancomycine) et susceptibles d’être transmis à des
bactéries pathogènes [5].
Mécanismes de la résistance aux
antibiotiques
La résistance aux antibiotiques n’est que l’une des manifestations des processus d’adaptation qui président à
l’évolution des espèces : dans un environnement évolutif et plutôt hostile, seuls les individus génétiquement les
mieux armés survivent et se multiplient. De manière générale, la résistance aux antibiotiques résulte d’une sélection
naturelle, les antibiotiques exerçant une pression sélective
638
L’évolution rapide de la résistance aux
antibiotiques
Mouvements perpétuels
de la résistance aux antibiotiques
Les bactéries sont omniprésentes, dans l’eau et dans le sol,
sur et dans le corps de l’homme et des animaux, ainsi
qu’à la surface et à l’intérieur des végétaux. Elles sont
présentes dans ces différentes niches écologiques, mais
elles se déplacent entre ces écosystèmes : des animaux
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Émergence de la résistance aux antibiotiques
vers l’homme (nourriture), de l’homme et des animaux
vers l’eau et le sol (matière fécale et fumier) et retour vers
l’homme et les animaux par le biais, par exemple, de la nourriture (végétaux et plantes). L’utilisation des antibiotiques
comme traitement dans chacune de ces niches écologiques
(homme, animaux, plantes) entraîne la sélection de souches
résistantes qui deviennent un réservoir de gènes de résistance. Ces gènes de résistance peuvent être ainsi transportés
à l’intérieur de la bactérie d’une niche à une autre (figure 1)
[4, 6].
Aujourd’hui, les progrès techniques réalisés dans les
moyens de transport permettent à l’homme ou à toute
marchandise (exemple la nourriture) de se déplacer plus
rapidement, en plus grand nombre et en n’importe quel
point de la terre, facilitant ainsi la dissémination des clones
bactériens résistants et leur émergence dans des endroits
très éloignés [1].
appelée SCCmec (Staphylococcal Cassette Chromosome
mec) portant le gène mecA, constitue sans doute l’un des
jalons majeurs de l’histoire de l’évolution de la résistance
aux antibiotiques chez les bactéries infectant l’homme. Les
infections à SARM sont en augmentation régulière et posent
des problèmes thérapeutiques, vu l’émergence des souches
multirésistantes aux antibiotiques [9, 10]. D’après le programme European Antimicrobial Resistance Surveillance
System (EARSS), la prévalence des SARM a diminué en
2009 par rapport à 2006 pour les huit pays suivants : Australie (6,3 %), Lettonie (9 %), Bulgarie (15,8 %), France
(22,8 %), Grèce (40 %), Irlande (26,8 %), Roumanie (35 %),
Royaume Uni (27,8 %) (http://www.rivm.nl/earss). Cependant, des efforts continus de restriction sont nécessaires
pour diminuer la prévalence des SARM, puisque la prévalence actuelle de cette bactérie est au-delà de 25 % pour
les îles britanniques et certains pays de l’Europe du Sud
(prévalences rapportées en 2009 : Malte (58 %), Portugal (49 %), Grèce, Italie (37,4 %), Roumanie et Chypre
(32,6 %), Espagne (25,9 %)). L’incidence des SARM reste
beaucoup moins élevée (< 3,3 %) au Pays-Bas, en Scandinavie, en Estonie et au Danemark. Les prévalences des
SARM isolés d’hémocultures, rapportées dans les pays du
Sud et de l’Est de la méditerranée, varient entre 12 et
56 % avec des prévalences maximales observées en Jordanie (56 %) et en Egypte (52 %) et une prévalence minimale
observée au Liban (12 %). Les pays du Maghreb ont montré
les prévalences suivantes : Tunisie (18 %), Maroc (19 %) et
Les résistances émergentes aux
antibiotiques : quelques exemples de
« super-bactéries »
Staphylococcus aureus résistant à la méticilline
La sélection puis la diffusion massive en milieu hospitalier
de souches de Staphylococcus aureus résistant à la méticilline (SARM) par acquisition d’une cassette de résistance
TA
Patients à
l’hôpital
Transmission
croisée
Produits carnés
Environnement
aquatique
Les eaux de
surface
TA
Production
animale
Les eaux usées
Matières
fécales
Communauté
TA
Le sol
Nourriture pour
animaux
Plantes et
végétaux
Alimentation
TA
Produits carnés
Probiotiques
Figure 1. Les voies de transmission des bactéries résistantes à travers l’environnement [1, 6]. TA : traitement antibiotique.
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Synthèse
Algérie (45 %) [11]. La prévalence des SARM aux ÉtatsUnis a continuellement augmenté atteignant 52,8 % en 2008
[12].
La dissémination des SARM en communauté depuis la fin
des années 1990 a constitué un défi en plus pour le traitement des infections à S. aureus. Les SARM d’origine
communautaire (SARM-CA) sont le plus souvent responsables d’infections cutanées [9]. Contrairement aux
souches nosocomiales, les SARM-CA sont fréquemment
susceptibles aux antibiotiques comme la clindamycine, le
triméthoprime-sulfaméthoxazole, les tétracyclines, la gentamicine, les fluoroquinolones et le chloramphénicol [9].
Cependant, la résistance aux macrolides est commune (ce
qui peut diminuer aussi l’efficacité de la clindamycine). Les
SARM-CA appartiennent à différents séquençotypes et produisent une exotoxine la leucocidine de Panton-Valentine,
responsable d’une pathologie émergente beaucoup plus
grave, la pneumonie nécrosante communautaire staphylococcique [1].
Le rôle des animaux d’élevage ou de compagnie comme
réservoirs pour des souches de SARM d’origine nosocomiale ou communautaire est de plus en plus reconnu.
Récemment, le clone ST398 a été détecté simultanément
chez des animaux de compagnie et chez l’homme en
Allemagne et en Autriche. Le clone de SARM ST398 a
été récemment rapporté, particulièrement aux Pays-Bas,
comme responsable de la colonisation et d’infections chez
les porcs suivies de diffusion ultérieure à l’homme, soulignant l’importance des animaux et de l’environnement dans
l’épidémiologie des SARM [1, 9].
Entérocoques résistants à la vancomycine
Les entérocoques font partie de la flore intestinale de
l’homme et des animaux. Bien que ces bactéries soient peu
virulentes et qu’elles soient responsables de dix fois moins
d’infections que les S. aureus, les deux espèces principalement retrouvées chez l’homme, Enterococcus faecalis et
Enterococcus faecium sont des pathogènes opportunistes
émergents qui attaquent les patients immunodéprimés [2].
E. faecalis est l’espèce la plus commune mais la plus
sensible aux antibiotiques alors que l’espèce E. faecium
est moins fréquente mais plus résistante aux antibiotiques
[9]. La résistance aux antibiotiques chez les entérocoques,
en particulier la résistance acquise aux glycopeptides et
aux aminosides, est préoccupante en clinique car peu
d’antibiotiques restent actifs sur ces microorganismes. La
résistance à la vancomycine est retrouvée majoritairement
chez E. faecium [9]. La résistance chez les entérocoques à
cet antibiotique de dernier recours a d’abord été rapportée
en France et en Angleterre, mais sa prévalence a beaucoup
640
augmenté aux États-Unis en rapport avec l’utilisation
répandue de la vancomycine en milieu hospitalier [1]. La
consommation de la vancomycine était moins prononcée en
Europe, cependant, l’utilisation d’un glycopeptide étroitement lié, l’avoparcine (largement utilisé comme promoteur
de croissance chez les animaux d’élevage depuis la fin des
années 1970 jusqu’à avant son interdiction par l’Union
Européenne en 1998) serait à l’origine de l’augmentation de
la prévalence des entérocoques résistants à la vancomycine
(ERV) en Europe. En 2009, les prévalences de la résistance à la vancomycine chez E. feacium rapportées dans
la majorité des pays de l’Europe étaient moins de 10 %
(http://www.rivm.nl/earss). Les prévalences les plus élevées étaient rapportées en Irlande (37,8 %), au Luxembourg
(35,7 %) et en Grèce (26,9 %) (http://www.rivm.nl/earss).
Les États-Unis ont montré des prévalences plus élevées
que celles rapportées en Europe. Le programme LEADER
(2004) a détecté une prévalence de 72,4 % des E. faecium résistants à la vancomycine [13]. En 2007, ce même
programme a rapporté une prévalence de la résistance à
la vancomycine de 30 % parmi les entérocoques toutes
espèces confondues [14].
Les entérocoques peuvent présenter un phénotype (VanC)
intrinsèque ou une résistance acquise à la vancomycine,
avec six gènes de résistance à savoir vanA, vanB, vanD,
vanE, vanG et vanL. Le génotype vanA (phénotype VanA)
est le plus commun parmi les résistances acquises aux glycopeptides retrouvées chez les ERV en milieu hospitalier [9].
Apparemment, la dissémination internationale des ERV
est due à la dissémination d’une lignée clonale nommé le
complexe clonal 17 ou CC17 particulièrement associé aux
infections nosocomiales [15, 16]. Ces bactéries multirésistantes sont sous haute surveillance dans les unités de soins
intensifs. On craint surtout que le staphylocoque doré, à
son contact, déjà très bien armé contre les antibiotiques,
ne se mette à résister plus fréquemment à la vancomycine.
Le transfert d’un gène (vanA) peut s’observer des ERV aux
MRSA. Seulement, cette peur est devenue réalité puisque
des souches de S. aureus résistantes à la vancomycine ont
été isolées un peu partout dans le monde [1, 9].
Entérobactéries sécrétrices de bêta-lactamases
à spectre élargi
Les ␤-lactamines sont les antibiotiques de première ligne
dans le traitement des infections causées par les entérobactéries. Cependant, ces bactéries ont pu développer
plusieurs mécanismes de résistance vis-à-vis de ces molécules telles que les ␤-lactamases afin de pouvoir survivre.
Parmi elles, les ␤-lactamases à spectre élargi (BLSE) hydrolysent la majorité des ␤-lactamines en n’épargnant que les
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Émergence de la résistance aux antibiotiques
céphamycines (comme la céfoxitine) et les carbapénèmes
[17]. Les souches productrices de BLSE sont souvent
multirésistantes aux antibiotiques, compliquant ainsi le traitement des infections dues à ces bactéries [17]. Des études
de surveillance européenne et intercontinentale ont montré
des prévalences très variables selon la localisation géographique, l’espèce bactérienne et l’origine des isolats.
Cependant, la prévalence des BLSE est beaucoup moins
importante en Europe qu’en Amérique latine, en Afrique
et en Asie, et les régions du Pacifique mais elle reste plus
commune en Europe qu’en Amérique du Nord [18, 19]. La
prévalence des entérobactéries BLSE en Europe a été estimée à 3,9 % en 2007 selon le programme de surveillance
Meropenem Yearly Susceptibility Test Information Collection (MYSTIC) [20]. Cependant, ce taux, dans la plupart
des pays d’Europe du Nord (< 10 %), reste inférieur à celui
observé dans les pays d’Europe du Sud et de l’Est. La prévalence des BLSE chez les entérobactéries, rapportée dans
différentes études multicentriques en France, est moins de
1 % [18]. La prévalence des BLSE est supérieure à 10 % en
Hongrie, en Pologne, en Roumanie et en Turquie [18, 21].
La prévalence des BLSE est en augmentation progressive
dans la plupart des pays de l’Europe due à l’expansion des
souches d’Escherichia coli, productrices de CTX-M. En
effet, le programme EARSS a rapporté en 2009 une augmentation de la résistance au C3G chez les souches d’E.
coli sachant que 85 à 100 % de cette résistance est due à la
production de BLSE (figure 2) (http://www.rivm.nl/earss).
Klebsiella pneumoniae est l’espèce la plus commune chez
<1%
1-5 %
5-10 %
10-20 %
>20 %
2006
laquelle ce mécanisme de résistance a été détecté en Europe
de l’Est. En effet, 36 % des isolats de K. pneumoniae
sont producteurs de BLSE, alors que seulement 10 % des
souches d’E. coli le sont dans cette région [21]. Pour le reste
de l’Europe, notamment en France, la production de BLSE
est devenue, récemment, plus importante pour l’espèce E.
coli que pour K. pneumoniae [22, 23]. Actuellement 50 %
des souches d’entérobactéries productrices de BLSE sont
des E. coli et seulement 20 % des K. pneumoniae [22].
Cinq pour cent des entérobactéries sont productrices de
BLSE aux États-Unis [24, 25]. La prévalence des entérobactéries sécrétrices de BLSE au Canada est en augmentation
avec une prévalence de BLSE plus importante pour l’espèce
E. coli que pour K. pneumoniae [26]. En effet, d’après les
résultats du programme de surveillance CANWARD, ce
taux est passé de 1,6 à 3,2 % pour K. pneumoniae et de 3,4
à 4,9 % pour E. coli entre 2007 et 2008 [27].
La prévalence des BLSE, en Egypte, semble être la plus
élevée parmi les pays de l’Afrique du Nord. En effet,
d’après les résultats d’étude du projet Antibiotic Resistance
Surveillance and Control in the Mediterranean Region
(ARMed), la prévalence de la résistance au C3G (qui
est souvent synonyme de production de BLSE) chez les
souches d’E. coli en 2005 est de 70 % en Egypte contre
33 % au Maroc, 31 % en Jordanie et en Turquie, 25 %
au Liban, 17 % en Algérie, 16 % à Chypre, 11 % en Tunisie et 1 % à Malte [28]. La prévalence des entérobactéries
productrices de BLSE en Afrique subsaharienne varie de
0,7 à 50 % suivant la population étudiée et le pays concerné
2009
Figure 2. Proportions d’Escherichia coli résistant aux céphalosporines de troisième génération en 2006 et en 2009 (EARRS).
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Synthèse
[29, 30]. Les prévalences décrites ne représentent probablement pas la réelle incidence de ces souches en Afrique
subsaharienne, car dans certains pays la détection des BLSE
n’est pas utilisée comme un test de routine dans les laboratoires cliniques.
L’épidémiologie des BLSE au sein des entérobactéries
a récemment changé avec la dissémination massive des
enzymes de type CTX-M. Dans les années 1990, les principales BLSE étaient dérivées des enzymes de type TEM
et SHV et diffusaient majoritairement au sein de clones
hospitaliers de K. pneumoniae et d’Enterobacter spp. La
diffusion de CTX-M au sein de l’espèce E. coli, aussi
bien en milieu communautaire qu’en milieu hospitalier,
a bouleversé cette situation [31]. Les CTX-M constituent
désormais la majorité des BLSE, quelle que soit la région
du monde, à tel point qu’on qualifie leur diffusion de pandémique [32]. Contrairement à certains variants qui se
sont disséminés dans des régions géographiques localisées,
CTX-M-15 a été décrite un peu partout dans le monde et
semble être la BLSE la plus décrite [33, 34].
La dissémination rapide de certains gènes blaCTX-M est due
à leur localisation au niveau de plasmides doués de flexibilité et de plasticité et appartenant à différents groupes
d’incompatibilité : IncFI, IncFII, IncHI2, et IncI pour
les plasmides à spectre étroit d’hôtes et IncN, IncP-1-␣,
IncL /M, IncA/C pour les plasmides à large spectre d’hôtes
[32]. En effet, la mobilité inattendue des gènes blaCTX-M à
partir d’une entérobactérie rare, Kluyvera spp, s’est passée
à travers des plasmides à large gamme d’hôtes, d’abord vers
E. coli ensuite vers Klebsiella et d’autres entérobactéries.
Différents éléments génétiques ont été impliqués dans la
dissémination des gènes blaCTX-M tels que les séquences
d’insertion ISEcp1 et ISCR1 ainsi que des éléments de
phages [35]. Il faut noter qu’aucun gène blaCTX-M n’a été
décrit sous forme de cassette dans un intégron de classe 1
[35].
Finalement, on pense que certains clones virulents sont responsables de la dissémination rapide des gènes blaCTX-M
tel le clone d’E. coli ST131 qui serait responsable de la
dissémination internationale de l’enzyme CTX-M-15 [31].
La prévalence croissante des BLSE en milieu communautaire pose un problème inédit qui est l’afflux de bactéries
productrices de CTX-M de la communauté vers l’hôpital.
Le taux de portage fécal des CTX-M en communautés chinoise et indienne a été estimé à plus de 10 %. Sachant que
ces deux populations combinées sont estimées à 2,5 milliards d’habitants, elles représentent un réservoir important
des gènes codant les CTX-M [36]. Des souches d’E. coli,
productrices de CTX-M, ont été aussi détectées dans des aliments [37], chez des animaux d’élevage [38], des oiseaux
642
migrateurs [39], ainsi que chez des animaux de compagnie [40] montrant le rôle important des animaux comme
réservoir pour les CTX-M.
Pseudomonas aeruginosa résistants
aux carbapénèmes
Pseudomonas aeruginosa est une bactérie gram-négative
du genre Pseudomonas. Cette bactérie est ubiquitaire,
vivant dans les sols et en milieu humide mais peut être commensale du tube digestif. Au cours des dernières décennies,
P. aeruginosa s’est imposé comme un pathogène opportuniste hospitalier très important, qui attaque les patients
immunodéprimés, en particulier ceux atteints de mucoviscidose et ceux hospitalisés dans les unités de soins intensifs
[41]. Les infections à P. aeruginosa sont principalement
des bronchopneumopathies chez les patients ventilés, des
bactériémies et des infections du tractus urinaire. Hormis le fait que P. aeruginosa est naturellement résistant
à la majorité des antibiotiques, cette bactérie a développé
des mécanismes de résistance acquis vis-à-vis des principales classes d’antibiotiques anti-Pseudomonas (pénicillines/céphalosporines/monobactames, carbapénèmes, aminosides et fluoroquinolones) et elle est maintenant définie
par la résistance à au moins trois des ces quatre classes
d’antibiotiques. Ces souches cumulent constamment plusieurs mécanismes de résistance aux antibiotiques (efflux,
imperméabilité, modification du site d’action ou inactivation enzymatique), conséquences d’événements génétiques
multiples (mutations et/ou transfert horizontal de gènes
de résistance) [42]. Le traitement des infections dues aux
souches de P. aeruginosa multirésistantes aux antibiotiques
est rendu difficile avec une utilisation de plus en plus
accrue des carbapénèmes (molécules de dernier recours).
Par conséquent, P. aeruginosa a développé différents mécanismes de résistance vis-à-vis des carbapénèmes : perte
ou modification des porines, activation de la pompe à
efflux et production de carbapénèmases. La modification
de la protéine de membrane externe OprD reste le mécanisme le plus fréquent de résistance à l’imipénème [43].
Parmi les 27 pays européens participant au programme
de surveillance EARSS en 2009, six pays ont montré une
prévalence de la résistance aux carbapénèmes supérieur
à 25 % avec un taux maximal de 54,5 % en Roumanie
(http://www.rivm.nl/earss). Cependant, une augmentation
de la prévalence a été notée en 2009 par rapport à 2006
pour la France (17 %), la Hongrie (27 %) et l’Italie (31 %).
L’incidence de la résistance à l’imipénème chez P. aeruginosa rapportée en 2008 aux États-Unis est de l’ordre de
15 % [44].
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Émergence de la résistance aux antibiotiques
De nombreuses carbapénèmases ont été décrites chez
P. aeruginosa, soit des métallo-bêta-lactamases de type
verona imipénémase (VIM) ou imipénémase (IMP), ou
encore des carbapénèmases de classe A de type KPC ou
GES [43]. Cependant, la métallo-bêta-lactamase VIM-2
semble être l’enzyme prédominante chez P. aeruginosa
[45]. Des épidémies nosocomiales à P. aeruginosa producteur de VIM-2 ont été décrites partout dans le monde
(figure 3) [36, 45-57]. Récemment, une étude a rapporté
une dissémination importante des souches P. aeruginosa
productrices de VIM-2 responsables d’infections communautaires en Grèce [46]. Des études récentes ont montré
la dissémination internationale de complexes clonaux de P.
aeruginosa, tels que CC111 et CC235, porteurs de différents déterminants de résistance particulièrement VIM-2
(mais aussi PER-1, GES-5, VIM-4, VIM-13, IMP-1. . .)
localisées dans différents éléments génétiques mobiles
(intégrons, transposons, plasmides), suggérant que cette
diffusion pandémique de P. aeruginosa multirésistant aux
antibiotiques est liée à la dissémination de clones épidémiques et à l’acquisition locale de déterminants de
résistance [47-49, 58, 59].
Conséquences de la résistance
aux antibiotiques
Les conséquences immédiates de la résistance aux antibiotiques sont les multiples coûts associés : le coût humain
important lié à l’échec thérapeutique ou à l’antibiothérapie
inappropriée chez les patients entraînant la morbidité et la
mortalité ; les coûts liés à la recherche d’un nouvel antibiotique (lorsque l’ancien n’a plus d’effet) qui sont facilement
identifiables. D’autres coûts souvent oubliés sont ceux liés
à la perturbation des services de soins par les souches multirésistantes aux antibiotiques (coûts liés à l’isolement, le
contrôle de la transmission croisée. . .) [1, 7, 31].
Les conséquences possibles de la progression des bactéries
résistantes aux antibiotiques pourraient être très graves. Des
maladies qu’on croyait avoir éradiquées sont réapparues.
Ainsi, la tuberculose s’est révélée plus difficile à soigner
qu’avant, à cause de la résistance acquise par la bactérie
Mycobacterium tuberculosis. Sans de nouvelles méthodes
de lutte, les infections bactériennes potentiellement mortelles pourraient poser une grave menace à l’humanité.
Certaines des maladies les plus dangereuses sont d’origine
microbienne : pneumonie, méningite, tuberculose, endocardite, septicémie, choléra, botulisme et fasciite nécrosante.
Parmi les maladies non mortelles mais fréquentes pour lesquelles des antibiotiques sont prescrits, mentionnons les
otites, les infections urinaires et les infections de la gorge.
Conclusion
La résistance aux antibiotiques est inéluctable, mais il est
évident que les activités humaines ont leur part de responsabilité dans l’accélération de ce phénomène et la pandémie
que nous vivons depuis une demi-siècle. La mauvaise
utilisation généralisée des antibiotiques est particulièrement préoccupante. En effet, l’utilisation excessive des
antibiotiques en médecine humaine ainsi qu’en médecine
vétérinaire et comme promoteurs de croissance dans les élevages industriels ont entraîné une résistance des bactéries
pathogènes, rendant ainsi les traitements inefficaces. Les
bactéries résistantes posent un problème épidémiologique,
Figure 3. Distribution internationale de l’enzyme VIM-2 chez Pseudomonas aeruginosa [36, 45-57] (les pays colorés en bleu).
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Synthèse
car elles peuvent se propager au niveau local, régional ou
mondial à travers les contacts individuels, un assainissement médiocre, les voyages ou la chaîne alimentaire [1, 6].
Tous ces mécanismes de propagation sont favorisés par
l’usage des antimicrobiens et l’absence de programmes
efficaces de lutte contre les infections.
Face à l’émergence des souches multirésistantes aux antibiotiques, la priorité est évidemment de lutter contre la
diffusion de ces microorganismes [2]. Cependant, il est
impératif d’imposer des restrictions de l’utilisation des antibiotiques et des antimicrobiens dans toutes les disciplines
afin de ralentir l’émergence de nouvelles résistances [1].
Cela suppose un véritable bouleversement de notre mode de
vie (corps médical, pharmaciens, agriculteurs, industriels,
consommateurs. . .) qui n’est possible que par une prise de
conscience ! Finalement, des avancés dans le domaine de la
recherche pharmaceutique sont indispensables pour la création de nouveaux antibiotiques afin de continuer à traiter les
infections bactériennes.
Conflits d’intérêts : aucun.
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