Jardin Botanique doit contenir l'agréable & l'utile. Elles sont réunies par planches
: ainsi disposés les OEillets, les
Narcisses, les Renoncules, les Anemones, les Primevères, les Roses, les Scabieuses, les Pied-d'Alouette,
paroissent avec plus d'avantage, leurs couleurs sont plus brillantes & leurs émanations plus suaves. La Serre
construite à la fin de l'an neuf, d'après le plan dressé par le cit. LE BERRYAIS, & approuvé par le Ministre de
l'Intérieur, renferme des Plantes précieuses. On y distingue les Amaryllis rayée, dorée, ondulée ; les Jasmins
d'Arabie à fleur simple & à fleur pleine ; le Gardenia, qui y réussit parfaitement & qui s'en est
Paris, Brest, Caen,
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Cherbourg, Fontainebleau
; le Cierge ou Cacte grandiflore qui a épanoui sa première fleur dans la nuit du 9 au 10
Thermidor an dix ; l'Hibiscus ou Rose de la Chine, l'Hémerocalle plantaginée, l'Hortense du Japon, la Lauréole
des Indes, la Bicorne vivace, la Sensitive, le Datura en arbre, &c.
Ainsi les Jardins Botaniques sont de véritables magasins établis aux frais de la Nation, où les citoyens
trouvent gratuitement ce qui peut multiplier leurs jouissa
nces & soulager leurs maux. Ils sont un moyen prompt &
facile de relations entre toutes les parties d'un Etat. Lors qu'un végétal intéressant est arrivé à Paris, le MUSÉUM
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d'Histoire Naturelle en fait jouir bientôt le reste de la France, & réciproquement.
En créant les Ecoles Centrales, la Convention Nationale forçoit en quelque sorte un plus grand nombre
d'esprits d'étudier l'Histoire Naturelle, science qui peut influer puissamment sur la prospérité d'un Etat, mais qui
exige une infinité d'ob
servations. Le domaine de la Nature est immense, & l'on ne doit pas craindre qu'il y ait trop
de cultivateurs à le défricher. En multipliant les contemplateurs & les établissant dans des régions diverses & à
des distances raisonnables, plus d'objets sont examinés ; ce qui échappe à
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l'un est saisi par l'autre ; on accumule des faits qu'un homme de génie lie entr'eux, dont il tire avec sagacité des
conséquences importantes, & qu'il dispose avec méthode & en corps de doctrine.
On s'est élevé contre les Ecoles Centrales ; mais jamais plus beau plan d'Instruction publique n'avoit été
conçu. Rien de plus utile que cet enseignement des diverses Sciences dans une même Ecole. Toutes les
Sciences ont besoin d'un secours mutuel, & sont, comme on l'a dit avec beaucoup de raison, de tendres soeurs
qui ne peuvent être séparées sans languir. Ainsi, l'Histoire Naturelle, par exemple, est liée avec
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le Dessin, la Géométrie, la Physique, la Chymie, la Géographie, les Langues anciennes, &c. ; & l'homme n'est
véritablement instruit, qu'après s'être livré à tous ces genres d'étude. Dans les Lycées on enseignera les mêmes
Sciences que dans les Ecoles Centrales. Ils seront assujettis, il est vrai, à des réglements plus précis & mieux
rédigés ; mais il étoit facile d'en faire de pareils pour les Ecoles Centrales, les Professeurs les attendoient avec
impatience & même les avoient provoqués. Les Ecoles Centrales existeront donc réellement sous un autre nom,
& leur nombre seul est incertain. Ces établissements doivent être repartis avec libéralité, de manière que tout soit
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éclairé, & que les diverses parties de la France jouissent des bienfaits d'une Instruction digne du dix-neuviéme
siécle. On voudroit envain ressusciter l'empire de l'ignorance & de la superstition. Des mains toute-
brisé les Statues élevées à ces fausses divinités, & les débris ne pourront jamais en être rassemblés. Le genre-
humain est appelé aux plus hautes destinées : les Sciences rendront tous les Etats florissants ; elles seules
peuvent donner le bonheur & écarter l'ennui, ce fléau de l'opulence molle & désoeuvrée ; c'est par elles que
l'homme s'élève majestueusement dans les Airs, qu'il parcourt avec rapidité la surface de la Terre, qu'il se fraye
une
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route assûrée en traversant les Mers qu'il éclaire les ténèbres dé la nuit
; c'est enfin par leurs armes redoutables
qu'il a subjugué tous les animaux, & qu'il règne sur le monde.