GyrA observées chez S. typhimurium. Dans cette même étude,
des arguments génétiques directs ont apporté la preuve que la
t o p o - i s o m é rase IV est bien la cible pri m a i r e des quinolones
chez S. aure u s :l ’ i n t ro d u c t i o n , par éch a n ge allélique, d ’ u n e
mu t ation gy r A dans le ch romosome d’une souche sauvage n’en-
traîne aucune modification de sensibilité aux quinolones ; en
revanche, si la mutation gyrA est introduite dans une souche
résistante de bas niveau par mu t ation p a r C , on observe une aug-
mentation de la résistance.
Mutations dans les gènes parC ou parE
chez Streptococcus pneumoniae et Mycoplasma hominis
Les travaux réalisés chez S. pneumoniae ont d’abord donné des
r é s u l t a ts similaires à ceux observés chez S. aure u s :l ’ é m e r -
gence de la résistance,aussi bien in vitro qu’in vivo, est large-
ment liée à la survenue de mutations dans le gène parC ;chez
un mutant parC, l’acquisition d’une seconde mutation dans le
gène gyrA confère un niveau de résistance plus élevé (14). De
plus, une mutation dans le gène parE, tout à fait comparable à
certaines des mutations décrites au niveau du gène gyrB,a été
impliquée dans la résistance chez certains mutants sélection-
nés in vitro(15). D’après ces travaux, il apparaissait donc que
l’ADN topo-isomérase IV était la cible pri m a i re des fl u o r o-
quinolones chez S. pneumoniae comme chez S. aureus. Cepen-
dant, un travail récent a montré que, chez le pneumocoque, la
cible primaire est en fait variable en fonction de l’antibiotique
c o n s i d é r é ( 1 6 ) :les mu t a tions sélectionnées in vitro en utilisant
comme agent sélecteur la ciprofloxacine se situent effective-
ment dans le gène parC ;mais si l’on utilise la sparfloxacine,
les mutations surviennent alors dans le gène gyrA.
Chez M. hominis, bactérie totalement dépourvue de paroi mais
génétiquement ap p a rentée aux bactéries à Gram positif, d e s
r é s u l t ats similaires ont été obtenu s ( 1 7 ) :les mu t ations dans
les gènes gyrA et parC sont impliquées dans la résistance,et la
c i ble pri m a i re va r ie également en fonction de la quinolone
considérée.
Mutations dans les gènes parC ou parE chez les bactéries
à Gram négatif
C h e z E. coli, l’ADN topo-isomérase IV est aussi impliquée
dans la résistance aux quinolones, mais en tant que cible secon-
daire cette fois. L’introduction d’une mutation parC, par rem-
placement allélique, ne modifie pas la sensibilité aux quino-
lones d’une souche sauvage, mais elle augmente le niveau de
résistance d’un mutant gyrA (18). Des mu t ations parC ont aussi
été re t r ouvées dans des souches cliniques hautement résistantes
aux quinolones. Par ailleurs, une mutation dans le gène parE
(substitution Leu445His) impliquée dans la résistance aux
quinolones d’un mutant in vitro, mais dont l’expression est là
encore conditionnée par la présence concomitante d’une muta-
tion gyrA, a aussi été décrite (19).
Des résultats similaires à ceux obtenus chez E. coli ont aussi
été obtenus chez d’autres bactéries à Gram négatif : Neisseria
gonorrhoeae (20), Klebsiella pneumoniae (21) et Haemophi -
lus influenzae (22).
NOTIONS DE CIBLES PRIMAIRE ET SECONDAIRE
Il ap p a r aît donc que la cible pri m a i re des fl u o roq uinolones va ri e
en fonction de l’espèce bactérienne mais aussi, au moins pour
certaines bactéries, en fonction de la quinolone considérée. On
sait que la gy ras e et la topo-isomérase IV sont des enzymes
essentielles, l’inhibition définitive de l’une ou de l’autre étant
létale. La primauté de l’une par rapport à l’autre en tant que
c i ble des quinolones pourrait donc s’expliquer par une plus
grande sensibilité à l’inhibition par ces antibiotiques. Effecti-
vement, des études biochimiques (étude de l’activité de suren-
roulement pour la gyrase,de l’activité de décaténation pour la
topo-isomérase IV,en présence ou en l’absence de quinolones)
effectuées chez E. coli (18) et S. aureus (23) vont dans ce sens :
la gyrase est la plus sensible des deux chez E. coli, la topo-iso-
mérase IV est la plus sensible chez S. aureus.
Sur un plan pratique,il serait très intéressant de développer des
fl u o r oquinolones ayant une activité équivalente sur les deux
cibles. Le développement d’une résistance impliquerait alors
la survenue simultanée de deux mutations indépendantes, évé-
nement génétique très rare. L’inhibition simultanée des deux
enzymes pourrait également se traduire par une augmentation
de l’activité antibactérienne.
RÉSISTANCE PAR DÉFAUT D’ACCUMULATION
Chez les bactéries à Gram négatif
Chez E. coli, de nombreuses mutations spontanées, se caracté-
risant par une diminution d’accumu l ation intra c e l l u l a i re des
q u i n o l o n e s , ont été décrites in vitro. Chez ces mu t a n t s , u n e
diminution de production de la porine OmpF (porine détermi-
nante quant à la traversée de la membrane externe par de nom-
b reux antibiotiques, y compris les quinolones) est observée ( 7 ) .
Ces mu t ations confèrent la résistance également à d’autre s
classes d’antibiotiques : t é t r a cy cl i n e s , ch l o r a m p h é n i c o l , c e r-
taines bêtalactamines. Elles peuvent d’ailleurs être obtenues en
utilisant comme agent sélecteur soit une quinolone,soit l’un de
ces antibiotiques.
Il a été observé que le niveau de résistance de ces mutants était
deux à quatre fois supérieur à celui obtenu en cas d’inactiva-
tion du gène ompF.Ceci s’explique par le fait que d’autres fac-
teurs que la réduction de la porine OmpF contribuent à la résis-
tance aux quinolones par défaut d’accumulation.
Des phénomènes d’efflux actif membra n a i r e interv i e n n e n t
notamment dans la résistance,ceci ayant été montré dans le cas
des mutations nfxB et mar de E. coli (7). En effet, l’addition
d ’ i n h i b i t e u r s des phénomènes actifs membra n a i r e s , p a r
exemple la carbonyl cyanide m-ch l o r o - p h é ny l h y d ra zone ou
C C C P,e n t raîne une augmentation importante de pénétrat i o n
des quinolones chez les mu t a n t s , abolissant les diff é rences d’ac-
c u m u l a tion observées par rap p o rt aux souches sauvage s ( 7 ).
Les deux éléments, d i m i nut ion de la porine OmpF et efflux actif
m e m b r a n a i r e, agi raient donc en synergie pour pro d u i re un
niveau de résistance significatif.
B
AC T É R I O L O G I E
198
La Lettre de l’Infectiologue - Tome XIII - n° 5 - mai 1998
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