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COMMUNIQUÉ DE PRESSE NATIONAL I PARIS I 23 février 2011
La formation planétaire en action ?
Attention : sous embargo jusqu'au 24 février 2011 12:00 CET
Une jeune étoile encore entourée de son disque de matière dans lequel un objet trace son chemin :
c’est la découverte probablement réalisée par une équipe internationale d’astronomes grâce au
Very Large Telescope Interferometer (VLTI) de l'Observatoire Européen Austral (ESO) au Chili.
Cette équipe compte de nombreux astronomes français de l'Institut de Planétologie et
d'Astrophysique de Grenoble (IPAG : CNRS, Université Joseph Fourier, Observatoire des Sciences
de l'Univers de Grenoble/INSU) et du Laboratoire d'Etudes Spatiales et d'Instrumentation en
Astrophysique (LESIA : Observatoire de Paris, CNRS, Université Pierre et Marie Curie, Université
Paris Diderot). Les prochaines observations permettront de déterminer si ce compagnon est une
planète ou une naine brune. Des travaux publiés dans Astronomy & Astrophysics.
Les planètes se forment dans les disques de matière entourant les jeunes étoiles. Mais ces disques de
poussière sont éphémères et peu d’objets sont observés pendant cette phase de formation [1]. T
Chamaeleontis (T Cha) est l’un de ces objets. Située dans la constellation australe du Caméléon, cette
étoile peu lumineuse se trouve à environ 330 années-lumière de la Terre ; âgée de seulement sept
millions d’années, elle commence sa vie et pourrait être comparée à notre Soleil dans sa jeunesse [2].
Jusqu’à présent aucune planète en formation n’a été trouvée dans ces disques en phase de transition,
comme celui de T Cha. Les seules découvertes réalisées à ce jour se trouvaient dans des disques plus
évolués, comme celui de Beta Pictoris [3].
“De précédentes études ont montré que T Cha était une excellente cible pour étudier comment se forment
les systèmes planétaires, » précise Johan Olofsson, de l'institut Max-Planck de radioastronomie
(Allemagne), et docteur de l’Université de Grenoble. « Mais cette étoile est relativement distante et toute la
puissance du VLTI (le VLT en mode interférométrique) a été nécessaire pour obtenir des détails très précis
et voir ainsi ce qui se passe dans ce disque de poussière. »
Les astronomes ont d’abord observé T Cha avec l’instrument AMBER et l’interféromètre du VLT (VLTI) [4].
Ils ont découvert qu’une partie de la matière du disque formait un anneau étroit de poussière à seulement
20 millions de kilomètres de l’étoile. Au-delà de ce disque intérieur, ils ont trouvé une région dépourvue de
poussière, formant un sillon qui s’étend jusqu’à environ 1,1 milliard de kilomètres de l’étoile et qui laisse
ensuite la place au disque externe originel.
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Selon Gael Chauvin, chargé de recherche CNRS à l'IPAG, “ le sillon dans le disque de poussière autour de
T Cha était un indice révélateur et nous nous sommes demandés si nous n’étions pas en train d’observer
un compagnon en train de creuser un sillon à l’intérieur de son disque protoplanétaire».
Toutefois, observer un compagnon si proche d’une étoile brillante est un énorme challenge. Aussi, pour
atteindre son objectif, l’équipe menée par Nuria Huelamo du Centre d'Astrobiologie de Madrid a dû utiliser
l’instrument NACO du VLT, associé à une technique nouvelle et subtile : le « masquage de pupille » [5].
Après des analyses précises, ils ont trouvé la signature bien visible d’un objet situé dans le sillon du disque
de poussière, à une distance d’environ 1 milliard de kilomètres de l’étoile (soit légèrement plus loin que
Jupiter dans notre système solaire) et proche du bord extérieur du sillon. C’est la première détection d’un
objet bien plus petit qu’une étoile à l’intérieur d’un sillon dans un disque de poussière où se forment les
planètes autour d’une jeune étoile. Les indices suggèrent que le compagnon ne peut pas être une étoile
normale [6] mais pourrait être une naine brune [7] entourée de poussière ou, ce qui est plus excitant, une
planète récemment formée.
Pour Jean-Charles Augereau, astronome adjoint à l'Observatoire de Grenoble (OSUG), « c’est une
remarquable étude collaborative qui combine deux instruments de pointe à l’Observatoire de Paranal de
l’ESO. De prochaines observations permettront d’obtenir plus d’informations sur le compagnon et sur le
disque et aussi de comprendre ce qui alimente le disque de poussière intérieur. »
Notes
[1] Les disques en phase de transition peuvent être repés, car ils émettent moins de radiations dans les
longueurs d’onde de l’infrarouge moyen. La dissipation de la poussière proche de l’étoile et la création de
sillons et de trous peuvent expliquer ce manque d’émission. Des planètes récemment formées ont pu créer
ces sillons, bien qu’il y ait aussi d’autres possibilités.
[2] T Cha est une étoile T Tauri, donc toujours en train de se contracter et d’évoluer vers la séquence
principale.
[3]http://www.insu.cnrs.fr/a2757,exoplanete-geante-longtemps-suspectee-autour-beta-pictoris-
probablement-imagee.html
[4] Les astronomes ont utilisé l’instrument AMBER (Astronomical Multi-BEam combineR) et le VLTI pour
combiner la lumière des quatre télescopes de 8,2 mètres du VLT et créer un « télescope virtuel » de 130
mètres de diamètre. AMBER est un instrument développé dans le cadre d’un consortium piloté par des
laboratoires français (IPAG à Grenoble, laboratoire Fizeau et OCA à Nice)
[5] NACO (ou NAOS–CONICA dans son appellation complète) est un instrument d’optique adaptative
attaché au VLT de l’ESO. Grâce à l’optique adaptative, les astronomes peuvent supprimer la plupart des
effets de distorsion causés par l’atmosphère et obtiennent ainsi des images très nettes. L’équipe a utilisé
NACO d’une nouvelle manière appelée « masquage de pupille » (sparse aperture masking (SAM) en
anglais) pour chercher le compagnon. Il s’agit d’un type d’interférométrie qui plutôt que de combiner la
lumière provenant de plusieurs télescopes comme le fait le VLTI, utilise différentes parties du miroir d’un
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seul télescope (dans ce cas, le miroir du télescope 4 du VLT). Cette nouvelle technique est
particulièrement adaptée pour chercher des objets ténus proches d’objets très lumineux. VLTI/AMBER est
en revanche mieux adapté pour étudier les structures du disque intérieur et moins sensible à la présence
d’un compagnon éloigné.
[6] Les astronomes ont cherché le compagnon en utilisant NACO dans deux bandes spectrales différentes
– autour de 2,2 microns et de 3,8 microns. Le compagnon est uniquement visible aux plus grandes
longueurs d’onde, ce qui signifie que cet objet est soit froid, comme une planète, soit qu’il s’agit d’une
naine brune enveloppée de poussière.
[7] Les naines brunes sont des objets dont la taille se situe entre la taille des étoiles et celle des planètes.
Elles ne sont pas suffisamment massives pour allumer l’hydrogène dans leur cœur mais elles sont plus
grandes que les planètes géantes comme Jupiter.
Plus d’informations
Cette recherche a été présentée dans deux articles publiés dans le journal Astronomy & Astrophysics :
Olofsson et al. 2011, “Warm dust resolved in the cold disk around T Cha with VLTI/AMBER”, et Huélamo et
al. 2011, “A companion candidate in the gap of the T Cha transitional disk”.
L’équipe est composée de J. Olofsson (Max-Planck-Institut für Astronomie [MPIA], Heidelberg, Allemagne),
M. Benisty (MPIA), J.-C. Augereau (Institut de Planétologie et d’Astrophysique de Grenoble [IPAG],
France) C. Pinte (IPAG), F. Ménard (IPAG), E. Tatulli (IPAG), J.-P. Berger (ESO, Santiago, Chili), F.
Malbet (IPAG), B. Merín (Herschel Science Centre, Madrid, Espagne), E. F. van Dishoeck (Leiden
University, Hollande), S. Lacour (Observatoire de Paris, France), K. M. Pontoppidan (California Institute of
Technology, USA), J.-L. Monin (IPAG), J. M. Brown (Max-Planck-Institut für extraterrestrische Physik,
Garching, Allemagne), G. A. Blake (California Institute of Technology), N. Huélamo (Centro de
Astrobiología, ESAC, Espagne), P. Tuthill (University of Sydney, Australie), M. Ireland (University of
Sydney, Australie), A. Kraus (University of Hawaii) et G. Chauvin [IPAG].
Liens :
L’article scientifique:
http://w4.hq.eso.org/intra/org/pad/internal/pressreleases/projects/M87/papers/
Photos du VLT: http://www.eso.org/public/images/archive/category/paranal/
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Johan Olofsson (auteur principal du premier article), institut Max-Planck pour l’astronomie, Allemagne :
+49 6221 528 353 - olofsson@mpia.de
Jean-Charles Augereau (co-auteur du premier article), IPAG : 04 76 51 47 86 - 06 33 909 100 -
augereau@obs.ujf-grenoble.fr
Gael Chauvin (co-auteur du second article), Institut de Planétologie et d'Astrophysique de Grenoble : +49
6221 528 403 - gael.chauvi[email protected]
Sylvestre Lacour, LESIA, 01 45 07 78 60, sylvestre.[email protected]
Presse
CNRS l Julien Guillaume l T 01 44 96 46 35 l [email protected]
Communication Observatoire de Paris l Alexia Sagot l T 01 40 51 23 97 l [email protected]
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