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Selon Gael Chauvin, chargé de recherche CNRS à l'IPAG, “ le sillon dans le disque de poussière autour de
T Cha était un indice révélateur et nous nous sommes demandés si nous n’étions pas en train d’observer
un compagnon en train de creuser un sillon à l’intérieur de son disque protoplanétaire».
Toutefois, observer un compagnon si proche d’une étoile brillante est un énorme challenge. Aussi, pour
atteindre son objectif, l’équipe menée par Nuria Huelamo du Centre d'Astrobiologie de Madrid a dû utiliser
l’instrument NACO du VLT, associé à une technique nouvelle et subtile : le « masquage de pupille » [5].
Après des analyses précises, ils ont trouvé la signature bien visible d’un objet situé dans le sillon du disque
de poussière, à une distance d’environ 1 milliard de kilomètres de l’étoile (soit légèrement plus loin que
Jupiter dans notre système solaire) et proche du bord extérieur du sillon. C’est la première détection d’un
objet bien plus petit qu’une étoile à l’intérieur d’un sillon dans un disque de poussière où se forment les
planètes autour d’une jeune étoile. Les indices suggèrent que le compagnon ne peut pas être une étoile
normale [6] mais pourrait être une naine brune [7] entourée de poussière ou, ce qui est plus excitant, une
planète récemment formée.
Pour Jean-Charles Augereau, astronome adjoint à l'Observatoire de Grenoble (OSUG), « c’est une
remarquable étude collaborative qui combine deux instruments de pointe à l’Observatoire de Paranal de
l’ESO. De prochaines observations permettront d’obtenir plus d’informations sur le compagnon et sur le
disque et aussi de comprendre ce qui alimente le disque de poussière intérieur. »
Notes
[1] Les disques en phase de transition peuvent être repérés, car ils émettent moins de radiations dans les
longueurs d’onde de l’infrarouge moyen. La dissipation de la poussière proche de l’étoile et la création de
sillons et de trous peuvent expliquer ce manque d’émission. Des planètes récemment formées ont pu créer
ces sillons, bien qu’il y ait aussi d’autres possibilités.
[2] T Cha est une étoile T Tauri, donc toujours en train de se contracter et d’évoluer vers la séquence
principale.
[3]http://www.insu.cnrs.fr/a2757,exoplanete-geante-longtemps-suspectee-autour-beta-pictoris-
probablement-imagee.html
[4] Les astronomes ont utilisé l’instrument AMBER (Astronomical Multi-BEam combineR) et le VLTI pour
combiner la lumière des quatre télescopes de 8,2 mètres du VLT et créer un « télescope virtuel » de 130
mètres de diamètre. AMBER est un instrument développé dans le cadre d’un consortium piloté par des
laboratoires français (IPAG à Grenoble, laboratoire Fizeau et OCA à Nice)
[5] NACO (ou NAOS–CONICA dans son appellation complète) est un instrument d’optique adaptative
attaché au VLT de l’ESO. Grâce à l’optique adaptative, les astronomes peuvent supprimer la plupart des
effets de distorsion causés par l’atmosphère et obtiennent ainsi des images très nettes. L’équipe a utilisé
NACO d’une nouvelle manière appelée « masquage de pupille » (sparse aperture masking (SAM) en
anglais) pour chercher le compagnon. Il s’agit d’un type d’interférométrie qui plutôt que de combiner la
lumière provenant de plusieurs télescopes comme le fait le VLTI, utilise différentes parties du miroir d’un