est de 58 % des consultants. Dans leur étude, Kapoor et al.
(1982) évaluaient la durée moyenne du bilan hospitalier à
neuf jours, avec un diagnostic pour 10 % des patients seule-
ment. On le conçoit, le coût de l’hospitalisation et le faible
bénéfice pour le patient ne se justifient pas, c’est dans ce
contexte que se sont développées les unités de prise en charge
des syncopes (Kenny et al., 2002).
La valeur pronostique de la syncope est difficile à appré-
hender dans le contexte de l’urgence : elle peut représenter le
signe avant-coureur d’une mort subite ou l’expression d’une
syncope réflexe bénigne. À nouveau, l’expérience des unités
spécifiques de prise en charge de ces patients a permis d’établir
des scores pronostiques permettant d’aider le clinicien dans la
décision difficile d’hospitaliser les patients (Colivicchi et al.,
2003 ; Del Rosso et al., 2008).
Le risque traumatique de la syncope concerne 17 à 35 %
des patients (Eagle et al., 1985), avec 5 à 7 % de fracture et 1 à
5%d’accident de la voie publique (Blanc et al., 1989).
Il faut retenir que 20 à 30 % de la population générale
feront une syncope (Manolis et al., 1990) ; pour 40 à 85 % des
patients qui auront consulté, l’épisode restera isolé (Kapoor
et al., 1987) ; et 36,6 % des patients n’auront pas de diagnostic
étiologique au terme du bilan effectué (Soteriades et al., 2002).
Physiopathologie de la syncope
Il s’agit d’une hypoperfusion cérébrale globale et transitoire
qui va impliquer une perturbation de la circulation cérébrale
et/ou des réflexes compensateurs.
Circulation cérébrale
Le débit sanguin cérébral est de 50-60 mL par 100 g/min,
soit 12-15 % du débit cardiaque au repos. La pression artérielle
au niveau cérébral est de 75 mmHg. Expérimentalement, une
chute de la pression artérielle en dessous de 60 mmHg, soit
une pression artérielle cérébrale de 40 mmHg, suffit à pro-
voquer la syncope (Hainsworth, 2004). La durée de l’asystolie
provoquant ce même effet serait de l’ordre de six à dix
secondes.
La pression artérielle cérébrale est sous le contrôle de
plusieurs mécanismes :
–les résistances vasculaires périphériques (RVP) ;
–la régulation du volume intravasculaire ;
–l’autorégulation de la circulation cérébrale.
Chez le sujet sain, lors de l’orthostatisme, il se produit un
déplacement de la masse sanguine sous l’effet de la gravitation
vers les parties déclives du corps (abdomen, membres inférieurs)
estimé à 0,5-1 L en dix secondes. La réduction de la précharge va
stimuler les barorécepteurs (glomus carotidien, arc aortique) et
les mécanorécepteurs cardiopulmonaires (paroi inféropostérieure
du ventricule gauche, paroi thoracique). Les mécanorécepteurs
vont activer les mécanismes compensateurs en stimulant le
tronc cérébral à l’origine d’une augmentation du tonus
sympathique et une baisse du tonus parasympathique.
L’élévation des catécholamines circulantes va maintenir la
pression artérielle systémique et la perfusion cérébrale par la
vasoconstriction des systèmes splanchnique, musculocutané
et rénal.
L’altération de chacun des éléments de régulation aboutit à
la baisse de la perfusion cérébrale et à la syncope.
Classification des syncopes
La classification repose sur les concepts physiopatho-
logiques siégeant à la survenue des syncopes (tableau 1).
On retient trois catégories de syncopes : syncope réflexe,
syncope due à une hypotension orthostatique et syncope
d’origine cardiaque (Van Dijk et al., 2009).
Syncopes réflexes
Elles regroupent les syncopes où les « réflexes » cardio-
vasculaires régulant la circulation deviennent inappropriés, en
réponse à un facteur déclenchant. Il en résulte une vasodilatation
et/ou une bradycardie à l’origine d’une hypotension artérielle
et une baisse de la perfusion cérébrale.
Elles sont classées en fonction du facteur déclenchant :
syncope vasovagale (VSV) [émotion, orthostatisme], hypersen-
sibilité du sinus carotidien, situationnelle.
On parle de forme atypique lorsque la syncope survient en
l’absence de contexte, facteur déclenchant.
Syncopes secondaires à une hypotension orthostatique
Elles se caractérisent par une défaillance du système ner-
veux autonome responsable d’un défaut de vasoconstriction
artérielle. L’orthostatisme s’accompagne d’une chute de la
pression artérielle et d’une hypoperfusion cérébrale. Elle
s’inscrit dans le cadre de syndrome (maladie de Parkinson,
atrophie multisystémique, etc.), de maladie générale (diabète,
amylose, etc.) associés à une dysautonomie ou bien d’origine
iatrogénique.
Syncopes d’origines cardiologiques
Elles sont liées à une baisse du débit cardiaque, soit par
anomalies du rythme cardiaque, soit par défaillance de la
« pompe » (baisse de l’inotropisme, obstacle à l’éjection).
Symptomatologie des syncopes
Syncopes réflexes
Elles sont définies par leur facteur déclenchant clairement
identifié, elles sont alors dites réflexes en réaction à une
situation stéréotypée. On distingue ainsi les syncopes à la
toux, à la douleur, à la miction, etc.
X. Waintraub, F. Hidden-Lucet
Épilepsies, vol. 22, n° 3, juillet-août-septembre 2010 188
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