Actualités Des fortes doses de statine (rosuvastatine 40 mg/j) diminuent la plaque chez le coronarien et aussi chez le patient à faible risque Marie VIRALLY, Jean-Philippe KEVORKIAN, Pierre-Jean GUILLAUSSEAU Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Étude ASTEROID. Une forte posologie de rosuvastatine fait régresser la plaque d’athérome coronaire Présentée en 2006 à l’American College of Cardiology (ACC), l’étude ASTEROID [1], fait la démonstration pour la première fois qu’une posologie élevée de statine (rosuvastatine 40 mg) est susceptible de réduire le volume des plaques d’athérome coronaire sans événement indésirable grave. Dans l’étude ASTEROID (A study to evaluate the effect of rosuvastatin on intravascular ultrasound-derived coronary atheroma burden), l’effet de la rosuvastatine à posologie élevée (40 mg par jour) pendant 24 mois est évalué sur l’évolution du volume de la plaque d’athérome coronaire, estimé par échographie endocoronaire (EEC) en début et fin d’étude. L’étude ouverte porte sur 507 coronariens, indemnes d’infarctus du myocarde et sans antécédent d’angioplastie (âge moyen 58 ans, LDLc moyen 1,3 g/L, HDLc 0,43 g/L) qui sont leurs propres témoins. Tous les patients sont atteints de lésions coronaires comportant au moins une sténose (≥ 20 %) sur un ou plusieurs troncs. L’artère coronaire évaluée par EEC doit comporter une sténose ≤ 50 %. Au terme des 24 mois de traitement, 349 patients ont été évalués une seconde fois par EEC. La rosuvastatine induit une diminution significative de 79 % du pourcentage du volume de l’athérome sur le vaisseau coronaire (p < 0,001) et réduit significativement le volume de la plaque du segment coronaire de 10 mm le plus athéromateux (- 5,6 mm3, p < 0,001) par compa- raison aux évaluations initiales. Sur la base de l’évaluation du volume relatif de la plaque, on observe une régression de la plaque chez 63,6 % des patients et une progression chez 36,4 % d’entre eux. Sur la base de l’évaluation du volume de la plaque d’athérome, on obtient une régression de la plaque chez 78,1 % des patients et une progression chez 21,9 %. Cet effet est indépendant de l’âge, du sexe, de l’indice de masse corporelle. Ce bénéfice est contemporain d’une diminution de 53 % du LDLc et d’une augmentation de 14,7 % du HDLc. La tolérance de cette forte posologie de rosuvastatine se révèle excellente avec seulement une rhabdomyolyse franche (CPK > 3N) dans moins de 5 % des cas (3,4 %) et aucune rhabdomyolyse sévère (CPK ≥ 10N). Au cours des 24 mois de l’étude, les événements cardiovasculaires sont rares (mortalité : 0,8 %, infarctus du myocarde : 2 %, AVC : 0,6 %). Étude METEOR. Une forte posologie de rosuvastatine ralentit la progression de l’athérosclérose chez des patients à faible risque coronarien (risque à dix ans selon Framingham < 10 %). Présentée en 2007 à l’American College of Cardiology (ACC), METEOR (Measuring effects on intima media thickness : an evaluation of rosuvastatin) est la deuxième étude [2] qui démontre l’efficacité de la rosuvastatine à forte posologie sur la réduction de l’athérosclérose. METEOR est une étude contrôlée, randomisée, en double insu, sur une période de 24 mois, évaluant l’effet de fortes doses de rosuvas- STV, vol. 19, n° 5, mai 2007 jlestv00280_cor3.indd 233 tatine (40 mg/j) chez 984 patients asymptomatiques et hypercholestérolémiques (moyenne 1,54 g/L) à faible risque coronarien (risque < 10 % à dix ans selon le score de Framingham), porteurs de lésions athérosclérotiques modérées déterminées par l’épaississement de la paroi de l’artère carotide (épaisseur intima média maximale 1,2 < EIM < 3,5 mm). Les modifications de l’EIM sont évaluées par échographie en mode bidimensionnel au niveau de 12 sites carotidiens. L’étude évalue des sujets à faible risque vasculaire ne nécessitant pas de traitement par statines afin de permettre l’inclusion d’un segment par comparaison avec un placebo. On observe une diminution de 49 % du LDL-c parmi les patients sous rosuvastatine (1,55 à 0,78 g/L, p < 0,001 versus placebo). La diminution de l’épaisseur intima média maximale médiane de la carotide est de 0,0014 mm/an contre 0,0131 mm/an dans le groupe placebo (p < 0,001). La diminution est significative sur tous les sites étudiés (carotides primitives, bulbes carotidiens, carotides internes). La rosuvastatine est tolérée, la fréquence des effets secondaires similaires dans les deux groupes. L’étude n’a pas le pouvoir de l’évaluation des événements cardiovasculaires. En conclusion, chez les patients à faible risque coronarien, la rosuvastatine à forte posologie permet une réduction significative de l’épaisseur intima média. Commentaires. Les études ASTEROID et METEOR permettent d’effondrer le dogme de « la plaque d’athérome qui 233 5/21/2007 5:47:29 PM Actualités la progression de la maladie chez des sujets souffrant d’athérosclérose relativement modérée. Des études cliniques de morbidité et de mortalité cardiovasculaire sont évidemment nécessaires pour établir le bien-fondé d’une stratégie thérapeutique de réduction drastique du LDLc chez des patients à risque cardiovasculaire élevé voire faible. Références 1. The ASTEROID trial. JAMA 2006 ; 295 : 1556-65. 2. The METEOR trial. JAMA 2007 ; 297 : 1344-53. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. s’aggrave inéluctablement ». ASTEROID a été menée chez les coronariens, et METEOR chez des patients avec athérosclérose débutante et faible risque coronarien. Il est intéressant de constater que l’utilisation de rosuvastatine à forte posologie a le potentiel de ralentir ou arrêter 234 jlestv00280_cor3.indd 234 STV, vol. 19, n° 5, mai 2007 5/21/2007 5:47:29 PM