Des fortes doses de statine (rosuvastatine 40 mg/j) diminuent la

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Des fortes doses de statine (rosuvastatine 40 mg/j) diminuent
la plaque chez le coronarien et aussi chez le patient à faible risque
Marie VIRALLY, Jean-Philippe KEVORKIAN, Pierre-Jean GUILLAUSSEAU
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Étude ASTEROID. Une forte
posologie de rosuvastatine fait
régresser la plaque d’athérome
coronaire
Présentée en 2006 à l’American
College of Cardiology (ACC),
l’étude ASTEROID [1], fait la
démonstration pour la première
fois qu’une posologie élevée de statine (rosuvastatine 40 mg) est susceptible de réduire le volume des
plaques d’athérome coronaire sans
événement indésirable grave. Dans
l’étude ASTEROID (A study to
evaluate the effect of rosuvastatin
on intravascular ultrasound-derived coronary atheroma burden),
l’effet de la rosuvastatine à posologie élevée (40 mg par jour) pendant
24 mois est évalué sur l’évolution
du volume de la plaque d’athérome
coronaire, estimé par échographie
endocoronaire (EEC) en début et
fin d’étude. L’étude ouverte porte
sur 507 coronariens, indemnes d’infarctus du myocarde et sans antécédent d’angioplastie (âge moyen
58 ans, LDLc moyen 1,3 g/L,
HDLc 0,43 g/L) qui sont leurs
propres témoins. Tous les patients
sont atteints de lésions coronaires comportant au moins une sténose (≥ 20 %) sur un ou plusieurs
troncs. L’artère coronaire évaluée
par EEC doit comporter une sténose
≤ 50 %. Au terme des 24 mois de
traitement, 349 patients ont été évalués une seconde fois par EEC. La
rosuvastatine induit une diminution
significative de 79 % du pourcentage du volume de l’athérome sur
le vaisseau coronaire (p < 0,001) et
réduit significativement le volume
de la plaque du segment coronaire
de 10 mm le plus athéromateux
(- 5,6 mm3, p < 0,001) par compa-
raison aux évaluations initiales. Sur
la base de l’évaluation du volume
relatif de la plaque, on observe une
régression de la plaque chez 63,6 %
des patients et une progression chez
36,4 % d’entre eux. Sur la base de
l’évaluation du volume de la plaque
d’athérome, on obtient une régression de la plaque chez 78,1 % des
patients et une progression chez
21,9 %. Cet effet est indépendant
de l’âge, du sexe, de l’indice de
masse corporelle. Ce bénéfice est
contemporain d’une diminution de
53 % du LDLc et d’une augmentation de 14,7 % du HDLc. La tolérance de cette forte posologie de
rosuvastatine se révèle excellente
avec seulement une rhabdomyolyse
franche (CPK > 3N) dans moins de
5 % des cas (3,4 %) et aucune rhabdomyolyse sévère (CPK ≥ 10N).
Au cours des 24 mois de l’étude, les
événements cardiovasculaires sont
rares (mortalité : 0,8 %, infarctus du
myocarde : 2 %, AVC : 0,6 %).
Étude METEOR. Une forte
posologie de rosuvastatine ralentit
la progression de l’athérosclérose
chez des patients à faible risque
coronarien (risque à dix ans selon
Framingham < 10 %).
Présentée en 2007 à l’American
College of Cardiology (ACC),
METEOR (Measuring effects on
intima media thickness : an evaluation of rosuvastatin) est la deuxième
étude [2] qui démontre l’efficacité
de la rosuvastatine à forte posologie
sur la réduction de l’athérosclérose.
METEOR est une étude contrôlée,
randomisée, en double insu, sur
une période de 24 mois, évaluant
l’effet de fortes doses de rosuvas-
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tatine (40 mg/j) chez 984 patients
asymptomatiques et hypercholestérolémiques (moyenne 1,54 g/L)
à faible risque coronarien (risque
< 10 % à dix ans selon le score de
Framingham), porteurs de lésions
athérosclérotiques modérées déterminées par l’épaississement de la
paroi de l’artère carotide (épaisseur
intima média maximale 1,2 < EIM
< 3,5 mm). Les modifications de
l’EIM sont évaluées par échographie
en mode bidimensionnel au niveau
de 12 sites carotidiens. L’étude évalue des sujets à faible risque vasculaire ne nécessitant pas de traitement
par statines afin de permettre l’inclusion d’un segment par comparaison
avec un placebo.
On observe une diminution de 49 %
du LDL-c parmi les patients sous
rosuvastatine (1,55 à 0,78 g/L,
p < 0,001 versus placebo). La diminution de l’épaisseur intima média
maximale médiane de la carotide est de 0,0014 mm/an contre
0,0131 mm/an dans le groupe placebo (p < 0,001). La diminution est
significative sur tous les sites étudiés
(carotides primitives, bulbes carotidiens, carotides internes). La rosuvastatine est tolérée, la fréquence
des effets secondaires similaires
dans les deux groupes. L’étude n’a
pas le pouvoir de l’évaluation des
événements cardiovasculaires. En
conclusion, chez les patients à faible
risque coronarien, la rosuvastatine
à forte posologie permet une réduction significative de l’épaisseur
intima média.
Commentaires.
Les études ASTEROID et METEOR
permettent d’effondrer le dogme
de « la plaque d’athérome qui
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la progression de la maladie chez
des sujets souffrant d’athérosclérose relativement modérée. Des
études cliniques de morbidité et de
mortalité cardiovasculaire sont évidemment nécessaires pour établir
le bien-fondé d’une stratégie thérapeutique de réduction drastique du
LDLc chez des patients à risque cardiovasculaire élevé voire faible.
Références
1. The ASTEROID trial. JAMA 2006 ; 295 :
1556-65.
2. The METEOR trial. JAMA 2007 ; 297 :
1344-53.
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s’aggrave inéluctablement ». ASTEROID a été menée chez les coronariens, et METEOR chez des patients
avec athérosclérose débutante et
faible risque coronarien. Il est intéressant de constater que l’utilisation
de rosuvastatine à forte posologie
a le potentiel de ralentir ou arrêter
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