Émotions négatives et
maladies coronariennes :
reliées causalement ou
simplement coexistantes ?
Aarhus (Danemark) et Boston (États-Unis)
près William Harvey, un compte
rendu plus récent d’une possible
relation entre les émotions et les mala-
dies cardiovasculaires a été publié en
1871 dans l’American Journal of
Medical Science par William da Costa,
médecin qui servit lors de la guerre
civile américaine. Il avait constaté
qu’un trouble cardiaque pouvait
survenir brutalement chez des soldats
par ailleurs en bonne santé et
dénommé cette condition le “cœur
irritable” (irritable heart). Une autre
description sérieuse de réactions
somatiques en réponse à des trauma-
tismes psychologiques est relatée dans
un livre publié en 1945 par deux
psychiatres, peu après la Deuxième
Guerre mondiale. Des descriptions
ultérieures de réactions à des catas-
trophes naturelles, comme un tremble-
ment de terre, tendaient à renforcer
l’hypothèse selon laquelle des
émotions négatives intenses pourraient
entraîner l’apparition de perturbations
somatiques dont, notamment, des
troubles cardiaques. Par la suite, le
nombre de publications proposant
l’existence d’une relation entre des
émotions négatives et des maladies
coronariennes s’est multiplié. La
plupart décrivaient des relations
temporelles proches entre des événe-
ments traumatiques et des attaques
cardiaques. Ces observations semblaient
corroborer la possibilité de liens bidi-
rectionnels entre les émotions et les
maladies coronariennes : la maladie
cardiovasculaire pourrait se déve-
lopper comme complication de
problèmes émotionnels et, à l’inverse,
les perturbations émotionnelles
peuvent être provoquées par des mala-
dies cardiovasculaires. Toutefois, les
expériences scientifiques sérieuses
menées pour préciser la nature de
telles relations sont difficiles à mettre
en œuvre. D. Smith a analysé les
méthodes et les résultats de 38 publi-
cations de 1966 à 1998, traitant des
relations entre émotions négatives et
maladies coronariennes (Smith D.
Negative emotions and coronary heart
disease : causally related or merely
coexistent ? A review. Scand J
Psychology 2001 ; 42 : 57-69). Des
études rétrospectives ont ainsi
démontré, par exemple, que des
émotions négatives sont souvent
présentes préalablement à la survenue
de la maladie coronarienne. Des
études croisées ont indiqué que des
symptômes de dépression et d’anxiété
sont souvent observés chez des
patients cardiaques. Des études pros-
pectives ont montré que la probabilité
de maladie cardiaque tend à être plus
élevée chez les personnes ressentant
des émotions négatives. Les princi-
paux symptômes d’états émotionnels
négatifs qui paraissent le plus intime-
ment liés avec les maladies cardiaques
sont la nervosité, la tendance à la tris-
tesse, à être facilement fatigué, à être
incisif, à avoir des problèmes de
sommeil, à être habituellement
soucieux et à penser que les autres se
sentiraient mieux si on était soi-même
mort. Selon le Dr Smith, quoique ces
observations tendent à renforcer la
notion d’une relation causale entre les
émotions négatives et les maladies
coronariennes, elles ne fournissent pas
de preuves formelles d’une telle rela-
tion. Une explication alternative des
résultats observés à ce jour pourrait
être que les émotions négatives et les
maladies cardiovasculaires coexistent
simplement.
74
Revue de presse
Revue de presse
n désordre mental provo-
quant de la souffrance, de
l’excès de joie, d’espoir ou d’anxiété,
s’étend au cœur, dont il affecte le
tempérament, et le rythme, provo-
quant une perturbation générale de
la nutrition et de la vigueur”. C’est
en ces termes que William Harvey
décrivait, en 1628, la manière dont il
concevait les liens entre psycho-
pathologie et maladies cardiovas-
culaires. Les maladies coronariennes
sont aujourd’hui la première cause
de décès dans les pays occidentaux
industrialisés. Les risques tradition-
nels (tabac, hypertension, diabète,
obésité, etc.) n’expliquent que 40 %
de la fréquence des maladies corona-
riennes. L’existence de liens entre
émotions et maladies cardiovas-
culaires est suspectée depuis des
siècles mais, jusqu’à récemment, les
preuves convaincantes de cette rela-
tion faisaient défaut. Cependant les
chercheurs restent encore partagés
sur la nature du lien, causal ou de
simple coïncidence, entre émotions
négatives et maladies cardiovascu-
laires. En outre, la relation causale
peut aussi être inverse et les acci-
dents cardiaques peuvent avoir des
conséquences non négligeables du
point de vue psychopathologique ou
cognitif.
“U
Au cœur du problème :
maladies cardiovasculaires
et psychopathologie
E. Bacon
Inserm, Strasbourg
A
AVRIL INT 20/06/02 09:55 Page 74
Act. Méd. Int. - Psychiatrie (19), n° 4, avril 2002
Un autre groupe de chercheurs a
analysé les articles traitant de la rela-
tion entre maladies coronariennes et
émotions publiés de 1980 à 1998. Ils
ont abouti à des conclusions plus tran-
chées. Selon eux, l’implication de
l’anxiété dans l’installation de mala-
dies coronariennes semble la plus
crédible, alors que l’association avec
la colère et l’irritabilité semble plus
limitée mais suggestive. Quoique la
dépression ait été liée de manière
significative à la mortalité consécutive
à un infarctus du myocarde, les argu-
ments en faveur de son rôle dans l’ins-
tallation de la maladie cardiaque
semblent mitigés. Pour ces auteurs, il
apparaît de plus en plus clairement que
des émotions négatives sont suscep-
tibles d’influencer le développement
de maladies coronariennes (Kubzansky
L, Kawachi I. Going to the heart of the
matter : do negative emotions cause
coronary heart disease ? J Psycho-
somatic Research 2000 ; 48 : 323-337).
Mots clé. Maladies coronariennes –
Émotions – Somatisation.
La dépression comme
antécédent dans les
maladies cardiovasculaires :
existe t-il une différence
entre sexes ?
Columbus (États-Unis)
elon une étude de suivi menée sur
12 mois, la dépression ne semble
pas être un état fréquent chez les
patients souffrant de maladies corona-
riennes et les études montrent que
seulement 15 à 22 % d’entre eux
présentent une dépression suite à un
accident cardiaque. Toutefois, chez les
patients souffrant de troubles corona-
riens, la dépression est associée à une
baisse de la survie, tant à court qu’à
long terme. Certains auteurs ont
avancé l’hypothèse selon laquelle le
risque à long terme pourrait provenir
de facteurs qui aggravent l’athérosclé-
rose, comme les perturbations hormo-
nales et la difficulté à respecter un
comportement et un style de vie
recommandés en cas de maladie
cardiovasculaire. La question de savoir
si la dépression peut faciliter la
survenue de maladies cardiovas-
culaires chez des individus a égale-
ment été examinée. Une étude
préliminaire, menée en 1998, indiquait
que la dépression est, chez l’homme,
un prédicteur de maladies corona-
riennes et d’infarctus du myocarde.
Les femmes étant plus sujettes à la
dépression que les hommes, il était
intéressant d’explorer si cette suscepti-
bilité particulière affectait la relation
entre la dépression et les maladies
cardiovasculaires. Les Drs Ferketich et
al. ont testé l’hypothèse selon laquelle
les effets de la dépression sur l’inci-
dence de maladies coronariennes et la
mortalité diffèrent entre les hommes et
les femmes (Ferketich A, Schwartzbaum A,
Frid D et al. Depression as an antece-
dent to heart disease among women
and men in the NHANES I study. Arch
Intern Med 2000 ; 160 : 1261-8). Les
auteurs ont analysé les données de
5007 femmes et 2 886 hommes,
inclus dans la première étude améri-
caine de suivi national concernant la
santé et la nutrition (NHANES I). Au
moment de l’évaluation de départ
(1982-1984), les sujets ne présentaient
aucune maladie cardiovasculaire et ont
rempli une échelle de dépression (la
CES-D, Center for Epidemiologic
Studies Depression Scale). Les sujets
ont été évalués, soit jusqu’à la fin de
l’étude (1992), soit jusqu’à l’appari-
tion d’un trouble coronarien. À partir
de l’incidence des maladies corona-
riennes et de leur mortalité, les auteurs
ont calculé le risque relatif d’incidence
et de mortalité cardiaque chez les
hommes et les femmes dépressifs, en
contrôlant les facteurs de risque stan-
dard (tabac, pauvreté) des maladies
coronariennes. Les résultats montrent
que les femmes de l’étude ont présenté
187 événements cardiaques non létaux
et 137 ayant entraîné la mort, alors que
187 événements non mortels et 129 événe-
ments mortels étaient comptabilisés
chez les hommes. L’incidence de
troubles cardiovasculaires était 1,73 fois
plus élevée chez les femmes dépri-
mées que chez les autres, ce chiffre
atteignant 1,71 chez les hommes.
Aucune incidence de la dépression sur
la mortalité des femmes cardiaques
n’a été mise en évidence. En revanche,
les hommes déprimés avaient un
risque plus élevé de mortalité cardio-
vasculaire par rapport à des hommes
non déprimés, le risque étant multiplié
par 2,3. Les risques standard ayant été
contrôlés, les résultats de cette étude
démontrent l’existence d’une relation
entre la dépression et un risque accru
de maladies cardiovasculaires, tant
chez la femme que chez l’homme, et
cette étude est la première à démontrer
que la dépression est susceptible d’af-
fecter le risque de maladies corona-
riennes chez la femme. L’effet de la
dépression était cependant différent
selon le sexe : des problèmes coronariens
étaient associés à des taux plus élevés
de dépression chez les femmes et, par
ailleurs, la dépression n’avait pas d’inci-
dence sur la mortalité chez ces dernières.
Chez les hommes, la dépression était
associée à des risques coronariens tant
mortels que non mortels.
Contrairement aux chiffres avancés
plus haut, des chercheurs canadiens
considèrent pour leur part que le taux
de dépression chez les cardiaques est
largement sous-estimé, et qu’au moins
30 % de patients hospitalisés pour
maladie coronarienne souffrent de
dépression à des degrés divers. Ils
observent que la dépression est asso-
ciée à des risques accrus de mortalité
et notamment quand la dépression
persiste pendant au moins un an après
la sortie de l’hôpital. En dépit de ses
conséquences graves pour le pronostic
et pour la future qualité de vie des
patients, la dépression est souvent
sous-estimée et non traitée chez les
patients cardiaques (Lespérance F,
Frasure-Smith N. Depression in
patients with cardiac disease : a prac-
tical review. J Psychosomatic
Research 2000 ; 48 : 379-91).
Mots clés. Maladies coronariennes –
Dépression – Mortalité.
75
Revue de presse
Revue de presse
S
AVRIL INT 20/06/02 09:55 Page 75
76
Revue de presse
Revue de presse
Variabilité du rythme
cardiaque dans les
troubles anxieux et
dépressifs
New York (États-Unis)
es perturbations du contrôle auto-
nome du système cardiovasculaire
peuvent être associées à des arythmies
fatales et des maladies coronariennes.
Suite à un infarctus, la réduction de la
variabilité battement par battement du
rythme cardiaque, qui est une mesure
de l’innervation cardiaque autonome,
est un prédicteur puissant des risques
de décès. L’innervation parasympa-
thique augmente la variabilité du
rythme cardiaque, alors que l’innerva-
tion sympathique la diminue. Une
baisse de l’innervation parasympa-
thique ou une augmentation de l’inner-
vation sympathique est susceptible
d’augmenter le risque d’arythmies.
Par ailleurs, une perturbation de l’in-
nervation parasympathique directe,
comme celle observée chez les rece-
veurs de transplantation cardiaque,
perturbe l’inhibition de la variabilité
de la pression sanguine et augmente le
risque de maladie cardiovasculaire.
Les facteurs psychosociaux semblent
affecter le développement et le
pronostic des maladies cardiovas-
culaires. Le rôle du système nerveux
autonome dans les troubles psychia-
triques et cardiaques est étudié par les
psychiatres et les cardiologues. Des
problèmes de variabilité du rythme
cardiaque pourraient fournir une
explication à l’association constatée
entre maladie cardiovasculaire et
trouble panique. La dépression, les
attaques de panique, l’hostilité et
d’autres états émotionnels dyspho-
riques sont associés à une diminution
de la variabilité du rythme cardiaque,
susceptible d’augmenter le risque
d’arythmies fatales et de maladies
coronariennes. Un traitement précoce
de l’anxiété et des troubles dépressifs
pourrait contribuer à prévenir le déve-
loppement d’une comorbidité cardiaque,
ainsi qu’à diminuer les taux de morbi-
dité et de mortalité chez les patients
présentant les deux conditions.
Quoique les antidépresseurs tricy-
cliques réduisent la variabilité du
rythme cardiaque, une étude au moins
a suggéré que, chez les patients
atteints de trouble panique, le traite-
ment avec la paroxétine, inhibiteur de
recapture de la sérotonine, normalise
la variabilité du rythme cardiaque. Il
est donc possible que le traitement des
troubles psychiatriques affecte positi-
vement le développement et le décours
de troubles cardiaques coexistants
(Gorman J, Sloan R. Heart rate varia-
bility in depressive and anxiety disor-
ders. Am Heart J 2000 ; 140 : S77-83).
Mots clés. Dépression – Anxiété –
Trouble panique – Maladie cardio-
vasculaire.
Prévalence de troubles
psychopathologiques chez
des adultes souffrant de
cardiopathies congénitales
Pontypridd (Grande-Bretagne)
armi les anomalies congénitales
sévères, les cardiopathies congéni-
tales sont les plus communes. Un
certain nombre d’études ont suggéré
l’existence de taux élevés de
problèmes psychologiques et compor-
tementaux chez des enfants et des
adolescents souffrant de cardiopathies
congénitales. Ces taux élevés pour-
raient résulter de causes génétiques,
du stress lié aux opérations chirurgi-
cales, de la chronicité de la maladie
et/ou de dommages neurologiques.
Cependant, on dispose de peu de
données concernant les adultes. Cette
étude anglaise s’est attachée à pallier
ce manque en estimant la prévalence
de troubles psychopathologiques chez
des adultes présentant une cardiopa-
thie congénitale (Cox D, Lewis G,
Stuart G, Murphy K. A cross-sectional
study of the prevalence of psychopa-
thology in adults with congenital heart
disease. J Psychosomatic Research
2002 ; 52 : 65-8). Les auteurs ont,
pour ce faire, sélectionné des patients
des deux sexes ayant été soignés dans
un même hôpital du pays de Galles
entre octobre 1996 et septembre 1997.
Quatre-vingt-sept patients souffrant de
cardiopathie ont été comparés à un
groupe de 45 patients ayant été soignés
pour des problèmes orthopédiques.
L’âge des patients cardiaques était
compris entre 17 et 73 ans (âge moyen :
32 ans), et celui des patients contrôles
entre 20 et 70 ans (âge moyen : 41 ans).
Les patients remplissaient deux
échelles : un questionnaire général de
santé (General Health Questionnaire,
GHQ30) et une échelle d’anxiété et de
dépression (Hospital Anxiety and
Depression Scale, HADS). Les
auteurs ont observé une différence
statistiquement significative pour le
score général de santé, les sujets souf-
frant de cardiopathie congénitale
présentant les scores les plus faibles.
Cette différence restait significative
après ajustement pour l’âge et le sexe.
Les scores d’anxiété et de dépression
différaient de la même manière, mais
la différence n’était que marginale-
ment significative (p = 0,07) après
ajustement pour le sexe et l’âge. Les
adultes souffrant de cardiopathie
congénitale présenteraient donc proba-
blement une morbidité psychologique
plus faible que les autres. Ces résultats
corroborent les observations d’un
autre groupe de chercheurs, qui avait
observé des problèmes émotionnels
chez les adolescents, mais pas chez les
jeunes adultes atteints de ce type de
syndrome. Les auteurs invoquent le
mécanisme du déni, ce dernier étant
supposé aider à minimiser la détresse
émotionnelle. Une autre explication
pourrait être que, une fois la chirurgie
réalisée et les hospitalisations liées à
ces maladies congénitales faisant
partie du passé, les patients adultes
s’efforceraient de mener une vie normale.
Les petites difficultés de la vie quoti-
dienne auraient moins d’impact sur
ces patients qui ont survécu à une
chirurgie à haut risque. Toutefois, les
auteurs n’excluent pas un biais de
recrutement dans leur étude, puisque
les patients du groupe contrôle avaient
consulté pour des motifs orthopédique,
susceptibles d’avoir été liés à des événe-
D
P
AVRIL INT 20/06/02 09:55 Page 76
Act. Méd. Int. - Psychiatrie (19), n° 4, avril 2002 77
Revue de presse
Revue de presse
ments traumatisants, comme des accidents
de la route ou du travail. L’interprétation
de ces observations reste donc ouverte
au débat et demande confirmation.
Mots clés. Cardiopathie congénitale –
Dépression – Anxiété.
Base vasculaire de troubles
dépressifs d’installation
tardive
Manchester (Grande-Bretagne)
a dépression chez la personne âgée
est une manifestation plus hétéro-
gène que lorqu’elle survient chez un
individu plus jeune. Le trouble
dépressif d’installation tardive est
associé à des facteurs étiologiques,
cliniques et neurobiologiques spéci-
fiques et semble, en particulier, être lié
de façon significative à des troubles
cardiovasculaires. Cette présentation
clinique particulière a été dénommée
“dépression vasculaire” et les Drs
Baldwin et O’Brien ont passé en revue
la littérature récente sur ce sujet
(Baldwin R, O’Brien J. Vascular basis
of late-onset depressive disorder.
British J Psychiatry 2002 ; 180 : 157-
60). Il s’agissait de mettre en évidence
les associations éventuelles entre la
maladie cardiovasculaire et la dépres-
sion, et entre la maladie cérébrovascu-
laire et la dépression, ainsi que
d’examiner les implications de l’exis-
tence de cette dépression vasculaire
pour la pratique clinique et la
recherche. Les auteurs ont consulté
attentivement la littérature médicale
des cinq dernières années. La dépres-
sion vasculaire peut être diagnostiquée
à partir de la combinaison de plusieurs
éléments : diminution de l’idéation,
augmentation de troubles psychomo-
teurs, apathie, perturbations des fonc-
tions exécutives mises en évidence par
des tests neuropsychologiques et
anomalies visibles à l’examen IRM
des ganglions de la base et de la
substance blanche. L’existence de cette
entité diagnostique a des implications
importantes pour la compréhension de
la pathogenèse, le traitement et la
prévention des troubles dépressifs.
Toutefois, la plupart des arguments
fondés sur le concept de démence
vasculaire semblent de nature associée
plutôt que causale. Par ailleurs, les
études IRM de la substance blanche
ainsi que d’autres anomalies montrent
que la modification pathologique est
hétérogène et n’est pas limitée à la
démence vasculaire. Ces modifica-
tions ne sont pas spécifiques aux
troubles dépressifs chez les personnes
âgées. Enfin, la relation entre la
dépression vasculaire et la démence
est importante mais reste encore mal
comprise. La relation causale pourrait
être bidirectionnelle. L’hypothèse de la
démence vasculaire permet toutefois
d’envisager des interventions théra-
peutiques plus centrées sur la prise en
charge de la maladie cardiaque et
vasculaire. Elle permettra également
l’identification précoce de sujets
susceptibles de développer une
dépression d’installation tardive et de
mettre en place des stratégies desti-
nées autant à la prévention qu’au trai-
tement.
Mots clés. Démence vasculaire –
Maladies cardiovasculaires – Démence –
Dépression tardive.
Démence et perturbations
cognitives trois mois après
un infarctus
Lisbonne (Portugal)
fin d’explorer les capacités cogni-
tives d’une cohorte de survivants
d’un infarctus ischémique ou hémor-
ragique et dans l’intention d’identifier
les déterminants cliniques de perturba-
tions cognitives postinfarctus, une
équipe de chercheurs portugais a
évalué un groupe de 237 patients
admis dans une unité de soins de l’in-
farctus (Madureira S, Guerreiro M,
Ferro J. Dementia and cognititve
impairment three months after stroke.
Eur J Neurology 2001 ; 8 : 621-7).
L’âge moyen des patients était de 59 ans.
Trois mois après l’infarctus, les
patients étaient soumis à une évalua-
tion neuropsychologique qui incluait
le MMSE (Mini-Mental State Examina-
tion), une batterie de tests destinée à
établir les domaines spécifiques de
déficits cognitifs, l’échelle de dépres-
sion de Hamilton (HDRS) et une
échelle de démence (Blessed Dementia
Scale, BDS). Une altération des
performances était observée pour au
moins un domaine chez 55 % des
patients : 27 % d’entre eux présen-
taient des troubles cognitifs autres que
mnésiques, 7 % avaient un déficit de
mémoire spécifique, 9 % présentaient
des déficits cognitifs et mnésiques et
6% souffraient de démence. La
démence était associée au sexe
féminin, à l’âge plus élevé et au niveau
d’éducation plus faible. Les patients
souffrant de troubles de mémoire
étaient les plus âgés, avaient un niveau
d’éducation plus faible et présentaient
plus de lésions gauches que les
patients sans déficit de mémoire. Des
déficits cognitifs étaient donc
fréquents trois mois après l’accident
chez les survivants d’infarctus d’âge
moyen, alors que les cas de démence
étaient plutôt rares.
Mots clés. Infarctus – Démence –
Troubles cognitifs.
Évolution psychologique
de patients ayant entre-
pris une transplantation
cardiaque
Liège (Belgique)
ctuellement, la plupart des
services de transplantation font un
bilan psychologique systématique de
chaque patient souhaitant recevoir un
don d’organe. Ce procédé combine les
aspects psychologiques de la trans-
plantation avec ceux de la chirurgie
cardiaque. Si l’effet favorable de l’in-
tervention psychologique sur la récu-
pération du patient après une opération
ou un infarctus est bien établi, on sait
en revanche peu de chose de l’impact
de l’assistance psychologique et/ou
psychiatrique avant et après une trans-
plantation cardiaque. Une opération
L
AA
AVRIL INT 20/06/02 09:55 Page 77
78
Revue de presse
Revue de presse
aussi sérieuse est en effet susceptible
de générer des complications psycho-
logiques nécessitant une assistance.
Un certain nombre d’études ont
rapporté la présence d’anxiété, de
dépression et de détresse psycholo-
gique pendant la période d’attente
avant la transplantation. Les effets
psychologiques décrits pour la période
consécutive à la transplantation sont
divers et contradictoires. Ils vont
d’une augmentation de l’anxiété et de
la dépression dans les premiers mois
suivie d’une amélioration pour les
deux tiers des patients, jusqu’à des
détériorations de la relation avec
l’époux dans une période de un à cinq
ans après l’opération. Une étude pros-
pective a analysé l’évolution des
scores psychosociaux avant l’opéra-
tion et au cours des six premiers mois
consécutifs chez des patients ayant
bénéficié d’assistance psychologique
et/ou de soutien psychiatrique au cours
du processus de transplantation
(Triffaux J, Wauthy J, Bertrand J et al.
Psychological evolution and assess-
ment in patients undergoing ortho-
topic heart transplantation. Eur
Psychiatry 2001 ; 16 : 180-5). Vingt-
deux candidats à la transplantation ont
bénéficié d’une évaluation psychia-
trique au cours du protocole préopéra-
toire. Les axes I et II du DSM-IV ont
été étudiés. Pendant la période d’at-
tente, puis un et six mois après l’opé-
ration, les patients participaient à un
entretien semi-structuré qui compre-
nait plusieurs questionnaires : l’inven-
taire de dépression de Beck (BDI)
servait d’échelle d’autoévaluation de
la dépression. L’inventaire de Spielberg
de l’anxiété de trait (STAI), dans sa
première partie, évaluait les sensations
transitoires de tension et d’appréhen-
sion, cependant que la section de trait
envisageait l’anxiété en tant que trait
de personnalité stable. Un question-
naire général de santé devait permettre
de mettre en évidence une éventuelle
morbidité psychiatrique bénigne.
L’échelle de Blumenthal était spécifi-
quement destinée à évaluer la percep-
tion de la disponibilité d’un soutien
psychologique (personnel, familial ou
amical) dans le cas de maladie
cardiaque. À cela s’ajoutaient des
mesures de l’alexithymie et un inven-
taire de réactions personnelles. On
observait une prévalence élevée de
troubles psychopathologiques préopé-
ratoires chez 22 des transplantés. Un
diagnostic d’axe I selon le DSM-IV a
été observé chez neuf patients (41 %).
Quatre patients (18 %) présentaient un
diagnostic d’axe II. Un mois après la
transplantation, les scores de dépres-
sion, d’anxiété et de santé s’étaient
significativement améliorés, cepen-
dant que les scores de support social,
d’alexithymie et de désirabilité sociale
n’avaient pas varié. Dans les six mois
consécutifs, tous les scores psycholo-
giques étaient restés stables.
L’intervention chirurgicale avait clai-
rement amélioré la qualité de vie ulté-
rieure des transplantés. Si l’impact de
l’aide psychologique et psychiatrique
reste difficile à estimer, ces résultats
mettent néanmoins en valeur l’impact
positif de la chirurgie sur le statut
psychosocial du patient et le caractère
approprié de l’intervention psychoso-
matique chez des patients envisageant
le processus de transplantation.
Mots clés. Transplantation cardiaque –
Soutien psychologique.
Pour en savoir plus
Valkamo M, Hintikka J, Honkalampi K et
al. Alexithymia in patients with coronary
heart disease. J Psychosomatic Research
2001 ; 50 : 125-30.
Chez les patients souffrant de maladie
coronarienne, l’alexithymie n’était pas
reliée aux facteurs de risque cardiovas-
culaire mais à l’autoévaluation de la
dépression et de la satisfaction de la
vie. L’alexithymie était associée à
l’augmentation de la souffrance
psychologique liée au fait d’être
atteint d’une affection cardiaque.
Massana J, Lopez Risueno J, Masana G
et al. Subtyping of panic disorder patients
with bradycardia. Eur Psychiatry 2001 ;
16 : 109-14.
Les auteurs ont induit une attaque de
panique chez 32 patients souffrant de ce
syndrome en leur injectant une solu-
tion de lactate de sodium (10 cm3/kg).
Les patients se plaignant surtout de
symptômes “cardiorespiratoires” présen-
taient une tachycardie et des sueurs
localisées. À l’inverse, les patients se
plaignant essentiellement de symp-
tômes “pseudoneurologiques” présen-
taient une bradycardie et une
transpiration généralisée.
Yamashita H, Fujikawa T, Yanai I et al.
Cognitive dysfunction in recovered depres-
sive patients with silent cerebral infarc-
tion. Neuropsychobiology 2002 ; 45 : 12-8.
Les auteurs se sont intéressés aux
fonctions cognitives de patients souf-
frant de dépression grave et diagnosti-
qués pour infarctus cérébral silencieux
(grâce à l’IRM). Les fonctions cogni-
tives de ces patients (QI, WAIS-R)
restaient altérées, avec en particulier
un ralentissement important de la
vitesse mentale, même après qu’ils
eurent récupéré de leur dépression.
Van der Shaaf I, Rinkel G, Bossuyt P, van
Gijn J. Quality of life, anxiety and depres-
sion in patients with an untreated intra-
cranial aneurysm or arterious malformation.
Stroke 2002 ; 33 : 440-3.
Selon cette étude hollandaise, le fait
de se savoir atteint d’un anévrisme
intracrânien non occlusif ou d’une
malformation artérioveineuse dimi-
nuerait la qualité de vie des patients,
en particulier dans le domaine psycho-
social, mais n’entraînerait pas de taux
particulièrement plus élevés d’anxiété
ou de dépression.
Le thème de la revue de presse du mois de mai sera :
Maladie de Parkinson et psychopathologie
AVRIL INT 20/06/02 09:55 Page 78
1 / 5 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !