AVRIL INT 20/06/02 09:55 Page 74 “U Au cœur du problème : maladies cardiovasculaires et psychopathologie E. Bacon Inserm, Strasbourg Émotions négatives et maladies coronariennes : reliées causalement ou simplement coexistantes ? Aarhus (Danemark) et Boston (États-Unis) A près William Harvey, un compte rendu plus récent d’une possible relation entre les émotions et les maladies cardiovasculaires a été publié en 1871 dans l’American Journal of Medical Science par William da Costa, médecin qui servit lors de la guerre civile américaine. Il avait constaté qu’un trouble cardiaque pouvait survenir brutalement chez des soldats par ailleurs en bonne santé et dénommé cette condition le “cœur irritable” (irritable heart). Une autre description sérieuse de réactions somatiques en réponse à des traumatismes psychologiques est relatée dans un livre publié en 1945 par deux psychiatres, peu après la Deuxième Guerre mondiale. Des descriptions ultérieures de réactions à des catastrophes naturelles, comme un tremblement de terre, tendaient à renforcer l’hypothèse selon laquelle des émotions négatives intenses pourraient entraîner l’apparition de perturbations somatiques dont, notamment, des troubles cardiaques. Par la suite, le nombre de publications proposant l’existence d’une relation entre des émotions négatives et des maladies coronariennes s’est multiplié. La plupart décrivaient des relations temporelles proches entre des événements traumatiques et des attaques cardiaques. Ces observations semblaient corroborer la possibilité de liens bidirectionnels entre les émotions et les maladies coronariennes : la maladie cardiovasculaire pourrait se développer comme complication de problèmes émotionnels et, à l’inverse, les perturbations émotionnelles peuvent être provoquées par des maladies cardiovasculaires. Toutefois, les expériences scientifiques sérieuses menées pour préciser la nature de telles relations sont difficiles à mettre en œuvre. D. Smith a analysé les méthodes et les résultats de 38 publications de 1966 à 1998, traitant des relations entre émotions négatives et maladies coronariennes (Smith D. Negative emotions and coronary heart disease : causally related or merely coexistent ? A review. Scand J Psychology 2001 ; 42 : 57-69). Des études rétrospectives ont ainsi démontré, par exemple, que des émotions négatives sont souvent présentes préalablement à la survenue de la maladie coronarienne. Des études croisées ont indiqué que des symptômes de dépression et d’anxiété sont souvent observés chez des patients cardiaques. Des études prospectives ont montré que la probabilité de maladie cardiaque tend à être plus élevée chez les personnes ressentant des émotions négatives. Les principaux symptômes d’états émotionnels négatifs qui paraissent le plus intimement liés avec les maladies cardiaques sont la nervosité, la tendance à la tristesse, à être facilement fatigué, à être incisif, à avoir des problèmes de sommeil, à être habituellement soucieux et à penser que les autres se sentiraient mieux si on était soi-même n désordre mental provoquant de la souffrance, de l’excès de joie, d’espoir ou d’anxiété, s’étend au cœur, dont il affecte le tempérament, et le rythme, provoquant une perturbation générale de la nutrition et de la vigueur”. C’est en ces termes que William Harvey décrivait, en 1628, la manière dont il concevait les liens entre psychopathologie et maladies cardiovasculaires. Les maladies coronariennes sont aujourd’hui la première cause de décès dans les pays occidentaux industrialisés. Les risques traditionnels (tabac, hypertension, diabète, obésité, etc.) n’expliquent que 40 % de la fréquence des maladies coronariennes. L’existence de liens entre émotions et maladies cardiovasculaires est suspectée depuis des siècles mais, jusqu’à récemment, les preuves convaincantes de cette relation faisaient défaut. Cependant les chercheurs restent encore partagés sur la nature du lien, causal ou de simple coïncidence, entre émotions négatives et maladies cardiovasculaires. En outre, la relation causale peut aussi être inverse et les accidents cardiaques peuvent avoir des conséquences non négligeables du point de vue psychopathologique ou cognitif. mort. Selon le Dr Smith, quoique ces observations tendent à renforcer la notion d’une relation causale entre les émotions négatives et les maladies coronariennes, elles ne fournissent pas de preuves formelles d’une telle relation. Une explication alternative des résultats observés à ce jour pourrait être que les émotions négatives et les maladies cardiovasculaires coexistent simplement. 74 Revue de presse Revue de presse AVRIL INT 20/06/02 09:55 Page 75 Un autre groupe de chercheurs a analysé les articles traitant de la relation entre maladies coronariennes et émotions publiés de 1980 à 1998. Ils ont abouti à des conclusions plus tranchées. Selon eux, l’implication de l’anxiété dans l’installation de maladies coronariennes semble la plus crédible, alors que l’association avec la colère et l’irritabilité semble plus limitée mais suggestive. Quoique la dépression ait été liée de manière significative à la mortalité consécutive à un infarctus du myocarde, les arguments en faveur de son rôle dans l’installation de la maladie cardiaque semblent mitigés. Pour ces auteurs, il apparaît de plus en plus clairement que des émotions négatives sont susceptibles d’influencer le développement de maladies coronariennes (Kubzansky L, Kawachi I. Going to the heart of the matter : do negative emotions cause coronary heart disease ? J Psychosomatic Research 2000 ; 48 : 323-337). Mots clé. Maladies coronariennes – Émotions – Somatisation. La dépression comme antécédent dans les maladies cardiovasculaires : existe t-il une différence entre sexes ? Columbus (États-Unis) S elon une étude de suivi menée sur 12 mois, la dépression ne semble pas être un état fréquent chez les patients souffrant de maladies coronariennes et les études montrent que seulement 15 à 22 % d’entre eux présentent une dépression suite à un accident cardiaque. Toutefois, chez les patients souffrant de troubles coronariens, la dépression est associée à une baisse de la survie, tant à court qu’à long terme. Certains auteurs ont avancé l’hypothèse selon laquelle le risque à long terme pourrait provenir de facteurs qui aggravent l’athérosclérose, comme les perturbations hormo- nales et la difficulté à respecter un comportement et un style de vie recommandés en cas de maladie cardiovasculaire. La question de savoir si la dépression peut faciliter la survenue de maladies cardiovasculaires chez des individus a également été examinée. Une étude préliminaire, menée en 1998, indiquait que la dépression est, chez l’homme, un prédicteur de maladies coronariennes et d’infarctus du myocarde. Les femmes étant plus sujettes à la dépression que les hommes, il était intéressant d’explorer si cette susceptibilité particulière affectait la relation entre la dépression et les maladies cardiovasculaires. Les Drs Ferketich et al. ont testé l’hypothèse selon laquelle les effets de la dépression sur l’incidence de maladies coronariennes et la mortalité diffèrent entre les hommes et les femmes (Ferketich A, Schwartzbaum A, Frid D et al. Depression as an antecedent to heart disease among women and men in the NHANES I study. Arch Intern Med 2000 ; 160 : 1261-8). Les auteurs ont analysé les données de 5 007 femmes et 2 886 hommes, inclus dans la première étude américaine de suivi national concernant la santé et la nutrition (NHANES I). Au moment de l’évaluation de départ (1982-1984), les sujets ne présentaient aucune maladie cardiovasculaire et ont rempli une échelle de dépression (la CES-D, Center for Epidemiologic Studies Depression Scale). Les sujets ont été évalués, soit jusqu’à la fin de l’étude (1992), soit jusqu’à l’apparition d’un trouble coronarien. À partir de l’incidence des maladies coronariennes et de leur mortalité, les auteurs ont calculé le risque relatif d’incidence et de mortalité cardiaque chez les hommes et les femmes dépressifs, en contrôlant les facteurs de risque standard (tabac, pauvreté) des maladies coronariennes. Les résultats montrent que les femmes de l’étude ont présenté 187 événements cardiaques non létaux et 137 ayant entraîné la mort, alors que 187 événements non mortels et 129 événements mortels étaient comptabilisés Act. Méd. Int. - Psychiatrie (19), n° 4, avril 2002 chez les hommes. L’incidence de troubles cardiovasculaires était 1,73 fois plus élevée chez les femmes déprimées que chez les autres, ce chiffre atteignant 1,71 chez les hommes. Aucune incidence de la dépression sur la mortalité des femmes cardiaques n’a été mise en évidence. En revanche, les hommes déprimés avaient un risque plus élevé de mortalité cardiovasculaire par rapport à des hommes non déprimés, le risque étant multiplié par 2,3. Les risques standard ayant été contrôlés, les résultats de cette étude démontrent l’existence d’une relation entre la dépression et un risque accru de maladies cardiovasculaires, tant chez la femme que chez l’homme, et cette étude est la première à démontrer que la dépression est susceptible d’affecter le risque de maladies coronariennes chez la femme. L’effet de la dépression était cependant différent selon le sexe : des problèmes coronariens étaient associés à des taux plus élevés de dépression chez les femmes et, par ailleurs, la dépression n’avait pas d’incidence sur la mortalité chez ces dernières. Chez les hommes, la dépression était associée à des risques coronariens tant mortels que non mortels. Contrairement aux chiffres avancés plus haut, des chercheurs canadiens considèrent pour leur part que le taux de dépression chez les cardiaques est largement sous-estimé, et qu’au moins 30 % de patients hospitalisés pour maladie coronarienne souffrent de dépression à des degrés divers. Ils observent que la dépression est associée à des risques accrus de mortalité et notamment quand la dépression persiste pendant au moins un an après la sortie de l’hôpital. En dépit de ses conséquences graves pour le pronostic et pour la future qualité de vie des patients, la dépression est souvent sous-estimée et non traitée chez les patients cardiaques (Lespérance F, Frasure-Smith N. Depression in patients with cardiac disease : a practical review. J Psychosomatic Research 2000 ; 48 : 379-91). Mots clés. Maladies coronariennes – Dépression – Mortalité. 75 Revue de presse Revue de presse AVRIL INT 20/06/02 09:55 Page 76 Variabilité du rythme cardiaque dans les troubles anxieux et dépressifs New York (États-Unis) D es perturbations du contrôle autonome du système cardiovasculaire peuvent être associées à des arythmies fatales et des maladies coronariennes. Suite à un infarctus, la réduction de la variabilité battement par battement du rythme cardiaque, qui est une mesure de l’innervation cardiaque autonome, est un prédicteur puissant des risques de décès. L’innervation parasympathique augmente la variabilité du rythme cardiaque, alors que l’innervation sympathique la diminue. Une baisse de l’innervation parasympathique ou une augmentation de l’innervation sympathique est susceptible d’augmenter le risque d’arythmies. Par ailleurs, une perturbation de l’innervation parasympathique directe, comme celle observée chez les receveurs de transplantation cardiaque, perturbe l’inhibition de la variabilité de la pression sanguine et augmente le risque de maladie cardiovasculaire. Les facteurs psychosociaux semblent affecter le développement et le pronostic des maladies cardiovasculaires. Le rôle du système nerveux autonome dans les troubles psychiatriques et cardiaques est étudié par les psychiatres et les cardiologues. Des problèmes de variabilité du rythme cardiaque pourraient fournir une explication à l’association constatée entre maladie cardiovasculaire et trouble panique. La dépression, les attaques de panique, l’hostilité et d’autres états émotionnels dysphoriques sont associés à une diminution de la variabilité du rythme cardiaque, susceptible d’augmenter le risque d’arythmies fatales et de maladies coronariennes. Un traitement précoce de l’anxiété et des troubles dépressifs pourrait contribuer à prévenir le développement d’une comorbidité cardiaque, ainsi qu’à diminuer les taux de morbidité et de mortalité chez les patients présentant les deux conditions. Quoique les antidépresseurs tricycliques réduisent la variabilité du rythme cardiaque, une étude au moins a suggéré que, chez les patients atteints de trouble panique, le traitement avec la paroxétine, inhibiteur de recapture de la sérotonine, normalise la variabilité du rythme cardiaque. Il est donc possible que le traitement des troubles psychiatriques affecte positivement le développement et le décours de troubles cardiaques coexistants (Gorman J, Sloan R. Heart rate variability in depressive and anxiety disorders. Am Heart J 2000 ; 140 : S77-83). Mots clés. Dépression – Anxiété – Trouble panique – Maladie cardiovasculaire. Prévalence de troubles psychopathologiques chez des adultes souffrant de cardiopathies congénitales Pontypridd (Grande-Bretagne) P armi les anomalies congénitales sévères, les cardiopathies congénitales sont les plus communes. Un certain nombre d’études ont suggéré l’existence de taux élevés de problèmes psychologiques et comportementaux chez des enfants et des adolescents souffrant de cardiopathies congénitales. Ces taux élevés pourraient résulter de causes génétiques, du stress lié aux opérations chirurgicales, de la chronicité de la maladie et/ou de dommages neurologiques. Cependant, on dispose de peu de données concernant les adultes. Cette étude anglaise s’est attachée à pallier ce manque en estimant la prévalence de troubles psychopathologiques chez des adultes présentant une cardiopathie congénitale (Cox D, Lewis G, Stuart G, Murphy K. A cross-sectional study of the prevalence of psychopathology in adults with congenital heart disease. J Psychosomatic Research 2002 ; 52 : 65-8). Les auteurs ont, pour ce faire, sélectionné des patients des deux sexes ayant été soignés dans un même hôpital du pays de Galles entre octobre 1996 et septembre 1997. Quatre-vingt-sept patients souffrant de cardiopathie ont été comparés à un groupe de 45 patients ayant été soignés pour des problèmes orthopédiques. L’âge des patients cardiaques était compris entre 17 et 73 ans (âge moyen : 32 ans), et celui des patients contrôles entre 20 et 70 ans (âge moyen : 41 ans). Les patients remplissaient deux échelles : un questionnaire général de santé (General Health Questionnaire, GHQ30) et une échelle d’anxiété et de dépression (Hospital Anxiety and Depression Scale, HADS). Les auteurs ont observé une différence statistiquement significative pour le score général de santé, les sujets souffrant de cardiopathie congénitale présentant les scores les plus faibles. Cette différence restait significative après ajustement pour l’âge et le sexe. Les scores d’anxiété et de dépression différaient de la même manière, mais la différence n’était que marginalement significative (p = 0,07) après ajustement pour le sexe et l’âge. Les adultes souffrant de cardiopathie congénitale présenteraient donc probablement une morbidité psychologique plus faible que les autres. Ces résultats corroborent les observations d’un autre groupe de chercheurs, qui avait observé des problèmes émotionnels chez les adolescents, mais pas chez les jeunes adultes atteints de ce type de syndrome. Les auteurs invoquent le mécanisme du déni, ce dernier étant supposé aider à minimiser la détresse émotionnelle. Une autre explication pourrait être que, une fois la chirurgie réalisée et les hospitalisations liées à ces maladies congénitales faisant partie du passé, les patients adultes s’efforceraient de mener une vie normale. Les petites difficultés de la vie quotidienne auraient moins d’impact sur ces patients qui ont survécu à une chirurgie à haut risque. Toutefois, les auteurs n’excluent pas un biais de recrutement dans leur étude, puisque les patients du groupe contrôle avaient consulté pour des motifs orthopédique, susceptibles d’avoir été liés à des événe- 76 Revue de presse Revue de presse AVRIL INT 20/06/02 09:55 Page 77 ments traumatisants, comme des accidents de la route ou du travail. L’interprétation de ces observations reste donc ouverte au débat et demande confirmation. Mots clés. Cardiopathie congénitale – Dépression – Anxiété. Base vasculaire de troubles dépressifs d’installation tardive Manchester (Grande-Bretagne) L a dépression chez la personne âgée est une manifestation plus hétérogène que lorqu’elle survient chez un individu plus jeune. Le trouble dépressif d’installation tardive est associé à des facteurs étiologiques, cliniques et neurobiologiques spécifiques et semble, en particulier, être lié de façon significative à des troubles cardiovasculaires. Cette présentation clinique particulière a été dénommée “dépression vasculaire” et les Drs Baldwin et O’Brien ont passé en revue la littérature récente sur ce sujet (Baldwin R, O’Brien J. Vascular basis of late-onset depressive disorder. British J Psychiatry 2002 ; 180 : 15760). Il s’agissait de mettre en évidence les associations éventuelles entre la maladie cardiovasculaire et la dépression, et entre la maladie cérébrovasculaire et la dépression, ainsi que d’examiner les implications de l’existence de cette dépression vasculaire pour la pratique clinique et la recherche. Les auteurs ont consulté attentivement la littérature médicale des cinq dernières années. La dépression vasculaire peut être diagnostiquée à partir de la combinaison de plusieurs éléments : diminution de l’idéation, augmentation de troubles psychomoteurs, apathie, perturbations des fonctions exécutives mises en évidence par des tests neuropsychologiques et anomalies visibles à l’examen IRM des ganglions de la base et de la substance blanche. L’existence de cette entité diagnostique a des implications importantes pour la compréhension de la pathogenèse, le traitement et la prévention des troubles dépressifs. Toutefois, la plupart des arguments fondés sur le concept de démence vasculaire semblent de nature associée plutôt que causale. Par ailleurs, les études IRM de la substance blanche ainsi que d’autres anomalies montrent que la modification pathologique est hétérogène et n’est pas limitée à la démence vasculaire. Ces modifications ne sont pas spécifiques aux troubles dépressifs chez les personnes âgées. Enfin, la relation entre la dépression vasculaire et la démence est importante mais reste encore mal comprise. La relation causale pourrait être bidirectionnelle. L’hypothèse de la démence vasculaire permet toutefois d’envisager des interventions thérapeutiques plus centrées sur la prise en charge de la maladie cardiaque et vasculaire. Elle permettra également l’identification précoce de sujets susceptibles de développer une dépression d’installation tardive et de mettre en place des stratégies destinées autant à la prévention qu’au traitement. Mots clés. Démence vasculaire – Maladies cardiovasculaires – Démence – Dépression tardive. Démence et perturbations cognitives trois mois après un infarctus Lisbonne (Portugal) A fin d’explorer les capacités cognitives d’une cohorte de survivants d’un infarctus ischémique ou hémorragique et dans l’intention d’identifier les déterminants cliniques de perturbations cognitives postinfarctus, une équipe de chercheurs portugais a évalué un groupe de 237 patients admis dans une unité de soins de l’infarctus (Madureira S, Guerreiro M, Ferro J. Dementia and cognititve impairment three months after stroke. Eur J Neurology 2001 ; 8 : 621-7). L’âge moyen des patients était de 59 ans. Trois mois après l’infarctus, les patients étaient soumis à une évaluation neuropsychologique qui incluait Act. Méd. Int. - Psychiatrie (19), n° 4, avril 2002 le MMSE (Mini-Mental State Examination), une batterie de tests destinée à établir les domaines spécifiques de déficits cognitifs, l’échelle de dépression de Hamilton (HDRS) et une échelle de démence (Blessed Dementia Scale, BDS). Une altération des performances était observée pour au moins un domaine chez 55 % des patients : 27 % d’entre eux présentaient des troubles cognitifs autres que mnésiques, 7 % avaient un déficit de mémoire spécifique, 9 % présentaient des déficits cognitifs et mnésiques et 6 % souffraient de démence. La démence était associée au sexe féminin, à l’âge plus élevé et au niveau d’éducation plus faible. Les patients souffrant de troubles de mémoire étaient les plus âgés, avaient un niveau d’éducation plus faible et présentaient plus de lésions gauches que les patients sans déficit de mémoire. Des déficits cognitifs étaient donc fréquents trois mois après l’accident chez les survivants d’infarctus d’âge moyen, alors que les cas de démence étaient plutôt rares. Mots clés. Infarctus – Démence – Troubles cognitifs. Évolution psychologique de patients ayant entrepris une transplantation cardiaque Liège (Belgique) A ctuellement, la plupart des services de transplantation font un bilan psychologique systématique de chaque patient souhaitant recevoir un don d’organe. Ce procédé combine les aspects psychologiques de la transplantation avec ceux de la chirurgie cardiaque. Si l’effet favorable de l’intervention psychologique sur la récupération du patient après une opération ou un infarctus est bien établi, on sait en revanche peu de chose de l’impact de l’assistance psychologique et/ou psychiatrique avant et après une transplantation cardiaque. Une opération 77 Revue de presse Revue de presse AVRIL INT 20/06/02 09:55 Page 78 aussi sérieuse est en effet susceptible de générer des complications psychologiques nécessitant une assistance. Un certain nombre d’études ont rapporté la présence d’anxiété, de dépression et de détresse psychologique pendant la période d’attente avant la transplantation. Les effets psychologiques décrits pour la période consécutive à la transplantation sont divers et contradictoires. Ils vont d’une augmentation de l’anxiété et de la dépression dans les premiers mois suivie d’une amélioration pour les deux tiers des patients, jusqu’à des détériorations de la relation avec l’époux dans une période de un à cinq ans après l’opération. Une étude prospective a analysé l’évolution des scores psychosociaux avant l’opération et au cours des six premiers mois consécutifs chez des patients ayant bénéficié d’assistance psychologique et/ou de soutien psychiatrique au cours du processus de transplantation (Triffaux J, Wauthy J, Bertrand J et al. Psychological evolution and assessment in patients undergoing orthotopic heart transplantation. Eur Psychiatry 2001 ; 16 : 180-5). Vingtdeux candidats à la transplantation ont bénéficié d’une évaluation psychiatrique au cours du protocole préopératoire. Les axes I et II du DSM-IV ont été étudiés. Pendant la période d’attente, puis un et six mois après l’opération, les patients participaient à un entretien semi-structuré qui comprenait plusieurs questionnaires : l’inventaire de dépression de Beck (BDI) servait d’échelle d’autoévaluation de la dépression. L’inventaire de Spielberg de l’anxiété de trait (STAI), dans sa première partie, évaluait les sensations transitoires de tension et d’appréhension, cependant que la section de trait envisageait l’anxiété en tant que trait de personnalité stable. Un questionnaire général de santé devait permettre de mettre en évidence une éventuelle morbidité psychiatrique bénigne. L’échelle de Blumenthal était spécifiquement destinée à évaluer la perception de la disponibilité d’un soutien psychologique (personnel, familial ou amical) dans le cas de maladie cardiaque. À cela s’ajoutaient des mesures de l’alexithymie et un inventaire de réactions personnelles. On observait une prévalence élevée de troubles psychopathologiques préopératoires chez 22 des transplantés. Un diagnostic d’axe I selon le DSM-IV a été observé chez neuf patients (41 %). Quatre patients (18 %) présentaient un diagnostic d’axe II. Un mois après la transplantation, les scores de dépression, d’anxiété et de santé s’étaient significativement améliorés, cependant que les scores de support social, d’alexithymie et de désirabilité sociale n’avaient pas varié. Dans les six mois consécutifs, tous les scores psychologiques étaient restés stables. L’intervention chirurgicale avait clairement amélioré la qualité de vie ultérieure des transplantés. Si l’impact de l’aide psychologique et psychiatrique reste difficile à estimer, ces résultats mettent néanmoins en valeur l’impact positif de la chirurgie sur le statut psychosocial du patient et le caractère approprié de l’intervention psychosomatique chez des patients envisageant le processus de transplantation. Mots clés. Transplantation cardiaque – Soutien psychologique. Pour en savoir plus ◗ Valkamo M, Hintikka J, Honkalampi K et al. Alexithymia in patients with coronary heart disease. J Psychosomatic Research 2001 ; 50 : 125-30. Chez les patients souffrant de maladie coronarienne, l’alexithymie n’était pas reliée aux facteurs de risque cardiovasculaire mais à l’autoévaluation de la dépression et de la satisfaction de la vie. L’alexithymie était associée à l’augmentation de la souffrance psychologique liée au fait d’être atteint d’une affection cardiaque. ◗ Massana J, Lopez Risueno J, Masana G et al. Subtyping of panic disorder patients with bradycardia. Eur Psychiatry 2001 ; 16 : 109-14. Les auteurs ont induit une attaque de panique chez 32 patients souffrant de ce syndrome en leur injectant une solution de lactate de sodium (10 cm3/kg). Les patients se plaignant surtout de symptômes “cardiorespiratoires” présentaient une tachycardie et des sueurs localisées. À l’inverse, les patients se plaignant essentiellement de symptômes “pseudoneurologiques” présentaient une bradycardie et une transpiration généralisée. ◗ Yamashita H, Fujikawa T, Yanai I et al. Cognitive dysfunction in recovered depressive patients with silent cerebral infarction. Neuropsychobiology 2002 ; 45 : 12-8. Les auteurs se sont intéressés aux fonctions cognitives de patients souffrant de dépression grave et diagnostiqués pour infarctus cérébral silencieux (grâce à l’IRM). Les fonctions cognitives de ces patients (QI, WAIS-R) restaient altérées, avec en particulier un ralentissement important de la vitesse mentale, même après qu’ils eurent récupéré de leur dépression. ◗ Van der Shaaf I, Rinkel G, Bossuyt P, van Gijn J. Quality of life, anxiety and depression in patients with an untreated intracranial aneurysm or arterious malformation. Stroke 2002 ; 33 : 440-3. Selon cette étude hollandaise, le fait de se savoir atteint d’un anévrisme intracrânien non occlusif ou d’une malformation artérioveineuse diminuerait la qualité de vie des patients, en particulier dans le domaine psychosocial, mais n’entraînerait pas de taux particulièrement plus élevés d’anxiété ou de dépression. Le thème de la revue de presse du mois de mai sera : Maladie de Parkinson et psychopathologie 78 Revue de presse Revue de presse