NewsMTCAVRIL2006-P194-207 8/06/06 15:44 Page 201 Analyse de la cinétique ventriculaire gauche par ventriculographie, IRM cardiaque, échographie cardiaque sans et avec produit de contraste Question évaluée par l’étude Si le potentiel des différentes techniques d’imagerie cardiaque (ventriculographie, IRM cardiaque, échographie cardiaque sans et avec produit de contraste) pour l’évaluation de la fonction systolique du ventricule gauche a été bien évalué, la performance de ces différentes méthodes pour la détection des troubles de la cinétique segmentaire n’a pas été étudiée. Les objectifs de cette étude étaient : - de déterminer pour chaque méthode d’imagerie la variabilité interobservateur dans la détection de trouble de la cinétique segmentaire (TCS), - de déterminer la corrélation entre chaque méthode d’imagerie pour la détection des TCS, - de déterminer la corrélation entre la description de TCS par chacune des méthodes d’imagerie cardiaque et un « standard de vérité » défini par un panel d’experts sur l’analyse des données cliniques, électrocardiographiques, coronarographiques et des données de l’imagerie. Méthodes Huit centres européens ayant une expérience dans ces différentes techniques d’imagerie ont inclus au total 100 patients hospitalisés pour une coronarographie programmée. Le patient devait être stable sur le plan hémodynamique depuis au moins 72 heures et les infarctus du myocarde récents étaient exclus. La ventriculographie comprenait deux incidences (oblique antérieure droite à 30° et oblique antérieure gauche à 60°). Sept segments étaient décrits lors de l’analyse de la ventriculographie. Les échographies cardiaques sans produit de contraste étaient réalisées indépendamment de l’échographie avec contraste. Tous les examens étaient réa- lisés sur le même modèle d’échographe. Le produit de contraste utilisé était le SonoVue®. L’IRM cardiaque n’a été réalisée que dans les 4 centres disposant de cette technique en routine. Seize segments étaient décrits en échocardiographie et en IRM. Pour chaque méthode d’imagerie, une analyse de la cinétique segmentaire était réalisée par un observateur du centre ayant effectué l’examen puis une analyse centralisée par deux experts indépendants était réalisée pour chaque technique. Pour définir un « standard de vérité », deux experts indépendants analysaient les données cliniques, électrocardio- graphiques, coronarographiques et les différents modes d’imagerie cardiaque et s‘accordaient sur l’existence ou non d’un trouble de la cinétique segmentaire. Résultats Cent patients ont été inclus et ont bénéficié d’une ventriculographie, d’une échographie sans et avec produits de contraste. Cinquante-six patients ont aussi eu une IRM cardiaque. Quarantequatre pour cent avaient un antécédent d’infarctus du myocarde, 36 % un antécédent d’angioplastie coronaire et 15 % de pontages aortocoronaires. La coronarographie a permis de décrire une Actualités Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Titre original et référence : Hoffmann R, Bardelen S, Kasprzak JD, et al. Analysis of regional left ventricular function by cineventriculography, cardiac magnetic resonnance imaging and unenhanced and contrast-enhanced echocardiography. J Am Coll Cardiol 2006 ; 47 : 121-8. Tableau 1. Variations interobservateurs pour la détection d’anomalie de la cinétique segmentaire pour chaque technique d’imagerie. Nombre de patients Écho sans contraste Écho avec contraste Ventriculographie IRM 100 100 100 56 Anomalies segmentaires détectées Lecture sur site 64 % 63 % 75 % 62 % Expert 1 67 % 67 % 65 % 55 % Expert 2 63 % 66 % 58 % 86 % Kappa (IC 95 %) 0,41 (0,3-0,52) 0,77 (0,69-0,85) 0,56 (0,45-0,66) 0,43 (0,28-0,58) Tableau 2. Valeur de Kappa pour la détection des TCS par chaque méthode d’imagerie comparée à la présence de TCS définie par le panel d’expert. Écho sans contraste Écho avec contraste Ventriculographie IRM Lecture sur site vs avis des experts 0,79 0,84 0,75 0,89 Expert 1 vs avis des experts 0,52 0,65 0,62 0,75 Expert 2 vs avis des experts 0,57 0,64 0,55 0,31 Kappa (IC 95 %) 0,62 (0,53-0,72) 0,71 (0,63-0,80) 0,61 (0,51-0,71) 0,63 (0,50-0,76) mt cardio, vol. 2, n° 2, mars-avril 2006 201 NewsMTCAVRIL2006-P194-207 8/06/06 15:44 Page 202 Actualités Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Actualités 202 sténose de l’IVA chez 60 % des patients et de la coronaire droite ou de la circonflexe chez 54 %. Variabilité interobservateur dans la détection de TCS pour chaque technique d’imagerie : l’échographie cardiaque avec injection de produit de contraste est la technique qui a la plus faible variabilité interobservateur avec un kappa qui est de 0,77 IC 95 % [0,69-0,85]. Les résultas concernant l’IRM cardiaque sont décevant avec un coefficient kappa de 0,43 IC [0,28-0,58], équivalent aux résultats de l’échographie sans injection de contraste. Les mauvais résultats concernant l’IRM découlent du fait qu’un des experts lors de la lecture centralisée a rapporté un nombre beaucoup plus important de segments myocardiques anormaux (tableau 1). Corrélation entre chaque méthode d’imagerie pour la détection des TCS : L’injection de produit de contraste permet d’augmenter fortement la corrélation avec les autres techniques. Cependant, la corrélation entre les différentes techniques d’imagerie pour la détection de TCS reste mauvaise avec une valeur du coefficient kappa maximale à 0,59 entre échographie avec contraste et ventriculographie. Corrélation entre la description de TCS par chacune des méthodes d’imagerie cardiaque et le « standard de vérité » défini par les experts : Comme il n’existe pas de gold standard pour le diagnostic de TCS, l’analyse par deux experts des données cliniques et paracliniques tentaient de définir une vérité quand à l’existence de TCS pour un patient donné dans un territoire donné. L’échographie de contraste a montré la meilleure corrélation avec l’avis des experts, les résultats de l’IRM restant pénalisé par un des examinateurs qui lors de la relecture centralisée a surdiagnostiqué les TCS (tableau 2). Il est intéressant de noter que la meilleure corrélation avec le « standard de vérité » est obtenue quelle que soit la technique par la lecture sur le site où était réalisé l’examen ce qui amène à s’interroger sur la notion d’expert. On arrive donc à un pourcentage d’exactitude dans la détection de TCS de l’échographie cardiaque sans contraste, l’échographie cardiaque mt cardio, vol. 2, n° 2, mars-avril 2006 avec contraste, la ventriculographie et l’IRM cardiaque respectivement de 82,9 %, 87,2 %, 82,8 % et 84,9 % Résultat essentiel. L’avènement de l’IRM cardiaque qui améliore la visualisation des parois myocardiques ne permet pas d’augmenter la fiabilité de la détection des troubles de la cinétique segmentaire par rapport à l’échographie ou la ventriculographie. La détection de trouble de la cinétique reste quelle que soit la technique très dépendante de l’observateur. Commentaire Les résultats de cette étude montrent que l’échographie cardiaque avec injection de contraste est équivalente voire supérieure à l’IRM pour la détection de troubles de la cinétique segmentaire. Étant donné que l’échographie de contraste est actuellement en France plus accessible et moins onéreuse, il semble logique de privilégier cette technique dans notre pratique quotidienne. Olivier Milleron