Analyse de la cinétique ventriculaire gauche par ventriculographie

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Analyse de la cinétique ventriculaire gauche
par ventriculographie, IRM cardiaque, échographie cardiaque
sans et avec produit de contraste
Question évaluée par l’étude
Si le potentiel des différentes techniques
d’imagerie cardiaque (ventriculographie, IRM cardiaque, échographie cardiaque sans et avec produit de contraste)
pour l’évaluation de la fonction systolique du ventricule gauche a été bien
évalué, la performance de ces différentes
méthodes pour la détection des troubles
de la cinétique segmentaire n’a pas été
étudiée.
Les objectifs de cette étude étaient :
- de déterminer pour chaque méthode
d’imagerie la variabilité interobservateur dans la détection de trouble de la
cinétique segmentaire (TCS),
- de déterminer la corrélation entre
chaque méthode d’imagerie pour la
détection des TCS,
- de déterminer la corrélation entre la
description de TCS par chacune des
méthodes d’imagerie cardiaque et un
« standard de vérité » défini par un panel
d’experts sur l’analyse des données cliniques, électrocardiographiques, coronarographiques et des données de l’imagerie.
Méthodes
Huit centres européens ayant une expérience dans ces différentes techniques
d’imagerie ont inclus au total 100
patients hospitalisés pour une coronarographie programmée. Le patient devait
être stable sur le plan hémodynamique
depuis au moins 72 heures et les infarctus du myocarde récents étaient exclus.
La ventriculographie comprenait deux
incidences (oblique antérieure droite à
30° et oblique antérieure gauche à 60°).
Sept segments étaient décrits lors de
l’analyse de la ventriculographie.
Les échographies cardiaques sans produit de contraste étaient réalisées indépendamment de l’échographie avec
contraste. Tous les examens étaient réa-
lisés sur le même modèle d’échographe.
Le produit de contraste utilisé était le
SonoVue®. L’IRM cardiaque n’a été réalisée que dans les 4 centres disposant
de cette technique en routine. Seize segments étaient décrits en échocardiographie et en IRM.
Pour chaque méthode d’imagerie, une
analyse de la cinétique segmentaire était
réalisée par un observateur du centre
ayant effectué l’examen puis une analyse centralisée par deux experts indépendants était réalisée pour chaque
technique.
Pour définir un « standard de vérité »,
deux experts indépendants analysaient
les données cliniques, électrocardio-
graphiques, coronarographiques et les
différents modes d’imagerie cardiaque
et s‘accordaient sur l’existence ou non
d’un trouble de la cinétique segmentaire.
Résultats
Cent patients ont été inclus et ont bénéficié d’une ventriculographie, d’une
échographie sans et avec produits de
contraste. Cinquante-six patients ont
aussi eu une IRM cardiaque. Quarantequatre pour cent avaient un antécédent
d’infarctus du myocarde, 36 % un antécédent d’angioplastie coronaire et 15 %
de pontages aortocoronaires. La coronarographie a permis de décrire une
Actualités
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Titre original et référence : Hoffmann R, Bardelen S, Kasprzak JD, et al. Analysis of regional left ventricular function by cineventriculography, cardiac magnetic
resonnance imaging and unenhanced and contrast-enhanced echocardiography. J Am Coll Cardiol 2006 ; 47 : 121-8.
Tableau 1. Variations interobservateurs pour la détection d’anomalie de la cinétique segmentaire
pour chaque technique d’imagerie.
Nombre de
patients
Écho sans
contraste
Écho avec
contraste
Ventriculographie
IRM
100
100
100
56
Anomalies segmentaires détectées
Lecture sur site
64 %
63 %
75 %
62 %
Expert 1
67 %
67 %
65 %
55 %
Expert 2
63 %
66 %
58 %
86 %
Kappa
(IC 95 %)
0,41
(0,3-0,52)
0,77
(0,69-0,85)
0,56
(0,45-0,66)
0,43
(0,28-0,58)
Tableau 2. Valeur de Kappa pour la détection des TCS par chaque méthode d’imagerie
comparée à la présence de TCS définie par le panel d’expert.
Écho sans
contraste
Écho avec
contraste
Ventriculographie
IRM
Lecture sur site
vs avis des experts
0,79
0,84
0,75
0,89
Expert 1 vs
avis des experts
0,52
0,65
0,62
0,75
Expert 2 vs
avis des experts
0,57
0,64
0,55
0,31
Kappa
(IC 95 %)
0,62
(0,53-0,72)
0,71
(0,63-0,80)
0,61
(0,51-0,71)
0,63
(0,50-0,76)
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sténose de l’IVA chez 60 % des patients
et de la coronaire droite ou de la circonflexe chez 54 %.
Variabilité interobservateur dans la
détection de TCS pour chaque technique
d’imagerie : l’échographie cardiaque
avec injection de produit de contraste
est la technique qui a la plus faible variabilité interobservateur avec un kappa
qui est de 0,77 IC 95 % [0,69-0,85]. Les
résultas concernant l’IRM cardiaque sont
décevant avec un coefficient kappa de
0,43 IC [0,28-0,58], équivalent aux
résultats de l’échographie sans injection
de contraste. Les mauvais résultats
concernant l’IRM découlent du fait
qu’un des experts lors de la lecture centralisée a rapporté un nombre beaucoup
plus important de segments myocardiques anormaux (tableau 1).
Corrélation entre chaque méthode
d’imagerie pour la détection des TCS :
L’injection de produit de contraste permet d’augmenter fortement la corrélation avec les autres techniques. Cependant, la corrélation entre les différentes
techniques d’imagerie pour la détection
de TCS reste mauvaise avec une valeur
du coefficient kappa maximale à 0,59
entre échographie avec contraste et ventriculographie.
Corrélation entre la description de TCS
par chacune des méthodes d’imagerie
cardiaque et le « standard de vérité »
défini par les experts : Comme il n’existe
pas de gold standard pour le diagnostic
de TCS, l’analyse par deux experts des
données cliniques et paracliniques tentaient de définir une vérité quand à
l’existence de TCS pour un patient
donné dans un territoire donné. L’échographie de contraste a montré la
meilleure corrélation avec l’avis des
experts, les résultats de l’IRM restant
pénalisé par un des examinateurs qui
lors de la relecture centralisée a surdiagnostiqué les TCS (tableau 2). Il est intéressant de noter que la meilleure corrélation avec le « standard de vérité » est
obtenue quelle que soit la technique par
la lecture sur le site où était réalisé l’examen ce qui amène à s’interroger sur la
notion d’expert. On arrive donc à un
pourcentage d’exactitude dans la détection de TCS de l’échographie cardiaque
sans contraste, l’échographie cardiaque
mt cardio, vol. 2, n° 2, mars-avril 2006
avec contraste, la ventriculographie et
l’IRM cardiaque respectivement de
82,9 %, 87,2 %, 82,8 % et 84,9 %
Résultat essentiel. L’avènement de l’IRM
cardiaque qui améliore la visualisation
des parois myocardiques ne permet pas
d’augmenter la fiabilité de la détection
des troubles de la cinétique segmentaire
par rapport à l’échographie ou la ventriculographie. La détection de trouble
de la cinétique reste quelle que soit la
technique très dépendante de l’observateur.
Commentaire
Les résultats de cette étude montrent que
l’échographie cardiaque avec injection
de contraste est équivalente voire supérieure à l’IRM pour la détection de
troubles de la cinétique segmentaire.
Étant donné que l’échographie de
contraste est actuellement en France
plus accessible et moins onéreuse, il
semble logique de privilégier cette technique dans notre pratique quotidienne.
Olivier Milleron
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