Prisonnière-s
NOTE D’INTENTION
Nous naissons empreints du territoire qui nous voit apparaître, pour moi les Pyrénées, la
froideur du dehors, la chaleur du dedans, le silence.
Comme l’évoque Alex Susanna, poète et grand connaisseur de l’œuvre de Jordi Pere
Cerdà :
Ce monde cerdan, vaste, ouvert et fermé, lumineux et ombragé, doux et indompta-
ble, rugueux et suave, violent et serein, terrestre et cosmique, toujours égal à lui-mê-
me et toujours diérent, aussi local qu’universel dans ses propos.
Alex Susanna, directeur de l’Institut Ramon Llull à Barcelone
Préface à la poésie complète de Jordi Pere Cerdà, 2013
Jordi Pere Cerdà accompagne mon parcours depuis 2003. Son écriture m’émeut de
par son essence purement organique. Lors de la création française de Quatre femmes
et le soleil, j’avais voulu rendre hommage aux femmes de la montagne, mes aïeules en
quelque sorte : cette dure carapace qu’on montre en dehors, cachant l’intime des êtres
bien en dedans. C’est avec plaisir que je me suis plongée dans son écriture et que j’ai
partagé avec les comédiennes, puis avec le public, ce vaste monde intérieur et cette soif
de liberté qui jaillissent de ses textes.
Jordi Pere Cerdà nous a légué son œuvre en cadeau, c’est à nous tous de la servir au
mieux.
Avec Prisonnière-s, je souhaite travailler sur l’aliénation des individus. Ce sont particu-
lièrement les femmes qui la subissent dans des sociétés régies par des traditions, des
lois trop anciennes.
An de rendre la parole de Jordi Pere Cerdà plus sensible et contemporaine pour les nou-
veaux publics, je souhaite que nous bâtissions notre projet à la manière d’un palimpseste.
Le travail s’appuiera d’abord sur la pièce Angeleta (1952), mais aussi sur d’autres textes
et poèmes contemporains. Cette mise en relation permettra de faire jaillir les couches
inférieures du texte qui transparaissent en ligrane, de mettre l’accent sur l’organicité de
l’écriture et ainsi de renforcer notre propos.