Amélioration acoustique du gros œuvre au moyen de murs doubles

Les Dossiers du CSTC 2012/2.18 | 1
CT Acoustique
P
Amélioration
acoustique du gros œuvre
au moyen de murs doubles entre
appartements et maisons mitoyennes
Plusieurs concepts de gros œuvre permettent de construire des maisons et des appartements mitoyens dont
le confort acoustique répond aux critères normaux ou supérieurs de la norme NBN S 01-400-1. La réglementa-
tion PEB joue un rôle important dans ces principes constructifs. La solution la plus courante pour satisfaire aux
exigences de la PEB consiste à ériger un double mur entre les logements mitoyens et à remplir la coulisse avec
un isolant thermique. Le présent article explore les différentes solutions acoustiques qui permettent de réaliser
un mur mitoyen constitué de deux parois portantes et d’une coulisse isolée thermiquement. Ces concepts sont
décrits en fin d’article dans des tableaux distincts (un prochain article présentera d’autres possibilités construc-
tives telles que les parois de doublage). Au préalable, nous passerons en revue quelques points sur lesquels
il convient de s’attarder lors de la conception et de l’exécution. Nous expliquerons également les raisons pour
lesquelles certains principes se révèlent plus performants que d’autres sur le plan acoustique.
B. Ingelaere, C. Crispin, L. De Geetere,
M. Van Damme et D. Wuyts, division
Acoustique, CSTC
être utilisées en amont pour élaborer un
projet de construction; elles ont donc un
impact aussi bien au stade de la concep-
tion et de l’étude des détails que durant la
mise en œuvre.
La norme distingue deux niveaux de qua-
lité :
• leconfortacoustiquenormal (CAN),
c’est-à-dire un niveau de qualité mini-
mal destiné à une large majorité d’utili-
sateurs. On estime dans ce cas que plus
de 70 % des occupants seront satisfaits
de l’isolement aux bruits aériens et aux
bruits de choc lorsqu’ils sont exposés à
des nuisances sonores normales
• leconfortacoustiquesupérieur (CAS),
qui est le niveau de qualité le plus élevé
de la norme. Les exigences qui y sont as-
sociées ont pour but d’assurer un confort
acoustique amélioré sur un ou plusieurs
points de la construction (façade, trans-
mission des bruits aériens entre habi-
tations, bruits de choc, bruit des instal-
lations techniques, ...). Ce niveau de
confort est censé procurer un isolement
aux bruits aériens et aux bruits de choc sa-
tisfaisant plus de 90 % des occupants ex-
posés à des nuisances sonores normales.
De telles exigences ne sont d’application
que si l’initiateur du projet (maître d’ou-
vrage, acquéreur, etc.) exprime des sou-
haits spécifiques en ce sens ou si le ven-
deur ou le bailleur s’engage à fournir ce
niveau de qualité aux futurs occupants.
Les tableaux 1 et 2 (p. 2) résument les
exigences d’isolation aux bruits aériens
Tableau 1 Exigences d’isolation aux bruits aériens et aux bruits de choc entre appartements (*).
Local d’émission situé en
dehors de l’habitation
Local de réception situé à
l’intérieur de l’habitation
Confort acoustique normal
(CAN)
Confort acoustique supérieur
(CAS)
Tout type de local
Tout type de local, sauf
un local technique ou un
hall d’entrée
• Isolement aux bruits aériens :
DnT,w 54 dB
• Isolement aux bruits de choc :
L’ nT,w 58 dB
• Isolement aux bruits aériens :
DnT,w 58 dB
• Isolement aux bruits de choc :
L’ nT,w 50 dB
Local d’émission situé à
l’intérieur de l’habitation
Local de réception situé à
l’intérieur de l’habitation
Confort acoustique normal
(CAN)
Confort acoustique supérieur
(CAS)
Chambre à coucher,
cuisine, living ou salle de
bains indépendante de la
chambre à coucher ou du
local de réception
Chambre à coucher,
bureau
• Isolement aux bruits aériens :
DnT,w 35 dB
• Isolement aux bruits de choc :
pas d’exigence
• Isolement aux bruits aériens :
DnT,w 43 dB
• Isolement aux bruits de choc :
L’ nT,w 58 dB
(*) Si le bâtiment voisin n’est pas affecté au logement, des exigences particulières sont à respecter selon le niveau de nuisances sonores émis
dans les locaux contigus (voir la norme NBN S 01-400-1 pour des informations plus détaillées) [8].
Dans le cas du confort acoustique normal, l’exigence de l’isolement aux bruits de choc doit être majorée de 4 dB si le local de réception de
l’appartement considéré est une chambre à coucher et que le local d’émission du logement voisin est une pièce autre qu’une chambre à coucher.
Lorsqu’on contrôle les performances d’un bâtiment achevé, on considère le résultat comme satisfaisant s’il est inférieur à l’exigence de la
norme diminuée de 2 dB. Cette marge est liée aux incertitudes du modèle de prévision et à l’imprécision des techniques de mesure.
1 INTRODUCTION
Entrée en vigueur en 2008, la norme NBN
S 01-400-1 [8] définit des exigences per-
formantielles en matière d’acoustique,
que l’on peut assimiler à des règles de
bonne pratique. Celles-ci s’appliquent à
tous les immeubles d’habitation situés sur
le territoire belge, dont le permis de bâtir
a été introduit après la date de parution de
la norme. Les exigences concernent l’iso-
lation aux bruits aériens et aux bruits de
choc, mais portent également sur l’isola-
tion acoustique des façades et la réduction
du bruit produit par les installations tech-
niques.
Bien que ces prescriptions concernent le
bâtiment achevé, elles peuvent également
2 | Les Dossiers du CSTC 2012/2.18
CT Acoustique
et aux bruits de choc entre appartements
et maisons mitoyennes neuves telles que
définies dans la norme.
La présence de voisins aux étages supé-
rieurs et inférieurs rend la situation des
appartements nettement plus complexe,
car il convient de tenir compte du transfert
des bruits dans le sens vertical, horizontal
et même diagonal. L’isolation aux bruits
de choc entre appartements superposés
est également plus délicate; quant à la
réduction du bruit produit par les instal-
lations, elle requiert une attention particu-
lière. Autrement dit, on risque davantage
d’être dérangé par le bruit lorsqu’on vit
en appartement que dans une maison mi-
toyenne. Par chance, les occupants d’ap-
partements ont tendance à se montrer un
peu moins exigeants sur le plan du confort
acoustique que les personnes habitant une
maison mitoyenne. C’est la raison pour
laquelle l’isolement aux bruits aériens est
moins sévère lorsqu’il s’agit d’immeubles
à appartements.
Le présent article passe en revue six
concepts de gros œuvre qui, à l’instar
d’autres systèmes, permettent de satisfaire
à la fois aux critères de confort acoustique
normaux ou supérieurs et à la réglementa-
tion sur la performance énergétique. Dans
chacune des solutions évoquées, le mur
mitoyen se compose de deux parois por-
tantes séparées par une coulisse remplie
d’un isolant thermique :
• concept 1 : bâtiments avec dalles dis-
continues et murs mitoyens à parois
massives sans ancrages (maçonnerie de
blocs silicocalcaires ou voiles de béton,
par exemple)
• concept 2 : bâtiments avec dalles dis-
continues et murs mitoyens à parois se-
mi-légères sans ancrages (en blocs treil-
Tableau 2 Exigences d’isolation aux bruits aériens et aux bruits de choc des maisons mitoyennes neuves (maisons unifamiliales dont le permis de bâtir a été
introduit après le 28 janvier 2008 et partageant un mur mitoyen sur un ou deux côtés) (*).
Local d’émission situé en
dehors de l’habitation
Local de réception situé à
l’intérieur de l’habitation
Confort acoustique normal
(CAN)
Confort acoustique supérieur
(CAS)
Tout type de local
Tout type de local, sauf un
local technique ou un hall
d’entrée
• Isolement aux bruits aériens :
DnT,w 58 dB
• Isolement aux bruits de choc :
L’ nT,w 58 dB
• Isolement aux bruits aériens :
DnT,w 62 dB
• Isolement aux bruits de choc :
L’ nT,w 50 dB
Local d’émission situé à
l’intérieur de l’habitation
Local de réception situé à
l’intérieur de l’habitation
Confort acoustique normal
(CAN)
Confort acoustique supérieur
(CAS)
Chambre à coucher,
cuisine, living ou salle de
bains indépendante de la
chambre à coucher ou du
local de réception
Chambre à coucher,
bureau
• Isolement aux bruits aériens :
DnT,w 35 dB
• Isolement aux bruits de choc :
pas d’exigence
• Isolement aux bruits aériens :
DnT,w 43 dB
• Isolement aux bruits de choc :
L’ nT,w 58 dB
(*) Si le bâtiment voisin n’est pas affecté au logement, des exigences particulières sont à respecter selon le niveau de nuisances sonores émis
dans les locaux contigus (voir la norme NBN S 01-400-1 pour des informations plus détaillées) [8].
Dans le cas du confort acoustique normal, l’exigence de l’isolement aux bruits de choc doit être majorée de 4 dB si le local de réception de
l’appartement considéré est une chambre à coucher et que le local d’émission du logement voisin est une pièce autre qu’une chambre à coucher.
Lorsqu’on contrôle les performances d’un bâtiment achevé, on considère le résultat comme satisfaisant s’il est inférieur à l’exigence de la
norme diminuée de 2 dB. Cette marge est liée aux incertitudes du modèle de prévision et à l’imprécision des techniques de mesure.
lis ou en blocs de béton, par exemple)
• concept 3 : bâtiments avec dalles dis-
continues, bandes résilientes et murs
mitoyens à parois semi-légères sans
ancrages (en blocs treillis ou en blocs
de béton, par exemple)
• concept4 : immeubles à appartements
avec dalles continues et doubles murs
mitoyens à parois massives (maçonne-
rie de blocs silicocalcaires ou voiles de
béton, par exemple)
• concept 5 : bâtiments avec dalles
continues, bandes résilientes et murs
mitoyens à parois semi-légères sans
ancrages (en blocs treillis ou en blocs
de béton, par exemple)
• concept6 : système industriel constitué
de hourdis.
Afin de faciliter le travail de l’auteur de
projet et la mise en œuvre sur chantier,
chaque concept est décrit dans un tableau
distinct en fin d’article.
Dans la suite du texte, nous nous attache-
rons à expliciter les points suivants :
• transmission des bruits aériens entre
maisons mitoyennes et appartements
juxtaposés (§ 2)
• transmission des bruits aériens entre
appartements superposés (§ 3)
• directives particulières applicables aux
fondations (§ 4)
• directives particulières pour la réalisa-
tion de la jonction avec la toiture (§ 5)
• directives particulières applicables aux
murs intérieurs non porteurs (§ 6)
• réalisation d’une chape flottante pour
atténuer les bruits de choc (§ 7)
• directives particulières pour la mise
en œuvre des bandes résilientes et
contraintes techniques (§ 8)
• directives particulières pour la réalisa-
tion de la jonction avec les façades (§ 9)
• directives particulières applicables aux
murs d’attente et aux murs creux sans
ancrages (§ 10).
2 TRANSMISSION DES BRUITS AÉRIENS
ENTRE MAISONS MITOYENNES ET
APPARTEMENTS JUXTAPOSÉS
2.1 Transmission acousTique direcTe
La transmission directe des bruits aériens
(c’est-à-dire celle qui s’opère à travers
le mur mitoyen) est représentée à la fi-
gure 1 (p. 3) par la flèche ‘Dd’. L’isole-
ment acoustique vis-à-vis de ce mode de
transmission est fortement tributaire de la
manière dont sont reliées les deux parois
composant le mur creux :
• s’il existe des connexions rigides
entre les deux parois (par exemple,
lorsqu’elles sont fixées l’une à l’autre au
moyen de crochets ou de tirants, qu’elles
sont mises en contact par des déchets
ou des balèvres de mortier ou encore
qu’elles sont reliées par des dalles de sol
continues), le mur double se comporte
d’un point de vue acoustique comme
une paroi simple. L’isolation phonique
est alors déterminée en grande partie
par la masse surfacique totale des deux
parois : plus celle-ci est élevée, meil-
leur sera l’isolement aux bruits aériens
directs. Cette situation correspond au
concept de gros œuvre 4, dans lequel
les deux parois massives (par exemple,
2 x 15 cm de blocs silicocalcaires ou
de blocs de béton de masse surfacique
équivalente) sont connectées par la
dalle continue de l’étage supérieur et de
l’étage inférieur. Dans ce cas, l’isole-
ment aux bruits directs est suffisant pour
assurer un confort acoustique normal
• lorsque les deux parois sont totalement
Les Dossiers du CSTC 2012/2.18 | 3
CT Acoustique
Fig. 1 Transmission des bruits aériens
entre maisons mitoyennes ou apparte-
ments juxtaposés.
indépendantes l’une de l’autre, le mur
creux se comporte comme une structure
à double paroi très efficace sur le plan
acoustique. L’isolement aux bruits aé-
riens directs est sensiblement plus élevé
que dans la configuration précédente.
Il est même possible d’envisager un
confort acoustique supérieur, à condi-
tion de réduire la transmission latérale
et/ou les bruits aériens indirects. Cette
situation correspond aux concepts de
gros œuvre 1, 2, 3 et 6, où les bâtiments
sont constitués de murs creux sans an-
crages, de dalles discontinues et d’un
nombre minime de connecteurs rigides,
exception faite du raccord au niveau
des fondations. L’incidence de ce rac-
cord peut toutefois être atténuée en
appliquant les règles énoncées au § 4.
La pose de bandes résilientes au niveau
de la jonction du double mur avec les
dalles continues (concept 5) permet, ici
aussi, de bénéficier d’un certain effet
de double paroi, en dépit du fait que les
dalles se prolongent d’un logement à
l’autre. Il convient toutefois de respec-
ter un certain nombre de conditions :
on limitera autant que possible les
déchets et balèvres de mortier qui
risquent de former des connexions
rigides entre la dalle et le mur (et de
réduire l’effet des bandes résilientes)
la bande périphérique qui assure la dé-
solidarisation entre la chape flottante
et le mur devra être mise en place
avant la couche de nivellement, afin
d’éviter que cette dernière ne crée un
contact rigide
dans l’angle entre le mur porteur et
le plafond, il y a lieu d’interrompre
l’enduit jusqu’à la bande résiliente, le
raccord pouvant être réalisé ultérieu-
rement au moyen d’un produit élas-
tique (à élasticité permanente).
2.2 Transmission laTérale du bruiT aérien
2.2.1 Quentend-on par transmission
latérale du bruit aérien ?
Les parois du mur creux représenté à la
figure 1 étant connectées entre elles au
niveau du plancher et du plafond, elles se
comportent comme une structure à simple
paroi. Dans ce schéma, les différentes
voies de transmission latérale du bruit
aérien sont indiquées par des flèches de
couleur. Pour faciliter la compréhension,
nous avons désigné les parois émettrices
au moyen de lettres capitales et les pa-
rois réceptrices au moyen de minuscules
(selon les normes de la série NBN EN
12354) [2 à 7]. Les murs mitoyens (et les
planchers séparatifs pour la transmission
verticale; voir § 3) sont représentés par les
lettres D et d, les parois latérales par les
lettres F et f. Outre la transmission directe
à travers le mur mitoyen ‘Dd’ évoquée au
§ 2.1, on distingue à chaque nœud (c’est-
à-dire à chaque point d’intersection d’un
mur de refend avec le mur mitoyen) trois
voies de transmission latérale :
• la voie ‘Ff’, qui transfère le bruit depuis
la paroi latérale F du local d’émission
vers la paroi latérale f du local de ré-
ception; cette transmission résulte de la
mise en vibration de la paroi du local
d’émission, qui communique à son tour
les vibrations à la paroi du local de ré-
ception dans lequel le bruit est diffusé
• de même, la voie ‘Fd’ transmet le
bruit depuis la paroi latérale F du local
d’émission vers le mur mitoyen d du
local de réception
• enfin, la voie ‘Df’ diffuse le bruit depuis
le mur mitoyen D du local d’émission
vers la paroi f du côté réception.
Un local délimité par quatre parois se
prolongeant dans le local voisin présente
donc 4 x 3 voies de transmission latérales
du bruit aérien et une voie de transmission
directe (Dd).
2.2.2 Comment atténuer la transmis-
sion latérale du bruit aérien ?
L’isolement des bruits transmis par l’une
ou l’autre voie latérale (‘Ff’, par exemple)
augmente avec la masse surfacique de la
paroi émettrice (paroi transversale F) et de
la paroi réceptrice (paroi f) ainsi qu’avec
l’atténuation KFf produite par la jonction
avec la dalle dans la voie de transmission
considérée. Pour de plus amples détails au
sujet de l’atténuation KFf par les jonctions,
le lecteur se référera à l’article ‘Isolation
acoustique entre locaux : notions prélimi-
naires’, paru en 2001 dans CSTC-Maga-
zine [9].
L’isolement acoustique latéral peut être
amélioré en plaçant une cloison de dou-
blage sur les murs latéraux. Mais les per-
formances seront encore meilleures si
l’on réalise une véritable coupure entre
les deux parois, comme c’est le cas dans
un mur creux sans ancrages (concepts 1
et 2). Cette solution permettra d’entraver
toute possibilité de transmission latérale
du bruit aérien entre maisons mitoyennes
ou entre appartements voisins.
La norme NBN EN 12354-1 [2] propose
plusieurs méthodes de prédétermination
de la transmission du bruit par les voies
latérales.
2.2.3 impaCt des divers ConCepts de
gros œuvre sur la transmission
latérale du bruit aérien
Dans le concept de gros œuvre 4, seules
les dalles s’étendent d’un appartement à
l’autre, les murs mitoyens étant tous in-
terrompus par une cavité intercalaire. La
transmission latérale à travers la dalle est
fortement atténuée par la présence, dans
chaque appartement, d’une chape flot-
tante qui remplit la même fonction qu’une
cloison de doublage. Le choix de maté-
riaux suffisamment massifs pour la dalle
et le mur creux permet d’affaiblir les voies
de transmission latérale ‘Ff’, ‘Df’ et ‘Fd’,
à tel point qu’on peut prétendre au confort
F
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4 | Les Dossiers du CSTC 2012/2.18
CT Acoustique
Fig. 2 D’excellentes valeurs d’isolement peuvent être atteintes (Rw > 65 dB)
avec un mur creux massif en blocs silicocalcaires (masse surfacique
> 250 kg/m²) dont les parois sont exemptes de tout contact rigide.
Fig. 5 Dans les concepts 3 et 5, on peut contrer le transfert des vibrations
au droit du raccord entre la dalle et le mur en sectionnant l’enduit jusqu’à
la bande résiliente à l’aide d’un cutter. Au besoin, l’entaille sera comblée
au moyen d’un mastic élastique ou d’une baguette d’angle.
Fig. 3 On se gardera de créer des ponts acoustiques au niveau des appuis
de hourdis, en particulier lors de la mise en œuvre de la couche de com-
pression. Ces ponts acoustiques peuvent être évités grâce à des profilés
de rive que l’on insère dans la coulisse du mur et qui servent de coffrages
pour la couche de compression. On veillera également à ne pas laisser du
coulis de béton s’introduire dans la coulisse du mur creux (par exemple,
par des interstices entre la laine minérale et les profilés de rive). Pour ce
faire, on obturera soigneusement l’espace entre profilés contigus.
Fig. 4 La mise en place d’une bande résiliente antivibratoire (bande noire
sur la photo) sous le mur semi-léger des concepts 3 et 5 améliore sensi-
blement l’isolement acoustique entre appartements superposés. Pour ne
pas créer de contacts rigides entre les murs en blocs treillis et la structure
sous-jacente, on prolonge jusqu’à la dalle le dispositif périphérique d’iso-
lation contre les bruits de choc (mousse en polyéthylène grisâtre sur la
photo) avant de recouvrir les conduites d’une couche de remplissage.
Photo : CSTC
Photo : CSTC
Photo : CSTC – Maquette Wienerberger
Photo : CSTC – Maquette Wienerberger
Les Dossiers du CSTC 2012/2.18 | 5
CT Acoustique
acoustique normal applicable aux appar-
tements. Ce type de gros œuvre ne sera
cependant pas suffisant dans une maison
mitoyenne, où les exigences acoustiques
sont supérieures de 4 dB.
Grâce aux murs creux sans ancrages et
aux dalles discontinues (concepts 1, 2, 3
et 6), on parvient à éliminer toute trans-
mission latérale du bruit aérien entre ap-
partements juxtaposés. Cette performance
exige néanmoins une mise en œuvre très
minutieuse (figures 2 et 3, p. 4).
Dans le concept 5, les bandes résilientes
disposées entre le mur porteur et la dalle
(tant à la face supérieure qu’en sous-face)
font obstacle à la plupart des bruits aériens
transmis latéralement dans la maison ou
l’appartement d’à côté. Divers détails de
jonction doivent cependant être réalisés
avec soin (figures 4 et 5, p. 4). On peut
même négliger la voie de transmission
‘Ff’ par la dalle, puisqu’elle est neutrali-
sée par la chape flottante. Seule subsiste la
voie ‘Ff’ au travers du plafond, que l’on
peut atténuer en posant une dalle plus
massive ou un plafond suspendu.
3 TRANSMISSION DU BRUIT AÉRIEN
ENTRE APPARTEMENTS SUPERPOSÉS
La figure 6 schématise les différentes pos-
sibilités de transmission du bruit aérien
entre appartements superposés.
Fig. 6 Voies de transmission possibles
du bruit aérien entre appartements
superposés.
3.1 Transmission direcTe du bruiT aérien
En Belgique, la chape flottante est de
ri gueur dans les immeubles à apparte-
ments. Si le gros oeuvre est conçu selon
les concepts 1 à 5, la voie de transmission
directe du bruit traverse donc une double
paroi qui comprend la dalle porteuse (et sa
couche de remplissage) ainsi que la chape
flottante, désolidarisées l’une de l’autre
par une sous-couche résiliente.
On peut optimiser l’isolement aux bruits
aériens directs en optant pour une dalle
porteuse plus massive et des sous-couches
aux propriétés résilientes améliorées. Le
caractère résilient d’une sous-couche
s’exprime par la grandeur Lw, dite réduc-
tion du niveau de bruit de choc pondéré.
Plus cette valeur est élevée, meilleure est
la performance acoustique [10].
Le concept de gros œuvre 6 est une solu-
tion globale proposée par un fabricant.
Le système se compose de deux hourdis
superposés, reliés par une simple bande
résiliente. Cette structure fait fonction de
complexe acoustique à double paroi et
génère d’excellentes valeurs d’isolement
aux bruits de choc et aux bruits aériens.
3.2 Transmission laTérale du bruiT aérien
Dans le concept de structure 6, la trans-
mission du bruit aérien vers l’appartement
de l’étage supérieur est négligeable.
Pour ce qui est des concepts 1 à 5, nous
ne nous attarderons que sur la transmis-
sion latérale du bruit aérien vers l’appar-
tement des étages supérieur et inférieur,
étant donné que le raisonnement inverse
est rigoureusement le même. Comme
dans le cas des appartements juxtaposés,
on distingue à chaque nœud, c’est-à-dire
à chaque point d’intersection de la dalle
avec le mur en butée, trois voies de trans-
mission latérale (‘Df’, ‘Fd’ et ‘Ff’).
La transmission par la voie ‘Fd’ entre
l’appartement du haut et celui du bas
est infime puisque la chape flottante a le
même effet qu’une cloison de doublage.
Cette exécution confère non seulement
une bonne isolation aux bruits de choc,
mais joue également un rôle essentiel
dans l’isolement aux bruits aériens.
La transmission par les voies ‘Df’ et ‘Fd’
est déterminée, quant à elle, par la masse
surfacique des parois du mur creux et du
plafond : plus celles-ci sont massives, plus
l’isolation acoustique est performante.
L’atténuation du bruit à la jonction du
nœud n’est pas sans importance dans cette
transmission.
Pour que l’atténuation due à la jonction
sur la voie ‘Ff’ soit efficace, il est néces-
saire que les dalles prennent appui sur les
murs porteurs, à défaut de quoi on favo-
risera une transmission latérale ‘Ff’ du
bruit aérien et les exigences acoustiques
risquent de ne pas être satisfaites.
Compte tenu de ce qui précède, on peut
affirmer que les structures constituées de
murs creux massifs (concepts 1 et 4) et
de dalles massives se révèlent très perfor-
mantes d’un point de vue acoustique.
Dans des structures plus légères, la trans-
mission latérale ‘Df’ et ‘Ff’ pénalise
fortement l’isolement acoustique. Cette
contre-performance peut être corrigée par
des cloisons de doublage ou des dalles
très massives (> 650 kg/m²), à l’instar
du concept 2. On sait en effet que l’iso-
lement aux bruits transmis par les voies
‘Ff’ et ‘Df’ est d’autant plus performant
que la masse surfacique moyenne est éle-
vée et/ou que l’atténuation par les jonc-
tions est optimale. La masse surfacique
plus élevée de la dalle conduit d’ailleurs,
elle aussi, à une amélioration sensible de
l’atténuation apportée par les jonctions
(en particulier pour la voie ‘Ff’).
Une solution moins coûteuse et peu en-
combrante consiste à poser une bande ré-
siliente entre la dalle et les murs porteurs.
Ce principe a d’ailleurs été retenu pour les
concepts 3 et 5. Dans ce dernier cas, on
a également inséré une bande résiliente
sous la dalle.
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