revue Virologie 2011, 15 (2) : 87-99 Les interactions complexes entre le virus de l’immunodéficience humaine et les macrophages Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Anna Bergamaschi Annie David Gianfranco Pancino Institut Pasteur, unité de régulation des infections rétrovirales, 25, rue du Docteur-Roux, 75015 Paris, France <[email protected]> Résumé. Les macrophages sont des cellules du système immunitaire qui constituent, avec les lymphocytes T, des cibles majeures du virus de l’immunodéficience humaine (VIH), l’agent pathogène responsable du sida. Les macrophages jouent un rôle crucial dans la pathogénèse de l’infection, depuis l’entrée du virus dans les muqueuses jusqu’à sa propagation dans les différents tissus, notamment dans le système nerveux central, et contribuent à la formation des réservoirs viraux. La réplication du VIH dans les macrophages présente des aspects communs avec celle dans les lymphocytes, mais aussi des différences, et implique un grand nombre d’interactions entre les protéines virales et des facteurs cellulaires nécessaires à chaque étape du cycle viral. En revanche, plusieurs protéines cellulaires agissent comme des facteurs de restriction pour le virus, en inhibant différentes phases de sa réplication. Dans cette revue, nous faisons un bilan des connaissances actuelles sur le cycle réplicatif du VIH dans les macrophages et nous décrivons le rôle clé de certains facteurs cellulaires impliqués dans le contrôle de la réplication du virus spécifiquement dans ces cellules. Mots clés : VIH, macrophages, cycle réplicatif, facteurs cellulaires, sida Abstract. Macrophages are cells of the immune system that, with T lymphocytes, are major target for HIV, the pathogen responsible for AIDS. Macrophages play a relevant role in the pathogenesis of the infection, from the entry of the virus through the mucosa to its spreading in body tissues, especially the central nervous system, and contribute to the formation of viral reservoirs. The replication of HIV in macrophages presents similarities but also some differences compared to that in lymphocytes, and requires a number of interactions between viral and host proteins essential for each step of the viral cycle. Nevertheless, many cellular proteins act as restriction factors against the virus, inhibiting different phases of its replication. In this review, we summarise the up-to-date knowledge of the replication cycle of HIV in macrophages and we describe the key role of certain cellular factors implicated in the control of its replication specifically in these cells. Key words: HIV, macrophages, replication cycle, cellular factors, AIDS doi:10.1684/vir.2011.0400 Introduction Les macrophages contribuent à la réponse immune aux agents pathogènes et jouent un rôle fondamental dans le contrôle des infections, en éliminant directement les pathogènes et en secrétant des cytokines capables d’inhiber leur réplication et d’activer la réponse immune innée et Tirés à part : G. Pancino Virologie, Vol 15, n◦ 2, mars-avril 2011 adaptative. Toutefois, les macrophages sont permissifs à l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), notamment par le VIH-1 qui est responsable de la pandémie mondiale du sida, et ils ont un rôle majeur dans la dissémination et la persistance de ce virus. Ces cellules, présentes aux sites d’infection, sont une des premières cibles des variants infectieux du VIH-1 qui sont majoritairement macrophage-tropiques (virus R5, utilisant le récepteur aux chimiokines CCR5 pour l’infection). Le cycle de réplication du VIH-1 dans les macrophages présente des différences 87 Pour citer cet article : Bergamaschi A, David A, Pancino G. Les interactions complexes entre le virus de l’immunodéficience humaine et les macrophages. Virologie 2011; 15(2) : 87-99 doi:10.1684/vir.2011.0400 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. revue importantes par rapport à celui ayant lieu dans les lymphocytes T CD4+ , qui sont l’autre cible majeure du VIH-1, depuis l’entrée du virus jusqu’à son assemblage et sa sortie (voir ci-dessous). Contrairement aux lymphocytes T CD4+ , les macrophages infectés sont particulièrement résistants aux effets cytotoxiques du virus et accumulent de grandes quantités de virus sans être détruits. Ainsi, les macrophages servent de sanctuaire au virus, en lui permettant d’échapper à l’immunosurveillance, et sont des vecteurs pour l’infection des cellules environnantes. Pendant les premières phases de l’infection, les monocytes circulants et les macrophages situés dans les tissus contribuent à la dissémination du virus, notamment dans des organes comme le cerveau, et à l’établissement des réservoirs viraux. Au cours des phases tardives, les macrophages peuvent supporter un fort niveau de réplication du VIH-1, surtout dans les phases symptomatiques du sida alors que le nombre de lymphocytes T CD4+ est sévèrement diminué, et que les infections opportunistes s’installent. La latence du VIH-1 et la persistance des réservoirs viraux sont à présent l’obstacle majeur à l’éradication de l’infection. La compréhension des mécanismes cellulaires et moléculaires impliqués dans les relations VIH-macrophages est donc fondamentale pour le développement de nouvelles stratégies thérapeutiques. Cette revue résume les connaissances sur l’infection des macrophages par le VIH-1 en ciblant particulièrement les interactions virus/cellule au cours du cycle de réplication virale. L’infection des monocytes et macrophages par le VIH-1 Les monocytes, qui représentent 5 à 10 % des cellules mononuclées circulantes, dérivent de précurseurs myéloïdes dans la moelle osseuse. Après avoir circulé pendant quelques jours, les monocytes migrent dans les différents tissus et se différencient en macrophages tissulaires matures [1]. Les macrophages tissulaires présentent une grande variabilité phénotypique, ce qui a donné lieu à diverses nomenclatures, par exemple, les cellules microgliales dans le cerveau, les macrophages alvéolaires dans le poumon et les cellules de Kupffer dans le foie. Bien que les monocytes non différenciés se montrent résistants à l’infection par le VIH in vitro, de l’ADN viral a été détecté dans les monocytes circulants des patients infectés [2]. Plusieurs indices sont en faveur d’une réplication active du VIH-1 dans les monocytes in vivo : la détection d’ARNm viraux et de formes nucléaires non intégrées du VIH-1, considérés comme des marqueurs de réplication récente, l’isolement de virus réplicatifs à partir de monocytes de patients, y compris de patients sous thérapie antirétrovirale (ARV), et des signes 88 de l’évolution des séquences virales dans les compartiments monocytaires [3-5]. Il est par conséquent probable que les monocytes puissent s’infecter dans la circulation sanguine, ou, au stade de précurseurs, dans la moelle osseuse dans un contexte d’activation immunitaire, suite à une exposition à des stimuli favorisant l’infection [6] (figure 1). Dans le sang, les monocytes sont sensibles aux stimulations de la part d’une grande variété de cytokines qui modifient leur phénotype, leur fonction et l’expression de certains marqueurs de surface comme le CD14 et le CD16. En particulier, chez les sujets infectés par le VIH, une population de monocytes qui expriment de forts niveaux de CD16 (le récepteur pour les immunoglobulines G RFc␥IIIA) est amplifiée, jusqu’à 40 % des monocytes totaux par rapport à 10 % chez les sujets sains [7]. Cette population de monocytes CD16+ , qui sécrète des cytokines pro inflammatoires, et présente un profil transcriptionnel plus proche de celui des macrophages et des cellules dendritiques (DC) que la population de monocytes CD16- , est sensible à l’infection par le VIH-1 in vivo et in vitro [8, 9]. Cette susceptibilité de la population CD16+ pourrait être expliquée en partie par une forte expression du corécepteur CCR5 et par son profil « proinflammatoire ». Les macrophages peuvent présenter des polarisations phénotypiques différentes selon leurs fonctions et localisation tissulaire (encadré 1). L’hétérogénéité en termes de morphologie, phénotype et fonction des macrophages tissulaires dépend probablement du microenvironnement spécifique de chaque tissu et, au cours de l’infection, des conditions inflammatoires. Une fois que les monocytes infectés s’infiltrent dans les tissus, la réplication virale peut être réactivée lors de la différenciation en macrophages et conduire à une forte production de virus. Les macrophages peuvent également s’infecter au sein des tissus par contact avec le virus ou avec des cellules infectées, aussi bien comme macrophages tissulaires résidents que lors d’une migration vers une zone d’inflammation (figure 1). La permissivité des macrophages à l’infection par le VIH varie beaucoup selon leur localisation tissulaire. Les différents contextes cytokiniques et d’autres facteurs peuvent être à la base de la différence de susceptibilité des macrophages du poumon, du cerveau, du tractus gastro-intestinal et génital. Des travaux ont montré que des macrophages sous-épithéliaux purifiés à partir des muqueuses cervicale et vaginale sont permissifs à l’infection par les souches R5 du VIH, ce qui suggère que ces cellules pourraient représenter une cible préférentielle du virus dans le tractus génital féminin [17]. En revanche, les macrophages intestinaux du jéjunum ne sont pas sensibles à l’infection par le VIH [17]. La raison de cette différence peut être liée à la très faible expression du récepteur CD4 et du corécepteur CCR5 à la surface des Virologie, Vol 15, n◦ 2, mars-avril 2011 revue Organes lymphoides secondaires Cerveau Microglia Mφ des tissus lymphoides Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Poumons ? Mφ alvéolaires Pré-monocyte Monocyte CD16 + Mφ muqueux Mφ muqueux Moelle osseuse Muqueuse vaginale Intestin Figure 1. Modèle d’infection de monocytes et macrophages et dissémination dans les tissus. La présence dans la circulation sanguine de monocytes infectés a été détectée. Toutefois on ne sait pas où et comment les monocytes, qui sont résistants à l’infection in vitro, sont infectés. Les précurseurs des monocytes dans la moelle osseuse pourraient être infectés par le VIH1 avant de passer dans la circulation ou être infectés dans le sang. La population de monocytes CD16+ est particulièrement susceptible au VIH-1 et possède une grande capacité de migrer vers la périphérie et joue probablement un rôle important dans la dissémination du virus au cerveau et à d’autres organes. Lors de leur migration dans les tissus, les monocytes, infectés ou non, se différencient en macrophages. Les populations de macrophages sont hétérogènes et différentes selon la localisation tissulaire, elles constituent par exemple les cellules microgliales dans le cerveau, les macrophages alvéolaires dans les poumons ou muqueux dans l’intestin ou le vagin. Dans les compartiments périphériques et dans les organes lymphoïdes secondaires les macrophages peuvent être infectés après exposition au virus ou contact avec des cellules infectées. Plusieurs stimuli endogènes ou exogènes (cytokines, chimiokines, parasites) modulent la réplication du VIH-1 dans les monocytes et les macrophages et contribuent à déterminer la latence ou la réplication active du virus. macrophages intestinaux, associée à un microenvironnement cytokinique riche en IL-10 et transforming growth factor  (TGF-) et à la présence de fortes concentrations de lipopolysaccharides (LPS) bactériens [17, 18], ce qui pourrait limiter l’entrée virale. Toutefois, la susceptibilité des macrophages du tractus intestinal à l’infection peut varier selon leur localisation (dans le jéjunum, dans le colon ou dans le rectum), et selon les niveaux d’inflammation locale [19]. Les principaux types cellulaires infectés dans le système nerveux central (SNC) sont les macrophages périvasculaires et les cellules microgliales [20-22]. Toutefois, même si l’entrée du VIH dans le cerveau a lieu précocement Virologie, Vol 15, n◦ 2, mars-avril 2011 pendant l’infection aiguë, l’ARN viral y est presque indétectable pendant les phases asymptomatiques de la maladie. Cela suggère un contrôle rapide et efficace de l’infection virale dans le SNC qui rendrait l’infection des cellules microgliales latente au cours de la phase asymptomatique du sida. De la même façon, dans les macrophages alvéolaires, qui représentent la principale population cellulaire infectée par le VIH dans les poumons, les niveaux d’ARN viral sont très faibles ou indétectables [23]. Dans ce tissu aussi on observe donc un contrôle rapide de l’infection productive [24]. Néanmoins, la réplication virale dans ces cellules peut être réactivée par une stimulation in vitro avec le granulocyte-macrophage colony stimulating factor 89 revue Encadré 1 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Macrophages, polarisation et infection Au cours de la réponse immunitaire aux pathogènes, les macrophages sont dirigés vers différentes formes d’activation par l’environnement cytokinique et par les signaux microbiens. Notamment, l’interféron ␥ (IFN␥) et l’interleukine 4 (IL-4) activent différents programmes fonctionnels qui induisent un profil M1 (classique) ou M2 (alternatif) respectivement [10]. Les macrophages polarisés M1 sont impliqués dans la résistance aux pathogènes intracellulaires, la destruction des tissus endommagés et la résistance aux tumeurs. Au contraire, les macrophages M2 (qui comprennent un large éventail de cellules avec des caractéristiques précises et nommées M2a, M2b, M2c) sont généralement impliqués dans la réparation et le remodelage des tissus, dans la résistance aux microbes, dans l’immunorégulation et favorisent l’angiogénèse et l’infiltration des tumeurs. Il a été suggéré que, en conditions normales, en raison des niveaux élevés de macrophage colony stimulating factor (M-CSF) dans le plasma, les monocytes circulants sont prédisposés à un phénotype M2, et destinés à la réparation des tissus [11]. Cette deuxième classe de macrophages, localisés surtout dans les sites d’entrée des pathogènes, possède une grande activité antibactérienne mais produit de faibles niveaux de cytokines pro-inflammatoires, afin de limiter une inutile sur-stimulation du système immunitaire. La demi-vie de ces cellules est généralement longue : quelques semaines pour les macrophages intestinaux, plusieurs mois pour les macrophages alvéolaires et des années pour les cellules microgliales. Au contraire, les macrophages M1 qui sont recrutés au site d’inflammation en phase aiguë stimulent très fortement le processus inflammatoire et sont ensuite rapidement éliminés [12]. Les mécanismes moléculaires à la base des différents programmes de maturation des macrophages sont jusqu’à présent inconnus. Des études récentes suggèrent que l’activation de certaines voies de signalisation, telles celles des récepteurs Toll-like (ou TLR), des phosphatases SHIP, ainsi que le remodelage de la chromatine, pourraient jouer un rôle important dans la polarisation [13, 14]. L’hétérogénéité des phénotypes dérivés de la polarisation des macrophages peut influencer fortement la permissivité au virus et l’efficacité de la réplication virale chez les sujets infectés. In vivo, le VIH-1, comme d’autres virus, induit une polarisation des macrophages de type M1, en facilitant ainsi la production des cytokines qui favorisent la réplication du virus et le dommage tissulaire. Toutefois, in vitro, la polarisation induite par certaines cytokines avant l’infection semble diminuer fortement la réplication du virus. Notamment, la stimulation par IFN␥ et TNF␣ (tumor necrosis factor ␣) induit un phénotype M1 associé à une forte diminution de l’expression du récepteur CD4, une sécrétion importante des ligands du CCR5, un blocage du cycle réplicatif du virus dans les phases pré-intégratives et une diminution de la synthèse d’ADN viral [15]. Au contraire, la stimulation par IL-4 promeut une polarisation M2a associée à une suppression prolongée de la réplication virale, probablement due à un blocage post-transcriptionnel [12]. De plus, des études récentes suggèrent que la polarisation des macrophages pourrait être un phénomène réversible et transitoire, dépendant de l’environnement cytokinique [12, 16]. Cela pourrait expliquer pourquoi les macrophages infectés au niveau des tissus, et normalement résistants aux effets cytotoxiques du virus, traversent des phases alternées de latence et de production virale très efficace. (GM-CSF), le TNF␣ et remarquablement par Mycobacterium tuberculosis et ses composants [25]. Les coinfections opportunistes induisent également de très hauts niveaux de réplication du VIH-1 dans les macrophages alvéolaires chez les patients VIH-1 [26]. Divers mécanismes concourent probablement au contrôle rapide de la réplication du VIH-1 dans les macrophages pulmonaires et du système nerveux central. Un mécanisme potentiel a été proposé récemment et a été corroboré par le modèle d’infection du Macaque Rhésus par le virus de l’immunodéficience simien (SIV). L’infection aiguë par le VIH et le SIV induit une forte production d’interféron  (IFN) dans ces tissus. L’IFN inhibe la réplication du VIH-1 à différentes étapes. En particulier, l’IFN induit l’expression de l’isoforme inhibitrice du facteur de transcription C/EBP (CCAAT enhancer 90 binding protein ), une protéine de 16 kDa qui supprime la transcription des gènes viraux à partir du promoteur LTR (long terminal repeat) (voir ci-dessous) [27]. Dans les phases avancées de l’infection, des infections opportunistes et l’environnement inflammatoire qui les accompagne supprime l’expression de la forme inhibitrice de C/EBP, induit la forme activatrice de C/EBP et réactive la réplication virale [28]. L’inflammation au niveau intestinal chez les macaques infectés par SIV a aussi été associée à une forte expression de l’isoforme activatrice de C/EBP dans les macrophages de la muqueuse du colon et du jéjunum, ce qui pourrait donc contribuer à la réplication du virus dans ces cellules [19]. D’autres mécanismes de régulation transcriptionelle ou post-transcriptionnelle de la réplication du VIH dans les macrophages, telle que l’inhibition de la Virologie, Vol 15, n◦ 2, mars-avril 2011 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. revue production virale causée par l’uPA (urokinase-type plasminogen activator) pourraient contribuer à la latence du VIH-1 dans le cerveau (voir ci-dessous). La perte du contrôle de la réplication du VIH-1 dans le système nerveux central a été corrélée avec la dérégulation du système uPA et de son récepteur uPAR [29]. Celui ci est exprimé à la surface des lymphocytes T, des monocytes et des macrophages, et régule des fonctions comme l’adhésion, la prolifération et l’activation cellulaire. Les concentrations de la forme soluble de uPAR (suPAR) dans le liquide cérébrospinal sont corrélées avec les niveaux d’ARN du VIH-1 et les concentrations de suPAR, uPA et de complexes suPAR/uPA sont plus élevées chez des patients présentant une démence associée au sida ou des infections opportunistes du SNC, que chez des patients asymptomatiques [29, 30]. Le cycle réplicatif du VIH-1 dans les macrophages Le cycle réplicatif du VIH dans les macrophages a été étudié essentiellement dans des lignées monocytaires et dans des macrophages dérivés des monocytes (MDM) (encadré 2). La permissivité des MDM à l’infection peut varier selon les conditions expérimentales, et notamment selon la méthode de préparation et de culture des macrophages. En outre, on observe une grande variabilité dans les niveaux de réplication dans les MDM selon les individus, et cela a été attribué à des facteurs génétiques de l’hôte [31]. Malgré ces limites, une grande quantité de données expérimentales montre que le cycle de réplication du VIH-1 dans les macrophages présente des différences par rapport à celui dans les lymphocytes T CD4+ (figure 2). L’infection des macrophages par certaines souches de VIH-1 lymphotropiques (ou X4), qui utilisent le corécepteur CXCR4, est moins efficace que l’infection par des souches R5. Les résultats peuvent néanmoins varier selon l’isolat primaire ou la souche utilisés (primaire ou de laboratoire) [32]. Bien que certaines études aient suggéré qu’une petite fraction de MDM puisse proliférer, les macrophages en culture, contrairement aux lymphocytes, ne se divisent pas et le transport nucléaire des complexes de pré-intégration (PIC) a lieu par un transport actif à travers une membrane nucléaire intacte [33, 34]. Après l’intégration de l’ADN viral dans le génome de l’hôte, certains facteurs cellulaires nécessaires pour la transcription des gènes du VIH-1, comme par exemple C/EBP et AP1 sont essentiels dans les macrophages mais pas dans les cellules T [35]. Enfin, dans les macrophages, l’assemblage et le bourgeonnement de nouvelles particules virales s’effectuent dans des compartiments vésiculaires plutôt qu’à la membrane cellulaire comme dans les lymphocytes [36] (figure 3). Virologie, Vol 15, n◦ 2, mars-avril 2011 Encadré 2 Méthodes de préparation des macrophages humains Il existe différentes méthodes de préparation des macrophages humains à partir de prélèvements sanguins. Les cellules mononuclées du sang (PBMC) sont isolées, soit selon leur densité par centrifugation en gradient de densité, soit selon leur taille par élutriation, c’est-à-dire par une centrifugation à contre courant. À partir de ces cellules mononuclées les monocytes peuvent être isolés de deux façons : – grâce à leur propriété d’adhérence au plastique, les PBMC sont alors incubés dans des flacons de culture pendant 1 heure à 37 ◦ C puis lavés afin d’éliminer toutes les cellules non adhérentes ; – par sélection positive des cellules exprimant le marqueur CD14 à leur surface, les PBMC sont alors incubés avec des billes magnétiques couplées à un anticorps anti CD14, puis la suspension cellulaire est éluée devant un aimant afin d’éliminer les cellules non marquées. La différenciation des monocytes en macrophages est réalisée par une culture de sept à dix jours soit en présence de sérum humain soit en présence des cytokines GM-CSF, M-CSF ou un mélange des deux. Actuellement il n’y a pas eu d’études systématiques sur les différences phénotypiques et fonctionnelles entre les populations de macrophages obtenues selon les différentes méthodes de préparation. Elles pourraient toutefois expliquer en partie les différences dans la susceptibilité à l’infection par le VIH et ses modulations en réponse aux stimuli observées par des laboratoires différents. Étapes pré-intégratives Entrée L’entrée du virus dans le macrophage, comme dans les lymphocytes T, nécessite l’interaction de la glycoprotéine d’enveloppe gp120 du virus avec la molécule CD4 de la cellule cible. La gp120 subit un changement conformationnel lui permettant d’interagir avec un corécepteur, principalement CCR5. La liaison gp120/corécepteur permet alors la fusion du virus avec la membrane de la cellule. Un défaut d’expression du corécepteur CCR5 à la surface des macrophages ainsi que des cellules T, dû à la mutation homozygote CCR532, bloque l’entrée des virus R5 et est fortement associé à une réduction importante de la susceptibilité au VIH [37]. Une forte diminution de l’expression du CCR5 due à son internalisation est observée 91 revue VIH-1 Bourgeonnement Compartiments vésiculaires CD4 CCR5 Entrée Relargage de particules virales Stockage Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Assemblage Complexe de pré-intégration Rétrotranscription ARN génomique Synthèse Protéique NOYAU Import Nucléaire Protéines virales ADN viral Intégration Transcription ADN cellulaire Figure 2. Cycle de réplication du VIH-1 dans les macrophages. Le VIH se fixe à la surface du macrophage grâce à l’interaction de la gp120 avec le récepteur CD4 et le corécepteur CCR5. Le virus toutefois peut s’attacher à la surface cellulaire à l’aide d’autres molécules présentes à la membrane des macrophages. L’enveloppe du VIH fusionne avec la membrane de la cellule et le core du virus est transféré dans le cytoplasme. L’ARN génomique du VIH est transcrit en ADNc double brin par la transcriptase inverse pendant la rétro-transcription. Cette étape du cycle est beaucoup plus lente dans les macrophages que dans des lymphocytes T activés. La rétro-transcription ainsi que le transport de l’ADNc dans le noyau et l’intégration se font dans un complexe formé par des protéines virales et cellulaires, encore mal défini et appelé complexe de pré-intégration. L’import nucléaire de l’ADN viral à travers une membrane nucléaire intacte a lieu grâce à un transport actif et est suivi par l’intégration dans le génome de la cellule hôte. Les ARN viraux sont transcrits en utilisant des facteurs cellulaires de transcription qui diffèrent en partie entre macrophages et lymphocytes. Les ARN génomiques et épissés sont exportés dans le cytoplasme et traduits en protéines virales, permettant ensuite l’assemblage et le bourgeonnement des virions, qui dans les macrophages se fait à l’intérieur des compartiments vésiculaires, où les particules virales sont stockées. Les nouveaux virions sont ensuite libérés à la membrane cellulaire par fusion des vésicules avec la membrane plasmique ou par des microcanaux ouverts vers le milieu extracellulaire. lors d’une exposition au LPS, un composant de la paroi cellulaire des bactéries Gram-négatif [38]. La stimulation des macrophages par le LPS à des concentrations physiologiques limite fortement la réplication du VIH, et pourrait contribuer à la résistance des macrophages de la muqueuse intestinale où la présence de bactéries est élevée. Toutefois, des voies d’entrée alternatives existent pour les macrophages. La macropinocytose par exemple est un processus d’endocytose par lequel les virions et de grandes quantités de liquide extracellulaire sont absorbés dans des vésicules, indépendamment des liaisons entre récepteurs et gp120 [39]. La plupart des virions sont ensuite dégradés, mais certains virus internalisés peuvent échapper au système lytique et démarrer un cycle réplicatif. Le VIH-1 peut aussi interagir avec un certain nombre de molécules membranaires telles que les récepteurs pour la portion Fc des immunoglobulines 92 (les RFc␥), les protéoglycanes heparan sulfate, le récepteur pour le mannose et le dendritic cell-specific intercellular adhesion molecule grabbing non-integrin (DC-SIGN), une lectine fortement exprimée à la surface des DC [40]. La capture du VIH-1 par les macrophages et les DC localisés au niveau de la muqueuse et des tissus sous-muqueux pourrait jouer un rôle important dans la dissémination du virus en transportant les particules infectieuses aux organes lymphoïdes secondaires. De la transcription inverse à l’intégration Après l’entrée dans la cellule, l’ARN génomique du VIH est copié en ADN double brin par l’ADN polymérase virale : la transcriptase inverse (ou RT). L’ADN viral va ensuite migrer vers le noyau, où il est transloqué pour être intégré dans le génome de la cellule par l’intégrase (IN). Ces Virologie, Vol 15, n◦ 2, mars-avril 2011 revue Étapes post-intégratives Etapes pré-intégratives DC-SIGN Mannose-R FcR Entrée CD4 CCR5∆32 CCR5 NFkB, integrine α5, CycT1, C/EBPβ, PU.1, AP-1 Noyau CTIP2 C/EBPβ 16kDa Transcription Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. 5’-LTR Transcription inverse p21 APOBEC3A? APOBEC3G? APOBEC3F? Carence de dNTP? Facteur contrecarré par Vpx? TRIM22? Import nucléaire Annexine Importins TNPO3 Assemblage uPA Noyau ? Intégration p21 ADN génomique LEDGF/p75 Emerine? LAP2α? Tetherine? Bourgeonnement et relargage Figure 3. Facteurs cellulaires facilitant ou inhibant la réplication du VIH-1 dans les macrophages. À gauche : l’attachement à la surface du macrophage se fait par le récepteur CD4 ou bien grâce à d’autres récepteurs, tels le récepteur pour le mannose, le DC-SIGN ou les RFc␥. La mutation CCR532 ne permet pas l’expression à la membrane du corécepteur CCR5 et bloque l’entrée des virus R5. La phase de transcription inverse peut être inhibée par la faible concentration de dNTP ou par l’expression de facteurs de restriction de la famille APOBEC3 ou par la p21. Vpx est nécessaire pour contrecarrer la restriction du VIH-2 due à un facteur inconnu dans les monocytes et macrophages et, son introduction dans les macrophages, lors de l’infection par le VIH-1, augmente également sa réplication. L’import nucléaire a lieu grâce au transport actif, dans lequel ont été impliquées différentes importines et la transportine TNPO3. L’intégration de l’ADN viral dans le génome de l’hôte est facilitée par LEDGF/p75. Le rôle de l’emerine et de la protéine LAP2␣ dans ces étapes est controversé. La p21 induit une inhibition de l’intégration. À droite : la séquence promotrice LTR du provirus intégré contient des éléments pour la liaison des facteurs de transcription cellulaires comme Sp1, NFB, C/EBP et AP1. La CycT1 recrute CDK9 et forme le complexe de transcription P-TEFb, essentiel pour la transcription du virus. La signalisation par l’intégrine ␣5 lors de l’adhésion active la transcription par NFB. En revanche, des facteurs comme CTIP2 et la forme de C/EBP de 16 kDa inhibent la transcription du virus. L’annexine est essentielle pour l’assemblage des particules virales du VIH-1 dans les macrophages, tandis que TRIM22 et uPA semblent affecter les étapes tardives de la réplication comme la transcription de l’ARNm, l’assemblage et le bourgeonnement. Le rôle de la tetherine, qui peut retenir les particules virales à la surface de la cellule, n’a pas encore été clairement établi dans les macrophages. étapes, de la transcription inverse à l’intégration, se font au sein d’un complexe nucléoprotéique ou PIC. La composition exacte du PIC est mal connue, mais on sait qu’il contient un certain nombre de protéines virales et cellulaires nécessaires aux étapes de transcription inverse et d’intégration. Le moment où la particule virale perd la capside après l’entrée est encore objet de débats. Des travaux récents suggèrent que la capside est maintenue intacte jusqu’au Virologie, Vol 15, n◦ 2, mars-avril 2011 pore nucléaire où la transcription inverse se termine [41]. D’autres travaux soulignent l’importance de l’intégrité de la capside jusqu’à la décapsidation au niveau de la membrane nucléaire surtout dans les cellules qui ne se divisent pas, comme les macrophages et les DC [42]. La synthèse de l’ADN double brin du VIH au cours de la transcription inverse est restreinte dans les monocytes et se déroule plus lentement dans les macrophages (36 93 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. revue à 48 heures) que dans les cellules T (quelques heures seulement) [43]. Plusieurs facteurs cellulaires sont recrutés par le virus dans le PIC afin de favoriser cette étape. En particulier, la RT a besoin des dNTP présents dans le cytoplasme pour catalyser la synthèse de son ADN. Contrairement aux lymphocytes T activés, les monocytes, qui ne se divisent pas, contiennent de très faibles quantités de dNTP et d’enzymes nécessaires à leur synthèse. Ces quantités augmentent durant la différenciation des monocytes en macrophages, mais restent très limitées. Cette limitation dans l’apport de dNTP a été impliquée dans la restriction de la transcription inverse dans les monocytes et dans le retard de son accomplissement dans les macrophages [44, 45]. D’autres mécanismes pouvant contribuer au défaut de la transcription inverse dans les monocytes ont également été décrits. APOBEC3G, un membre de la famille des cytidine désaminases, est une protéine intracellulaire exprimée par les macrophages et par les lymphocytes, qui peut être incorporée dans les particules virales produites par une cellule infectée et jouer un rôle très important au cours des premières étapes de la réplication dans les infections successives (pour une revue récente [46]). APOBEC3G entraîne une déamination du brin moins de l’ADN viral et la conversion de la cytidine en uracile, et par conséquent la dégradation de l’ADN hypermuté. APOBEC3G possède aussi d’autres activités antirétrovirales indépendantes de son activité enzymatique. En revanche, Vif, une protéine accessoire du VIH-1, contrecarre l’action d’APOBEC3G en se liant à elle et en favorisant le recrutement du système culline E3 ubiquitine ligase qui dégrade APOBEC3G. L’expression d’APOBEC3G est réduite au cours de la différenciation des monocytes et est fortement induite dans les macrophages suite à la stimulation par les INF␣ et ␥ [47]. Les différents niveaux d’expression d’APOBEC3G dans les monocytes et les macrophages suggèrent un rôle de ce facteur dans la restriction du VIH-1 dans les monocytes. L’implication d’autres membres de la famille des cytidine désaminases comme APOBEC3A, 3B et 3F, dans la résistance des macrophages à l’infection par le VIH n’a pas encore été complètement clarifiée. Le facteur de restriction lentivirale TRIM5␣, un membre de la famille des protéines « tripartite motif » TRIM, inhibe la réplication du VIH-1 dans les cellules de singes rhésus en affectant la décapsidation du virus après son entrée dans la cellule [48], Toutefois l’activité anti-rétrovirale de TRIM5␣ est spécifique d’espèce et ne confère pas de résistance visà-vis du VIH chez l’homme. L’existence d’autres facteurs de restriction des phases précoces de la réplication du VIH-1 dans les monocytes/macrophages est suggérée par des études sur le rôle des protéines accessoires du VIH-2 dans la réplication du virus dans ces cellules. La protéine Vpx, codée par le génome du VIH-2 et du SIVmac, est nécessaire pour la 94 réplication de ces deux lentivirus dans les macrophages. Le rôle de Vpx et le mécanisme d’action à la base de cette activité sont en cours d’étude (pour revue voir [49]). À l’origine, Vpx était considérée comme un élément essentiel pour le transport nucléaire des virus dans les cellules qui ne se divisent pas, comme les macrophages et les DC. Toutefois, aujourd’hui on avance l’hypothèse que Vpx recrute le système Cul4A-DDB1 ubiquitine ligase pour inactiver un facteur de restriction exprimé par les cellules d’origine monocytaire. Vpx, comme Vpr, interagit directement avec la protéine cellulaire DDB1-Cullin4-associated factor-1 (DCAF-1) qui s’associe au complexe Cul4A-DDB1 ubiquitine ligase et entraîne la dégradation de la cible grâce à l’activité du protéasome. Des mutants de Vpx qui ne se lient pas à DCAF-1, l’absence de Vpx et la suppression de l’expression endogène de DCAF-1 et DDB1 rendent VIH-2 et SIV incapables de se répliquer dans les macrophages. Remarquablement, la complémentation de VIH-1 avec Vpx, ou la surexpression en trans de cette protéine, permettent la réplication de ce virus dans les monocytes qui sont naturellement résistants à l’infection par le VIH1 et augmente la permissivité des macrophages [50]. Cela suggère que le facteur de restriction contrecarré par Vpx n’est pas dirigé spécifiquement contre SIV et VIH-2, et qu’il est exprimé aussi bien dans les monocytes que, probablement à des niveaux plus faibles, dans les macrophages (Pendant que cette revue était sous presse, M. Benkirane et al. ont identifié la protéine SAMHD1 comme un facteur de restriction contrecarré par Vpx dans les monocytes et les cellules dendritiques [Laguette N et al., Nature, in press]). La stimulation des macrophages par des complexes antigène-anticorps (appelés complexes immuns, ou CI) à travers les RFc␥ induit une forte restriction de la réplication du VIH-1. Cette restriction affecte les étapes pré-intégratives et l’intégration du virus [51]. Remarquablement, d’autres lentivirus comme le SIV et le VIH-2 sont également affectés dans les mêmes phases du cycle réplicatif. Récemment, nous avons montré que la protéine p21Cip1/WAF1 (p21), un inhibiteur de kinases dépendantes des cyclines, est fortement induite par les CI dans les macrophages et joue un rôle important dans cette inhibition [52]. La p21 a été également décrite comme un facteur de résistance des cellules souches hématopoïétiques à l’infection par le VIH-1. La suppression de l’expression de p21 dans les macrophages par ARN interférence augmente la réplication du VIH, et annule le défaut de réplication dans les macrophages activés par les CI. La déplétion de p21 augmente les niveaux d’ADNc viral et des formes intégrées, en accord avec son implication dans l’inhibition de la transcription inverse et de l’intégration. D’autres stimuli qui induisent l’expression de p21, comme le phorbol myristate acétate (PMA) et l’inhibiteur d’histone acétylase MS-275, inhibent également les étapes pré intégratives de Virologie, Vol 15, n◦ 2, mars-avril 2011 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. revue la réplication du VIH-1. Une interaction directe entre p21 et les protéines virales du complexe de pré-intégration (IN, matrice, capside, Vpr, RT) n’a pas été mise en évidence. Cela suggère que p21 pourrait affecter la réplication du VIH par un mécanisme indépendant de l’interaction directe avec les protéines virales, et que cette action pourrait impliquer d’autres facteurs cellulaires. Plusieurs mécanismes ont été proposés pour expliquer le transport du PIC dans le noyau dans les macrophages et autres cellules qui ne rentrent pas en mitose. Des protéines virales telles la matrice, IN et Vpr ont été impliquées dans la translocation nucléaire du PIC à cause de la présence de signaux de localisation nucléaire redondants dans leurs séquences. En particulier, le rôle de Vpr fait encore l’objet de débat. Bien que les virus VIH-1 délétés de Vpr aient une capacité réduite à se répliquer dans les macrophages, le rôle de cette protéine dans le transport nucléaire n’est pas démontré [53]. Des études plus récentes ont remis en cause ces hypothèses et ont impliqué aussi bien la capside qu’une structure ADN à trois brins propre aux lentivirus qui se forme durant la synthèse de l’ADNc, appelé DNA, dans le transport nucléaire [54]. Il existe plusieurs mécanismes d’import nucléaire des cargos cytoplasmiques qui impliquent en général la participation de récepteurs nucléaires de la famille des importines, notamment l’importine ␣, l’importine  et les transportines (revue en [55]). Certaines de ces protéines ont été impliquées dans le transport nucléaire du PIC dans les monocytes et dans les macrophages. L’implication de l’importine 7, une protéine de transport de la famille de l’importine , a aussi été proposée [56], mais la nécessité de ce facteur pour l’infection des macrophages par VIH-1 et SIV a été remise en cause [57]. La transportine TRN-SR2, ou TNPO3, est un partenaire karyophilique de l’IN qui facilite l’infection par le VIH aussi bien dans les lymphocytes que dans les macrophages [58]. Notamment, TRN-SR2 a été impliqué non seulement dans le transport nucléaire, mais aussi dans un processus d’intégration optimale. À présent, il y a une tendance à penser que l’entrée nucléaire ne constitue pas une phase critique pour la réplication du VIH dans les macrophages et on souligne plutôt l’implication d’une décapsidation correcte et des restrictions des étapes précoces qui suivent l’entrée virale [44, 59]. À l’intérieur du noyau, l’ADN viral est dirigé vers le matériel génomique pour être intégré dans les chromosomes. La protéine barrier to autointegration factor (BAF) fait partie du PIC et assure une intégration correcte en se liant à l’ADN viral et en le transportant jusqu’aux chromosomes grâce à un système de filaments protéiques appelés laminines. Un autre facteur essentiel pour l’intégration de l’ADN viral, dans les macrophages et dans d’autres cellules cibles du VIH-1, est le LEDGF/p75 (lens epithelium-derived growth factor) [60]. Cette protéine est un co-activateur de la transcription génique, qui se lie Virologie, Vol 15, n◦ 2, mars-avril 2011 fortement à l’IN du VIH-1 et favorise son import dans le noyau. Ce lien stabilise et active l’IN, en favorisant ainsi le rapprochement du PIC à la chromatine et son intégration. Étapes post-intégratives Transcription Une fois intégré, l’ADN du virus est transcrit en ARN messager (épissé) et génomique (non épissé) pour permettre la formation de nouvelles particules virales. La régulation de la transcription est un processus qui est également impliqué dans la latence de l’ADN du VIH intégré et la formation de réservoirs viraux. La séquence 5 -LTR du provirus intégré contient plusieurs éléments régulateurs nécessaires pour la liaison des facteurs de transcription cellulaires comme la famille des protéines Sp1, NFB, C/EBP et activator protein 1 (AP1). Certains systèmes de transcription sont spécifiques des macrophages et sont parfois liés au stade de maturation des monocytes/macrophages. La transcription des gènes viraux est en effet contrôlée de façon cellule- et différenciation-dépendante à travers la liaison de protéines virales et cellulaires différentes, à la séquence promoteur LTR. Notamment, l’expression de Cycline T1 (ou CycT1) est induite pendant la maturation des monocytes en macrophages [61] et permet une transcription efficace des gènes viraux dirigée par Tat. La CycT1 recrute la kinase cyclin-dependent kinase 9 (CDK9), formant le complexe de transcription P-TEFb, un élément essentiel pour la liaison de Tat au site TAR et, par conséquent, pour la transcription du VIH-1. De même, l’expression des protéines AP1, qui existent sous forme d’homodimères Jun-Jun ou hétérodimères Jun-Fos, augmente pendant la maturation des monocytes en macrophages. Au cours de la différenciation en macrophages l’expression des intégrines, qui sont des protéines transmembranaires d’adhésion, augmente fortement à la surface cellulaire. Des expériences d’inhibition de l’intégrine ␣5 ont suggéré que la signalisation par cette intégrine lors de l’adhésion des macrophages active la transcription du VIH-1 dépendant de NFB [62]. L’ensemble des ces observations pourraient expliquer en partie les faibles niveaux de réplication du VIH-1 dans les monocytes par rapport aux macrophages. Pendant l’inflammation et au cours des infections opportunistes, la présence de cytokines et de matériel microbien peut stimuler fortement l’activation de certains facteurs de transcription. Par exemple, le LPS est un puissant activateur des voies de signalisation de NFkB et de la protéine Ets PU.1 dans les monocytes/macrophages [63]. Plus spécifiquement, il induit la phosphorylation de PU.1 qui interagit donc avec le promoteur LTR et facilite le lien de NFkB au site voisin. Les sites de liaison pour le facteur de transcription C/EBP, précédemment mentionné dans cette revue, sont localisés en amont du site de départ de la transcription 95 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. revue du LTR et sont nécessaires pour le contrôle de la réplication du VIH dans les macrophages mais pas dans les lymphocytes [35]. Le gène C/EBP code pour deux protéines différentes : une isoforme de 30-37 kDa qui stimule la transcription et une isoforme légère de 16 kDa qui réprime la transcription. Celle-ci est fortement exprimée dans les macrophages alvéolaires et peut être impliquée dans la latence virale dans ces cellules [28]. Toutefois, une co-infection avec Mycobacterium tuberculosis stimule fortement la réplication du VIH-1 in vivo. Pendant l’infection pulmonaire au cours de la tuberculose, les lymphocytes activés réduisent l’expression de l’isoforme inhibitrice C/EBP grâce à l’interaction des molécules de surface comme le CD40L, VLA-4 et CD28 avec leurs ligands exprimés sur la membrane des macrophages [64]. En outre, la production de cytokines pro-inflammatoires TNF␣, IL-1 et IL-6 par les lymphocytes active fortement la voie de signalisation de NFkB dans les macrophages, stimulant ainsi la transcription des gènes viraux. Un système de répression transcriptionnelle distinct a été décrit dans les cellules microgliales. Un corépresseur appelé COUP-TF interacting protein 2 (CTIP2) inhibe fortement la transactivation de Tat et sa localisation nucléaire. Il a été proposé que l’inactivation de Tat s’effectue grâce à sa relocalisation dans des régions inactives des chromosomes. CTIP2 est en effet détecté dans les régions réprimées de l’hétérochromatine avec les facteurs Sp1, COUP-TF et heterochromatin-associated protein 1␣ (HP1␣), où les histones déacétylases HDAC1 et HDAC2 et l’histone méthyltransférase SUV39H1 sont recrutées et répriment la transcription des gènes. CTIP2 est recrutée au niveau du promoteur du VIH à travers son interaction directe avec Sp1 et induit un environnement transcriptionnel réprimé au niveau du LTR grâce à ce complexe [65]. Assemblage et bourgeonnement L’assemblage du VIH-1 est dirigé par la polyprotéine virale p55Gag [66]. L’assemblage et le bourgeonnement des particules virales dans les macrophages présentent des particularités par rapport aux lymphocytes. En effet, l’assemblage a lieu à la membrane de compartiments intracellulaires dans les macrophages et non à la membrane plasmique comme dans les lymphocytes. Ces compartiments sont caractérisés par la présence des protéines CD63, CD81, CD9 et CD53, appelées tetraspannines [67]. En particulier, CD63 a été montré comme spécifiquement associée aux compartiments contenant les particules du VIH-1 dans les macrophages, mais la fonction de cette protéine et son implication dans le relargage du virus n’ont pas encore été clarifiées [68]. Une interaction entre Gag et la protéine cellulaire Annexine 2 a été décrite récemment dans les macrophages infectés par VIH-1 [69]. Les deux protéines 96 co-localisent au niveau des compartiments endosomaux CD63+ , et la déplétion de l’annexine 2 affecte la maturation de Gag et entraîne un défaut d’accumulation des virions matures dans les vésicules intracellulaires. L’annexine 2, qui est une protéine qui se lie aux phospholipides membranaires et intervient dans le trafic membranaire et la formation d’endosomes, est fortement exprimée dans les macrophages mais non dans les lymphocytes T. Elle est incorporée dans les particules virales produites par les macrophages infectés [70]. Ces résultats et des études antérieures ont amené à proposer que l’annexine soit un facteur essentiel pour l’assemblage et l’infectivité des particules virales du VIH-1 dans les macrophages. Il a été également suggéré que l’interaction du facteur d’élongation 1-alpha (EF1␣), qui est un composant essentiel de la machinerie de traduction, avec Gag participe au relarguage des virions néoformés [71]. D’autres membres de la famille TRIM ont été récemment décrits comme des facteurs de restriction pour le VIH qui inhibent différentes étapes du cycle réplicatif du virus dans les macrophages. Par exemple, TRIM22 semble affecter des étapes tardives de la réplication, notamment la transcription de l’ARNm viral, l’assemblage et le bourgeonnement, mais le mécanisme d’action lié à cette inhibition n’a pas été précisément élucidé [72]. TRIM25 exerce une action antivirale liée à son activité ubiquitine ligase [73]. Bien que le rôle de ces protéines dans les macrophages n’ait pas encore été complètement clarifié, beaucoup de ces facteurs sont exprimés dans ces cellules et méritent des études plus approfondies. La nature des vésicules d’assemblage et de stockage des virions est encore incertaine (pour revue voir [74]). Selon certains auteurs elles font partie du système des endosomes tardifs ou multivesicular bodies (LE-MVB), tandis que d’autres les décrivent comme des invaginations profondes de la membrane plasmique ou encore comme des endosomes reliés à la membrane par des canaux étroits. Des techniques récentes basées sur l’utilisation de la microscopie électronique à balayage et du rouge de ruthénium, indiquent que les macrophages infectés présentent un réseau étendu de tubules qui connectent les vésicules contenant les virions à la surface de la cellule. La nature permanente ou transitoire de ces structures est encore méconnue. Les virions s’accumulent dans ces compartiments et sont ensuite relâchés dans le milieu extracellulaire au niveau de la membrane cellulaire. Il n’est pas encore établi si ce processus se fait par fusion des vacuoles avec la membrane ou à travers d’autres voies, telles les canaux mentionnés plus haut. Vpu, une protéine accessoire du VIH1, joue aussi un rôle important dans la phase finale du relargage. Vpu peut contrecarrer l’activité d’un facteur de restriction appelé tetherine, ou BST-2, ou encore CD317 (pour une revue récente [75]). En absence de Vpu, les particules virales se forment à la membrane des cellules T mais Virologie, Vol 15, n◦ 2, mars-avril 2011 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. revue elles y sont retenues par la tetherine. On suppose que dans ces cellules, Vpu permet la disparition de la tetherine par internalisation puis dégradation. Toutefois, le mécanisme exact de l’action antivirale de la tetherine reste encore non élucidé et le rôle de Vpu dans d’autres cellules comme les macrophages doit encore être démontré [76]. Le facteur uPA mentionné précédemment inhibe une étape post-transcriptionnelle du cycle de réplication du VIH-1 dans les macrophages en favorisant l’accumulation des virions dans des compartiments vésiculaires intracellulaires et en inhibant la production des particules infectieuses [77]. L’uPA est une sérine protéase qui interagit avec un récepteur de membrane, uPAR (ou CD87), exprimé sur la membrane de plusieurs types de cellules comme les lymphocytes T, les monocytes et les macrophages. Le précurseur inactif de l’uPA, pro-uPA, inhibe aussi fortement la réplication du VIH-1 dans les macrophages et dans les PBMC [77, 78]. L’expression d’uPAR augmente fortement in vivo et in vitro après infection par le VIH-1 et, remarquablement, chez les patients infectés, les niveaux plasmatiques du récepteur soluble suPAR sont très élevés et corrélés avec la mortalité [79]. La signalisation du récepteur membranaire suite à l’interaction uPA-uPAR nécessite l’engagement des intégrines 1 et 2 et du lien fibrinogen-Mac1, une autre protéine de la famille des intégrines [78]. Notamment, l’activation de la voie de signalisation de Mac1 interfère aussi avec les phases tardives d’assemblage et de relargage des virions, indépendamment de uPA-uPAR. Récemment, le facteur cellulaire TIP47 a été décrit comme un cofacteur essentiel pour la formation des particules virales dans les macrophages et pour l’infectivité et la propagation du VIH-1 [80]. Précisément, TIP47 est nécessaire pour la co-localisation de Gag et Env et pour une formation correcte des particules infectieuses. La suppression de l’expression de cette protéine dans la cellule ou bien la perte d’interaction entre TIP47 et Gag suite à des mutations de la matrice entraîne une distribution désordonnée de Gag à proximité de la membrane cellulaire et empêche l’assemblage des virions. expérimentale de singes avec des virus SIV défectifs pour la réplication dans les macrophages donne lieu à des infections atténuées. Le VIH (ainsi que les autres lentivirus) a élaboré des stratégies de réplication efficaces dans les macrophages, en piratant des voies métaboliques spécialisées, depuis les facteurs de transcription jusqu’à la machinerie de trafic endosomal et de sécrétion. En revanche, des mécanismes de résistance propres à ces cellules sont capables de limiter la réplication du VIH-1 à différentes phases de son cycle. Les macrophages produisent également des chimiokines, cytokines et d’autres facteurs solubles capables d’inhiber l’infection par le VIH-1. Comme nous l’avons souligné, les interactions entre virus et macrophages peuvent varier, selon la polarisation et la localisation tissulaire des macrophages. Il y a donc un équilibre complexe et instable entre les fonctions de défense antivirale et le rôle de vecteur viral des macrophages. Connaître les molécules et les voies utilisées par le virus dans son cycle de réplication dans les macrophages et comprendre les mécanismes moléculaires sous-jacents à l’activité antivirale de ces cellules peut permettre d’identifier de nouvelles cibles pharmacologiques et de déplacer l’équilibre en faveur de la défense. Conclusion Références Les macrophages sont une cible préférentielle du VIH, ils sont capables de stocker les particules virales et de les transférer aux cellules environnantes, constituant ainsi de véritables foyers infectieux. Bien que les macrophages infectés soient résistants à l’apoptose, leurs fonctions dans les défenses immunitaires, y compris la capacité phagocytaire, la présentation d’antigène et la signalisation par les TLR, ainsi que dans le métabolisme lipidique, sont affectées par l’infection par le VIH. Il faut rappeler que l’infection 1. Varol C, Yona S, Jung S. Origins and tissue-context-dependent fates of blood monocytes. Immunol Cell Biol 2009 ; 87 : 30-8. 2. McElrath MJ, Steinman RM, Cohn ZA. Latent HIV-1 infection in enriched populations of blood monocytes and T cells from seropositive patients. J Clin Invest 1991 ; 87 : 27-30. 3. Sonza S, Kiernan RE, Maerz AL, Deacon NJ, McPhee DA, Crowe SM. Accumulation of unintegrated circular viral DNA in monocytes and growth-arrested T cells following infection with HIV-1. J Leukoc Biol 1994 ; 56 : 289-93. 4. Mikovits JA, Lohrey NC, Schulof R, Courtless J, Ruscetti FW. Activation of infectious virus from latent human immunodeficiency virus infection of monocytes in vivo. J Clin Invest 1992 ; 90 : 1486-91. Virologie, Vol 15, n◦ 2, mars-avril 2011 Note Pour approfondir les thématiques relatives à l’infection des macrophages par le VIH-1 et son impact dans la physiopathologie de l’infection, le lecteur est renvoyé à la série de revues sur le sujet promue par l’Association pour la recherche sur les macrophages et l’infection (AMIR) et publiée dans le journal Retrovirology, en avril 2010 (Retrovirology 2010 ; 7). Remerciements. Nous remercions l’Agence française de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS) et Sidaction pour leur soutien à la recherche sur macrophages et VIH. Conflits d’intérêts : aucun. 97 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. revue 5. Lambotte O, Taoufik Y, de Goer MG, Wallon C, Goujard C, Delfraissy JF. 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