Les comètes Mercure Venus Terre Mars Astéroïdes Jupiter Saturne Uranus Neptune Pluton et objets TansNeptuniens Images © ESA, NASA, JAXA ou auteurs référencés Nicolas Biver (Observatoire de Paris, Société Astronomique de France, Magnitude78) II Le phénomène de comète I Formation du Système Solaire, Origine et Trajectoire des comètes Notre Soleil s'est allumé il y a 4.567 Milliards d'années et dans le million d'années qui a suivi se sont formés les premiers planétésimaux, de quelques km de diamètre. Les noyaux cométaires font partie de ces résidus de la formation des planètes, comme les astéroïdes. Tous les planétésimaux formés au-delà de Jupiter et non accrétés pour former des planètes et leurs satellites, sont des objets riches en glace d'eau. Il se sont retrouvés "conservés au froid" depuis dans deux réservoirs de comètes: (1) Du fait du champ de gravité important des planètes géantes Jupiter à Neptune, les objets restant dans leur environnement après leur formation (il y a 4.55 à 4.45 Milliards d'années) ont été éjectés dans toutes les directions de l'espace. Une partie sont restés liés au Soleil aux confins du Système Solaire, là ou le champ de gravité du Soleil s'équilibre avec celui des étoiles voisines ou de passage: dans le Nuage de Oort à environ 50000 UA. On estime qu'il contient près de 1012 comètes de plus 5 km de diamètre. Elle sont parfois amenées à revenir vers le Soleil sur une trajectoire très allongée (quasi parabolique) parcourue en quelques millions d'années et d'inclinaison quelconque. Après plusieurs passages, leur orbite peut être raccourcie en une 10000 UA Nuage de Oort ellipse encore très allongée mais décrite en quelques dizaines à milliers d'années. La comète de Halley revient ainsi tous les 76 ans. (2) Les objets qui étaient au-delà des planètes géantes forme la ceinture de Kuiper (dont fait partie Pluton). Ils sont restés à plus de 30 UA du Soleil depuis des milliards d'années aussi, mais lors du phénomène ayant provoqués le grand bombardement tardif (LHB), plus de 99% de ces Famille de Jupiter objets ont été perdus (voir VI). Une partie des objets de cette ceinture sur des orbites plus allongées peut être amenée à être précipité vers l'intérieur du système solaire en passant près de Neptune,…, Jupiter. Ces comètes voyagent dans le même plan (écliptique) que les planètes et Ceinture de Kuiper sont fortement influencées par Jupiter: ces "comètes de la 10 UA famille de Jupiter" se retrouvent sur des orbites courtes décrites en 5 à 15 ans. III Les noyaux des comètes Les noyaux des comètes sont bien souvent trop petits (moins de 1km à près de 100km de diamètre) pour être étudiés depuis la Terre. De 1986 à 2011, des missions spatiales ont permis de prendre des images rapprochées de 5 noyaux, des comètes périodiques: Halley, Borrelly, Tempel 1, Wild 2 et Hartley 2 Pour les points communs, ces noyau sont tous très sombres (réfléchissent seulement 3-5 % de la lumière du soleil, comme le charbon) et peu denses (sans doute moins de 0.5g/cm3, moins que la glace d'eau et doivent être assez poreux). Mais sinon leurs aspect extérieurs les différencient tous: l'un est saturé de cratères, un autre présente des zones très variées, lisses, cratère d'impact, falaises,… et troisième ne présente pas de cratère mais un amoncellement de blocs,… p+ e- Na p+ photons 3Ferue Beethoven 75016 PAris, France [email protected] Tel.: 33 (0)1 42 24 13 74 photons e photons e- e- Queue d'ions + CO C O+ + O H H Queue de poussières photons photons p+ photons Vent solaire: e- , p+ 300-800 km/s Une comète, c'est un noyau de glace et de poussières (Une "boule de neige sale" qui peut simplement être aussi un rocher un peu glacé) qui voyage sur une orbite autour du soleil très allongée. Mais cette trajectoire l'amène à passer suffisamment près du soleil (moins de 6 à 1.5 UA) pour que la glace se "sublime" (passe directement à l'état de vapeur dans le vide) et en entraînant aussi une grande quantité de poussière forme une nébulosité autour du noyau (la "chevelure" ou "coma") et rende ainsi la comète visible. Le soleil va (1) par son rayonnement agir sur les poussières et (2) par le vent solaire (ions et électrons qui s'échappent à grande vitesse du soleil) entraîner les molécules ionisées de la chevelure, pour former les queues de la comète sur plusieurs millions de km. IV La composition des comètes C/2004 Q2 (Machholz) – © C. Buil Les mesures in-situ par les sondes spatiales, mais surtout les mesures à distance aux longueurs d'ondes infrarouge à radio ont permis de mesurer dans une cinquantaines de comètes les molécules présentes autour de leur noyau. Ces mesures permettent de déterminer quelle quantité de molécules s'échappe des glaces du noyau et de comparer à la quantité de vapeur d'eau émise. Plus de 20 molécules différents ont été identifiées. La glace d'eau, suivie de celle de monoxyde ou dioxyde de carbone pour 1 à 20%, sont les principaux composants. Les autres composés ne représentent pas plus de quelques % par rapport à l'eau mais ne sont pas pour autant des molécules très fréquentables (toxiques sur terre): alcool méthylique, ammoniaque, hydrogène sulfureux, dioxyde de soufre, formaldéhyde, acide cyanhydrique…! Outre de la glace, les noyaux cométaire renferme des matériaux plus réfractaire: il s'agit de la composante "poussières" lorsqu'elle quitte le noyau, composées de silicates (comme nos roches) mais aussi matières carbonés plus complexe (comme la suie,…) probablement responsable du caractère sombre du matériaux cométaire. De plus certains émettent du gaz en faible quantité que par une toute petite partie de la surface tandis que d'autres présentent une multitude de jets de gaz et poussières et même un nuage de boules de neiges entrainées par ces jets. Ces petits objets ont aussi des formes très variées sont très fragiles et il arrive souvent qu'ils se brisent en morceaux dans un sursaut d'activité. En fait il n'existe pas deux comètes pareilles et on observe une très grande variété de comportement. 73P-G/S.W.3 se fragmente (HST) VI L'origne de l'eau sur Terre et la contribution des comètes V La découverte et l'observation des comètes De tradition et selon les règles de l'Union Astronomique Internationale, le ou les premiers à découvrir une nouvelle comète lui donnent leur nom. De nos jours près d'une cinquantaine de comète encore jamais vues sont découvertes chaque année, la plupart par des télescopes automatisés qui cherchent des astéroïdes, mais parfois aussi par des astronomes amateurs expérimentés et bien équipés. Les gros télescopes équipés de caméra électronique permettent d'observer plus d'une dizaine de comètes chaque nuit Mais seules 2-3 comètes sont visibles aux jumelles chaque année et certaines années une comète pourra être vue à l'œil nu. En général les comètes sont brillantes lorsqu'elles se rapprochent suffisamment de la Terre et surtout du Soleil. Donc c'est souvent pendant des durées courtes (quelques jours, semaines), près de l'horizon et des crépuscules qu'on pourra le mieux admirer les belles comètes. Exceptionnellement une grande comète pourra développer une telle queue de plusieurs dizaines de degrés de long que le mieux pour en profiter sera l'œil nu à condition de bénéficier d'un ciel bien noir dénué de toute lumière parasite / pollution lumineuse. 6 découvreurs de comètes de 5 pays La Comète C/2011 L4 (PanSTARRS) au crépuscule (18 mars 2013) Un télescope d'amateur ayant permis de découvrir 3 comètes en 2011-2013 Le mieux est de se renseigner auprès des amateurs qui suivent régulièrement ces belles visiteuses (Commission des comètes de la Société Astronomique de France, club d'astronomie proches, sites web et listes de discussions…: http://tech.groups.yahoo.com/group/comets-ml/ , http://fr.groups.yahoo.com/group/les_cometes/, http://comet.observations.free.fr/). ) Lexique UA = Unité Astronomique: unité de longueur utilisé en astronomie valant 149597871 km = distance moyenne Terre-Soleil LHB = grand bombardement tardif: période du système solaire il y a 4 à 3.7 milliards d'années où un très grand nombre d'astéroïdes et comètes (~1 millions de fois plus qu'actuellement) sont venus percuter la surface des objets du système solaire. L'entrée en résonance orbitale (2:1) de Jupiter et Saturne ayant fortement perturbé les autres orbites en est sans doute à l'origine. Nuage de Oort: Réservoir sphérique de comètes distant de 10000 à 50000 UA du Soleil Ceinture de Kuiper: disque d'objets glacés à 30-50 UA du Soleil, au-delà de Neptune L'eau est un élément abondant dans l'univers: l'oxygène et le carbone sont les éléments les plus abondants après l'hydrogène et l'hélium. Une bonne partie de l'oxygène est combiné avec l'hydrogène, de loin le plus abondant, pour se trouver sous forme d'eau, H2O. Dans le système solaire l'eau se trouve aussi un peu partout, que ce soit sous forme de vapeur dans les atmosphères planétaires ou de glace dans un grand nombre d'objets froids. Mais à la formation des planètes, la température dans la nébuleuse était trop élevée plus près du Soleil que Jupiter pour que l'eau puisse se condenser sous forme de glace. En conséquence, tous les objets formés au niveau de Jupiter et plus loin sont riches en eau (noyaux des planètes géantes, satellites des planètes géantes et noyaux cométaires) mais les planètes formées plus près du soleil comme la Terre devaient être sèches. Cependant, si nous sommes là, c'est grâce à la grande quantité d'eau, en partie sous forme liquide dans les océans, présente à la surface. L'eau consistuerait 0.3% de la masse de la Terre (dont 1/10 dans les océans), mais quand est-elle arrivée sur Terre? Il y a au moins 3.8 milliards d'années, époque à la quelle on date l'apparition des premières formes de vie. Cette période correspond aussi à la fin du grand bombardement tardif (LHB) d'astéroïdes et de comètes sur les objets du systèmes solaire (responsables des grand bassins/mers lunaires). L'eau a pu être apportée sur Terre par de nombreux impacts d'objets riches en eau. Les principaux scénarii en concurrence, sont: (1) La Terre avait suffisamment d'eau dans son intérieur pour dégazer son aquifère; (2) Un type de météorites (chondrites carbonnées primitives) suffisamment riche en eau a pu apporter cette eau à la fin de la formation de la Terre; (3) Les collisions avec les comètes, en grande partie composées de glace d'eau, ont apporté l'eau sur Terre depuis la fin de la formation de la Terre jusqu'à la fin du grand bombardement tardif. La jeune Terre a subit le bombardement d'un grand nombre de comètes, mais ont elles apporté autant d'eau qu'on en trouve sur Terre? On estime que lors du LHB les objets glacés tombés sur Terre ne représentent guère plus de 10% de la masse des océans terrestre, mais il peut en être tombé bien davantage avant. La réponse peut venir d'un élément particulier, le Deutérium (D). C'est un atome lourd d'Hydrogène (H), présent dans la molécule d'eau et qui permet de retracer l'origine de l'eau dans le système solaire. Depuis que les molécules d'eau se formées dans la nébuleuse proto-planétaire la quantité de D par rapport à H dans l'eau na pas changé. Mais elle n'était pas partout la même dans le système solaire: par exemple on trouve 3200 molécules de H2O pour une de HDO (eau semi-lourde) sur Terre contre 1500 sur Encelade, satellite de Saturne. Dans les comètes, ces dernières années on a pu déterminer ce rapport: le verdict: certaines comètes, issues de la ceinture de Kuiper ont la même eau que sur Terre, d'autres, venant du nuage de Oort comportent plus de Deutérium (H2O/HDO = 1000 à 2400). La conclusion n'est pas définitive, mais une partie des comètes peut bien être à l'origine de l'eau sur Terre, et avoir apporté aussi un grand nombre d'autres molécules essentielles à l'apparition de la vie. VII La mission Rosetta Trajectoire de Rosetta (rouge), de la comète 67P (rose), de la Terre et Mars (noir) et les 2 astéroïdes survolés, entre le lancement (1) et l'atterrissage de Philae (11) Cette mission de l'Agence Spatiale Européenne, lancée le 2 mars 2004, va se mettre en orbite autour du noyau de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko l'été 2014, et déposer un module "Philae" en novembre à sa surface. Elle oscultera la comète en détail (plus de 10 expériences embarquées) jusqu'à son périhélie et après en 2015.