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Les doctrines leibniziennes (1) – (5) sont liées par le schème interprétatif « la 
théorie du faisceau de la substance individuelle ». Cette liaison forme ce qu’on appelle 
« le système ». En revanche, les doctrines leibniziennes (6) et (7) se situent hors de ce 
schème interprétatif, parce que ces deux doctrines concernent une entité très différente 
de la substance individuelle. En effet, elles concernent une entité dont les corps sont   
ses éléments constitutifs. Alors, la réflexion sur ces doctrines nécessite d’autres entrées. 
Cette thèse, et c’est son deuxième sujet, considère la procédure de changement de ces 
deux doctrines. 
On a pu considérer que Leibniz a cessé de remanier ses principes en 16862. On 
nie alors l’histoire de la philosophie leibnizienne. Mais on adopte, dans cette thèse, la 
position de nombreux interprétateurs selon laquelle la philosophie leibnizienne change 
même après 1686. Si ce changement concernait la terminologie ou la manière de parler, 
il n’aurait aucune importance philosophique. Il ne s’agirait pas de la véritable histoire. 
Mais si ce changement concerne les doctrines philosophiques, il peut être intéressant. 
En réalité, la philosophie leibnizienne est historique et cette histoire est vraie. La 
philosophie de Leibniz suit le processus selon lequel une doctrine dans son système est 
modifiée par sa réflexion et modifie les autres doctrines.  
On peut estimer l’ontologie du Discours de métaphysique de 1686 et la 
correspondance avec Arnauld de plusieurs manières : selon la notion complète 
individuelle et la substance individuelle, selon la substance individuelle et la forme 
substantielle, selon la substance individuelle et la substance corporelle. Chaque 
estimation suit sa propre méthodologie d’étude. Chaque méthodologie d’étude dépend 
de l’estimation de l’ontologie leibnizienne à cette époque. Mais il est évident que toutes 
les entités de cette sorte se présentent dans le Discours de métaphysique de 1686 et dans 
la correspondance avec Arnauld. A cette époque, toutes les entités sont des briques 
ontologiques leibniziennes. 
                                                 
2 Cf. Couturat (1902) (repris en 1995) in Revue de métaphysique et de morale, 1), 13 : « Ce 
morceau n’est malheureusement pas daté ; mais, en le comparant aux opuscules et aux lettres 
dont nous connaissons la date, on peut conjecturer avec une grande probabilité qu’il a été écrit 
vers cette année 1686 où Leibniz a arrêté les principes et les thèses essentielles de son système, 
d’abord dans le Discours de métaphysique, puis dans ses Lettres à Arnauld. »