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organes. Un autre aspect important concerne la découverte de l'organisation des tissus en trois
dimensions, de sorte que les cellules transplantées s’intègrent avec succès dans un tissu vivant
(Tabansky ; Rizzoti).
La prolifération et la différenciation sont déclenchées par des signaux chimiques provenant de
l'extérieur ou de l'intérieur du tissu. Seul un petit nombre d’entre eux a été identifié. Les cellules
souches récemment découvertes dans l'hypophyse semblent être principalement activées dans des
états pathologiques : chez des souris auxquelles il manque un certain type de cellule produisant des
hormones, des cellules de remplacement fonctionnel ont été générées en stimulant cette population
de cellules souches (Hugo Vankelekom, University of Leuven, Louvain, Belgique). Un ensemble de
signaux locaux, certains sécrétés par les cellules souches elles-mêmes, et des facteurs
environnementaux qu'il faut encore identifier, déterminent si les cellules souches restent au repos ou
se divisent. Une voie de signalisation bien connue en biologie du développement favorise la
prolifération in vitro dans un sous-ensemble de cellules souches qui donnent naissance à des cellules
produisant des hormones (Cynthia Andoniadou, King’s College, Londres, Royaume-Uni). La
différenciation des cellules progénitrices dépend de mécanismes épigénétiques, comme le
remodelage de la chromatine, qui active des gènes spécifiques à chaque type de cellule. Le choix de
la voie de différenciation détermine le destin des cellules progénitrices de l'hypophyse, qui peuvent
par exemple devenir des cellules qui sécrètent une hormone stimulatrice des mélanocytes ou des
cellules produisant une hormone adrénocorticotrope (Jacques Drouin, Institut de Recherches
Cliniques de Montréal, Montréal, Canada).
Dans une partie de l'hypothalamus, les cellules appelées tanycytes ont les propriétés des cellules
souches neurales et des cellules progénitrices. En réponse à une alimentation riche en graisse et à de
faibles taux de l'hormone leptine, qui signale la satiété, elles se différencient en neurones. Une
meilleure connaissance de ces signaux pourrait contribuer au traitement du diabète et de l'obésité
(Seth Blackshaw, Johns Hopkins University School of Medicine Baltimore, États-Unis).
Les cellules souches peuvent exercer des effets néfastes dans certaines conditions, elles peuvent
participer à la formation tumorale. On s’efforce grâce à l’utilisation de divers modèles animaux
d’identifier l’origine de ce potentiel délétère et de comprendre pourquoi et comment des tumeurs se
forment dans l'hypophyse. Ceci est essentiel afin de se protéger contre les cellules souches utilisées
dans le cadre de transplantation qui sont susceptibles de se développer en tumeurs (Vankelekom ;
Andoniadou ; Rizzoti).
Les cellules souches en culture offrent également de nouvelles opportunités de découvrir les
mécanismes cellulaires de diverses pathologies, une approche appliquée avec succès à l'étude de la
dépression (Patricia Zunszain, Institute of Psychiatry, Londres, Royaume-Uni). Les cellules souches
provenant de l'hippocampe humain, une partie du cerveau impliquée dans la formation de la mémoire,
se différencient en réponse aux médicaments antidépresseurs. D'un autre côté, la naissance de
nouveaux neurones est inhibée par des molécules inflammatoires impliquées dans la dépression liée
au stress, et par l'hormone du stress, le cortisol. Dans l’avenir, il devrait devenir possible de
personnaliser le traitement en déterminant le statut inflammatoire des patients.
L'objectif ultime de la recherche sur les cellules souches pourrait bien être de transplanter des cellules
bien définies chez l'homme pour remplacer celles présentant un dysfonctionnement lié à une mutation
génétique, un accident ou à des processus dégénératifs. La découverte récente de la possible
reprogrammation in vitro des fibroblastes de la peau prélevés chez un patient, de sorte qu'ils
redeviennent des cellules souches ou progénitrices, constitue un grand pas en avant. Ces cellules
souches pluripotentes induites (iPSC) peuvent être produites en grande quantité et, comme elles
correspondent au génotype du patient, les complications dues au rejet de greffe sont évitées. Les
molécules « signal » et les facteurs de transcription susceptibles de diriger de manière fiable ces
cellules afin qu’elles se différencient en différents types nécessaires sont en cours d'identification
(Tabansky).
Une approche passionnante consiste à cultiver des « organoïdes » en trois dimensions afin d’étudier
le complexe des signaux de positionnement impliqués dans la production de la structure des organes.
Ils peuvent également être utilisés comme modèles pour le dépistage de pathologies et la mise au