PRISE EN CHARGE DES ALCOOLIQUES À KINSHASA Dr Abraham MIFUNDU BILONGO CT/DEPARTEMENT DE PSYCHIATRIE PAVILLON 4/UNITE ADDICTOLOGIE INTRODUCTION Objectif de la communication • A la fin de cet exposé : - les participants sont informés des réalités concrètes relatives à la prise en charge des sujets confrontés aux problèmes liés à la consommation des boissons alcoolisées. - Et plus spécifiquement, ils auront renforcé leurs connaissances et pratiques Plan 1°) Consommation des boissons alcoolisées Carte des communes de Kinshasa 2°) Système de soins dans ville de Kinshasa 3°) Pratiques de la prise en charge des « alcooliques » à Kinshasa ORGANISATION DU SYSTÈME DE SANTÉ DANS LA VILLE DE KINSHASA Structures provinciales de soins • Antennes provinciales des programmes spécialisés : Antenne provinciale du Programme national de Santé Mentale • Médecine traditionnelle et autres types parallèles • Interventions des structures à vocation religieuses (églises…). STRUCTURES PROVINCIALES DE SOINS ET NIVEAUX DE SOINS • Structures de santé publique • Structures de santé privées • Structures de santé confessionnelles et des ONG • Communauté comité communal de développement • Centres de santé • Hôpitaux général de référence • Hôpital provincial de référence • Structures tertiaire de santé (Universitaires) Carte des communes de Kinshasa NIVEAUX DE SOINS CNPP Centre Hospitalouniversitaire CUK Hôpital provincial General de Référence Hôpitaux Généraux de Réference Privés Centre de Sante Communautés confessionnels STRUCTURES PROVINCIALES DE SOINS ET NIVEAUX DE SOINS COMMUNAUTÉS Comités communaux de développement Tous les aspects du développement communaux dont les problèmes de santé Identification, de sujets victimes de information problèmes de santé et interventions préventives orientation STRUCTURES PROVINCIALES DE SOINS ET NIVEAUX DE SOINS CENTRES DE SANTÉ - Types de centres de santé Publics (Majorité) confessionnels et privés Centre de santé spécialisé en santé mentale : Centre de Santé Mentale Telema (confessionnel catholique) tous les problèmes de santé dont ceux liés à l’addiction à l’alcool - Equipe de soins : professionnels de la santé et paramédicaux - Consultations et soins infirmiers Médecin : Supervision et avis sur les situations les plus graves - Fonctionnement : soins assurés 24 heures /24 heures NIVEAUX DE SOINS HÔPITAUX GÉNÉRAUX DE RÉFÉRENCE - Au moins quatre services : médecine interne, chirurgie, gynéco-obsétrique, pédiatrie et services spécialisés (dentisterie, ORL., ophtalmologie …) - Hôpital de l’Amitié Sino Congolaise Equipe de soins : médecins généralistes et spécialistes dont le neuropsychiatre comme consultant, infirmiers, psychologue, assistant social Hopital de Référence de Makala NIVEAUX DE SOINS HÔPITAUX GÉNÉRAUX DE RÉFÉRENCE (SUITE) Seul l’hôpital de Kintambo a un neuropsychiatre Consultations de médecine générale Médecins spécialistes : consultations et avis sur des situations spécialisées Neuropsychiatre consulté pour des consultations et avis sur des situations neuropsychiatriques dont l’addiction à l’alcool NIVEAUX DE SOINS HÔPITAL PROVINCIAL DE RÉFÉRENCE DE KINSHASA 4 services : médecine interne, chirurgie, gynéco-obsétrique, pédiatrie et services spécialisés (dentisterie, ORL., ophtalmologie …) Equipe de soins : médecins généralistes et spécialistes dont un neuropsychiatre, infirmiers, psychologue, assistant social Consultations de médecine spécialisées NIVEAUX DE SOINS STRUCTURES TERTIAIRES DE SANTÉ - 3 établissements: CUK Cliniques Universitaires de Kinshasa, Centre Neuro-psychopathologique de l’Université de Kinshasa et Hôpital du Centenaire - 3 missions : CNPP Recherches, enseignements, soins et interventions dans la communauté dont l’élaboration des protocoles CINQUANTENAIRE NIVEAUX DE SOINS Accessibilité aux soins Très peu d’alcooliques font objet d’une référence médicale Certains sont transférés La majorité choisi sa structure des soins et préfère les privées Dans toutes les structures, les soins sont payant, très souvent, cash NIVEAUX DE SOINS CONCLUSIONS EN RAPPORT AVEC LA STRUCTURATION DES SOINS Forte présence des médecins spécialistes dont les neuropsychiatres Absence des psychologues au centre de santé Pas d’infirmiers et médecins psychiatres permanents dans tous les hôpitaux généraux de référence NIVEAUX DE SOINS CONCLUSIONS EN RAPPORT AVEC LA STRUCTURATION DES SOINS Soins des alcooliques réservés aux spécialistes, particulièrement les neuropsychiatres Soins peu accessibles économiquement et culturellement (neuropsychiatre = « médecin des fou ») Le délai d'attente qualifié très long dans les structures étatiques, la perception négative de l’hôpital neuropsychiatrique…limitent leur fréquentation CONSOMMATION DES BOISSONS ALCOOLISÉES À KINSHASA Importance de la consommation de boissons alcoolisées à Kinshasa Nous reconnaissons l’absence d’informations fiables Aucune enquête provinciale n’a été réalisée Données illustrant l’ampleur : Recrudescence de l’alcoolisme retenue parmi les problèmes prioritaires de la Politique Nationale de Santé Mentale La consommation de l’alcool est de l’enquête. La consommation de boissons alcoolisées quasi associée à celle du cannabis et du tabac,,,. CONSOMMATION DES BOISSONS ALCOOLISÉES À KINSHASA Sa production locale s’accroit et avait inquiétée l’autorité provinciale Politique et Plan Directeur de développement de la santé Mentale en RDC, 1999 Mifundu B. Rapport sur la consommation des substances psycho-actives chez les filles en situation de rue du Centre Anuarite,2014 Mifundu B. Profil Profil socio-clinique de patients cannabiques avec troubles mentaux hospitalisés au CNPP/MA ; Mémoire de fin de spécialisation en neuropsychiatrie Mampunza M.M., Mifundu B .Bikangi F. Rapport enquête sur la santé mentale des enfants de la rue dans la ville de Kinshasa,2002 Mifundu B. Rapport sur la consommation des substances psycho-actives chez les filles en situation de rue du Centre Anuarite, 2014 • Très peu sollicitent ou accèdent aux soins • Repérage et prise en charge tardifs des consommations problématiques. PRISE EN CHARGE DES PATIENTS DÉPENDANTS À L’ALCOOL AU CNPP/UNIKIN Structures de prise en charge : Service de psychiatrie organique et psychosocial Particularités du service : N’est pas un service proprement dit « d’alcoologie ou d’addiction» Reçoit tout les patients présentant un trouble psychiatrique d’étiologie somatique ou psychosomatique PRISE EN CHARGE DES PATIENTS DÉPENDANTS À L’ALCOOL AU CNPP/UNIKIN Capacités : 22 lits Personnels - Professeurs addictologue/alcoologie : 1 - Chef des travaux addictologue : 1 - Spécialistes : 2 - Assistants : 2 à 4 par rotation - Infirmiers(ères) : - Psychologues : 2 - Assistant social : 1 - Ergothérapeute : 1 - Administration : 2 - Agents d’assainissement : 3 PRISE EN CHARGE DES PATIENTS DÉPENDANTS À L’ALCOOL AU CNPP/UNIKIN Biologiques Psychométrique Alcohol Use Disorder Identification Test (AUDIT) Scores varient entre 0 et 13. Le point de césure standard de 8 est utilisé pour déterminer si la personne souffre d’un trouble d’abus ou de dépendance à l’alcool Entre 0 et 8, la consommation d’alcool n’évoque pas une consommation nocive ; Entre 9 et 12, la consommation est qualifiée nocive et, Au-delà de 13, il s’agit d’une dépendance à l’alcool. EVALUATIONS Clinique de l’Alcoolo- dépendance selon le DSM-IV 1. Tolérance définie par l’un des symptômes suivants : • Nécessité d’augmenter ses doses d’alcool pour « se sentir bien » ou • Diminution marquée de l’effet pour une même quantité d’alcool. 2. Sevrage caractérisé par : • Symptômes de sevrage (tremblements, irritabilité, sueurs…) ou • Prise d’alcool pour soulager ou éviter les symptômes de sevrage. EVALUATIONS Clinique de l’Alcoolo- dépendance selon le DSM-IV (suite) 3. Prise d’alcool en quantité plus importante ou pendant une période plus prolongée que celle envisagée. 4. Désir persistant ou efforts infructueux du patient, pour diminuer ou contrôler sa consommation d’alcool. EVALUATIONS Clinique de l’Alcoolo- dépendance selon le DSM-IV (suite) 5. Beaucoup de temps passé ou beaucoup d’efforts prodigués pour se procurer de l’alcool (Exemples : sorties nocturnes, vol, dissimulation…). 6. Le patient a dû abandonner ou réduire ses activités sociales, professionnelles ou de loisirs à cause de sa consommation d’alcool. EVALUATIONS Clinique de l’Alcoolo- dépendance selon le DSM-IV (suite) 7. Le patient a du mal à s’empêcher de boire, bien qu’il sache avoir un problème psychologique ou physique persistant ou récurrent susceptible d’avoir été causé ou exacerbé par la consommation d’alcool. Exemple : le patient continue à boire bien qu’il connaisse l’aggravation d’un ulcère du fait de sa consommation d’alcool). La présence d’au moins 3 réponses positives définit une dépendance. PRATIQUES DE LA PRISE EN CHARGE DES « ALCOOLIQUES » LOGIQUE D’INTERVENTION Service de consultation, des urgences ou d’hospitalisation Alliance thérapeutique Accueil Médecin référent Construction du projet de réinsertion Administratifs et infirmiers Equipe multidisciplinaire Evaluation Accompagnement Equipe Multisciplinaire Construction du projet d’accompagne 2quipe multidisciplinaire Sectorielle PRATIQUES DE LA PRISE EN CHARGE DES « ALCOOLIQUES » LOGIQUE D’INTERVENTION • Accueil – Mise en confiance – Formalités et renseignement administratifs • Alliance thérapeutique – Mise en confiance – Avec un médecin référent du service – Présentation de l’équipe – Description de la structuration et du fonctionnement du service – Expression des objectifs, attentes, des craintes, de la demande …du sujet – Description du processus de l’aide au sevrage et au maintien de l’abstinence – Définition des rôles des acteurs EVALUATIONS Evaluations Caractéristiques de la consommation active d’alcool et catégorisation Niveau de consommation Conduites à risque associés Profil de la conduite d’alcoolisation Caractéristiques du sujet Demande d’aide Clinique Biologique Demande d’aide Profil du sujet Construction du projet d’accompagnement Caractéristiques de l’environnement Demande d’aide Profil de l’environnement CARACTÉRISTIQUES DE LA CONDUITE D’ALCOOLISATION REPÈRES DE LA CONSOMMATION D’ALCOOL • 1. Entretiens : – – – – – Unités d’évaluation de la consommation : Grammes d’alcool pur Nombre de verres standard 1 verre d’alcool = 10g d’alcool pur Consommation à risque (OMS): • 20 à 40 g d’alcool par jour pour les femmes, soit plus de 40g • 40 à 60 g par jour pour les hommes soit plus de 60 g – Consommation épisodique massive d’au moins 60 g d’alcool au cours d’une seule occasion – Sexe : les femmes ont un volume d’eau inférieur • Quand intervenir • Si : - Plus de 140g/semaine, chez la femme - Plus de 280g/semaine, chez l’homme 2. Tests : AUDIT (Alcohol Use Disorders Identification Test) de l’OMS 0 1 2 3 4 Jamais 1 fois par mois ou moins 2à4 fois par mois 2 à 3 fois par semaine Au mois 4 fois par semaine 1 ou 2 3 ou 4 5 ou 6 7 ou 8 10 ou plus Jamais Mois d’une fois par semaine Une fois Une fois par par semaine mois Tous les jours ou presque Jamais Moins d’une fois par mois Une fois Une fois par par semaine mois Tous les jours ou presque Jamais Moins d’une fois par mois Une fois Une fois par par semaine mois Tous les jours ou presque 1. Quelle est la fréquence de votre consommation d'alcool ? 2. Combien de verres contenant de l'alcool consommez-vous un jour typique où vous buvez ? 3. Avec quelle fréquence buvezvous six verres ou davantage lors d'une occasion particulière ? 4. Au cours de l'année écoulée, combien de fois avez-vous constaté que vous n'étiez plus capable de vous arrêter de boire une fois que vous aviez commencé? 5. Au cours de l'année écoulée, combien de fois votre consommation d'alcool vous a-telle empêché de faire ce qui était normalement attendu de vous ? Jamais Mois d’une fois par mois Une fois par mois Une fois par semaine Tous les jours ou presque jamais Moins d’une fois par mois Une fois par mois Une fois par semaine Tous les jours ou presque 8. Au cours de l'année écoulée, combien de fois avez-vous été incapable de vous rappeler ce qui s’était passé la soirée précédente parce que vous aviez bu ? Jamais Moins d’une fois par mois Une fois par mois Une fois par semaine Tous les jours ou presque 9. Avez-vous été blessé ou quelqu’un d’autre a-t-il été blessé parce que vous aviez bu ? non 6. Au cours de l'année écoulée, combien de fois avez-vous eu besoin d'un premier verre pour pouvoir démarrer après avoir beaucoup bu la veille ? 7. Au cours de l'année écoulée, combien de fois avez-vous eu un sentiment de culpabilité ou des remords après avoir bu ? 10. Un parent, un ami, un médecin non ou un autre soignant s’est –il inquiété de votre consommation d’alcool ou a-t-il suggéré que vous la réduisiez ? Oui mais pas au cours de l’année écoulée Oui mais pas au cours de l’année écoulée Oui mais pas au cours de l’année Oui mais pas au cours de l’année CARACTÉRISTIQUES DE LA CONDUITE D’ALCOOLISATION Adolescents : Dépistage /Evaluation du besoin d’aide –Drogues. En pratique : usage du seul AUDIT En effet : – Verres utilisés sont assez diverses – Boissons sont consommées en associations aléatoires, en fonction des opportunités – Consomment souvent la boisson qui se présente, en cas de dépendance – Consommation dans les bouteilles… CARACTÉRISTIQUES DE LA CONDUITE D’ALCOOLISATION Intervenons si : Score AUDIT plus de 8 Entre 0 et 8 : Absence de consommation nocive: Intervention brève Entre 9 et 12 : consommation nocive : accompagnement en ambulatoire Au-delà de 13 : dépendance à l’alcool : Accompagnement en hospitalisation EVALUATION DES CONSÉQUENCES De manière générale : Clinique : – – – – Entretiens Examen neuro-somatique DSM EGF Anthropométrique : Taille, Poids, IMC – Fonctionnement – EGF EVALUATION DES CONSÉQUENCES Biologique : – Inflammatoire (VS, GB, VS, FL, PCR) – Gamma-glutamyl transpeptidase sérique ( GT), – Transaminases : SGOT , SGPT – Bilirubines – Volume globulaire moyen (VGM) Sociale : enquête sociale Psychologique : test de personnalité ou auto-questionnaire d'évaluation de Bortner EN PRATIQUE : EVALUATION CLINIQUE – Peut avoir lieu en salle de consultation ou d’hospitalisation – Entretiens (DSM) : troubles psychiatriques et conduites à risques – Examen neuro-somatique – Bilan anthropométrique : taille, poids et IMC – EGF EN PRATIQUE : EVALUATION CLINIQUE Biologie inflammatoire (tous) Transaminases et/ou GGT et VG (en clinique privée) Alcoolémie (avant 2010) Autres, en fonction de l’examen neurosomatique Enquête sociale Par l’assistant social (CNPP) ou Entretiens thématiques par les infirmières avec les personnes clés (en privé) PROJET INDIVIDUEL D’ACCOMPAGNEMENT AU SEVRAGE ET AU MAINTIEN DE L’ABSTINENCE Au CNPP/UNIKIN – L’assistant référent rassemble les données de différentes évaluations – Elabore la synthèse des données – Les discute avec l’assistant sénior et/ou le spécialiste du service – Expose l’avant projet au tour de salle assis à toute l’équipe de service en vue de la validation du projet individuel d’accompagnement d’aide au sevrage et au maintien PROJET INDIVIDUEL D’ACCOMPAGNEMENT AU SEVRAGE ET AU MAINTIEN DE L’ABSTINENCE En clinique privé : – L’infirmier chef rassemble, au fur et à mesure les données des évaluations – Le médecin référent synthétise les données sectorielles – Il élabore le projet d’accompagnement à l’aide et au maintien de l’abstinence – Le discute avec les partenaires impliqués PROJET INDIVIDUEL D’ACCOMPAGNEMENT AU SEVRAGE ET AU MAINTIEN DE L’ABSTINENCE Au centre de santé – Usage des Ordinogrammes ou Algorithmes comme arbre de décisions – Réfère ou transfère le cas à l’hôpital : CNPP si troubles psychiatrique associé ou encore forte dépendance ou, A l’hôpital général de référence ou provinciale de référence si problèmes physique associé – Si au centre de santé mentale Telema, il le réfère au neuropsychiatre et/ou au psychologue consultant ACCOMPAGNEMENT D’AIDE AU SEVRAGE ET AU MAINTIEN DE L’ABSTINENCE 1. EN AMBULATOIRE 2. EN HOSPITALISATION • En équipe pluridisciplinaire • Associe des : – Actions psychothérapeutiques – Entretiens individuels motivationnels – Entretiens en groupes – Activités ludiques, créatives et récréatives (jeux, dessins …, au centre du jour) – Traitements médicamenteux • Entretiens individuels motivationnels MERCI POUR VOTRE ATTENTION