discussion

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ASPECTS RADIOLOGIQUES DE LA
MALADIE DU POUMON DES ÉLEVEURS
D'OISEAUX
H. NJEH¹, H.ABID¹, F.FRIKHA², W.FEKI¹, S.HADDAR¹,
KH.BEN MAHFOUDH¹, Z.BAHLOUL², J.MNIF¹.
¹Service de Radiologie, CHU Habib Bourguiba Sfax Tunisie
²Service de médecine interne CHU Hèdi Chaker Sfax Tunisie
CHEST IMAGING : CH 19
INTRODUCTION

La maladie du poumon des éleveurs d'oiseaux est
une alvéolite d'hypersensibilité secondaire à
l’inhalation d’allergène d’origine aviaire (plumes
et déjections d’oiseaux). Elle peut se manifester
sous 3 formes (aiguë, subaiguë et chronique).
PATIENTS ET MÉTHODES
Nous rapportons une observation de maladie des
éleveurs d’oiseaux dans sa forme chronique révélée
par une polyarthrite chronique, colligée dans le
service de Médecine interne Sfax Tunisie.
 Nous essayons à travers cette observation et une
revue de la littérature de rappeler les mécanismes
physiopathologiques, les caractéristiques cliniques,
biologiques, radiologiques et thérapeutiques de
cette pneumopathie d’hypersensibilité

OBSERVATION
OBSERVATION

Madame M.E, âgée de 54 ans, se présentait en
Juin 2011 pour une polyarthrite chronique
touchant de façon bilatérale et symétrique les
grosses et les petites articulations (poignets,
MCP, IPP et genoux) évoluant depuis 4 ans,
associée à une dyspnée d’effort d’installation
insidieuse et une toux sèche. Elle signalait un
amaigrissement important de 10 Kilos. L’examen
clinique objectivait une polyarthrite touchant les
articulations MCP des 2èmes et 3ème doigts et les 2
poignets.
OBSERVATION

Il existait un hippocratisme digital bilatéral.
OBSERVATION
L’examen pleuropulmonaire était sans anomalies,
ainsi que le reste de l’examen clinique.
 Le bilan biologique initial montrait un syndrome
inflammatoire biologique, une hyperleucocytose
modérée et une hypergammaglobulinémie
polyclonale à 15,6 g/L. Le facteur rhumatoïde était
fortement positif, les anticorps anti-nucléaires et
les anticorps anti-CCP étaient négatifs. Les
radiographies des mains et des pieds étaient sans
anomalies, ainsi que la scintigraphie osseuse.

OBSERVATION

Le cliché thoracique révélait un syndrome interstitiel
bilatéral avec présence de micronodules de faible
densité, à contours mal définis
TDM THORACIQUE COUPES AXIALES

Multiples plages en verre dépoli, à contours nets, de
forme géographique associée à des plages de densité
normale piégés en expiration: pneumopathie d’hyper
sensibilité au stade subaigu
TDM THORACIQUE COUPES AXIALES

Multiples plages en verre dépoli, à contours nets, de
forme géographique associée à des plages de densité
normale piégés en expiration: pneumopathie d’hyper
sensibilité au stade subaigu
TDM THORACIQUE COUPES CORONALES

Multiples plages en verre dépoli, à contours nets, de
forme géographique associée à des plages de densité
normale piégés en expiration: pneumopathie d’hyper
sensibilité au stade subaigu
OBSERVATION
L’exploration fonctionnelle respiratoire mettait
en évidence un trouble ventilatoire restrictif
(baisse de la capacité vitale de 35%).
La
gazométrie artérielle retrouvait une hypoxémie à
55 mm Hg de PaO2.
 Le lavage bronchiolo-alvéolaire était riche en
polynucléaires neutrophiles et en lymphocytes.

OBSERVATION
L’interrogatoire poussé nous fait découvrir la
notion d’élevage domestique de pigeons et de
perroquets depuis 10 ans.
 Après avoir éliminé les autres causes de
pneumopathies interstitielles (Biopsie des
glandes salivaires accessoires normale, dosage de
l’Enzyme de conversion de l’angiotensine normal,
enquête infectieuse avec Recherche de BK
négative), le diagnostic de la maladie des
éleveurs d’oiseaux étaient retenue.

OBSERVATION
La possibilité d’un rhumatisme inflammatoire
type polyarthrite rhumatoïde (PR) associée selon
les critères ACR/EULAR 2010 reste toutefois
possible.
 La patiente a été traitée par corticothérapie
orale à raison de 1 mg/Kg/j avec l’éviction totale
de l’exposition.
 L’évolution était favorable avec amélioration des
symptômes articulaires et diminution de
l’intensité de la dyspnée.

DISCUSSION
DISCUSSION
La maladie du poumon d'éleveurs d'oiseaux est
une pneumopathie d’hypersensibilité ou une
alvéolite allergique extrinsèque (AAE) secondaire
à l'inhalation de particules antigéniques
d'origine aviaire.
 Cette affection est fréquente et occupe une place
importante parmi les pneumopathies
immunologiques liées à l'environnement.
 Tout individu en contact avec des oiseaux
(pigeons, perruches ou tourterelles), peut
développer la maladie.
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DISCUSSION
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C’est une pathologie sévère, à localisation pulmonaire
exclusive dont les phases initiales aiguës et subaiguës
sont réversibles, mais dont la phase chronique est le
plus souvent évolue vers une fibrose irréversible.
Certains symptômes extra pulmonaires peuvent se
voir au cours de cette pneumopathie d’hypersensibilité
à type d’arthralgie, d’oligoarthrite ou de myosite.
L’originalité de notre observation c’est que cette
pneumopathie était révélée par une polyarthrite
chronique qui était le symptôme motivant la patiente
à consulter. Une telle présentation a été rarement
décrite dans la littérature à travers quelques
observations.
DISCUSSION
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La possibilité d’un rhumatisme inflammatoire type
polyarthrite rhumatoïde (PR) associée selon les
critères ACR/EULAR 2010 reste toutefois possible, et
à notre connaissance , ça serait la première
observation décrite d’une telle association., et qu’il ne
peut pas s’agir d’une atteinte pulmonaire secondaire à
la polyarthrite rhumatoïde.
La présence du Facteur rhumatoïde peut aussi se
voir au cours de cette pneumopathie avec une
fréquence arrivant à 50 % des cas.
La maladie d’éleveurs d’oiseaux peut évoluer à bas
bruit pendant plusieurs années, comme chez notre
patiente, et se révéler à un stade d’insuffisance
respiratoire chronique.
DISCUSSION
Pathogénie et pathologie
 La réponse immunitaire à l’inhalation
d’allergènes est à la fois humorale (type III) et
surtout cellulaire (type IV). Il en résulte une
inflammation alvéolaire faite d’abord de
neutrophiles, puis de lymphocytes CD8+. Il se
forme ensuite des granulomes mal définis, sans
nécrose caséeuse, disposés de façon diffuse, mais
prédominant dans les espaces péri bronchiolaires.
 Au stade subaigu, la maladie est caractérisée en
pathologie par l’association d’alvéolite, de
bronchiolite et de granulomes. Ces granulomes
peuvent aboutir à une fibrose soit modérée péri
bronchiolaire, soit sévère en rayon de miel.
DISCUSSION
Examens complémentaires
 Étude de la fonction respiratoire:
• Syndrome restrictif au stades précoces
• Syndrome mixte restrictif et obstructif au stade
chronique
 Anticorps précipitants contre l’allergène en
cause: signe d'orientation certain pour le
diagnostic, mais non pathognomonique de
l'affection.
 Lavage broncho-alvéolaire: lymphocytoses> 20%
à prédominance CD8
DISCUSSION
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La radiographie thoracique:
Souvent anormale. Les anomalies sont pulmonaires,
bilatérales et diffuses, variant avec le stade de la maladie.
Dans les formes aigues:
Parfois la radiographie est normale
Souvent des opacités alvéolaires bilatérales prédominant
au niveau des lobes inférieurs.
Ces opacités régressent en quelques jours après l’arrêt de
l’exposition.
Dans les formes subaigües:
Micronodules de faible densité, à contours mal définis
Hyperdensités en verre dépoli prédominant au niveau des
régions moyennes et inférieures
Dans les formes chroniques:
Aspect de fibrose
DISCUSSION
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

En tomodensitométrie:
Micronodules (50% des cas) peu denses, à limites
floues , de localisation centrolobulaire avec une
distribution relativement diffuse et homogène.
Hyperdensité en verre dépoli isolée ou associée aux
micronodules exprimant à la fois des lésions
d’alvéolite et des lésions de bronchiolite.
Le verre dépoli est soit diffus, soit réparti en foyers
donnant un aspect en carte de géographie ou en
mosaïque. Il existe souvent des lobules pulmonaires
secondaires clairs, piégés en expiration, ce qui
témoigne d’une obstruction bronchiolaire par des
bouchons de tissu fibroblastique
DISCUSSION
En tomodensitométrie:
Si l’exposition allergisante est maintenue ou reprise,
l’évolution peut se faire vers un aspect de fibrose
diffuse avec opacités réticulées et diminution du
volume pulmonaire, mais les zones peu atteintes
peuvent être distendues et il existe parfois un aspect
d’hyper aération .
Cette fibrose est sans prédominance topographique ou
prédomine au niveau des régions moyennes. Elle est
caractérisée par une distorsion pulmonaire incluant
des opacités linéaires et réticulées, du rayon de miel
et des bronchectasies par traction auxquelles peuvent
s’associer une hyperdensité en verre dépoli ou des
micronodules qui témoignent de la persistance de
l’exposition.
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DISCUSSION
Traitement:
 Il n'existe pas de traitement spécifique de la
maladie.
 La corticothérapie, seul traitement efficace
actuellement, en dehors de la suppression de la
source antigénique, a été instaurée chez notre
patiente avec un effet favorable sur les
symptômes pulmonaires et aussi articulaires.
CONCLUSION
La maladie des éleveurs d’oiseaux est une
maladie dont les phases initiales aigue et
subaiguë sont réversibles, mais dont la phase
chronique est une fibrose irréversible.
 Au stade subaigu le diagnostic est souvent facile
en TDM alors qu’au stade chronique, le
diagnostic peut être difficile. Un respect relatif
des bases pulmonaires est souvent présent, ce qui
facilite le diagnostic différentiel entre une
pneumopathie d’hypersensibilité avec fibrose
pulmonaire idiopathique.

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