GESTION DU SECTEUR PUBLIC

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CADERDT
LES DÉFIS DE LA GOUVERNANCE
DES SECTEURS PUBLIC ET PRIVÉ
Kako NUBUKPO
Directeur Exécutif du CADERDT
Contact : [email protected]
Lomé, le 14 Octobre 2013
PLAN DE PRÉSENTATION

POURQUOI ŒUVRER POUR UNE BONNE GOUVERNANCE ET UNE GESTION SAINE DU
SECTEUR PUBLIC?
GESTION DU SECTEUR PUBLIC



PRINCIPES ET BONNES PRATIQUES DE GESTION FISCALE

DIRECTIVES DE GESTION DE LA DETTE

PRINCIPES ET BONNES PRATIQUES DE GESTION DE LA DETTE

PRINCIPES DE GESTION DES FINANCES PUBLIQUES
LES INSTITUTIONS COMPTABLES EN MATIÈRE DE GOUVERNANCE
POURQUOI LA GOUVERNANCE D’ENTREPRISE EST ELLE SI IMPORTANTE DANS LE
DÉVELOPPEMENT DU SECTEUR PRIVÉ?

LA BONNE GOUVERNANCE

LES COMPOSANTES CLEFS DE LA BONNE GOUVERNANCE DES ENTREPRISES

RÉFORMES DE GOUVERNANCE D’ENTREPRISE ET DÉVELOPPEMENT DU SECTEUR PRIVÉ
Kako NUBUKPO
Octobre 2013
POURQUOI ŒUVRER POUR UNE BONNE GOUVERNANCE
ET UNE GESTION SAINE DU SECTEUR PUBLIC?
1
Il existe au moins quatre (4) raisons pour lutter contre la mauvaise gouvernance et la mauvaise
gestion du secteur public.
•
•
•
•
Existence d’une corrélation positive entre les systèmes de gouvernance efficaces, la croissance
économique et la lutte contre la pauvreté ;
Une bonne gouvernance offre non seulement des possibilités et des ressources supplémentaires pour
les citoyens et les entreprises mais aussi des canaux par lesquels les gouvernements peuvent soutenir
la prestation des services essentiels ;
La recherche d’une bonne gouvernance permet de créer un environnement de « redevabilité : le
processus par lequel le gouvernement rend compte à la population» ;
La recherche d’une bonne gouvernance permet à l’Etat de bien gérer les ressources budgétaires.
Cette première partie de la présentation permet de vous introduire au rôle d’un secteur public
fonctionnel dans le succès de la lutte contre la pauvreté et de comprendre pourquoi le premier
axe stratégique des documents de Stratégie de Réduction de la Pauvreté concerne la recherche
d’une bonne gouvernance.
Kako NUBUKPO
Octobre 2013
GESTION DU SECTEUR PUBLIC : ÉTAT PRESTATAIRE DE SERVICE
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Trois principales composantes théoriques forment la base du consensus du
marché libéral derrière la vision de l’Etat « prestataire de service » :
1. Les marchés efficients sont libres de toute rente et ont des droits de propriété stables.
La théorie standard de l’efficience sur des marchés concurrentiels a été approfondie
par l’analyse néo-institutionnelle qui énonce que les droits de propriété bien définis
et stables sont une condition sine qua non pour avoir des échanges efficaces, et ils
créent également des incitations pour l’investissement à long terme (Bates, 2001 ;
North, 1990).
Les nouvelles théories économiques de l’information critiquent ce modèle du marché,
mais le point de vue le plus simple domine toujours le consensus général. Confère
Stiglitz et Weiss 1981, O. Williamson 1985. etc.
2. Les comportements de recherche de rente créent des rentes et déstabilisent les droits de
propriété. Les rentes persistantes et dommageables ainsi que l’instabilité des droits
de propriété qui leur est associée sont à leur tour expliquées par les incitations à
rechercher des rentes (Krueger, 1974 ; Posner , 1975).
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Octobre 2013
GESTION DU SECTEUR PUBLIC : ÉTAT PRESTATAIRE DE SERVICE
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Les comportements de recherche de rente consistent en des activités telles que le
lobbying ou la corruption visant à persuader l’Etat de créer une rente. La corruption
est une recherche de rente illégale où celui qui recherche la rente utilise un pot-devin pour influencer des membres de l’autorité publique. Une des conséquences est la
déstabilisation des droits de propriété.
3. L’absence de démocratie et une bureaucratie de mauvaise qualité permettent à la
recherche de rente de continuer. Elle augmente la probabilité pour un groupe
restreint de continuer sa recherche de rente socialement dommageable (Olson, 2000
; North, 2000). Les salaires faibles pour la bureaucratie, une bureaucratie politique
d’appoint et un mauvais système judiciaire peuvent chacun réduire le coût anticipé de
l’acceptation du pot-de-vin par les corrompus, rendant la recherche de rente plus
vraisemblable (Banque Mondiale, 1997).
Le graphique 1 ci-après montre la façon dont ces trois composantes centrales du
consensus du marché libéral interagissent pour expliquer comment les pays en
développement peuvent rester bloqués avec les échecs récurrents de l’Etat.
Kako NUBUKPO
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Octobre 2013
GRAPHIQUE 1: L’ÉCHEC DE L’ETAT : LE CONSENSUS DU MARCHÉ LIBÉRAL
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Recherche de rente et corruption :
Des groupes et individus achètent
des privilèges et du pouvoir
Absence de
démocratie :
Des petits groupes
monopolisent le
pouvoir
Absence de volonté politique,
Administration nommée par les
politiques
Faibles salaires dans
l’administration Mauvais
système judiciaire
Rentes créées par l’Etat :
Distorsion sur le marché,
droits de propriété
instables, mauvais es
infrastructures, incitations
à chercher des rentes
Stagnation Economique et Instabilité
politique
Créent des incitations supplémentaires
pour des activités non productives
Source : Echec de l’Etat dans les pays en développement et les stratégies de réformes institutionnelles
GESTION DU SECTEUR PUBLIC : ÉTAT PRESTATAIRE DE SERVICE
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L’implication politique du modèle du consensus est qu’un certain nombre de
réformes de « bonne gouvernance » parallèles sont nécessaires pour
traiter de l’échec de l’Etat . Alors que dans le passé des réformes
économiques pour rendre les marchés concurrentiels et sans rente étaient
jugées prioritaires, il est aujourd’hui avancé que ces politiques ne peuvent
être efficaces sans qu’il y ait simultanément des réformes politiques et
institutionnelles.
Quelles sont donc les principes et les bonnes pratiques en matière de :
gestion fiscale, gestion de la dette ; et de gestion des finances
publiques ?
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GESTION DU SECTEUR PUBLIC : PRINCIPES ET BONNES PRATIQUES
DE GESTION FISCALE
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En matière de gestion fiscale , l’accent est essentiellement mis sur la participation de la
société civile et l’obligation de rendre compte, la séparation des pouvoirs et les pratiques
de transparence.
Pour avoir une idée sur les indicateurs mesurables pour les dispositions générales du FMI,
on peut se référer au code de bonnes pratiques du FMI en matière de transparence fiscale.
Le code est regroupé en des thématiques suivantes:




Le rôle et les responsabilités au sein du gouvernement doivent être clairement établis.
L’information sur les activités gouvernementales doit être mise à la disposition du
public.
La préparation, l’exécution et le contrôle du budget doivent être entrepris de manière
ouverte.
L’information fiscale doit être soumise à un examen indépendant
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GESTION DU SECTEUR PUBLIC : DIRECTIVES DE GESTION DE
LA DETTE
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Qu’est-ce que la gestion de la dette publique? Pourquoi est-elle importante?
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La gestion de la dette souveraine consiste à établir une stratégie de gestion de la dette
de l’État capable de mobiliser le montant de financement voulu, de réaliser ses objectifs
de coût et de risque ainsi que tous les autres objectifs que les autorités peuvent avoir fixé
à la gestion de la dette souveraine, comme par exemple le développement et le maintien
d’un marché de titres publics performant (BM et FMI, 2001).
Les gestionnaires de la dette souveraine partagent le souci des conseillers budgétaires de
maintenir l’endettement du secteur public sur une trajectoire viable et de mettre en place
une stratégie crédible pour réduire le niveau de l’endettement s’il est excessif. Il importe
que les gestionnaires de la dette fassent comprendre aux autorités budgétaires
l’incidence que les besoins de financement et le niveau d’endettement de l’État ont sur les
coûts d’emprunt (Alesina, M. de Broeck, A. Prati et G. Tabellini, 1992).
Les variables permettant de déterminer si le degré d’endettement est tolérable sont, par
exemple, le ratio du service de la dette du secteur public, et le ratio de la dette
publique/PIB et le ratio dette publique/recettes fiscales.
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GESTION DU SECTEUR PUBLIC : PRINCIPES ET BONNES PRATIQUES
DE GESTION DE LA DETTE
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En fonction de la nature du régime de change, un recours excessif à l’emprunt en devises
étrangères peut susciter des pressions sur le taux de change et/ou d’intérêt si les
investisseurs étrangers deviennent réticents à refinancer la dette en devises de l’État.
En réduisant le risque que la gestion de portefeuille de l’État lui-même ne devienne une
source d’instabilité pour le secteur privé, une gestion prudente de la dette publique peut
permettre aux pays d’être moins exposés à la contagion et au risque financier.
Des politiques économiques « budgétaires, monétaires et de taux de change »
inappropriées conduisent souvent à un endettement mal structuré et risqué, mais l’inverse
est tout aussi vrai. Cependant, une bonne politique de gestion de la dette ne peut pas
tout résoudre. Elle n’est ni une panacée ni un substitut à une gestion budgétaire et
monétaire prudente et surtout adaptée au contexte décisionnel.
De bonnes pratiques de gestion de la dette réduisent la vulnérabilité à la contagion et au
risque financier en favorisant l’élargissement et le renforcement des marchés financiers
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LES INSTITUTIONS COMPTABLES EN MATIÈRE DE GOUVERNANCE
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Pourquoi mettre en place un mécanisme d’intégrité et d’obligation de rendre
compte en matière financière, de respect des règles et codes de la
transparence budgétaire et fiscale ?
(i)
(ii)
(iii)
Dans une démocratie, les citoyens ont un droit à l’information sur les affaires
du gouvernement qu’ils ont élu.
La transparence contribue à améliorer le système de décision au sein du
gouvernement.
La transparence est une pré-condition pour une participation effective du
parlement et des organisations de la société civile.
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GESTION DU SECTEUR PUBLIC : PRINCIPES DE GESTION DES
FINANCES PUBLIQUES
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Principes de transparence et de responsabilité dans la gestion des finances publiques qui peuvent
aider les institutions en charge de la gestion des finances publiques (ICFP) à mettre en place des
pratiques et des modes de gouvernance exemplaires.
Principe 1 : Les ICFP exécutent leurs missions dans le cadre d’un dispositif juridique qui garantit
la responsabilité et la transparence.
Bonnes pratiques : (i) Pour certaines ICFP, les références aux principes de transparence et de
responsabilité sont spécifiées dans la législation. Certaines ICFP mentionnent les règles de
responsabilité et de transparence applicables à leur auditeur général ; (ii) un certain nombre de lois
appliquées par les ICFP octroient au public ou au Parlement un accès à la documentation des ICFP.
La législation d’une ICFP comporte une liste exhaustive des motifs pour lesquels ce droit d’accès ne
s’applique pas à certaines informations. (iii) Les ICFP des pays de la zone UEMOA peuvent
s’inspirer ou suivre la «Directive n°01/2009/cm/UEMOA portant code de transparence dans la
gestion des finances publiques au sein de l’UEMOA».
Principe 2 : Les ICFP rendent publics leur mandat, leurs responsabilités, leur mission et leur
stratégie .
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LES INSTITUTIONS COMPTABLES EN MATIÈRE DE GOUVERNANCE
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Nécessité de tenir le secteur public responsable de ses actions, en particulier celles portant
sur l’exécution de son mandat de service public
AMÉLIORATION DES RESULTATS BUDGÉTAIRES
Débat public
Responsabilité
Construction d’un consensus
Stabilité
TRANSPARENCE FISCALE ET BUDGETAIRE
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LES INSTITUTIONS COMPTABLES EN MATIÈRE DE GOUVERNANCE
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Nécessité de tenir le secteur public responsable de ses actions, en particulier
celles portant sur l’exécution de son mandat de service public ;
Une politique fiscale transparente est celle qui permet de fournir une
information: (i) Compréhensive ; (ii) Précise, (iii) Opportune, (iv) Fréquente, (v)
utile sur les conditions économiques d’un pays et ses politiques budgétaires.
A cet effet, les dispositifs législatifs, exécutifs et judiciaires et la participation
accrue du secteur privé et des organisations de la société civile dans la gestion
budgétaire jouent un très grand rôle en matière de promotion de la bonne
gouvernance.
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CONCLUSION PARTIELLE
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La gestion rigoureuse des finances publiques est un
impératif pour la croissance et le développement ;
Cependant, il ne faut pas confondre gestion
« rigoureuse » et gestion « restrictive » des finances
publiques, car ces dernières doivent veiller à satisfaire
les trois rôles qui leur ont été dévolus par Musgrave, à
savoir l’allocation des ressources, la stabilisation de la
conjoncture et la redistribution des richesses.
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POURQUOI LA GOUVERNANCE D’ENTREPRISE EST ELLE SI
IMPORTANTE DANS LE DÉVELOPPEMENT DU SECTEUR PRIVÉ?
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L’entreprise moderne est l’un des moyens les plus puissants au monde
pour créer richesses et prospérité. Les entreprises ont été inventées
pour le bienfait de la société, mais pour jouer ce rôle et servir la
société, elles doivent être dotées d’une direction interne responsable
et opérer sur des marchés compétitifs sous une gouvernance
publique solide.
L’analyse économique considère les structures de propriété comme
étant l’un des fondements du gouvernement des entreprises (Pedersen
et Thomsen, 1999 ; Whitley, 1992; Shleifer et Vishny, 1986 ; North et
Thomas, 1973).
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POURQUOI LA GOUVERNANCE D’ENTREPRISE EST ELLE SI
IMPORTANTE DANS LE DÉVELOPPEMENT DU SECTEUR PRIVÉ ?
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• La théorie des droits de propriété (property rights) a été
développée par Alchian, Demsetz, Furubotn, Pejovich, Cheung et
De Alessi dans les années 1960. Elle se focalise sur l’efficience
allocative, en considérant que les droits définissent des modes de
comportement, de sanctions et de récompenses. Alchian estime à
cet égard que « l’économie est l’étude des droits de propriété sur
les ressources rares ».
• Le grand mérite de cette théorie est d’avoir inscrit les phénomènes
d’allocation des ressources, de production et d’échange dans un
contexte institutionnel et non, simplement, matériel et physique.
Ainsi, ce ne sont pas seulement des biens matériels qui s’échangent
sur le marché, mais aussi des droits relatifs à l’usage de ces biens.
POURQUOI LA GOUVERNANCE D’ENTREPRISE EST ELLE SI
IMPORTANTE DANS LE DÉVELOPPEMENT DU SECTEUR PRIVÉ?
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La bonne gouvernance d'entreprise serait donc un ensemble de règles de jeu
concernant l'administration interne des entreprises, qui doit être démocratique et
transparente, aussi bien dans le secteur public que dans le secteur privé.
La gouvernance d’entreprise reposerait en définitive sur cinq principes :
 Responsabilité des dirigeants et des administrateurs,
 Indépendance du Conseil d’Administration,
 Transparence des informations
 Droits des actionnaires
 Vision stratégique à long terme
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LA RESPONSABILITÉ DU CONSEIL D’ADMINISTRATION
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La responsabilité du Conseil d’Administration renvoie à
la qualité de ses décisions et de la reddition des comptes
aux actionnaires. Son indépendance repose sur la
répartition des pouvoirs entre le Président et le Directeur
Général, la place accordée aux administrateurs
indépendants et l’existence de comités spécialisés (audit,
rémunération, nomination).
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LA BONNE GOUVERNANCE
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La bonne gouvernance si elle est bien pratiquée peut : Instaurer la confiance
partenariale (clients, fournisseurs, associés professionnels, Etat...), Développer et
consolider la compétitivité de l’entreprise, Faciliter l’accès au financement et aux
systèmes de garantie offerts, Attirer des ressources humaines efficientes
(Kaufman, 2007).
Lorsqu’ « un Etat améliore certains aspects fondamentaux de son
fonctionnement, il attire davantage d’investissements et réalise une plus forte
croissance par habitant. Lorsqu’il applique les règles et politiques de manière
prévisible et équitable, assure l’ordre et l’Etat de droit et protège la propriété,
il instaure la confiance et attire davantage d’investissements nationaux et
étrangers. Dans une telle situation, le commerce se développe, la croissance
économique s’accélère et les conditions de l’insertion dans l’économie mondiale
sont créées. »
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LA BONNE GOUVERNANCE
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L’amélioration de la gouvernance d’entreprise en l’occurrence peut-elle
se résumer au simple transfert de «modèles institutionnels théoriques »,
c’est-à-dire l’adoption de dispositifs législatif, réglementaire et
institutionnel analogues à ceux en cours dans les pays occidentaux ?
• La transparence de l’information renvoie à l’exigence de
transparence du conseil vis-à-vis des actionnaires (Résultats, activité
des comités, rémunération des dirigeants, contrôle interne,
engagement hors bilan, gestion des risques, conventions
règlementées…);
• Le respect des droits des actionnaires repose sur la facilitation de
leur vote et sur leur traitement équitable.
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LES COMPOSANTES CLEFS DE LA BONNE
GOUVERNANCE DES ENTREPRISES
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Pour la commission économique des Nations Unies, les
composantes clefs de la bonne gouvernance des
entreprises sont les suivantes:
 Obligation de rendre compte;
 Efficience et efficacité;
 Intégrité et équité ;
 Responsabilité;
 Transparence.
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RÉFORMES DE GOUVERNANCE D’ENTREPRISE
ET DÉVELOPPEMENT DU SECTEUR PRIVÉ
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La promotion de la bonne gouvernance des entreprises relèverait
donc de réformes permettant de rendre effectives ces composantes ;
1. Mise en place d’un cadre juridique efficace qui définit clairement
les droits et les obligations d’une société, sa direction, ses actionnaires
et ses autres partenaires. Il devrait aussi préciser les règles relatives
à la divulgation de l’information et prévoir un cadre de mise en
application effective de la loi;
2. Déploiement d’efforts visant à asseoir une culture de bonne
gouvernance des entreprises. Les services des associations
professionnelles et sectorielles peuvent être sollicités pour élaborer
les principes de bonne gouvernance des entreprises;
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RÉFORMES DE GOUVERNANCE D’ENTREPRISE
ET DÉVELOPPEMENT DU SECTEUR PRIVÉ
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3. Mise en place d’un environnement favorable à une gouvernance des entreprises
efficace. Cela peut notamment se faire par la promotion de règles relatives à la
divulgation d’informations financières de haute qualité et par des structures
d’appropriation adéquates;
4. Mise en place de mécanismes de supervision appropriés et efficaces qui
encouragent l’adoption de solides pratiques de gouvernance des entreprises ;
5. Renforcement des capacités de gouvernance des entreprises à travers des
programmes de formation bien conçus et destinés à tous les niveaux, y compris les
directeurs, les cadres supérieurs, les organismes de surveillance des sociétés
financières, en vue d’améliorer la performance et la gestion des petites
entreprises.
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RÉFORMES DE GOUVERNANCE D’ENTREPRISE
ET DÉVELOPPEMENT DU SECTEUR PRIVÉ
23
Cependant l’expérience montre que les réformes ne peuvent
connaître de réussite que lorsque les moyens extérieurs de
discipline et les incitations internes visant à améliorer la
gouvernance des entreprises sont bien renforcés. Une plus
grande efficacité et une meilleure compétence des conseils
d’administration des sociétés en matière de supervision et de
contrôle de la gestion, par exemple, se sont révélées très
importantes. Demeure la question des codes et normes de
bonne gouvernance économique et d'entreprise dont
l'adoption se pose comme une nécessité.
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RÉFORMES DE GOUVERNANCE D’ENTREPRISE
ET DÉVELOPPEMENT DU SECTEUR PRIVÉ
25
Zambie
Avec l’aide du CIPE, l’Institute of Directors of Zambia a élaboré un code de
gouvernance d’entreprise pour les petites et moyennes entreprises (PME), qui a
été avalisé par la bourse de Lusaka.
Philippines
L’Institute of Corporate Directors a mis en place un système de notation de la
gouvernance d’entreprise avec l’aide du CIPE. L’utilisation d’une feuille de
notation est à présent obligatoire pour les entreprises cotées en bourse aux
Philippines.
Russie
Fondé avec l’aide du CIPE, le Russian Institute of Directors a aidé huit grandes
sociétés à élaborer des codes de gouvernance et a participé à la rédaction du
code national russe de gouvernance d’entreprise.
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RÉFORMES DE GOUVERNANCE D’ENTREPRISE
ET DÉVELOPPEMENT DU SECTEUR PRIVÉ
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Remarque : Faut-il en déduire qu’en l’absence de bonnes institutions de gouvernance
d’entreprise, un pays verrait son développement économique bloqué ou durablement freiné?
La réponse est délicate : en effet, comment par exemple expliquer la formidable croissance
des économies d’Asie de l’Est et du Sud-est des années 1960 à 1990, dans un contexte que
beaucoup qualifieraient sans hésiter de très « mauvaise » gouvernance d’entreprise ?
De même, le cas de la France semble tout à fait paradoxal : en effet, malgré des institutions
de gouvernance d’entreprise situées à l’opposé des normes de bonne gouvernance aujourd’hui
communément admises, ce pays a connu entre 1945 et 1973 une période de croissance forte
et même accélérée, significativement baptisée « les Trente Glorieuses ».
En effet, les institutions de gouvernance d’entreprise françaises présentaient jusqu’à une
période récente, des caractéristiques bien plus proches de celles de la plupart des pays
aujourd’hui en développement :
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RÉFORMES DE GOUVERNANCE D’ENTREPRISE
ET DÉVELOPPEMENT DU SECTEUR PRIVÉ
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Une très forte concentration de la propriété du capital, et plus encore du contrôle des
entreprises;
-L’absence de véritables contre-pouvoirs aussi bien internes qu’externes à l’entreprise;
-Une grande perméabilité avec les institutions de gouvernance politique;
-Un pouvoir judiciaire dont l’indépendance laisse souvent à désirer;
-Des pouvoirs exécutifs forts, interventionnistes en matière économique, mal ou à peine
contrôlés par les parlements nationaux;
-Des systèmes financiers longtemps organisés autour de l’Etat ou de banques contrôlées
par lui, aboutissant à des marchés de titres de taille ou de liquidité restreintes;
-L’importance des relations claniques et familiales dans l’organisation des structures de
gouvernance des entreprises;
-Enfin des systèmes sociaux régulés de manière prédominante par des relations informelles
entre intérêts ou groupes d’intérêt privés.
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RÉFORMES DE GOUVERNANCE D’ENTREPRISE
ET DÉVELOPPEMENT DU SECTEUR PRIVÉ
28
Dans les faits, les deux problèmes que doivent être capables de résoudre les
institutions de gouvernance (gouvernance des entreprises et gouvernance publique)
sont:
i) Celui de l’émergence, de l’identification d’un « intérêt commun »;
ii) Celui de sa réalisation.
Le premier pose la question des instances adéquates de délibération, de
consultation, en fonction du niveau de gouvernance concerné. Le second pose la
question des modes de coopération, de coordinations possibles.
Le rôle des institutions de gouvernance consiste alors à faire en sorte que le champ
des interactions sociales ne soit jamais réductible à un simple jeu de rapports de
forces mais permette continuellement à un intérêt commun d’émerger et d’être
réalisé. La question-clé est celle des modalités de production de la confiance, de
la dévolution des pouvoirs et de la gestion de l’information dans les
systèmes de gouvernance
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RÉFORMES DE GOUVERNANCE D’ENTREPRISE
ET DÉVELOPPEMENT DU SECTEUR PRIVÉ
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Deux paradigmes de régulation sociale des luttes d’intérêt peuvent être envisagés :
Premièrement, le paradigme d’une régulation concurrentielle, où nul agent n’est
censé détenir suffisamment de pouvoir pour fausser le jeu de la concurrence,
c’est-à-dire être en mesure d’influer sur les prix (c’est l’idée fondatrice de la
« main invisible »). Ce jeu est dès lors encadré par des règles juridiques et des
incitations financières adéquates. Un ensemble d’institutions chargées de faire
appliquer les règles du jeu assurent l’arbitrage et un certain degré d’équilibre
entre intérêts particuliers ;
Le second paradigme nous est fourni par le monopole focal de gouvernance :
c’est celui d’une régulation hiérarchique (voire hégémonique) des intérêts
particuliers qui « arrange » leur convergence vers l’intérêt général/national.
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RÉFORMES DE GOUVERNANCE D’ENTREPRISE
ET DÉVELOPPEMENT DU SECTEUR PRIVÉ
30
Ces systèmes n’excluent pas l’existence de règles, simplement elles sont souvent
informelles, tacites, non-écrites mais connues de tous et leur respect est difficilement
vérifiable par un tiers en position de neutralité, qui ne disposerait pas des informations
nécessaires pour formuler un arbitrage impartial.
Ce modèle de gouvernance repose sur des relations interpersonnelles, c’est-à-dire
entre personnes connaissant leurs préférences et leurs intérêts mutuels. C’est d’abord
sur ce mode que sont produits et partagés la confiance, le pouvoir et l’information.
Le fonctionnement des grands corps de la fonction publique en France ou de la
diaspora chinoise en Asie de l’Est et du Sud-est fournit de bons exemples de
gouvernance fondée sur les relations interpersonnelles (« Guanxi » en chinois).
La confiance, le pouvoir et les informations sont produits et partagés sur une base
familiale, ethnique, clanique (confère les ressorts du « miracle asiatique » Rajan et
Zingales, 1998, Shuhe Li, 2000).
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RÉFORMES DE GOUVERNANCE D’ENTREPRISE
ET DÉVELOPPEMENT DU SECTEUR PRIVÉ
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En pratique, il est certainement possible de détecter des formes mixtes de
production et de partage de la confiance, du pouvoir et de l’information dans
tout système de gouvernance. Le défi est ici de minimiser l’écart pouvant
exister entre la légalité (règles formelles) et la légitimité (mécanismes
endogènes et souvent tacites).
Ainsi, un troisième mode de production de la confiance, intermédiaire, se
combine fréquemment avec les deux modes déjà exposés (interpersonnel et
institutionnel). Il s’agit d’une confiance construite de manière processuelle, par le
mécanisme de la répétition des échanges, qui permet par exemple d’établir
une réputation (Zucker, 1986, Kreps 1990 en théorie des jeux)
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MERCI DE VOTRE ATTENTION
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