A. Delattre
L'évolution morphologique du cerveau. Généralités. Le lobe
temporal
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, X° Série. Tome 2 fascicule 1-3, 1951. pp. 32-55.
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Delattre A. L'évolution morphologique du cerveau. Généralités. Le lobe temporal. In: Bulletins et Mémoires de la Société
d'anthropologie de Paris, Série. Tome 2 fascicule 1-3, 1951. pp. 32-55.
doi : 10.3406/bmsap.1951.2882
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1951_num_2_1_2882
L'ÉVOLUTION
MORPHOLOGIQUE
DU
CERVEAU
GÉNÉRALITÉS
LE
LOBE
TEMPORAL
par
le
D'
A.
DELATTRE
Professeur
à
la
Faculté
Libre
de
Médecine
de
Lille
Docteur
es
sciences
Volume
et
forme
du
cerveau.
Il
est
établi
depuis
bien
longtemps
que
le
volume
relatif
du
cerveau
humain
l'emporte
de
beaucoup
sur
celui
de
la
plupart
des
animaux.
Ce
volume
important
du
cerveau
de
l'Homme
a-t-il
déterminé
le
volume considérable
de
sa
boîte
crânienne
?
Apparemment,
la réponse
à
cette
question
est
affirmative
et,
pourtant,
il
y
a
lieu de
faire
quelques
réserves,
et
il
est
néces
saire
de
donner
quelques
explications.
Nous
avons
montré
(1)
que
le
volume
du crâne
s'accroissait,
au
cours
de
l'évolution,
d'une
façon
très
particulière,
par
l'a
djonction
d'une
partie
nouvelle
dans
la
région
postérieure
de
la
boîte crânienne.
Ceci
résulte
de
la
bascule
de
la
loge
cérébelleuse,
autour
de
l'axe
vestibien,
d'un
arc
de
cercle
de
70°
environ.
Il
est
évident
que
l'accroissement
du
volume
du
cerveau
est
inca
pable
de
provoquer
un
mouvement
osseux d'une
telle
import
ance.
C'est
la
position
verticale du
cou
et
du
tronc
qui
a
donné
au
crâne
humain
sa
grande
capacité.
En
outre,
une certaine
expansion
latérale
des
parois
du crâne
se
surajoute
à
ce
pre
mier
mouvement
d'adjonction.
Il
est
cependant
possible
que
ces
deux
mouvements
(soient
dépendants
l'un
de
l'autre.
L'é
tude
des
rapports
entre
l'élargissement
du
crâne
d'une
part,
c'est-à-dire
brachy
et
dolichocéphalie
et
de
la
bascule
occipitale, d'autre
part,
est
en
effet
à
peine
ébauchée
et
serait
pourtant
fort
instructive.
Le
redressement
du
corps
de
l'Homme
a
donc
rendu
possible
(1)
Delattre
(A.).
Du
crâne
animal
au
crâne
humain.
Masson,
1951.
A..
DELATTRE.
EVOLUTION
MORPHOLOGIQUE
DU
CERVEAU
33
le
plus
grand
développement
du
cerveau
dans
une boîte
crâ
nienne
de
dimension
accrue.
A
ce
facteur
favorable,
extérieur
au
cerveau,
se
sont
ajoutés
des
facteurs
internes
de
développe
ment.
Nous
constatons
simplement
la
résultante
de
ces
actions
en
nous
efforçant
de
reconnaître
leur
part
respective.
Mais
il
serait
très
imprudent
d'affirmer
que
c'est
uniquement
le
cerveau
qui,
en
se
développant,
a
amplifié
la
boîte
crânienne.
Quelle
que
soit
la
succession
de
ces
deux
phénomènes
:
influence
primi
tive
du
cerveau
sur
le
crâne
ou
accroissement
primitif
du
crâne,
le
résultat
nous
paraît
identique.
Le
cerveau
doit
adapter
ses
contours
généraux
à
la
forme
de
son
écrin,
il
doit
se
modeler
sur
les
parois
du
crâne.
La
forme
générale
du
cerveau
suit
obligatoirement
la
forme
de
la
cavité
crânienne.
Il
est impossible
de
soutenir
la
proposi
tion
inverse,
car
nos
travaux
antérieurs
ont
montré
que
la
mor
phologie
du crâne
et
de
la
face
est
commandée
par
la
fonction
masticatrice
et
transformée
par
le
degré
de
redressement
du
cou
et
du
tronc
sur
l'horizon.
Il
importe
donc
d'étudier
ce
que
nous
appelons
les
conditions
crâniennes
de
la
morphologie
du
cerveau
et
d'analyser
ensuite
la
façon
dont
le
cerveau
captif
s'adapte
à
cette
servitude.
Conditions
crâniennes
:
le moule
crânien
,
ses
transformations.
La
boîte
crânienne
ne
se
développe
pas,
depuis
les
Carnassiers
jusqu'à
l'Homme,
comme
un
ballon qui
se
gonfle
progressive
ment.
Le
crâne
humain
n'est
pas
un
crâne
animal
«
soufflé
».
L'accroissement
de
son
volume
est
dû,
pour une
très
large
part,
au
changement
de
sa
forme.
Ceci
a
été
précédemment
établi,
mais
ce
mode
de
transformation
doit
être
rappelé brièvement.
L'orientation
préalable
des
crânes
que
l'on
veut
comparer
entre
eux
est
indispensable,
elle
se
trouve
réalisée
grâce
à
la
thode
vestibulaire,
laquelle
apparaît
la
seule
rationnelle.
Elle
consiste
à
orienter
les
crânes,
suivant
le
plan
des
canaux
semi-
circulaires
horizontaux
;
à
superposer
les
profils
crâniens
de
telle
manière
que
les
axes
vestibiens,
ligne
qui
unit
le
milieu
des
deux
canaux
semi-circulaires
horizontaux,
coïncident,
ces
axes
vestibiens étant
préalablement
ramenés
à
une
même
lon
gueur.
Cette
méthode
a
montré
que
tout
l'arrière-crâne
bascule
autour
l'axe
vestibien,
découvrant
dans
la
voûte
du crâne
un
large
hiatus
en
forme
d'onglet
sphérique,
d'une valeur
angul
aire
de
70°
environ.
Ce
mouvement
est
indiqué
par
les
déplace
ments
de
l'inion.
Cette
brèche
osseuse
est
comblée
au
fur
et
à
BULL.
ET
MÉM.
SOCIÉTÉ
ANTHROP.
DH
PARIS.
T.
2,
10e
SÉRIE,
1951.
3
34
SOCIETE
D
ANTHROPOLOGIE
DE
PARIS
mesure
de
sa
production
par
les
os
membraneux
du
voisinage,
pariétaux
et
occipitaux. Il
en
résulte
l'adjonction
d'une
région
nouvelle
à
la
boîte
crânienne,
tandis
que
la
loge
cérébelleuse
se
déplace
en
dessous d'elle
d'un
angle
de
70°
également
(fig.
1).
En
même
temps
que
se
produit
la
bascule
occipitale,
la
base
chien
chimpanzé
homme
Fig.
1.
Profils
craniométriques
superposés
de
Chien,
Chimpanzé,
Homme.
H
H',
tracé
du
plan
des
canaux
semi-circulaires
horizontaux.
V
V,
tracé
du
plan
frontal
passant
par
l'axe
vestibien
C.
I,
inion
;
B,
basion
;
O,
opisthion.
du crâne
se
brise
au niveau
de
la
loge
pituitaire.
L'angle
sphé-
noïdal
se
forme
et
pénètre
comme
un
coin
dans
la
cavité
crâ
nienne.
Plus
en
avant,
le
planum
suit ce
mouvement ascensionn
el,
le
crible
ethmoïdal
également,
et
le
crible
s'aligne
sur
le
planum.
De
chaque
côté du
crible,
les parois
supérieures des
orbites
se
relèvent
par
leur partie
interne,
c'est-à-dire
celles
qui
sont
voisines
du
crible.
Telles
sont
les
principales
modifications
A.
DELATTRE.
ÉVOLUTION
MORPHOLOGIQUE
DU
CERVEAU
35
S
V'|
n
v,j
chien
-chimpanzéj
Fig.
2.
Les
cavités
crâniennes
en
position
vestibulaire.
Mêmes
indications
S,
sommet
de
l'angle
sphénoïdal
;
N,
nasion
;
Br,
bregma.
V
Br
H
N
i
'
N
i
L.
•-
N
-./
s*
/
"*s/
homme
H'
!
chien
I
chimpanzé
VI
Fig.
3.
Les
cavités
crâniennes
orientées
et
superposées
avec
axe
vestibien
commun.
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