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INTRODUCTION1
Le rôle que joue l’aquaculture en faveur de la production vivrière, du
développement économique et de la sécurité alimentaire est désormais
communément reconnu. L’aquaculture étant le secteur de production
vivrière dont la croissance est la plus rapide, son avenir est prometteur
quant à l’aide qu’elle peut apporter à une population humaine croissante
en lui fournissant une alimentation, et ce, dans la mesure où un bon
nombre de pêches de capture ont atteint leur limite de production ou
ont été épuisées par la surpêche et par la dégradation de l’habitat. En
revanche, le rôle de l’aquaculture dans la conservation et le rétablissement
des espèces menacées d’extinction est bien moins admis puisqu’à de
nombreux égards, l’aquaculture a contribué à la mise en danger de la
biodiversité aquatique.
Les avancées réalisées par le secteur aquacole sont signicatives dans
l’amélioration de la production et de la protection de l’environnement.
Le secteur est toutefois accusé de dégrader l’habitat aquatique par le rejet
des efuents (dont la nourriture non consommée), des déchets et des
produits pharmaceutiques, ainsi que par la fuite de poissons cultivés. Il
existe un réel potentiel d’amélioration de la production, de l’efcacité
et de la durabilité environnementale du secteur, la gestion efcace des
ressources génétiques aquatiques (ou aquagénétiques) pouvant par
ailleurs contribuer à affronter les questions susmentionnées. Les poissons
génétiquement améliorés (chapitres 4, 5 et 6) grossissent plus rapidement
et utilisent la nourriture de façon plus efcace, ce qui produit moins de
déchets. Les poissons résistants aux maladies ont besoin de moins de
traitements pharmaceutiques. Il est possible de rendre certains poissons
stériles an de réduire le risque de reproduction avec des espèces
indigènes ou d’établissement de populations férales. La gestion du stock
de géniteurs (chapitres 3 et 8), les programmes d’amélioration génétique
(chapitres 4, 5 et 6), et la constitution d’une banque de gènes (chapitre
10) contribueront à améliorer la production et la rentabilité; ces aspects
apporteront également leur assistance dans la protection et la conservation
des ressources sauvages (chapitre 9). L’évaluation des risques (chapitre
7), l’adhésion aux directives internationales (chapitre 2) et une approche
de précaution (chapitre 11) aideront à assurer une prise de décisions
rationnelles en mesure de protéger la société et l’environnement, tout en
permettant au secteur de se développer.
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Les ressources génétiques halieutiques (ou FiGR en anglais) comprennent
tout le matériel génétique des poissons à nageoires et invertébrés
aquatiques qui ont une valeur réelle ou potentielle pour les pêches
de capture et pour l’aquaculture. Cela comprend l’ADN, les gènes,
les gamètes, les organismes individuels, les populations sauvages, les
populations cultivées et celles utilisées à des ns de recherche, ainsi que
les espèces et les organismes qui ont été génétiquement modiés (par
exemple à travers l’élevage sélectif, l’hybridation, la manipulation du lot
chromosomique et le transfert de gènes). La façon dont ces ressources
peuvent être utilisées an d’aider l’aquaculture à réaliser son plein
potentiel et à conserver une diversité génétique sauvage de valeur est
précisément l’objet de ces directives.
Ces directives se donnent comme objectif de fournir une brève série
d’instructions fournissant un cadre susceptible de guider les décideurs
politiques et les dirigeants principaux de ressources vers une gestion
améliorée des ressources génétiques halieutiques. Tout au long de ces
directives, la gestion s’entend d’une activité comprenant l’usage et la
conservation. La gestion des ressources génétiques est abordée d’un point
de vue holistique et comprend l’économie, la conservation, l’analyse des
risques et des incertitudes, ainsi que l’amélioration de la production et de
la protabilité.
Valeur de la diversité génétique et besoin de gestion des 1.1
ressources génétiques
Sur les 230 espèces de plantes et animaux aquatiques cultivées sur lesquelles
la FAO dispose de statistiques, quelques-unes seulement ont fait l’objet
de programmes délibérés de gestion des ressources génétiques. La barbue
d’Amérique, le tilapia du Nil, le saumon de l’Atlantique et de nombreuses
carpes cultivées sont autant de cas attestant des gains signicatifs dans
la production rendus possibles grâce aux programmes d’amélioration
génétique. Celle des salmonidés mises à part, peu de pêches fondées sur
l’élevage, généralement, qui optent délibérément pour le relâchement
des stocks, de façon à ce que ces stocks correspondent ou bien diffèrent
entièrement des poissons indigènes. D’après une estimation effectuée par
un éminent généticien, le décit de l’offre causé par la diminution de
la production des pêches de capture et l’accroissement de la population
humaine pourrait être aisément comblé par l’intégration de programmes
d’amélioration génétique dans les systèmes aquacoles existants (c.à.d sans
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qu’aucun système d’élevage supplémentaire, ni d’utilisation de l’eau et de
la terre ne soient requis).
La gestion des ressources génétiques halieutiques sert à bien plus qu'à
l’augmentation de la production. Si cette gestion est essentielle aux
programmes d’amélioration génétique utilisés en aquaculture, les
ressources génétiques, quant à elles, sont les ingrédients bruts permettant
aux espèces de s’adapter aux changements à court et à long terme dans
leur environnement; elles offrent aux espèces, aux populations et aux
individus une certaine exibilité pour pouvoir affronter et s’adapter aux
changements survenus dans leur environnement, changements provoqués
tant par des causes humaines que naturelles. En d’autres termes, la diversité
génétique est nécessaire à l’évolution continue des espèces. La diversité
génétique interagit avec la variation environnementale pour produire
cette variété de formes, de tailles, de caractéristiques ancrées dans le passé,
de comportement, et de couleurs qui rendent les espèces aquatiques si
précieuses et intéressantes. Chez les poissons, certaines de ces variétés
se manifestent par des différences de couleurs ou de modèles d’écaille,
tandis que d’autres se manifestent par des différences dans les modèles de
migration ou dans les comportements de reproduction. Sans la diversité
génétique, il n’y aurait pas de diversité d’espèces, ni d’adaptation, de
races ou d’évolution; à terme on assisterait à son extinction à mesure que
le climat et les habitats subiraient des modications résultant d’actions
naturelles ou humaines.
Le cas de la carpe commune est de loin l’histoire la plus ancienne de
domestication et d’amélioration génétique pratiquée en aquaculture. Le
saumon de l’Atlantique, la barbue d’Amérique et le tilapia du Nil cultivés
ont fait l’objet d’une amélioration génétique plus récemment. Cependant,
avec le succès de ces programmes d’amélioration (c.à.d. la modication
de la structure génétique d’un poisson sauvage) et l’emploi inévitable
de ces races améliorées dans de nombreux systèmes d’élevage, se pose
le problème d’interactions entre les stocks aquacoles génétiquement
améliorés et leurs parents sauvages. Ces derniers interviennent souvent
pour contribuer à la viabilité des pêches et fourniront de nouveaux
matériels génétiques susceptibles d’être utiles à l’aquaculture. Le secteur
aquacole se trouve dans une situation avantageuse pour réduire au
minimum l’extinction des parents sauvages des espèces cultivées, comme
cela a été possible pour un bon nombre d’espèces dans les secteurs du
bétail et des cultures.
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La gestion des ressources génétiques aquatiques doit se xer des objectifs
bien dénis an de planier des programmes et de d’en juger le succès
et l’impact. Ces objectifs dépendront du but de l’exploitation aquacole:
s’il s’agit de maximiser la production, maximiser l’efcacité, réduire les
intrants, relâcher des poissons pour une pêche fondée sur l’élevage, ou
aider à rempoissonner des espèces menacées d’extinction ou mises en
danger. Chacun de ces objectifs exigeront des programmes de gestion
différents portant sur les ressources génétiques aquatiques.
Articles du Code concernés 1.2
Ces directives sont organisées par domaines généraux essentiels à la
gestion des ressources génétiques, plutôt que par articles spéciques du
Code. Ce qui permettra aux personnes amenées à prendre des décisions
et aux planicateurs de ressources de trouver rapidement des avis sur
un domaine spécique de la génétique utilisée en aquaculture. Étant
donné l’importance de la gestion des ressources génétiques pour une
variété d’objectifs aquacoles, plusieurs chapitres du Code peuvent être
concernés par la mise en œuvre d’un chapitre en particulier. Ces directives
fournissent des renseignements sur les articles du Code indiqués ci-après
(les chapitres concernés sont indiqués).
ARTICLE 2 - OBJECTIFS DU CODE
2e faciliter et promouvoir la coopération technique et nancière
ainsi que d’autres formes de coopération, en matière de conservation
des ressources halieutiques (dont l’aquaculture) et d’aménagement et de
développement de la pêche (chapitres 2, 5, 6, 7, 9, 10 et 11).
2g promouvoir la protection des ressources bioaquatiques et de leurs
environnements, ainsi que des zones côtières (chapitres 2, 5, 7, 9, 10 et
11).
ARTICLE 6 - PRINCIPES GÉNÉRAUX
6.2 L’aménagement des pêcheries devrait promouvoir le maintien
de la qualité, de la diversité et de la disponibilité des ressources
halieutiques en quantités sufsantes pour les générations présentes et
futures, dans un contexte de sécurité alimentaire, de réduction de la
pauvreté et de développement durable. Les mesures d’aménagement
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ne devraient pas seulement assurer la conservation des espèces visées,
mais aussi celle des espèces appartenant au même écosystème que ces
espèces, ou qui dépendent d’elles ou leur sont associées (chapitres 7, 9, 10
et 11).
6.8 Tous les habitats critiques pour les pêcheries dans les écosystèmes
aquatiques marins et d’eau douce, tels que les zones humides, les
mangroves, récifs, lagons, nurseries et frayères, devraient être protégés et
régénérés, autant que possible et là où nécessaire. Un effort particulier
devrait être fait pour les protéger de la destruction, de la dégradation, de
la pollution et d’autres effets signicatifs résultant des activités humaines
qui menacent la santé et la viabilité des ressources halieutiques (chapitres
9 et 10).
6.12 Les États devraient, dans les limites de leurs compétences
respectives et conformément au droit international, coopérer aux niveaux
sous-régional, régional et mondial dans le cadre des organisations
s’occupant de l’aménagement de la pêche, d’autres accords internationaux
ou autres arrangements, pour promouvoir la conservation et la gestion,
et pour assurer des pratiques de pêche responsable et une conservation
et protection efcaces des ressources bioaquatiques dans toute leur aire
de distribution, compte tenu de la nécessité de prendre des mesures
compatibles dans les zones s’étendant à l’intérieur et au-delà des limites
de la juridiction nationale (chapitres 2, 5 et 9).
ARTICLE 7 - AMÉNAGEMENT DES PÊCHERIES
7.2.2.d La diversité biologique des habitats et écosystèmes aquatiques est
conservée et les espèces menacées d’extinction sont protégées (chapitres 9
et10);
7.4 Collecte de données et avis en matière d’aménagement
(chapitres 9 et 10)
7.5.1 Les États devraient appliquer largement l’approche de précaution
à la conservation, la gestion et l’exploitation des ressources bioaquatiques
an de les protéger et de préserver l’environnement aquatique.
L’insufsance d’informations scientiques appropriées ne devrait pas être
une raison de remettre à plus tard ou de s’abstenir de prendre des mesures
de conservation et de gestion (chapitre 11).
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