PCI et virus respiratoires

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PCI et virus respiratoires:
Logique ou doctrine ?
JRH 2015 - Montreux
Giorgio Zanetti
Service de médecine préventive hospitalière
CHUV - Lausanne
Pourquoi le
patient du 623
est-il isolé ?
Et Le patient du 624? Il n’est pas
isolé alors qu’il a les mêmes
symptômes? N’a-t-il pas aussi un
Metapneumovirus ?
Parce qu’il a
un Metapneumovirus
Bill Waterson – Calvin & Hobbes
Peut-être, mais je n’en sais
rien! Chez le patient du 624,
on ne l’a pas cherché !
Bill Waterson – Calvin & Hobbes
A chaque saison ses virus !
medscape.com
Virus respiratoires documentés au CHUV
2013 – 2015
Virus
n
Recommandation
CDC
Influenza
549
MA gouttelettes
Human Metapneumovirus
42
MA contact
Rhinovirus
350
MA gouttelettes
Parainfluenza
70
MA contact (enfants)
Coronavirus
72
-
RSV
237
MA contact
Adenovirus
58
MA gouttelettes
Pneumonie
++
Précautions std
Infection v. resp. sup.
+++
Précautions std
Merci à Delphine Berthod !
Le paradoxe
 Mesures additionnelles recommandées pour les virus respiratoires
 Seule une petite minorité des infections causées par ces virus est documentée
(à part Influenza, tests microbiologiques principalement effectués
chez des patients immunocompromis
en cas de syndrome clinique grave
en cas d’énigme diagnostique
en cas d’épidémie )
 Les hôpitaux ne seraient pas en mesure d’appliquer les mesures additionnelles
si tous les cas étaient diagnostiqués
Justification des mesures additionnelles
Virus respiratoires
(Influenza et RSV exclus)
 Risque épidémiologique
 Sévérité de l’infection
(en particulier: populations à risque accru)
 Transmissibilité
(en particulier: existe-t-il des hypertransmetteurs)
 Risque d’épidémie hospitalière
 Proportionnalité des mesures
 Efficacité
 Effets indésirables
 Objectifs
 Contention (endiguement)
 Atténuation (mitigation)
 Protection des sujets à risque accru
Rare
+
+
+/-
Infections respiratoires par Adenovirus
 Quelques caractéristiques épidémiologiques
 Virus résistants à de nombreux désinfectants
 Virus persistent sur les surfaces inertes durant plusieurs semaines
 Épidémies communautaires plutôt en fin d’hiver, décrites comme rares
 Épidémies nosocomiales: publications peu nombreuses
surtout chez des enfants institutionnalisés
 Sévérité
 Rares formes graves, généralement chez des enfants avec
pneumopathies pré-existantes
 Sur-représentation de certains sérotypes (p.ex 7 et 14)
www.cdc.gov
Ghanaiem H et al. Pediatr Infect Dis 2011
Gerber SI et al. Clin Infect Dis 2001
Hatherill M et al, J Paediatr Child Health 2004
Sanchez MP et al. J Infect Dis 1997
Cassir N et al. Eurosurveillance 2013
Exemple d’épidémie d’Adenovirus
Gerber SI et al, Clin Infect Dis 2001
 Centre de soins chroniques pour enfants handicapés
 Chez les enfants: taux d’attaque 33%, mortalité 24%
human Metapneumovirus
 Quelques caractéristiques épidémiologiques
 Cause de 5 à 15% des hospitalisations d’enfants pour pneumonie /
bronchiolite
 Réinfections possibles durant toutes la vie, surtout chez les personnes
âgées ou immunocompromises
 Mode de transmission mal connu: présumé par contact, par analogie à
RSV
 Nombreuses épidémies nosocomiales publiées, surtout chez des
enfants et dans des institutions de long séjour, avec taux d’attaque
jusqu’à 70%
 Sévérité
 Population gériatrique: 7 à 20% de pneumonies
mortalité ~ 10%
MMWR 2013; 62(46)
Degail MA et al. Eurosurveillance 2011
Boivin G et al. Clin Infect Dis 2007
Cheng VCC et al. J Hospit Infect 2007
Kim S et al. J Clin Microbiol 2009
hMPV: exemple en soins aigus
Degail MA et al, Eurosurveillance 2012
 17 cas en 1 mois
 Taux d’attaque 29%, surtout chez les patients très âgés
 Schéma présumé de transmission:
hMPV: exemple en soins chroniques
Boivin G et al, Clin Infect Dis 2007
 96 cas
 Taux d’attaque 27%
(72% dans l’étage le plus affecté)
 Manifestations cliniques:
Rhinovirus
 Quelques caractéristiques épidémiologiques
 Circulation ubiquitaire dans la communauté
 Institutions de long séjour:
o <10% des infections respiratoires
o Peu d’épidémies rapportées
 Sévérité
 Infections très fréquentes (~1/3 des rhinites), généralement sans gravité
 Cause minoritaire de bronchiolite et pneumonie chez l’enfant
 Cause d’exacerbation chez des patients avec bronchopneumopathie
chronique
 Cause de plus en plus fréquemment identifiée de pneumonie dans
d’autres populations, en particulier gériatriques
Louie JK et al. Clin Infect Dis 2005
Wald TG et al. Ann Intern Med 1995
Rhinovirus: exemple en soins chroniques
Louis JK, Clin Infect Dis 2005
 82 cas en 6 semaines (56 résidents, 26 membres du personnel)
 Sévérité inhabituelle: 12 décès chez les résidents
Human Parainfluenza virus
 Quelques caractéristiques épidémiologiques
 Virus persistent sur les surfaces inertes durant quelques heures
 Épidémies décrites principalement chez des patients immunocompromis
(en particulier receveurs de cellules souches)
 Sévérité
 Sur 12 receveurs de cellules souches, 3 pneumonies dont 1 contribuant
au décès
Cortez KJ et al, J Infect Dis 2001
Parainfluenza:
exemple chez des receveurs de cellules souches
Nichols WG, Biol Blood Marrow Transpl 2004
 Série de 93 cas en 10 mois dans un centre ambulatoire + hospitalier
 Incidence et génotypage non correlés aux données de la surveillance
ambulatoire:
Impression générale
 Les cas graves sont rares, et surviennent surtout aux âges extrêmes et chez les
patients immunocompromis
 hMPV est le virus pour lequel des épidémies nosocomiales sont les plus
souvent décrites
 Très peu d’épidémies décrites en milieu de soins aigus
 Défaut de surveillance?
Peu vraisemblable
 Biais d’observation lié aux brèves durées de séjour ?
Possible, mais rassurant sur l’incidence de cas graves
 Pas d’indice de l’efficacité des mesures additionnelles
Justification des mesures additionnelles
Virus respiratoires
(Influenza et RSV exclus)
 Risque épidémiologique
 Sévérité de l’infection
(en particulier: populations à risque accru)
 Transmissibilité
(en particulier: existe-t-il des hypertransmetteurs)
 Risque d’épidémie hospitalière
Rare
+
+
+
-
 Proportionnalité des mesures
 Efficacité
 Effets indésirables
?
+/-
 Objectifs
 Contention (endiguement)
 Atténuation (mitigation)
 Protection des sujets à risque accru
Mesures additionnelles si documentation de virus respiratoires
Dans quel but ?
 Contention (endiguement) ? NON !
 Pas de dépistage systématique
 Objectif irréaliste en raison de la contagiosité pré-symptomatique ou
asymptomatique
 Atténuation (mitigation) ?
UN PEU, FORCEMENT !
 Raison du diagnostic possiblement corrélée à la contagiosité
ex. cas sévères, immunocompromis
 Prévenir des épidémies: pas prouvé
 Prévenir quelques transmissions sporadiques si l’occasion s’en présente:
mieux que rien!
 Mais: proportionnalité pas garantie dans tous les cas
ex. faut-il vraiment isoler un cas diagnostiqué dans un environnement à
faible risque?
Mesures additionnelles si documentation de virus respiratoires
Dans quel but ? (II)
 Protection des sujets à risque accru ?
PARTIELLEMENT !
 Raison du diagnostic possiblement corrélée au profil de risque des contacts
ex. unité de soins intensifs, unité pour patients immunocompromis
 Mais: illogique si d’autres mesures manquent :
o Isolement protecteur des sujets les plus immunocompromis, sélection
des voisins pour les autres
o Masque ou éviction pour le personnel et les visiteurs symptomatiques
o (étiquette toux)
 Raisons autres qu’épidémiologiques ?
BIEN SÛR !
 Identification d’un pathogène  responsabilité !
 Décisions pondérées au cas par cas: difficile à appliquer !
Peut-être, mais je n’en
sais rien! Chez le patient
du 624, on ne l’a pas
cherché !
Eh ben, y’a des
progrès à faire
en PCI!
Bill Waterson – Calvin & Hobbes
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