La rencontre du médecin et du philosophe : qui est fou, qui est sage ?

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La séparation de la médecine et
de la philosophie
La médecine comme objet pour la
réflexion philosophique
Le dieu Esculape et son serpent
La santé objet de culte dans l’Antiquité
La première séparation : médecine et
religion
L’épilepsie : maladie sacrée ?
« Sur la maladie dite sacrée, voici ce qu’il en est. Elle ne me
paraît nullement plus divine que les autres maladies ni plus
sacrée, mais de même que toutes les autres maladies ont une
origine naturelle à partir de laquelle elles naissent, cette maladie
a une origine naturelle et une cause déclenchante, les hommes
cependant croient qu’elle est une œuvre divine du fait de leur
incompétence et de leur étonnement devant (la) maladie (…). Or
si par l’incapacité où ils sont de la connaître, son caractère divin
demeure, en revanche, par la facilité qu’ils ont à trouver le mode
de traitement par lequel ils la soignent, ce caractère divin
disparaît (…) ». Maladie sacrée, dans Hippocrate, l’art de la
médecine, trad. Jouanna, Paris, GF, 1999, p. 146.
Celse (Ier s avant JC-Ier s après JC), la
préface du De Medicina
• Celse, De la médecine, Paris, Belles lettres,
1995, trad. G. Serbat
• Préface du De Medicina de Celse, Bibliotheca
Helvetica Romana, Institut Suisse de Rome,
1982, trad. et commentaire de Ph Mudry.
La séparation de la médecine et de la
philosophie selon Celse
« Dans une première étape, l’art de guérir fut
considéré comme une partie de la philosophie,
de sorte que le traitement des maladies et
l’étude de la nature ont eu à leur naissance les
mêmes maîtres (Pythagore, Empédocle,
Démocrite) ».
Mais c’est Hippocrate de Cos, un disciple de
Démocrite selon certains, le premier de tous à
être digne de passer à la postérité, qui, en
homme dont la science médicale était aussi
remarquable que le talent littéraire, détacha la
médecine de la philosophie ».
« a studio sapientiae disciplinam hanc
separavit ».
« uir et arte et facundia insignis ».
Les conséquences de cette séparation
La médecine est un art dont la finalité est
d’abord la guérison des malades
Distance prise par rapport aux controverses
spéculatives et aux approches théoriques de la
maladie
J. Pigeaud, « Pour une histoire de la médecine »
(1994), dans Poétiques du corps, aux origines de
la médecine, Paris, Belles Lettres, 2008, p. 5-6.
La médecine comme technè : Platon
« (…) la cuisine, à mon avis n’est pas un art, mais un
savoir-faire ; la médecine en revanche, examine la
nature du patient qu’elle doit soigner, elle étudie les
causes qui justifient ce qu’elle fait et peut rendre
raison de chacun de ses gestes ». La cuisine cherche
d’abord à procurer du plaisir : « c’est vers la plaisir
qu’elle se dirige, sans le moindre recours à l’art,
mais de ce plaisir, elle n’examine ni la nature, ni la
cause (…), elle procède par routine et par savoirfaire ». Platon, Gorgias, 500d-501a, trad. M. CantoSperber, Paris, éd. GF, p. 256.
Quel type de savoir requiert la
technique médicale ?
Particulier / universel
Galien, Méthode de traitement, l’impossibilité de définir une
méthode de traitement universelle.
« Dans ce passage de notre exposé, il devient patent, c’est
clair, qu’il faut examiner la nature de la personne souffrante et
que pour chaque individu, il existe une thérapie particulière ;
et en outre, troisième constat patent, puisque ce qui est
particulier à la nature humaine est inexprimable et
inintelligible même pour qui a la science la plus rigoureuse,
celui-là même serait le meilleur médecin de tous les états
maladifs pris individuellement qui se donnerait une méthode
grâce à laquelle il diagnostiquerait leur nature et aurait pour
visée les médicaments propres à la particularité de chaque
nature ».
Connaître la nature de chacun ce serait pour le
médecin prétendre être l’égal des dieux / Mais le
médecin n’est pas un dieu
« ce n’est pas le genre humain en général qui reçoit
une thérapie, mais chacun d’entre nous, avec bien
évidemment des différences de crase et de
nature ». « Pour ma part, si j’allais jusqu’à savoir
exactement la nature de chacun, je serais
personnellement l’égal d’Asclépios, tel que je le
conçois ; mais, puisque c’est impossible, j’ai, en
tout cas, décidé de m’exercer personnellement à
m’approcher de cet idéal au maximum des
capacités humaines ». Galien, Méthode de
traitement, ch. 7, p. 196.
Aristote
« personne ne devient jamais médecin par la simple
étude d’un recueil d’ordonnances ».
« les écrivains médicaux essayent bien d’indiquer
non seulement les traitements, mais encore les
méthodes de cure et la façon dont on doit soigner
chaque catégorie de maladies, distinguant à cet
effet les différentes dispositions du corps. Mais ces
indications ne paraissent utiles qu’à ceux qui
possèdent l’expérience, et perdent toute valeur
entre les mains de ceux qui en sont dépourvus ».
Aristote, Éthique à Nicomaque X, 10, 1181 b.
Aristote, la Métaphysique
- Art / expérience
- Le médecin ne soigne pas l’homme mais un
individu : « Ce n’est pas l’homme que guérit le
médecin traitant, sinon par accident, mais
Callias ou Socrate, ou qqe autre individu ainsi
désigné, qui se trouve accidentellement être
un homme ».
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