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Bâtir
sain
© Pascal Greboval
Concevoir ou rénover son
habitat de manière saine
exige de penser conjoin-
tement la notion subjective de confort :
« tout ce qui contribue au bien-être, à la
commodité de la vie matérielle » et la notion
plus objective de santé : « bon état physiologique et
psychique d’un individu, d’une société » (dictionnaire
Le Petit Robert). Bâtir sain implique donc une double
préoccupation : la santé de ses occupants et la
préservation de l’environnement.
L’habitat, une enveloppe
protectrice fragile
L’impact des bâtiments sur la santé des habitants, mais
aussi la santé de ceux qui les construisent, les
entretiennent, les rénovent ou les déconstruisent, est un
sujet récurrent depuis l’Antiquité. De l’architecte romain
Vitruve dénonçant le saturnisme aux hygiénistes de la fin du
XIXesiècle, nombreux sont les architectes et les médecins
à avoir étudié cette question. Plusieurs crises sanitaires
récentes ont contribué à une prise de conscience générale
comme le scandale de l’amiante ou encore le syndrome du
« bâtiment malade » décrit par la Nasa aux États-Unis en 1983.
Depuis la publication en 1992 de l’ouvrage des Dr Suzanne
et Pierre Déoux : « Habitat Qualité Santé », puis la création
en France, en 2001, de l’Observatoire de la qualité de l’air
intérieur (OQAI), les professionnels disposent d’études
scientifiques poussées qui attestent de l’accumulation dans
nos organismes d’un grand nombre de substances
chimiques. Ces pollutions proviennent en grande partie des
matériaux de construction et leurs origines sont diverses :
biologiques, chimiques ou physiques. Souvent complexes,
ces pollutions exigent des réponses multiples et une prise
en charge globale. Les risques sanitaires liés à l’habitat
sont bien souvent le résultat de multiples interactions.
Ils peuvent avoir une origine extérieure (transport, industrie)
ou intérieure (matériaux, hygiène, etc.). Certains produits,
en soi non toxiques, peuvent le devenir du fait d’une
interaction avec d’autres produits ou substances. Aussi, la
vigilance est requise dans le choix des produits d’entretien,
des matériaux de construction et, surtout, dans nos
conditions de ventilation et de chauffage du logement.
La température et un taux d’humidité élevé accentuent les
effets de ces pollutions.