Prof Claude Ecoffey Fonction biologique de la douleur : signal d'alarme • La fonction biologique de la douleur est d'assurer la détection des stimulations susceptibles de menacer l'intégrité physique. • Cette fonction de signal d'alarme, utile à la protection de l'organisme, est assurée par le système neurophysiologique décrit sous le nom de nociception. Fonction biologique de la douleur : signal d'alarme • Cette fonction de signal d’alarme n’est pas toujours fiable puisque certaines affections, comme un cancer par exemple, peuvent débuter sans aucune douleur. • Les notions de nociception et de douleur ne sont pas totalement superposables. • Il existe de nombreuses lésions tissulaires sans perception de douleur et à l'inverse certaines douleurs peuvent survenir en l'absence de cause nociceptive identifiée. Fonction biologique de la douleur : signal d'alarme - toute douleur peut être soulagée par l'administration d'un placebo. Intérêt : toute thérapeutique active agit par l'effet additif des effets non spécifiques (effet placebo) et des effets pharmacologiques. - la personnalité, l’état émotionnel influent sur le vécu douloureux et le retentissement comportemental. Anesth Analg 2010;110:868 « vous allez sentir un grand piqûre d'abeille; cela sera est la plus mauvaise partie » « Nous allons vous donner un anesthésique local qui engourdira la région et vous serez confortable lors de la procédure ". F. Benedetti et al. / Neuroscience 147 (2007) 260 –271 2005). Therefore, the findings on the involvement of CCK in nocebo hyperalgesia suggest that the opioidergic and the CCKergic systems may be activated by opposite expectations of either analgesia or hyperalgesia, respectively. In other words, as shown in Fig. 3, verbal suggestions of a positive outcome (pain decrease) activate endogenous mu-opioid neurotransmission, while suggestions of a negative outcome (pain increase) activate CCK-A and/or CCK-B receptors. This neurochemical view of the placebo–nocebo phenomenon, in which two opposite systems are activated by opposite expectations about pain, is in keeping with the opposite action of opioids and CCK in other studies (Benedetti, 1997; Hebb et al., 2005). The involvement of CCK in both pain modulation and anxiety is particularly relevant to the nocebo effect. It is worth noting that some CCK-B receptor antagonists, like L-365,260, have a benzodiazepine-based chemical structure that is similar to the anxiolytic drug diazepam, which suggests a similarity of action of CCK-antagonists and besides the studies described above, the pro-nociceptive and anti-opioid action of this neuropeptide has been documented more recently in the brainstem. For example, it has been shown that CCK is capable of reversing opioid analgesia by acting at the level of the rostral ventromedial medulla, a region that plays a key role in pain modulation (Mitchell et al., 1998; Heinricher et al., 2001). It has also been shown that CCK activates pain facilitating neurons within the rostral ventromedial medulla (Heinricher and Neubert, 2004). The similarity of the pain facilitating action of CCK on brainstem neurons on the one hand and on nocebo mechanisms on the other hand, can stimulate and guide further research into the neurochemical mechanisms underlying nocebo-induced and/or anxietyinduced hyperalgesia. It is also worth noting that CCK has been found to play a role in placebo analgesia. In fact, the CCK-antagonist proglumide has been found to potentiate placebo-induced analgesia, an effect that is probably due to the blockade of Fig. 3. Placebo and nocebo modulation of pain. Whereas placebo suggestions activate mu-opioid neurotransmission which inhibits pain, nocebo suggestions induce anxiety which activates CCK-A and/or CCK-B receptors that, in turn, enhance pain. 1. Brain fMRI responses to a high-temperature stimulus when the subject expects a high (above) or a low (below) intensity stimulation. Note that LE CONCEPT DE LA DOULEUR COMPORTEMENTS DOULOUREUX SOUFFRANCE DOULEUR NOCICEPTION Nature subjective du vécu douloureux “La douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable liée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle ou décrit en termes d’une telle lésion“ Les 4 composantes de la Douleur • Sensori discriminative définissant la nature, la localisation, la durée et l’intensité du stimulus • Émotionnelle et affective donnant la connotation désagréable de la sensation et les réactions anxio-dépressives qui l’accompagnent • Comportementale faite du cortège de réactions motrices, verbales et neurovégétatives qui l’englobent • Cognitive intervenant dans les phénomènes d’anticipation et de mémorisation Classification des douleurs • Douleur par excès de nociception • Douleur neurogène par déafférentation ou douleur neuropathique • Douleur psychogène • Douleur idiopathique Classification des douleurs - + + + - Douleur par Excès de nociception + + + Douleur par Défaut d ’inhibition Renforcement d ’un système inhibiteur Blocage des influx nociceptifs Morphine Paracétamol AINS - Contrôles excitateurs et inhibiteurs en équilibre = Analgésie Antidépresseurs Antiépileptiques - + - Classification des douleurs • Douleurs psychogènes En rapport avec une problèmatique psychologique (suite de deuil…) ou psychopathologique (angoisse…) : exemple hypocondrie • Douleurs idiopathiques Exemple fibromyalgie DOULEURS AIGUES ET DOULEURS CHRONIQUES • Une douleur d'installation récente (aiguë < 3 mois) est avant tout un symptôme, un signal d'alarme qui vise à la protection de l'individu, notamment en révélant une affection qui dans de nombreux cas pourra être guérie. • Il est important de noter que le terme aigu fait habituellement référence à la notion de durée de la douleur (< 3 mois) et non à son intensité. DOULEURS AIGUES ET DOULEURS CHRONIQUES • Lorsque la douleur persiste, la cause a généralement pu être précisée. • Il est alors important de reconnaître qu'elle peut devenir un syndrome, une maladie à part entière du fait d’un ensemble de répercussions, plus ou moins marquées, sur l'humeur, les activités physiques et professionnelles, le sommeil et le comportement du malade. DOULEURS AIGUES ET DOULEURS CHRONIQUES • Il est classique de fixer, de façon conventionnelle, la limite séparant les douleurs aiguë et chronique entre 3 et 6 mois. • Ce repère temporel arbitraire implique surtout que, du fait même de sa persistance, une douleur "rebelle" doit faire suspecter l'évolution vers un syndrome douloureux chronique et faire évaluer systématiquement les facteurs psychologiques ou sociaux associés ainsi que l'impact de la douleur sur le comportement du malade et sa qualité de vie. En résumé Tableau I. Comparaison des douleurs aiguë et chronique. ___________________________________________________________ Aiguë Chronique Symptôme Syndrome __________________________________________________________________ Finalité biologique utile inutile, protectrice destructrice Mécanisme générateur nociceptif nociceptif neurogène psychogène Composante affective anxiété dépression __________________________________________________________________ La notion de douleur chronique est importante pour souligner les différences avec la DOULEURS AIGUES ET DOULEURS CHRONIQUES • La notion de douleur chronique est importante pour souligner les différences avec la douleur aiguë. • Toutefois, les douleurs chroniques ne constituent pas un groupe homogène et il faut considérer au moins deux grandes catégories distinctes : - les douleurs liées à une pathologie évolutive, notamment maligne (par exemple cancer ou SIDA), - les douleurs chroniques non malignes, parfois improprement dénommées "bénignes", liées à une pathologie séquellaire, peu (ou pas) évolutive (lésion post-traumatique, pathologie rachidienne dégénérative, lésion nerveuse...). Interrogatoire • Quel que soit le site de la douleur, l’interrogatoire doit préciser au moins sept caractéristiques : - la topographie (siège, irradiations) - la qualité (type) - l’intensité - le profil évolutif - ancienneté de la douleur - mode de début - mode évolutif, horaire - les facteurs de soulagement et les facteurs d'aggravation - les manifestations associées - l’impact sur la qualité de vie Topographie (siège, douleur maximale, irradiations) • Les questions à poser sont par exemple : A quel endroit ressentez vous la douleur ? A quel endroit ressentez vous le maximum de douleur ? Ressentez-vous une douleur ailleurs ? • Il faut mieux faire préciser avec le doigt le siège de la douleur avec l'ensemble de sa topographie • La douleur peut comporter des irradiations trompeuses et parfois être située à distance de la lésion ce qui peut poser de difficiles problèmes diagnostiques. Type de la douleur • Les questions à poser sont par exemple : Quels sont les mots pour décrire la douleur ? Est elle comme une “ brûlure” , comme “ une décharge électrique ”... ? • Dans un premier temps, il importe de ne pas être suggestif. Spontanément, la description de la douleur fait appel à des comparaisons décrivant la sensation (c'est comme une brûlure, un coup de poignard, une torsion...), ou le vécu affectif (c'est pénible, insupportable, angoissant...). Vocabulaire QUALIFICATIFS DE LA DOULEUR (QDSA ABREGE) • Le choix du vocabulaire utilisé est également une indication Vous trouverez ci-dessous une liste de mots pour décrire une douleur. Pour préciser le type de douleur que vous ressentez habituellement (depuis les 8 derniers jours), de l'intensité de la douleur ressentie. répondez en mettant une croix pour la réponse correcte. 0 absent 1 faible 2 modéré 3 fort non un peu modérément beaucoup Elancements Pénétrante Coups de poignards En étau Tiraillement Brûlure Fourmillements Lourdeur Epuisante Angoissante Obsédante Insupportable Enervante Exaspérante Déprimante QDSA : Questionnaire Douleur Saint-Antoine 4 extrêmement fort extrêmement Vocabulaire • Le vocabulaire a également une valeur d'orientation particulièrement intéressante dans les douleurs neuropathiques : - la douleur continue est principalement décrite comme une brûlure, - les accès intermittents paroxystiques, comme des décharges électriques - les paresthésies qui sont des sensations anormales, non douloureuses, sont décrites comme des fourmillements, des picotements, une sensation de peau cartonnée. Intensité de la douleur • L’évaluation de l’intensité d’une douleur est peu contributive pour l’établissement du diagnostic. • Comme il n’existe pas de parallélisme entre l'intensité de la douleur et la gravité des lésions, l’évaluation de l’intensité permet d’identifier les malades nécessitant un traitement symptomatique • Diverses méthodes simples sont disponibles pour évaluer la douleur. Profil évolutif • L'ancienneté de la douleur • Le mode de début • Le mode évolutif Les facteurs d'influence de la douleur • Si le malade a des difficultés à préciser spontanément certains facteurs d’influence, on suggérera si telle ou telle circonstance modifie la douleur : position antalgique, mouvement, horaire, toux, respiration, repas, vie émotionnelle, applications de chaud/froid, contact, frottement... • Dans l'anamnèse, on n'omettra pas non plus la réponse aux traitements antérieurs prescrits ou pris en automédication. Examen clinique • Le malade sera examiné allongé mais aussi assis, à la marche. L’inspection notera entre autres : - les attitudes antalgiques, - les impotences fonctionnelles - des mouvements précautionneux qui signalent la présence de la douleur. • En routine, on explore - la sensibilité tactile (au coton, ou au doigt), - la sensibilité à la douleur (perception de la piqûre d'une aiguille) - la sensibilité thermique (tubes d'eau chaude 40 -45 ou froide 510°) Echelles unidimensionnelles d’auto-évaluation Evaluation de l’intensité de la douleur et de l’efficacité de l’antalgique prescrit Echelle Visuelle Analogique (EVA), échelle verbale simple (EVS), échelle numérique (EN) Evaluation d’une douleur Facilité de compréhension variable Tous les patients répondent à une EVS 2 % ne peuvent répondre à une EN 11 % ne peuvent répondre à une EVA E Kremer et al Pain 1981 Score = 4/10 Spécificité : 90% Sensibilité : 83% Bouhassira, et al. Pain 2005 Echelles multidimensionnelles comportementales d’hétéro- évaluation Observation par les soignants des modifications du comportement du patient Algoplus = Échelle d’évaluation comportementale de la douleur aiguë chez la personne âgée présentant des troubles de la communication verbale. Echelles multidimensionnelles d’auto-évaluation Choix par le patient permettant de Q (QDSA de qualificatif ) définir l’impact des différentes dimensions de la Vous trouverez ci-dessous une liste de mots pour décrire une douleur. Pour préciser le type de douleur que vous ressentez habituellement (depuis les 8 derniers jours), douleur répondez en mettant une croix pour la réponse correcte. UALIFICATIFS DE LA DOULEUR ABREGE 0 absent 1 faible 2 modéré 3 fort non un peu modérément beaucoup Elancements Pénétrante Coups de poignards En étau Tiraillement Brûlure Fourmillements Lourdeur Epuisante Angoissante Obsédante Insupportable Enervante Exaspérante Déprimante QDSA : Questionnaire Douleur Saint-Antoine 4 extrêmement fort extrêmement Echelles unidimensionnelles d’auto-évaluation Echelles pédiatriques (visages) Evaluation d’une douleur • Distinguer ce qui relève du sensori-discriminatif (vertu sémiologique), de l’affectivo-émotionnel, du cognitif • Pour l’aspect « intensité », le plus simple EN, EVA • Pour les douleurs chroniques questionnaire • Toujours intégrer cela dans l’anamnèse, l’historique, l’examen clinique, et d’éventuels examens complémentaires Importance interrogatoire Classification des douleurs