Alcool et médicaments - Plate-forme de formation de la SSPF

Société Scientifique des Pharmaciens Francophones
« Alcool etdicaments »
Texte
Par le Pharmacien J. Peters
Chef de service
CHP Chêne aux Haies
Mons
Programme 2012
Pharmacien J. Peeters SSPF – Formation générale 2012
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L’alcool et les médicaments
Jeannine PETERS
Pharmacien chef de service
CHP le Chêne aux Haies
MONS
Le 31 juillet 2012
Plan de l’exposé
1. INTRODUCTION
2. L’ALCOOL
3. METABOLISME DE L’ALCOOL
4. ALCOOLISME
5. EPIDEMIOLOGIE DE L’ALCOOLISME
6. DIAGNOSTIC ET DEPISTAGE DE L’ALCOOLISME
7. LES TRAITEMENTS DE L’ALCOOLISME
8. LES PRINCIPALES INTERACTIONS ALCOOL ET MEDICAMENTS
9. L’ALCOOL ET LES STIMULANTS
10. L’ALCOOL ET LA PERSONNE AGEE
11. L’ALCOOL ET LE TABAC
12. L’ALCOOL ET LA GROSSESSE
13. LA CONCLUSION
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1. INTRODUCTION
L’histoire de l’alcool est ancienne et sociale. L’inconscient collectif (à part islamique bien que le mot alcool
soit d’origine arabe) a reconnu (et reconnaît encore) à l’alcool différentes vertus : pouvoir de
désaltération, habitude sociale (« trinquer »), pouvoir médicamenteux (prendre un « remontant »),
analgésique, communion spirituelle (ne dit-on pas d’ailleurs « spiritueux » ?), fortifiant (« eau de vie »),
signe de maturité prendre de la bouteille ») et calmant… L’alcool fait donc partie de notre culture,
spiritualité et donnée non-négligeable, … de notre économie.
L’alcool est une molécule simple, produite par la décomposition et la fermentation de sucres contenus dans
les fruits. Ceci explique que l’alcool existe depuis qu’il y a des peuples sédentarisés. C’est donc un produit
psychoactif naturel, basique et abordable.
Tout au long de l’histoire, tout ou partie de notre société a donc considéré que l’alcool était un produit qui
redonnait des forces et favorisait les contacts. En cela, il est l’ancêtre officiel et légal des amphétamines
et de l’ecstasy, d’où peut-être son succès.
Aujourd’hui, l’alcool est présent dans la vie quotidienne et lié à certains rituels sociaux. Il est consommé
par un public de plus en plus jeune, notamment sous forme d’alcopops : apparues récemment sur le marché,
ces boissons incitent à la consommation d’alcool car elles se boivent comme des limonades.
Croyances, idées reçues qu’il convient de remettre en question
« Boire réchauffe le corps »
Non, il y a une sensation de chaleur ponctuelle au niveau de la peau, mais perte calorique corporelle. Dans
des conditions de froid important, cela peut donc même être dangereux.
« L’alcool rend courageux »
L’alcool désinhibe et augmente chez l’alcoolisé la prise de risques souvent de manière inconsidérée. L’alcool
modifie les perceptions conscientes, rend « inconscient » avec sensation d’invincibiliet perte de la
conscience réelle et précise du danger, d’où l’impression de courage.
« L’alcool est un stimulant sexuel »
L’alcool désinhibe, mais altère la performance sexuelle elle-même.
« L’alcool donne de la force »
L’alcool entraîne une euphorie ponctuelle, mais aussi une fatigue à l’effort jusqu’à un épuisement dangereux
pour la santé.
« L’activité physique me permet d’éliminer l’alcool »
La transpiration libère de l’eau, non de l’alcool.
« L’alcool ne fait pas grossir »
Il y a 100 calories par verre de vin. Il s’agit de calories de « stockage ».
« Au lendemain d’une ivresse, il faut boire » oui mais de l’eau.
« Coupé avec de l’eau, l’effet de l’alcool est moins important »
L’effet est le même si la quantité d’alcool est la même.
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2. L’ALCOOL
L’alcool, alcool éthylique ou éthanol, est soluble dans l’eau et dans les graisses, ce qui entraîne sa dispersion
partout et instantanément.
L’alcool est normalement éliminé par le foie. En cas de dose excessive et répétée, le foie ne peut plus faire
face. A long terme, l’alcool attaque alors le foie, le cerveau, le pancréas, les nerfs périphériques et les
voies digestives hautes (bouche, glotte, larynx,…).
Ces destructions se réalisent sur 10 ou 20 ans de consommation excessive. Cette toxicité survient avec
des quantités plus faibles chez la femme car les volumes hépatiques et de distribution sont plus petits et
les rapports masse maigre/eau sont différents.
Malgré sa réputation, l’alcool est plus toxique que la plupart des drogues illicites.
L’alcool est un psychotrope
L’alcool, est un produit psychotrope (qui modifie les perceptions, l’état de conscience et les
comportements).
Définition d’un psychotrope : un psychotrope est un produit qui modifie le fonctionnement psychique en
agissant sur les cellules du système nerveux central en produisant différents effets : le fonctionnement
mental s’en trouve altéré, entraînant des changements dans les perceptions, l’humeur, la conscience, le
comportement et diverses fonctions psychologiques et organiques.
L’alcool a un effet désinhibiteur, anxiolytique, dépresseur ; il peut entraîner une réelle dépression, des
idées noires avec un risque suicidaire.
L’ivresse pathologique peut se transformer en folie, agressivité, violence et elle aggrave les troubles
psychiques préexistants.
Les effets psychotropes de l’alcool sont à la base de la dépendance psychique.
L’alcool est une drogue
La dépendance peut prendre plusieurs aspects :
- Tolérance : diminution de la réponse pour une dose donnée ou le fait de ne ressentir aucun effet
pour une dose donnée et nécessité d’augmenter la dose pour maintenir un effet.
- Dépendance physique avec syndrome de sevrage.
- Dépendance psychique : impossibilité de se passer de la substance en dépit des problèmes que
provoque sa consommation.
L’alcool est une substance psychoactive
Consommé à petite dose, il détend et apporte une légère euphorie. Une dose plus importante d’alcool
désinhibe, procure une certaine excitation puis entraîne un engourdissement progressif du système
nerveux (effet calmant), perturbe fortement les perceptions et ralentit les réflexes par effet sédatif.
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3. METABOLISME DE L’ALCOOL
Il est surtout absorau niveau du jéjunum en 30 à 60 minutes en moyenne, mais plus rapidement à jeun et
avec des alcools forts.
Il traverse la barrière intestinale, 99,90% de l’éthanol est métabolisé par le foie.
Une très faible quantité est éliminée sans être transformée. Le reste est métabolisé par les reins,
muscles, cellules digestives, cerveau.
Au niveau hépatique
- Transformation de l’éthanol en acétaldéhyde sous l’action de l’alcool déshydrogénase.
- Transformation de l’acétaldéhyde en acétate sous l’action de l’acétaldéhyde déshydrogénase.
- La deuxième transformation peut être bloquée par un produit médicamenteux.
Au niveau cellulaire
- Hépato toxicité.
- Production d’ion H+.
- Modification de l’absorption et du métabolisme des sucres et des graisses.
- Modification de l’absorption des vitamines B d’où des carences.
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