LES INTOXICATIONS

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LES INTOXICATIONS
Dr MAITRE Département de
médecine d ’urgence
CESU 45
LES INTOXICATIONS
INTRODUCTION
• Les intoxications peuvent être volontaires ou accidentelles
Les enfants par exemple sont souvent victimes d ’intoxications
accidentelles
• Elles peuvent être médicamenteuses ou à des produits
ménagers ou industriels
• L ’industrie fournie chaque année plusieurs centaines de
substances dont le caractère toxicologique n ’est pas encore connu
• Les suicides dont la plupart sont par intoxication génèrent plus de
10000 morts par an en France c ’est-à-dire plus que les accidents
de la voie publique
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Il existe plusieurs grands types de toxiques
• Les médicaments dont la toxicité dépend de leur mode d ’action, de
leur pharmacocinétique et de la quantité ingérée
• Les caustiques qui vont entraîner des lésions physiques sur leur
trajet au sein de l ’organisme
• Les hydrocarbures souvent caustiques
• Les produits moussants
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Quelques fausses idées à combattre et quelques réflexes à avoir :
• Le lait est un antidote et il faut donc donner du lait à un intoxiqué :
C ’est faux, il ne faut rien faire boire à un intoxiqué
• Il faut faire toujours vomir un intoxiqué : C ’est faux
• Il ne faut jamais faire vomir un caustique qui entraînerait
une brûlure aggravée de l ’œsophage et de la bouche lors
d ’un 2ème passage
• Un hydrocarbure aura le même effet
• Un produit moussant présente un risque d ’inhalation de la
mousse lors des vomissements
• Un patient ayant des troubles de conscience aura des risques
d ’inhalation trop important en cas de vomissements
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• Le suicide est souvent réalisé selon la culture et l ’histoire du
patient (par arme à feu ou pendaison en milieu rural, utilisation
de produits agricoles en milieu rural, médicaments en milieu
urbain…)
• Les médicaments les plus utilisés sont les psychotropes
• Parce que les patients sous psychotropes sont par définitions
plus fragiles psychologiquement et donc plus sujets aux
tentatives de suicide
• L ’imaginaire populaire a intégré que les somnifères tuaient
(depuis les premiers utilisés qui étaient les barbituriques, alors
que les benzodiazépines actuelles n ’ont plus la même
dangerosité)
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• De plus la mort est assimilée à un grand sommeil et le
sommeil à l ’oubli
• Un médicament faisant dormir permet donc d ’oublier ou de
mourir sans souffrir
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En plus des psychotropes on trouve :
• Les médicaments à visée cardiologique très fréquent dans les
pharmacies familiales
• Les antalgiques
• Et tous les autres en fonctions de la nature de la pharmacie
familiale au moment du raptus suicidaire
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Les caustiques sont les acides et les bases utilisés comme produits
ménagers ( décapants, déboucheurs de canalisations etc…)
• Les acides brûlent superficiellement et pénètrent donc peu les
tissus en dehors de l ’acide fluorhydrique qui se complexe avec le
calcium et qui réclame une chélation spécifique par du gluconate de
calcium en applications locales ou en injection intra vasculaire
(artérielle)
• Les bases pénètrent les tissus très profondément et entraînent donc
des lésions par brûlures gravissimes (soude caustique,
ammoniaque…). Leur prise en charge est donc plus compliquée que
pour les acides
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CONDUITE A TENIR
• Dans un premier temps il faut faire un bilan des fonctions
vitales
• Y -a-t-il une hémorragie externe ? (une tentative de suicide
par intoxication s ’accompagne parfois d ’une phlébotomie)
• La conscience (Tout trouble de la conscience impose une
protection des voies aériennes supérieures après s ’être assurer
de la présence d ’une ventilation efficace)
• La ventilation (avec une ventilation artificielle en cas d ’arrêt
ventilatoire)
• La circulation (avec massage cardiaque externe en cas d ’arrêt
circulatoire)
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CONDUITE A TENIR
Après stabilisation des fonctions vitales, un bilan lésionnel
s ’impose.
• Il recherchera des lésions associées telles que une phlébotomie, ou
des lésions consécutives à une chute, ou bien un syndrome
d ’inhalation en cas de trouble de conscience
• Il s ’attachera à identifier le ou les toxiques ainsi que la quantité
absorbée
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Il convient de rechercher les boites de médicaments et les blisters
(y compris dans la poubelle)
En cas de toxiques ménagers, les emballages seront à transmettre à
l ’hôpital, car il portent le nom du produit, de son fabricant et parfois
leur composition. Ces informations facilitent le travail du centre
antipoison qui sera contacté
En cas d ’intoxication par un produit industriel au sein d ’une
entreprise, cette dernière possède souvent des fiches techniques et de
sécurité concernant les produits et dont une photocopie
accompagnera utilement le patient à l ’hôpital
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CONDUITE A TENIR
• Oxygénothérapie à 6/8 l/mn (si non insuffisant respiratoire
chronique) surtout si trouble de conscience et donc de risque
d ’hypoventilation
• Pose d ’une voie veineuse périphérique avec du sérum salé à 0,9 %
• Le traitement médical sera la plupart du temps symptomatique
• Pour certaines intoxications il existe des antidotes spécifiques
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Principaux antidotes :
• Naloxone : Narcan*
•Actif sur opiacés, morphiniques, alcool
•Délais 1 à 2 mn en IV, 3 mn en IM
•Durée 20 à 30 mn en IV, 2,5 à 3 heures en IM
•Posologie 1 ampoule à renouveler en fonction du résultat
•Demi-vie 1 heure
•Indication : test diagnostic, anesthésiologie, maintient d ’une
ventilation suffisante pour éviter une intubation (seringue
électrique)
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Principaux antidotes :
• Flumazinil : Anexate*
•Présentation : Ampoule 5 ml / 0,5 mg, ampoules 10 ml / 1 mg
•Posologie : 2,2 mg en IVL puis 0,1 mg toutes les mn
•Dose maximale : 1 mg
•Délais : 30 secondes à 1 mn
•Durée : 1 à 2 heures
•Entretien : Seringue électrique 0,1 à 0,4 mg / h en fonction du
réveil
•Indication : anesthésiologie, test diagnostic, antidote des
benzodiazépines
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Principaux antidotes :
• N acétyl- cystéine
•Actif sur le paracétamol
•Sature les chaînes de détoxification hépatiques
•Posologie : 300 mg/kg/24heures (150 mg /kg en 30mn puis 50
mg/kg en 3 heures puis 100 mg / kg en 20 heures)
L ’administration per os est possible au même dose
•Possibilité de rash cutané et de vomissement
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Antidote des cyanés
Hydroxocobalamine (vitamine B12) CYANOKIT *
•Dose de 5 g ( 2 flacons de 2,5 g ) en 30 mn
•Si arrêt cardiaque 10 g d ’ hydroxocobalamine
•voie d ’administration IV colore les téguments en rose et les
urines en rouge
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Antidote des digitaliques
• anticorps antidigitaliques DIGIDOT* (inhibition équimolaire)
• Posologie 1 flacon de 80 mg de Fab pour 1 mg de digitalique
• Soit dose de 10 flacons si la dose ingérée est inconnue
• on peut diviser cette dose par 2 pour diminuer seulement par
2 la dose de toxique
• problème du coût important de ce traitement qui doit être
réservé aux cas graves et ne répondant pas aux thérapeutiques
habituelles
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Antidotes des  bloqueurs
• Les catécholamines à fortes doses (dobutamine, dopamine)
• glucagon : bolus initial 1 à 3 mg en IVD puis relais en perfusion
continue de 1 à 3 mg / heure
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Rôle des analyses toxicologiques
• Celle qui sont utiles sont celles qui fournissent une information
quantitative ou en cas d ’intoxication par un toxique qui possède
un antidote
• Les dosages qualitatifs ne sont utiles qu ’en cas de négativité en
éliminant une intoxication au toxique suspecté ou en cas de
positivité dans le cas d ’un toxique n ’appartenant pas au
traitement habituel du patient
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L ’épuration digestive
• Par l ’administration de 50 g de charbon activé chez des patients
sans troubles de conscience ou par sonde gastrique chez un
patient intubé et ventilé
• Par l ’administration d ’un vomitif chez des patients sans troubles
de conscience présents ou à craindre
• Lavage gastrique efficace si précoce, en l ’absence de trouble de
conscience ou si protection des voies aériennes supérieures par une
intubation oro-trachéale. Il est de moins en moins utilisé sauf en
cas de toxiques particulièrement dangereux. Il peut parfois être
tardif en cas d ’intoxication par des carbamates par exemple qui
adhèrent à la paroi gastrique pendant longtemps
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Les intoxications peuvent être dues à des envenimations par
animaux
Aux animaux connus et habituels tels que guêpes, abeilles,
frelons, vipères il faut tenir compte de la mode des N.A.C.
(nouveaux animaux de compagnie) qui par leur exotisme
fournissent des venins pour lesquels on ne dispose pas
d ’antidote ou de sérum en France
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LES MORSURES DE VIPERES
• Les morsures de vipères en France sont rares (moins
d ’accidents qu ’avec les piqûres d ’hymenoptères) et souvent
peu envenimées.
• Les sujets à risque sont les enfants et les personnes âgées
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LES MORSURES DE VIPERES
• Les morsures de vipères nécessitent toutes une surveillance
hospitalière de 6 à 8 heures minimum
• Elles sont à prendre en charge d ’abord comme toutes morsure
animales ou humaines avec des soins de désinfection locale, une
prévention contre le tétanos et une antibiothérapie préventive
(augmentin* par exemple en l ’absence d ’allergie)
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LES MORSURES DE VIPERES
• Pendant la surveillance hospitalière on va s ’attacher à
quantifier le grade d ’envenimation et on va renouveler cet
examen tant que l ’état du malade sera évolutif
• Il existe 4 grades d ’envenimation
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LES MORSURES DE VIPERES
• Grade 0 : Pas d ’envenimation, la morsure est sèche et on ne
retrouve que la traces des 2 crochets sur la peau du patient
• Il s ’agit du cas le plus fréquent
• Il n ’y a pas de prise en charge spécifique en dehors de la
surveillance et des soins communs à toute morsure
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LES MORSURES DE VIPERES
• Grade 1 : L ’envenimation est faible et locale. Le patient
présent un œdème local autour de la morsure. Cet œdème est
douloureux. Il n ’y a pas de signes généraux
• Le traitement est identique au grade 0 mais la surveillance sera
plus attentive tant que l ’œdème du patient sera évolutif
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LES MORSURES DE VIPERES
• Le grade 2 : L ’œdème est extensif et intéresse 2 segments de
membre (celui où a eu lieux la morsure et celui immédiatement
contigu) et/ou le patient présente des signes généraux à type de
douleur abdominale, céphalées, nausées, douleurs diffuses….
• Le grade 2 en plus des soins des grades 0 et 1 est une indication
de sérothérapie antivenimeuse avec des fractions Fab
d ’immunoglobulines purifiées par voie veineuse en
administration prudente (risque de choc sur un sérum équin
malgré la purification)
exemple 2 ampoules de Viperfav*
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LES MORSURES DE VIPERES
• Le grade 3 : L ’œdème est très extensif et concerne un hémicorps ou même le corps entier, les signes généraux sont
constants et majeurs avec dans les formes graves un état de choc
et une Coagulation IntraVasculaire Disséminée fréquemment
associée.
• La prise en charge du grade 3 se fera en réanimation avec un
traitement de l ’état de choc, de la CIVD. Le traitement local et
antibiotique ne sera pas oublié. La sérothérapie dont l ’efficacité
est discutée à ce stade sera également réalisée
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Les intoxications par des végétaux
Il existe un grand nombre de végétaux toxiques (Belladone,
Ciguë, Ricine, etc…) sans oublier les champignons
En cas d ’intoxication par un végétal il convient d ’identifier
celui-ci le plus précisément possible en apportant un morceau à
l ’hôpital avec une tige, une feuille et si possible un fruit
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Les intoxications par les champignons
• Les champignons entraînent 2 grands types de syndromes
• Les syndromes précoces qui s ’installent dans les heures qui
suivent l ’ingestion. Ils sont généralement bruyants avec des
troubles digestifs importants pouvant entraîner des
déshydratations sévères. Un de ces syndromes est le syndrome
muscarinique (diarrhée, vomissements, hypersialorrhée,
hypersécrétion bronchique, hypersudation, myosis serré,
tremblements, bradycardie) dont le traitement comprendra outre
la réhydratation de l ’atropine (antidote).
Ces syndromes précoces sont peu fréquemment mortels à
condition de recevoir un traitement adapté.
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Les intoxications par les champignons
• Les syndromes tardifs dont le diagnostic est rendu difficile par
l ’installation progressive et à distance de l ’ingestion (24 à 48
heures), le patient faisant difficilement le lien entre ses
symptômes et le repas de champignons
• Exemple le syndrome phalloïdien qui associe une atteint
hépatique sévère et une atteinte rénale. Cette intoxication par
l ’amanite phalloïde peut être mortelle et ne bénéficie pas de
traitement spécifique et notamment d ’antidote
• les syndromes tardifs sont souvent plus dangereux que les
syndromes précoces
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EN CONCLUSION
• La prise en charge des intoxications est essentiellement
symptomatique et vise au maintient des fonctions vitales
• La détermination du ou des toxiques est primordiale ainsi que la
quantité ingérée
• Dans un certain nombre de cas il existe des antidotes spécifiques
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