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des miroirs, alors que les atomes constituant cette surface ont
des tailles de l’ordre de 10
–10
m. La température d’un gaz à
l’équilibre, grandeur liée à la vitesse moyenne de ses
molécules, est bien définie pour un volume macrosco-
pique comprenant un très grand nombre de molécules ; ses
fluctuations statistiques deviennent toutefois significatives pour
un volume microscopique, auquel cas le concept de température
lui-même tend à s’évanouir.
III. Les grandeurs physiques en mécanique quantique
Toutes les caractéristiques ci-dessus se retrouvent dans
les mesures quantiques, mais avec quelques changements. Une
première différence, provenant de la taille microscopique des
objets considérés, porte sur la nature des grandeurs
caractérisant leur état. À l’échelle atomique, tous les
phénomènes, qu’ils soient physiques, chimiques ou même
biologiques, peuvent en principe être décrits en termes des
seules grandeurs suivantes : positions, vitesses, masses et
charges des particules (électrons et noyaux atomiques) ; champ
électromagnétique en chaque point ; moment cinétique propre
(ou « spin ») et moment magnétique des particules susceptibles
de tourner sur elles-mêmes, durée du phénomène. Les
grandeurs auxquelles nous sommes habitués, température,
chaleur, pression, densité, courant ou polarisation électriques,
aimantation, potentiel chimique, etc., s’interprètent à cette
échelle en termes d’effets collectifs.
La différence majeure provient de propriétés insolites
des grandeurs microscopiques, propriétés imposées par la
physique quantique qui les régit. Dans une description
classique, adéquate pour un objet macroscopique, il est
légitime de supposer que les grandeurs physiques caractérisant
son état prennent des « valeurs vraies » ; seule la limitation de
nos moyens d’investigation implique l’emploi de probabilités.
(Nous verrons que les probabilités apparaissent en mécanique
quantique pour des raisons plus profondes). L’inexactitude des
mesures conduit à représenter mathématiquement les grandeurs
classiques par des nombres aléatoires. Mais il s’agit de
nombres ordinaires, et aucun principe n’interdit d’imaginer des
mesures approchant indéfiniment la « valeur vraie ».