otium

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OTIUM
Vocabulaire
Dans leur vie quotidienne, les Romains distinguent deux temps : le temps du travail,
des affaires, des obligations politiques et sociales, appelé negotium, et, par opposition,
loin des affaires et de la vie politique, le temps du loisir, où l’on prend du temps pour
soi, appelé otium.
Jusqu’à la fin des guerres puniques, cette conception de l’otium est étrangère aux
Romains. Jusque là, le temps libre des citoyens est absorbé par la gestion, la
protection et le maintien de la cité. Mais après sa victoire sur les Carthaginois, Rome a
imposé sa puissance, les richesses affluent, les contacts avec les peuples conquis se
multiplient et un élargissement culturel et intellectuel s’opère.
Ce sont les Grecs qui apportent cette notion d’otium à Rome. La méfiance des
Romains est d’autant plus grande que les Grecs véhiculent à leurs yeux l’image d’un
peuple oisif, donc méprisable : les Romains se méfient du relâchement de l’effort.
Cette notion d’otium pose donc d’abord problème : la vocation de tout Romain libre
n’est-elle pas de se consacrer aux affaires publiques ? Le citoyen romain, au service de
la res publica, peut ressentir l’otium, un temps accordé à soi-même, comme un temps
volé à la communauté. Comment alors, peut-il occuper ce temps de loisir en restant
fidèle aux codes moraux du mos majorum ?
- amphitheatrum, i, n. : l’amphithéâtre
- circus, i, m. : le cirque
- codex, icis, m. : la tablette à écrire, le livre, le
registre
- cursus, us, m. : la course
- forum, i, n. : le forum
- honestus, a, um : honorable, digne de
considération, d’estime
- liber, libri, m. : le livre, l’ouvrage, le traité
- litterae, arum, f.pl. : la lettre, l’écrit
- ludi, orum, m. : les jeux
- mollitia, ae, f. : la faiblesse de caractère, la
mollesse, la vie efféminée
- negotium, ii, n. : l’occupation, le travail, l’affaire
- otium, ii, n. : le loisir, le repos loin de la vie des
affaires et de la vie politique
- recitatio, onis, f. : la lecture
- theatrum, i, n. : le théâtre
- thermae, arum, f. : les thermes
Dans le calendrier romain, certains jours sont fériés
(feriae) pour célébrer les fêtes religieuses. C’est
l’occasion pour le peuple romain de prendre du repos
et de se réjouir en assistant à différents spectacles :
courses de char dans les cirques, jeux scéniques
donnés dans les théâtres, spectacles variés dans les
amphithéâtres (chasses, combats de gladiature,
naumachies).
Selon les philosophies, l’otium est tour à tour critiqué ou souhaité : critiqué quand il
est paresse, inaction, désoeuvrement; souhaité quand il devient un loisir culturel, une
réflexion, une méditation. L'otium devient alors honestum; il représente la liberté
intellectuelle, la pause nécessaire pour mieux réfléchir à l'avenir, aux affaires, et
devient même un privilège indispensable pour exercer les activités du citoyen,
participer au brassage des idées et contribuer à la vie de la cité.
A chaque homme de choisir ce qu’il fait quand il est libéré de ses affaires quotidiennes
et livré à lui-même : l’otium constitue un choix de vie.
Le Forum est l’espace de la vie civique
et du negotium par excellence
puisqu’il est la scène de la vie
politique : s’y tiennent les réunions,
les assemblées du peuple et les
tribunaux.
Mais la place sert aussi à accueillir les
badauds et les oisifs qui s’y
promènent, y flânent, y bavardent;
c’est aussi un espace dédié à l’otium.
Dans
l’histoire
morale
romaine, la culture de l’effort
est importante.
Dans les écrits de Caton
l’Ancien, garant du mos
majorum, l'industria, vertu
active du laboureur, a une
place centrale : il s’agit de
l’art d'utiliser les moindres
instants, et tout relâchement
est une «rouille» qui ôte à
l'âme son ressort.
En ville, les Romains consacrent leur matinée aux
activités civiques et leurs après-midi à un loisir
commun à tous, sans distinction de classe
sociale, les bains, ou thermae. Les thermes ont
d’abord pour fonction d’assurer l’hygiène
publique, et deviennent progressivement l’un
des principaux lieux de délassement raffiné , en
proposant à la fois soins du corps et plaisirs de
l’esprit : sur les jardins des thermes s’ouvrent,
bibliothèques, musées, salles de conférence.
Dans son ouvrage intitulé
les Tusculanes, Cicéron
réfléchit à la façon de
concilier au mieux otium
et negotium. Il conclut
que l’otium est essentiel à
la réflexion intellectuelle
s’il s’accompagne de
dignitas. Ainsi Cicéron
met-il à profit le temps de
l’exil,
après
l’affaire
Complète les phrases avec des mots dérivés de negotium ou otium.
Catilina pour s’adonner à
- Après une discussion animée, il a mené à bien ses ______________________ .
un otium negotiosum et
- Cette personne ne fait rien de ses journées; elle vit dans l’ ________________.
litteratum (littéraire) : il
- Ce marchand a fait de bonnes affaires. C’est un excellent _______________ .
consacre ce temps à
l'écriture de traités.
Traduis et explique cette expression : « in otio de negotiis cogitare ».
L’étude,
la
création
Commente cette citation de Cicéron extraite de Pour Plancius, XXVII, 66.
littéraire
ou
Ecquid ego dicam de occupatis meis temporibus, cui fuerit ne otium quidem
philosophique font partie
umquam otiosum?
de l’otium.
Que dirai-je de mes occupations, moi qui, dans mon repos même, ne suis
jamais resté oisif?
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