Quel que soit le domaine à analyser dans notre environnement -air, eau, aliments,
matériaux-, les laboratoires doivent disposer d'une large gamme de méthodes analytiques portant
sur des paramètres physico-chimiques organiques et minéraux ou microbiologiques, mais il leur
est aussi indispensable de maîtriser des méthodes biologiques globales capables d'évaluer les
effets toxiques de polluants. Ainsi, même sans identification précise du toxique, le laboratoire
peut évaluer l'impact de la pollution sur les organismes testés. Ces effets doivent pouvoir être
extrapolés à l'homme et prendre en compte tout l'écosystème qui soutient notre vie biologique.
Les progrès considérables accomplis dans la mise au point des méthodes chromatographiques ne
permettent pas de détecter rapidement, et à moindre coût, toute la gamme des substances
polluantes et ne peuvent en aucun cas donner une évaluation des effets synergiques ou
antagonistes des polluants toxiques sur un organisme.
Après la période des premières méthodes biologiques globales de détection de la toxicité
aiguë, sont venus les progrès accomplis dans l'évaluation de la toxicité chronique et de la
génotoxicité. Toutes ces mesures sont réalisées sur des mammifères, crustacés, algues, plantes ou
cellules en culture avec une extrapolation parfois délicate à l'organisme humain. L'épidémiologie
permet de compléter cette panoplie analytique grâce aux conclusions obtenues directement sur
l'homme dans le cadre de ses activités et de son habitat.
Depuis la publication de quelques articles précurseurs au début des années 1970-80
démontrant des effets oestrogènes du DDT et des PCB (1) ou encore une féminisation
d'embryons de mouettes par le DDT (2), il apparaît vers 1993-1994 de nombreuses publications
sur l'importance des risques sanitaires et environnementaux des modulateurs endocriniens et leur
impact sur le système reproducteur des animaux supérieurs. C'est ainsi qu'à partir d'observations
réalisées sur des populations animales dans leur milieu naturel, s'est développée une
préoccupation croissante de la communauté scientifique sur le rôle joué par des polluants
organiques ou minéraux sur la modulation des systèmes participant à la régulation des processus
de reproduction ainsi que les cancers hormonaux dépendants. Les plus grands organismes ayant
un pouvoir de recommandation ou de réglementation de l'environnement comme l'Agence de
Protection de l'Environnement des Etats Unis (USEPA), l'OCDE, le Ministère Français de
l'Environnement, financent des études pour évaluer l'importance des risques et organisent des
conférences de consensus permettant la publication d'excellents rapports de synthèse sur le sujet
(3, 4, 5). De leur côté, les industriels de la chimie fine se sont groupés au sein du CEFIC pour
initier des programmes de recherche pour un montant de 7 millions de dollars sur 3 ans depuis
1997 dans divers pays du globe. Enfin les associations de protection de la nature et des
consommateurs sont en alerte et publient des documents de synthèse (6).
Ce thème est important, -et même peut être exemplaire-, à plusieurs titres :
• Certains de ces composés ont déjà été étudiés et sont déjà connus pour leurs effets
toxiques sur le métabolisme humain. Un nouveau chapitre accusateur leur est donc ajouté
ce qui peut conduire à de nouvelles normes ou à l'arrêt de l'usage et de la
commercialisation.