2| LE VIRUS ZIKA : CE QU’UN MÉDECIN QUI S’OCCUPE D’ENFANTS AU CANADA DOIT SAVOIR
Quelques cas s’associent à des manifestations
inhabituelles, y compris la myélite et l’encéphalite (le
VZIK étant décelé dans le liquide céphalorachidien
[LCR]),(6) l’atteinte auditive, les symptômes génito-
urinaires, l’hématospermie, l’hypotension,[2] le purpura
thrombotique thrombocytopénique[7] et le décès.[6][8]
Le syndrome de Guillain-Barré (SGB) est lié à
l’infection à VZIK, et on en estime l’incidence à 0,24
cas sur 1 000 en Polynésie française[9] et à 1, 73 cas
symptomatique sur 1 000 aux États-Unis et dans les
territoires de ce pays au 16 novembre 2016.[10] Le
délai médian d’apparition du syndrome est de
seulement sept jours après l’apparition des premiers
symptômes de VZIK; les paresthésies et la paralysie
faciale sont probablement plus courants qu’à
l’habitude.[11] On ne sait pas si des cas ont été
observés chez des enfants.
LE SYNDROME ASSOCIÉ À L’INFECTION
CONGÉNITALE À VZIK (SCZ)
Lorsqu’il est injecté dans le péritoine de souris, le VZIK
est neurotrope,[12] mais on ne le croyait pas tératogène
chez les humains avant 2015, alors qu’une grappe
inhabituelle de cas de microcéphalie a été signalée au
Brésil. Il semble que les cas de SCZ s’accompagnent
souvent de grave microcéphalie, d’atrophie cérébrale,
de développement anormal du cortex, d’hypoplasie du
corps calleux et de calcifications sous-corticales
diffuses.[13][14] On a décrit une microcéphalie malgré
une imagerie cérébrale normale dans 0 cas sur 11[13]
et 16 cas sur 27[14], mais on ne sait pas exactement
comment interpréter ces résultats incohérents. La
circonférence crânienne peut être normale en cas de
ventriculomégalie.[13] Les nourrissons ayant une grave
microcéphalie causée par le SCZ ont des surplus de
cuir chevelu qui confirment une séquence de «
destruction » du cerveau du fœtus. Un tonus anormal
du fœtus peut être responsable d’un pied bot ou d’une
séquence malformative d’akinésie fœtale
(arthrogrypose), laquelle a été décrite dans trois des
11 cas démontrés [13] et sept des 104 cas possibles[15].
Quelques cas de SCZ s’associent à une
microphtalmie, à des cataractes et à des anomalies
rétiniennes.[13][16] La surdité neurosensorielle a été
corroborée dans cinq cas sur 70 (7 %).[17] Le retard de
croissance intra-utérine est fréquent.
Les caractéristiques du SCZ qui distinguent ce
syndrome des autres infections congénitales sont
décrites comme suit dans un récent article de
synthèse : « 1) une grave microcéphalie accompagnée
d’un affaissement partiel du crâne, 2) un cortex
cérébral aminci présentant des calcifications sous-
corticales, 3) une fibrose maculaire et des marbrures
pigmentaires rétiniennes focales, 4) des contractures
congénitales et 5) une hypertonie précoce marquée et
des symptômes d’atteinte extrapyramidale. »[18] Il n’y a
pas d’observations homogènes d’anomalies
congénitales à l’extérieur du système nerveux central
(SNC). De toute évidence, des cas d’infection
congénitale à VZIK sans atteinte du SNC se
produisent, mais aucun n’a été décrit jusqu’à
présent[19]; ces cas seraient probablement qualifiés d’«
infection congénitale à VZIK » plutôt que de SCZ.
Des données rigoureuses démontrant que le VZIK est
responsable du SCZ sont tirées d’une étude cas-
témoins au cours de laquelle on a décelé le VZIK dans
le liquide amniotique, le cerveau ou le LCR de 13 des
32 fœtus et nourrissons atteints et aucun des 62
sujets-témoins.[14] Il est surprenant que 60 ans se
soient écoulés entre la détection des premiers cas de
VZIK chez les humains et la découverte de son
caractère tératogène. Il est peut-être possible
d’expliquer l’explosion subite du nombre de cas de
SCZ par le fait que les récentes éclosions proviennent
de la lignée asiatique du VZIK, tandis que les cas
originaux provenaient de la lignée africaine du virus.
La lignée asiatique produit un taux de virémie plus
élevé et peut donc infecter une population et traverser
le placenta plus facilement.[20] Selon une autre théorie,
la tératogénicité serait causée par un « renforcement
lié à la présence d’anticorps », attribuable à
l’interaction du VZIK avec les anticorps du virus de la
dengue déjà présents, ce qui est courant chez les
Brésiliens.[21]
On ne connaît pas l’incidence ni le risque de SCZ
découlant de l’infection à VZIK pendant la grossesse.
La plupart des mères de nourrissons atteints du SCZ,
mais pas toutes, se souviennent d’avoir souffert d’une
éruption cutanée pendant la grossesse.[13][19] On a
observé une microcéphalie chez une proportion
estimative de 0,76 % à 1,27 % des nourrissons nés en
Polynésie française d’une mère ayant souffert d’un
VZIK au premier trimestre.[22] Selon une étude du
Brésil, le risque se situerait entre 1 % et 13 %, en
fonction du taux d’infection à VZIK et du degré de
surdéclaration de la microcéphalie.[23] Des données
plus alarmantes en provenance du même pays ont fait
état d’échographies in utero anormales dans 13 des
45 cas de VZIK pendant la grossesse (29 %).[24] Le
SCZ est surtout décrit après des infections au premier
trimestre, mais il se produit également après des
infections au deuxième ou troisième trimestre.[13][19] On
dénombre deux déclarations de kystes sous-