les soins palliatifs version 2

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FIN DE VIE et SOINS PALLIATIFS
Dr Thomas BILLEY
Jeudi 5 février 2015 – Annecy -
Plan
 La loi LEONETTI
 Les soins palliatifs
 Les évolutions de la loi
 Quelques affaires
 Retour d’expériences
 Conclusions
La loi LEONETTI
 22 avril 2005 : loi relative aux droits des malades et à la fin de vie
 Consensus national, voté à la quasi unanimité
 Fait suite à « l’affaire » Vincent LAMBERT
 Pour certains : « on a légiféré pour légitimer »
La loi LEONETTI
 Les mesures phares
 Interdiction de l’obstination déraisonnable
 Soulagement de la douleur
Acceptation du « double effet »
 Limitation ou arrêt des traitements
Respect de la volonté du patient : autonomie
Si hors d’état de manifester son consentement
Procédure collégiale
Directives anticipées
Personne de confiance
Définitions
 Obstination déraisonnable
 Double effet
 Respect de la volonté du malade : autonomie
 Procédure collégiale
 Directives anticipées
 Personne de confiance
Obstination déraisonnable
 Article 1
 « ces actes ne doivent pas être poursuivis par obstination
déraisonnable.
Lorsqu’ils
apparaissent
inutiles,
disproportionnés ou n’ayant d’autre effet que le seul
maintien artificiel de la vie, ils peuvent être suspendus ou
ne pas être entrepris. Dans ce cas, le médecin
sauvegarde la dignité du mourant et assure la qualité de
sa vie en dispensant les soins visés à l’article L.1110-10 »
Obstination déraisonnable
 Quelle application pratique ?
 Au regard de qui cela peut être déraisonnable ?
Jugement du patient sur lui-même ?
Sa famille ?
Les soignants ?
 Quelle frontière entre le rôle du médecin de soigner, de
s’acharner à la vie et l’obstination qui serait jugée
déraisonnable ?
Double effet
 Article 2
 « Si le médecin constate qu’il ne peut soulager la souffrance
d’une personne, en phase avancée ou terminale d’une
affection grave et incurable, quelle qu’en soit la cause,
qu’en lui appliquant un traitement qui peut avoir pour effet
secondaire d’abréger sa vie, il doit informer le malade, sans
préjudice des dispositions du quatrième alinéa de l’article
L.1111-2, la personne de confiance visée à l’article L.1111-6,
la famille, ou, à défaut, un des proches. La procédure suivie
est inscrite dans le dossier médical. »
Double effet
 En pratique
 Quelle place pour la morphine ?
 La mort suit-elle la mise en place de traitement
antalgique ?
Respect de la volonté du patient :
autonomie
 Article 6
 « Lorsqu’une personne, en phase avancée ou terminale
d’une affection grave et incurable, quelle qu’en soit la
cause, décide de limiter ou d’arrêter tout traitement, le
médecin respecte sa volonté après l’avoir informée des
conséquences de son choix. La décision du malade est
inscrite dans son dossier médical. »
 « Le médecin sauvegarde la dignité du mourant et assure la
qualité de sa fin de vie en dispensant les soins visés à
l’article L.1110-10 »
Autonomie
 Information claire, loyale et adaptée (loi 2002)
 Que comprendre dans « tout » traitement ?
 La nutrition artificielle et l’hydratation sont-elles des
traitement ?
Procédure collégiale
 « Si elle est en phase avancée ou terminale d'une affection
grave et incurable, le médecin peut décider de limiter ou
d'arrêter un traitement inutile, disproportionné ou n'ayant
d'autre objet que la seule prolongation artificielle de la vie
de cette personne, après avoir respecté la procédure
collégiale »
Hors d’état d’exprimer ses volontés
Recherche directives anticipées
Personne de confiance
Autre avis médical
Traçabilité dans le dossier médical
Directives anticipées
 « Toute personne majeure peut rédiger des directives
anticipées pour le cas où elle serait un jour hors d’état
d’exprimer sa volonté. Ces directives anticipées indiquent les
souhaits de la personne relatifs à sa fin de vie concernant les
conditions de la limitation ou de l’arrêt de traitement. Elles
sont révocables à tout moment. »
 « A condition qu’elles aient été établies moins de trois ans
avant l’état d’inconscience de la personne, le médecin en
tient compte pour toute décision d’investigation,
d’intervention ou de traitement la concernant. »
Les directives anticipées
 Document écrit, daté et signé par l’auteur, identifié par
l’indication de ses nom, prénoms, date et lieu de naissance
 Durée de validité de trois ans
 Révocable ou modifiable à tout moment
 Si incapacité à écrire, deux témoins dont la personne de
confiance doivent attester que le document est bien
l’expression de sa volonté
Directives anticipées
 Quelles applications pratiques ?
 Comment les rédiger ?
 Quoi inscrire ?
 Quelle place pour les DA préétablies ou émanant
d’associations partisanes ?
La personne de confiance
 « Toute personne majeure peut désigner une personne de
confiance qui peut être un parent, un proche ou le
médecin traitant, et qui sera consultée au cas où ellemême serait hors d'état d'exprimer sa volonté et de
recevoir l'information nécessaire à cette fin. Cette
désignation est faite par écrit. Elle est révocable à tout
moment. Si le malade le souhaite, la personne de
confiance l'accompagne dans ses démarches et assiste
aux entretiens médicaux afin de l'aider dans ses
décisions. » L.1111-6 CSP
Les soins palliatifs
 Affirment la vie et considèrent la mort comme un processus
normal
 Ne hâtent ni ne retardent la mort
 Procurent un soulagement de la douleur et d’autres symptômes
pénibles
 Intègrent les aspects psychologiques et spirituels des les soins aux
malades
 Offrent un système de soutien pour aider les malades à vivre
aussi activement que possible jusqu’à la mort
 Offrent un système de soutien qui aide le famille pendant la
maladie du patient et son propre deuil
 Définition de l’OMS en 1990
Les soins palliatifs
 En France, développement timide fin des années 1980
 9 juin 1999 : sénateur NEUWIRTH
« Soins actifs et continus pratiqués par une équipe
interdisciplinaire en institution ou à domicile. Ils visent à
soulager la douleur, à apaiser la souffrance psychique, à
sauvegarder la dignité de la personne malade et à
soutenir son entourage. »
Les soins palliatifs
 Organisation en chiffres pour 2014
 - 132 Unités de soins palliatifs (USP)
 - 389 Équipes mobiles de soins palliatifs (EMSP)
 - 18 Equipes mobiles de soins palliatifs pédiatriques
 - 112 Réseaux de soins palliatifs
 - 89 Hospitalisation à Domicile (HAD)
 - 296 associations de bénévoles
Les soins palliatifs
 Médecins
 Infirmières
 Aides soignantes
 Ergothérapeutes
 Kinésithérapeutes
 Psychologue
 Assistante sociale
 Bénévoles
Les soins palliatifs
 Les USP : petites unités de 8 à 12 lits
 Chambres individuelles (99%)
 Astreinte médicale 24h/24h (97%)
 Temps passé avec la famille : 2h ou plus dans 75% des Unités
 Décès dans 67% des séjours
 En 2010 : 1180 lits dans les USP et 4686 lits identifiés
 En 2010 : 350 EMSP ou EMSS : coût de fonctionnement de
104 millions €
Soins palliatifs
 En 2012, en France, on a estimé que 65% des personnes
décédées à l’hôpital étaient
susceptibles de relever
d’une prise en charge incluant des soins palliatifs plus ou
moins complexes, soit 238 000 personnes environ
 Seulement 50% d’entre eux ont pu en bénéficier : 119 000
personnes
 La France consacre un budget de 10€ par personne aux
soins palliatifs (deux fois plus que les Belges)
Quelles évolutions de la loi ?
 Rapport des députés J. LEONETTI et A. CLAYES en décembre
2014
 21 janvier 2015 discussion de la loi sans vote à l’assemblée
 Début des débats le 10 mars 2015
 Jusqu’au 16 février : « consultation citoyenne » sur la fin sur le
site de l’AN
http://www2.assemblee-nationale.fr/consultationscitoyennes/droits-des-malades-et-fin-de-vie
Quelles évolutions de la loi ?
 Ce qui sera débattu :
 Toute personne a droit à une fin de vie digne et apaisée
 La nutrition et l’hydratation artificielles constituent un traitement
 À la demande du patient d’éviter toute souffrance et de ne pas prolonger
inutilement sa vie, un traitement à visée sédative et antalgique provoquant
une altération profonde et continue de la vigilance jusqu’au décès associé à
l’arrêt de l’ensemble des traitements de maintien en vie est mis en œuvre
 Le professionnel de santé a l’obligation de respecter la volonté de la
personne après l’avoir informée des conséquences de ses choix et de leur
gravité
 Elles (les directives anticipées) s’imposent au médecin, pour toute décision
d’investigation, d’intervention ou de traitement
 Lorsqu’une personne, en phase avancée ou terminale d’une affection grave
et incurable, quelle qu’en soit la cause, est hors d’état d’exprimer sa volonté,
le médecin a l’obligation de s’enquérir de l’expression de la volonté
exprimée par le patient
Questionnement éthique
 Notion de dignité
 Notion de paix
 La sédation profonde et continue
 La nutrition et l’hydratation
 Directives anticipées opposables
 Et la clause de conscience ?
Quelques constats…
 Ce projet de loi ne va pas dans le sens des soins palliatifs
 Il faut davantage de moyens pour les soins palliatifs
Personnel
Structure
Budget
Sans cacher la mort (pas de ghetto)
 Il faut une culture palliative plus grande
 Il faut une formation des professionnels de santé plus large
Quelques constats…
 La mort est un sujet tabou
 Notion de la mort aux « 3 personnes »
 Campagne d’information ?
Quelques « affaires »
 La dernière en date : Vincent LAMBERT
 EVC/ECM
 Conflit entre les membres de la famille
 Arrêt de la nutrition artificielle et de l’hydratation
 Recours devant le CEDH
Quelques « affaires »
 Chantal SEBIRE : mars 2008
 Cancer des sinus
 « Elle refuse tout traitement sédatif qui la plongerait dans un semi-coma
et soutient que seule une potion létale prescrite par un praticien lui
offrirait le repos éternel qu'elle appelle de ses vœux »
 « Selon le procureur de la République de Dijon, l'autopsie de Chantal
Sébire a révélé des traces, en grosses quantités, de pentobarbital, un
barbiturique à usage habituellement vétérinaire » (Le Figaro)
 Elle a toujours refusé une prise en charge médicale, médicamenteuse,
chirurgicale, ainsi que les soins palliatifs…
Quelques « affaires »
 Vincent HUMBERT – 2000 -
 Tétraplégique suite à un accident de la circulation, 20ans
 « Les médecins ont décidé de m’envoyer dans une maison
d’accueil spécialisée. Vous avez le droit de grâce et moi, je
vous demande le droit de mourir »
 Une demande au Président Chirac : Pour qui ? Pour quoi ?
Retour d’expériences
 Fin de vie à l’hôpital
 Fin de vie aux urgences
 Fin de vie des personnes âgées
 Fin de vie en libéral
Retour d’expériences
 LA DOULEUR :
La morphine est un très bon antalgique
Ne pas la craindre
Morphine n’est pas synonyme de mort
Double effet ? Jamais constaté !!
Si on respecte quelques règles, on atteint le pallier
antalgique sans surdosage et donc sans provoquer la
mort
Retour d’expériences
 L’ANGOISSE :
Il est possible de la juguler, sans abréger les jours du
malade
TRANXENE, VALIUM
Dans les USP : sédation partielle ou profonde mais
temporaire (1 à 5 h)
Retour d’expériences
 ENCOMBREMENT :
SCOPOLAMINE en sous cutané ou SCOPODERM en
patch
Assèche les sécrétions
Respiration moins « impressionnante »
Retour d’expériences
 SOINS DE BOUCHE :
Indispensable
Respiration bouche ouverte
Sècheresse des muqueuses
Odeur (vis-à-vis de la famille, les derniers souvenirs…)
Retour d’expériences
 HYDRATATION :
Indispensable
En sous cutanée
Confort
Pour passer les médicaments nécessaires
Attention au volume
Retour d’expériences
 Pour les autres symptômes difficiles, il y a toujours quelque
chose à faire
nausée/vomissement
Insomnie
Crises convulsives…
On sait faire, on sait proposer une aide, un
accompagnement
Retour d’expériences
 HAD palliative ça aide beaucoup
 Les EMSP ou EMSS à contacter au besoin pour avis, pour
prise en charge
 Les USP si le souhait est d’être hospitalisé,…
Retour d’expériences
 En fin de vie : le médecin soigne/accompagne trois personnes
Le malade ou le mourant
La famille et les proches
Lui-même
Conclusions
 La vie doit être respectée jusqu’au bout
L’interdit de tuer doit persister
 On doit accompagner le mourant jusqu’à son dernier
souffle
 On doit lui apporter soulagement physique,
psychologique, social, spirituel
Conclusions
 L’Homme est digne par essence
 Il ne perd pas sa dignité dans la maladie ou la souffrance
 Une fin de vie digne, une assistance médicale : SOINS
PALLIATIFS
Conclusions
 La loi LEONETTI va déjà très loin
 On ne peut pas légiférer pour chaque cas particulier (ce
n’est pas la vocation de la loi)
 Ni les professionnels de la santé, ni le grand public ne
connaissent les mesures de la loi de 2005
Conclusions
 La proposition de loi 2015 est une porte ouverte large à
l’euthanasie
 Faire mourir n’est pas dans la vocation du soignant
 Accompagner par du temps, de l’écoute, des échanges,
des soins, fait parti des valeurs éthiques du soignant
 L’éthique peut être en contradiction avec la loi
Merci
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