que lèchent les flots courts et rageurs, qu’une marée par an, mais celle-là dure tout l’hiver, depuis les
premières crues d’automne jusqu’ à la dernière ondée printanière .Ces terrains envasés, en proie aux
inondations, n’intéressent guère les seigneurs locaux qui les concèdent aux moines bénédictins. Ces
derniers, dès le VIe s, bâtissent des abbayes sur le rivage et les îles du Marais (Luçon, St Michel -en-
l’Herm, Maillezais, Nouaillé, Neuil-sur-l’Autize…). A la fin du Xe s, des ébauches de drainage puis plus
tard des canaux sont tracés de 1199 à 1217. Les siècles suivants voient tous ces ouvrages admirables
pour l’époque, détruits lors de la Guerre de Cents Ans et des Guerres de Religion. L’édit royal de 1599
donne à l’ingénieur Bradley les moyens d’agir mais qu’une partie du Marais Poitevin sera asséché
faute de capitaux hollandais. Dans ces lieux vivent les huttiers, descendants en droite ligne des
Colliberts, dont toute la vie se déroulait sur l’eau, parmi des cités lacustres .Au cours des siècles, le
golfe marin s’envase, se transformant en marécage. Les moines de Vouillé avec les manants, comme
ceux des îles voisines ; Taillée, Le Poiré-sur-Velluire, Le Langon, etc.… participent activement à son
dessèchement en vue de récupérer des terres fertiles. En récompense, les manants de Vouillé
reçoivent, en toute propriété, le Marais Cloucq, un vaste communal de 600 hectares où ils pourront
nourrir leur bétail. Les huttiers sont des gardes-barrières, ceux qui ouvrent et referment à longueur
d’année, le passage à niveau qui sépare les marais du Langon et ceux de Vouillé. Ces hommes du
marais à l’esprit rebelle qui paraît les caractériser, braconniers dans l’âme, toujours prompts à cacher
les persécutés. Les huttiers, installés au bord des vastes communaux, élèvent depuis le Moyen-âge des
troupeaux d’oies grises (100 à 110 par troupeau) .Les habitants de Vouillé, à trois reprises (aux XVIIe,
XVIIIe et XIXe siècles) devront défendre leur marais communal formé avec les îles voisines, un
ensemble de plus de 1000 hectares convoité par les seigneurs du Langon. Ce vaste ensemble de
communaux constitue une des zones de repos des canards migrateurs des régions nordiques de
l’Europe et hivernants, mais ce petit canard de Vouillé existe depuis très longtemps à l’état sauvage
parmi les hordes de colverts dans le Marais Poitevin qui est la 2ème zone humide de France après la
Camargue.
Une cohabitation surprenante ! Les vaches, chevaux et moutons ne semblent pas surpris de côtoyer
ces canards. Quant à ces derniers, ils s’accommodent fort bien de ces gros herbivores ! Une originalité
de pâturage propre au communal de Vouillé-les-Marais. Plusieurs races rustiques sont présentes
comme le cheval de Trait Poitevin Mulassier, la mule et la vache Maraîchine. Ils pratiquent un
pâturage complémentaire qui favorise la présence d’une grande variété de plantes sur la prairie.
Autour de Vouillé, ce petit canard est très présent sur les zones basses et les fossés en eau, il
consomme des petits mollusques, des jeunes pousses, des graines de jonc et de carex ; un régal de
gourmet. De taille du Colvert, il peut être l’ancêtre du canard de Challans et des canards à plastron.