L`Europe économique et monétaire

publicité
L’Europe économique et
monétaire
ESH Camille Vernet
Nicolas Danglade
La construction
« économique » européenne
• Du traité de Rome à l’Acte unique : 2 temps :
3 questions
- Stimuler les échanges ?
- Stimuler la croissance
- Faire disparaître les « frontières » (réaliser
l’intégration parfaite)
• La politique européenne de la concurrence
• La PAC
La construction « monétaire »
européenne
• Le rapport Werner et la crise du système
de Bretton Woods : l’UEM un projet ancien
• Le serpent monétaire et le système
monétaire européen
• Le passage au marché unique pousse au
passage à l’euro
• Les critères de convergence et la
coordination de certaines politiques
nationales
Le fonctionnement de l’UEM :
intégration, hétérogénéité et crise
• Une double dynamique : convergence des
niveaux de vie par tête vs divergence des
structures productives
• Une crise : crise des dettes souveraines
• Une explication : l’UEM pousse à
l’hétérogénéité croissante des économies et
n’apporte pas de réponse lorsque cette
hétérogénéité se transforme en crise
1. La construction d’une Europe « sans
frontières intérieures » : le projet de
marché unique et ses conséquences
• Du traité de Rome à l’Acte unique
• Les conséquences de l’instauration du
marché unique sur l’intégration
économique et la croissance
1.1 Du Traité de Rome à l’Acte unique
1.1.1 Le Traité de Rome: de l’Union
douanière à l’eurosclérose
L’Union douanière : ZLE + tarif commun (réalisé
en 1968)
+ PAC
Élargissements années 1970 et 1980
Europe (début 1980) toujours
fragmentée
• du projet de marché commun, deux libertés :
circulation des marchandises et actifs (salariés +
certains indépendants)
• Pas de circulation services, capitaux et
professions libérales
• Circulation des marchandises freinées par les
pratiques protectionnistes : essor du
protectionnisme non tarifaire (normes et quota) +
utilisation article 6 et 19 du Gatt)
• Soutien aux champions nationaux (subvention)
• La récession économique = pousse les pays
européens à chercher des solutions nationales
1.1.2 L’Acte Unique (1986) et la
finalisation du marché commun
• Rapport Delors (1985) : nécessité de mettre en
œuvre les 4 libertés
• Rapport Checcini (1988) : mesurer le coût de la
non-Europe
• Penser le passage de la CEE à l’UE puis à l’UM
• L’Acte unique et le traité de Maastricht : une
solution « européenne » aux difficultés que
connaissent tous les pays de la CEE; faire reculer
les solutions « nationales » protectionnistes
Marchandises :
- suppression contrôles douaniers avec
uniformisation des procédures
administratives
- Application du principe de
reconnaissance mutuelle des normes
nationales (arrêt Cassis de Dijon 1979)
Hommes et Capital
• Liberté des mouvements de capitaux
(1992)
• Espace Schengen (1993)
Services
• Libéralisation de nombreuses activités
sauf (santé, sécurité sociale …);
• Déréglementation des activités de
réseau (énergie, transport,
télécommunication, poste …) :
- Suppression monopole public
- Suppression marché en monopole
1.2 Les conséquences de
l’instauration du marché unique
1.2.1 L’impact sur les échanges communautaires
et l’intégration des économies
1.2.2 L’impact sur la croissance
1.2.3 Une économie toujours fragmentée ?
L’Europe sans frontières intérieures ?
1.2.1 L’impact sur les échanges communautaires et
l’intégration des économies
Source : Trésor-Eco n°156, octobre 2015
Source : Trésor-Eco n°156, octobre 2015
Document 14 : essor de l’échange intra-branche (en % des échanges manufacturiers totau x )
1970
1980
1990
2000
Allemagne
70
75
79
82
Belgique
77
86
83
90
Espagne
43
69
75
82
France
53
65
79
91
Italie
70
61
67
71
Source : OCDE
1.2.2 L’impact sur la
croissance
Les gains attendus du
passage au marché unique
Recul des
contrôles
administratifs
Baisse des coûts de
transaction
Hausse de la
concurrence
DIPP
Choix de
localisation
Effet de
rationalisation
Baisse des prix
Économie d’échelle /
innovation
Hausse de la
demande
Diversité de l’offre
Gains d’efficience : avec la même quantité de facteurs, la
production est supérieure
1.2.3 Une économie toujours fragmentée ?
Document 19 : l’effet frontière
Source : Trésor-Eco n°156, octobre 2015
Source: Trésor-Eco octobre
2015
« Pourquoi et comment approfondir
aujourd'hui le marché intérieur
européen »
Des secteurs où l’intégration
reste incomplète
• Les actifs: très faible mobilité du travail (8 fois
plus faible qu’aux Etats-Unis)
• Les services : 70% du PIB
• Hétérogénéité des réglementations nationales
dans certains métiers
• Des industries de réseaux de taille nationale et
non européenne
• Les capitaux : peu d’acteurs paneuropéens et
absence d’un marché unique de l’émission de
dette publique
2. Les politiques économiques
« communautaires »: la politique de la
concurrence et la PAC
2.1 La politique de la concurrence
• Réalisation du marché unique =
- Éliminer les entraves à la concurrence
- Mises en place par les entreprises ou
par les Etats
La politique de la concurrence
Contrôler les pratiques
anti-concurrentielles des
entreprises: formation de
cartels et abus de position
dominante
Contrôler les fusions et les
concentration afin de
maintenir un degré de
concurrence sur les marchés
Contrôler les aides publiques
(qui favorisent certaines
entreprises au détriment des
autres)
La politique de la concurrence
Cartels (des ascenseurs,
2007) et abus de position
dominante (Treta Park,
1991 ou Microsoft )
Contrôler les fusions et les
concentration (refus fusion
Aer Lingus et Ryanair;
environ 0,5% de refus)
Contrôler les aides
publiques (subvention de la
France à SNCM; tax ruling
du Luxembourg ou des
Pays-Bas)
Mais la politique de la concurrence
doit également tenir compte
• Tout les ententes ne sont pas nocives :
- Le partage de certains coûts fixes peut être
bénéfique pour les consommateurs
- La recherche d’externalités positives
• Toutes les aides publiques ne sont pas
condamnées
- aides aux PME, à la R&D, au développement
durable, à l’emploi de personnes handicapées
• La degré de concurrence ne dépend pas du
nombre d’entreprises présentes sur le marché
mais de la « contestabilité » des marchés
La politique de la concurrence
doit réaliser un arbitrage
Si elle n’intervient pas :
Abus, cartel, disparition de
la concurrence, aides
déloyales
Si elle intervient trop,
elle empêche:
La coopétition
L’intervention de l’Etat
pour limiter les
défaillances de marché
2.2 La PAC
• Créée en 1957 (Traité de Rome)
• Mise en œuvre en 1962
• Premiers objectifs: autonomie
alimentaire et modernisation monde
rural
• Fonctionnement: rationalisation de
l’activité sur le modèle de la CECA
Un marché administré
• Il existe un prix garanti (fixé de manière
administrative)
• Lorsque le coût de production dépasse le prix
garanti, les producteurs perçoivent une
subvention (ils vendent à un prix inférieur à
leur coût de production)
• Pour les produits importés = des taxes
permettent de mettre le prix des produits au
niveau des prix garantis
Crise de la PAC: à partir du
début des années 1980
• Contestation du poids de la PAC dans le budget
de la CEE
• Le mécanisme des prix garanti et des subvention
pousse à la surproduction
• Les conséquences environnementales d’une
agriculture productiviste
• Une demande croissante d’intégrer l’agriculture
dans les négociations multilatérales
= ces demandes poussent à une libéralisation du
secteur agricole et à davantage de prise en
compte de l’environnement
La réforme Mac Sharry (1992)
• Baisser les prix garantis pour les faire
converger vers les prix mondiaux
• Baisser les subventions aux
exportations
• Baisser les surfaces agricoles (effet
pervers : la qualité des récoltes
augmente et la production agricole
croît)
Réforme de 2003
• Contexte d’ouverture vers le PECO
• Gel du budget de la PAC
• Découplage entre montant des aides et
production réalisée (calcul des aides suivant un
historique)
• En 2013: les aides représentent près de 85% des
revenus des revenus agricoles
• Libéralisation des prix
= disparition progressive du modèle d’agriculture
administrée des années 1960/1980
Réforme de 2003
• Disparition progressive du modèle d’agriculture
administrée des années 1960/1980
• Prise en compte de l’agriculture verte: depuis
2015, existence d’un « paiement vert »;
• Depuis 2007 (Traité de Lisbonne) une compétence
partagée UE/Etats membres : co-financement du
développement rural
La PAC
• Jusqu’aux années 1980 : une politique de
prix administrés et de soutien direct ;
protégée de la concurrence étrangère
• À partir des années 1980/1990: basculement
vers une libéralisation progressive, une prise
en compte de la question environnementale
et un gel des dépenses globales dans le
budget de l’UE; la PAC devient une
compétence partagée;
3. La monnaie unique et le
passage à l’UEM
3.1 L’intégration monétaire avant la
monnaie unique
3.2 le passage au marché unique pousse
à l’unification monétaire
3.1 L’intégration monétaire avant la monnaie
unique
3.1.1 L’UEM, un projet ancien : le rapport Werner
• Contexte : crise du système de Bretton Woods
• Rapport Werner (1970) :
- Conserver un régime de change fixe
- Création d’une union monétaire et d’une
Banque centrale sur le modèle de la Fed
- coordonner les politiques budgétaires
- des transferts entre Etats (des plus riches vers
les plus pauvres) sur le modèle US
En résumé = aller vers une UEM
Échec du Plan Werner
• Rapport accepté par ECOFIN en 1971
mais jamais mis en œuvre
• Les français ne veulent pas d’une
politique monétaire indépendante du
pouvoir politique
• Les allemands ne veulent pas d’une
politique monétaire trop dépendante du
pouvoir politique (laxisme et inflation) =
= Conflit idéologique Fr/All
3.1.2 Le serpent monétaire et
le SME
La crise du SMI pousse les européens à agir:
• 1971 : les Etats-Unis suspendent la convertibilité or
du dollar
• Les accords du Smithonian institut (1973) :
conserver un régime de change fixe autour du dollar
avec des bandes de fluctuations de +/-2,25%
• Ces bandes sont trop larges pour les européens
= création du serpent monétaire
• Echec : les anglais (1974) puis les français (1976)
sortent du serpent monétaire (les écarts d’inflation
les poussent à dévaluer leurs monnaies)
Le Système monétaire
européen
• À partir de la fin des années 1970, la position
française se rapproche de la position allemande
en matière d’inflation et de maîtrise des comptes
publics
• Création du SME :
- Élaboration d’un panier de monnaies
européennes sur lequel sont ancrées les
monnaies nationales
- Unité de compte européenne : l’ECU
- Possible dévaluation au sein du SME après
accord avec les autres Etats membres
3.2 Le passage au marché unique pousse
à l’unification monétaire
3.2.1 « One market, one money » ?
Premier argument :
Quel problème pose le passage au marché
unique ?
La libéralisation des mouvements de capitaux rend
impossible le fait d’avoir simultanément une politique
monétaire autonome et un régime de change fixe
= le triangle des incompatibilités (Mundell) adapté
au cas européen par Padoa-Schioppa
• Premier argument :
Le passage à la monnaie unique
s’explique car les européens libèrent la
circulation des capitaux et perdent alors
l’autonomie de leurs politiques
monétaires
Deuxième argument : les nombreuses
crises de change dans le cadre du SME
Si la politique monétaire apparaît
comme non crédible
Les investisseurs anticipent une dévaluation :
sortie des capitaux
La banque centrale défend la parité de sa monnaie :
hausse des taux et épuisement des réserves
Jusqu’au moment où le coût
Jusqu’au moment où la
devient trop important = passage
spéculation cesse : cas
au change flottant / abandon
français / mais au prix d’une
change fixe / la Grande Bretagne
politique monétaire
quitte le SME en 1993
totalement ancrée sur
l’Allemagne
Troisième argument : le rôle de l’UM dans
l’intégration économique
• Les « monétaristes » (Fr): le passage à
la monnaie unique va stimuler l’intégration
des économies et leur convergence
• Versus la position des « économistes »
allemands : pour passer à la monnaie
unique il faut des économies déjà proches
les unes des autres
• Consensus : des critères de convergences
« nominaux » pour décider qui entre dans
l’euro
Union monétaire
• Des changes fixes durs irrévocables
• Mais une politique monétaire de nouveau
autonome
• Déplacée à un niveau « supérieur »
• La question est alors de savoir si cette
politique convient à tous les pays
membres (problématique de la zone
monétaire optimale ?)
Quel lien avec le rapport Werner ?
Le rapport Delors (1985) puis
le Commission Delors (1989)
• Aller vers l’UEM : 3 étapes
• Mais différence avec le rapport Werner :
Pas de budget européen capable de
réaliser des transferts entre régions riches et
pauvres
• Interdiction des transferts entre Etats
• Interdiction de monétiser la dette publique
• Contrôle de l’inflation
• Indépendance de la BCE
= influence allemande (importance de la
règle)
3.2.2 Le passage à la monnaie: critères
de convergence et PSC
• Règles de finances publiques
- limite du déficit et de la dette publique
- Interdiction de monétiser la dette
- Interdiction des transferts entre Etats
• Critères de convergence « nominaux »
- Stabilité des prix
- Convergence des taux d’intérêt
- stabilité du taux de change
Règles de finances publiques
? (rappels)
• Pas de monétisation de la dette publique =
éviter inflation
• Pas de bail-out = éviter aléa moral
• Limite du déficit public = avec une monnaie
unique les effets des émissions de dette
publique sur les taux d’intérêt sont trop
faibles pour agir comme des garde-fous =
éviter passager clandestin
4. Le fonctionnement de l’UEM : de la
convergence à la crise de l’euro
4.1 Une double dynamique jusqu’à la fin de la
décennie 2000 : convergence des niveaux
de vie mais divergence des structures
productives
4.2 De l’endettement extérieur croissant à la
crise des dettes souveraines
4.3 La crise des dettes souveraines: une crise
du fonctionnement de la zone euro
4.4 Quelles voies de sortie pour la zone euro ?
Quel avenir pour l’UE?
4.1 Une double dynamique jusqu’à la fin de
la décennie 2000 : convergence des niveaux
de vie mais divergence des structures
productives
4.1.1 La dynamique de convergence des
niveaux de vie
Document 54 : une convergence des PIB nationaux / hab. au sein de l’Europe des 15 entre 1960 et 2000
(indice 100 pour UE-15)
1960
1980
2000
Allemagne
121,1
115,5
106,4
Autriche
95,8
106,2
110,8
Belgique
95,6
107,9
111
Danemark
119,2
108,2
116,8
Espagne
59,1
72,7
82,1
Finlande
88,2
96,5
100,9
France
106,2
112,9
101,3
Grèce
43,6
70
67,1
Italie
87,3
101,1
98,9
Irlande
62,6
65,5
114,3
Luxembourg
176,7
132,9
180
Pays-Bas
115,7
108,1
113,4
Portugal
40,1
55,4
75,7
Royaume-Uni
121,6
95,7
102,3
Suède
126
113,7
102,8
UE (15)
100
100
100
Source : Commission Européenne
Une croissance plus rapide dans les pays du Sud:
rattrapage
Document 56 : évolution PIB par habitant Europe du Nord et Europe du Sud
Des taux de croissance supérieurs
dans les pays du Sud : rattrapage
Document 57 : la période de rattrapage des pays du Sud
4.1.2 La dynamique de divergence des
structures productives
Document 59 : évolution des balances courantes
La désindustrialisation plus rapide des pays du
Sud
Document 60 : ces déséquilibres accompagnent une désindustrialisation sévère des pays du Sud
Les activités à forte VA s’agglomèrent
davantage
Lien entre : déséquilibre courant et
désindustrialisation ?
4.1.3 Comment expliquer
double dynamique ?
L’intégration économique et
monétaire
Stimule les échanges (biens,
Baisse des coûts de
services et capitaux) et le
transaction = phénomène
d’agglomération (hausse rattrapage des économies en retard
inégalités régionales)
Apparition d’écarts de croissance:
demande plus dynamique au Sud
Impact sur les niveaux
de vie par tête :
convergence
Impact sur l’inflation:
divergence (hétérogénéité
des structure éco )
Quel mécanisme se met en place avec la
hausse de l’inflation (inflation plus
importante au Sud) ?
L’intégration économique
et monétaire
Apparition d’écarts de
croissance: plus élevée au Sud
Une politique
monétaire unique :
un seul taux
d’intérêt nominal
3
3’
1
2
Impact sur les Impact sur l’inflation:
Écarts de taux
niveaux de vie
divergence
d’intérêt réels
par tête :
4
convergence
CSU augmentent
plus vite
Dégradation des
performances
5
7 Économie
commerciales :
Compétitivité prix 6
désindustrialisation +
besoin de
recule
déficit balance courante
financement
Europe du Sud / Europe du
Nord
• Une demande intérieure : +30% Europe du
Sud contre +15% Europe du Nord
• Inflation : +1 pt de plus au Sud
• Coût salariale unitaire (dépend salaire +
productivité) : +38% en Grèce entre 2002 et
2010 contre +17% en moyenne
• Évolution part de l’industrie : recul plus
important au Sud
En résumé : des économies plus
hétérogènes
L’hétérogénéité est la conséquence « normale » de l’UEM:
- Le déficit extérieur de certaines économies provient des
écarts de taux d’intérêt réel qui stimulent des écarts de CSU
et dégradent la compétitivité prix (positionnement bas de
gamme)
- Perte de compétitivité prix accentuée par la concurrence par
des PECO
- Les déséquilibres courants sont financer par les flux de
capitaux
Mais aussi des politiques nationales :
- Des politiques de contrôle du CSU au Nord (Loi Hartz en
Allemagne) qui accentue les excédents commerc. du Nord
- Une allocation déficiente des capitaux au Sud : les capitaux
sont alloués vers des secteurs à faible PGF qui ne stimulent
pas la croissance potentielle
Le financement des déséquilibres
extérieurs
Économie en besoin de
financement
Économie en capacité
de financement
Les dépenses sont
supérieures aux
revenus
Les revenus sont
supérieures aux
dépenses
L’économie emprunte à
des agents non
résidents
L’économie prête à des
agents non résidents
4.2 De l’endettement extérieur croissant à la
crise des dettes souveraines : le cas grec
• Les économies en besoin de
financement = hausse de l’endettement
auprès d’agents non résidents
• Risque ? Un sudden stop
4.2.1 L’endettement augmente dans les
économies en besoin de financement
4.2.2 Le piège de la dette
publique
• Comment passe-t-on à la crise de la
dette ?
La perte de confiance des investisseurs :
hausse des spreads
Grèce
Irlande
Portugal
Italie
Le piège de la dette publique
• La défiance des investisseurs se matérialise par une hausse
de la prime de risque = hausse coût de l’endettement
• Dans un contexte de ralentissement économique : hausse
dépenses / recul des recettes = aggravation du déficit
public
• Conséquence : L’Etat doit se refinancer pour un montant
supérieur à un coût plus élevé
• Le montant des échéances des remboursements explose
• La hausse des montants en rembourser creuse le déficit
publique = nouvel endettement (il faut emprunter davantage
pour rembourser sa dette)
• Cercle vicieux de la dette publique
Budget Etat grec : environ 50/60 millions €
4.2.3 La Grèce menace de « faire faillite »
• Incapacité à rembourser ses créanciers
• Ses créanciers sont essentiellement des
investisseurs européens
• En particulier des intermédiaires financiers
d’Europe du Nord (pays à capacité de
financement)
• Une crainte : la faillite grecque peut entraîner
une faillite des banques européennes
Comment sortir de cette situation ?
• Le dette grecque va « changer de
main »
• Elle passe de créanciers privés à des
créanciers « publics » :
- Les Etats membres de la zone euro
- Le FMI
- La BCE (plus tard)
Comment sortir de cette situation ?
• 3 plans d’aide successifs
• Les Etats membres de la zone euro :
- prêt bilatéraux sans versement des intérêts
= respect du no bail-out
- Création du Fonds européen de Stabilité
financière (2010), remplacé en 2012 par le
MES
• Le FMI
• La BCE : achat de titres publics détenus par
des créanciers privés
En 2015, les créanciers de la Grèce
4.2.4 Un choc de demande
négatif qui frappe toute l’UE
Les contreparties de ces aides
• Réduire le champ de la dépense publique
• Augmenter les recettes publiques
= un important choc de demande négatif
Hausse impôts et
baisse des
dépenses publiques
Baisse déficits publics
et excédents en 2015
Le ratio
(dette/PIB) ne
bouge pas
Dévaluation
« interne »
Choc de
demande négatif
Baisse de la
croissance et de
la croissance
potentielle
Déflation
(20132015)
Baisse des
importations
Recul du
déficit
extérieur
Recul du
besoin de
financement
Le choc de demande négatif
se diffuse dans toute l’UE
• En 2010, les Etats européens qui ont réagit à
la crise de 2008 en laissant se creuser les
déficits ont peur que la défiance se diffuse de
la Grèce vers chez eux
• Simultanément, tous les pays cherchent à se
« protéger » en pratiquant une politique de
« consolidation budgétaire »
• Choc de demande négatif global
4.2.5 Quel avenir pour la dette
grecque ? Un futur Grexit ?
Quel avenir pour la dette
grecque ? Un futur Grexit ?
• La Grèce ne paie pas d’intérêt sur les prêts bilatéraux
jusqu’en 2022; maturité 30 ans
• La Grèce ne paie pas d’intérêt sur les prêts du MES
jusqu’en 2023; maturité 30 ans
• La BCE reverse à la Grèce les intérêts qu’elle perçoit
• La Grèce ne rembourse en totalité que la FMI
Question: la situation de la Grèce peut-elle s’améliorer
d’ici 2022 et le début du remboursement des intérêts
?
Quel avenir pour la dette
grecque ? Un futur Grexit ?
Question: la situation de la Grèce peut-elle s’améliorer
d’ici 2022 et le début du remboursement des intérêts ?
Pour pouvoir tenir ses échéances d’ici 2022, il faut que
la Grèce puisse dégager chaque année d’ici là un
surplus budgétaire de 3% à 4%
Aujourd’hui, elle est à 2%
Conclusion : Le Grexit se reposera en 2022
4.3 La crise des dettes souveraines : une
crise de fonctionnement de la zone euro
4.3.1 Un triple constat : l’UEM provoque des
crises
• L’UEM creuse l’hétérogénéité entre les
économies européennes = déséquilibre balance
courante (= risque sudden stop)
• Les politiques de coordination (notamment le
PSC) n’ont pas permis d’éviter des dérapages
de finances publiques : finalement la
coordination « coercitive » ne l’est pas tant que ça
• Des pays ayant parfaitement suivi le PCS ont
également été touchés : le champ de la
coordination des politiques est mal défini
4.3.2 Les solutions utilisées pour faire face à la
crise sont inefficaces et affectent la croissance :
• Les pays qui ont été soutenus par l’UE et le FMI =
des politiques d’austérité / dévaluation interne =
impact négatif sur la croissance potentielle
• Les pays qui ont eu peur de voir la défiance les
contaminer = des politiques de consolidation
budgétaire
• La solution européenne intergouvernementale :
signature du TSCG = « officialise » l’usage des
politiques de consolidation budgétaire
• Or les études montrent que le multiplicateur
budgétaire est fort quand l’output gap est élevé
4.3.3 Pourquoi la seule solution pour la
Grèce a été la dévaluation interne?
La Grèce est touchée par un choc de demande négatif (crise
de la dette souveraine) = chute du PIB = comment relancer
l’activité ?
Il n’est plus possible
d’utiliser le taux de
change: pas de
dévaluation « externe »
La population active est
imparfaitement mobile: les
régions en croissance
n’absorbent pas les
chômeurs des autres
Il n’est pas possible de relancer le budget en
creusant son déficit puisque le financement du
déficit est impossible (sudden stop)
Que faire ?
Sortir de l’euro ? La
dévaluation = explosion dette
extérieure ; impossibilité
financer déficit courant =
appauvrissement
Les Etats « riches » transfèrent
au « pauvres » des revenus
pour maintenir leurs dépenses
globales : c’est le principe du
fédéralisme budgétaire.
Pas souhaitable
Pas prévu par les traités
Pratiquer une dévaluation « interne »
: amélioration de la compétitivité par la
baisse des CSU = rétablir sa balance
courante = devenir une économie à
capacité de financement
La solution de la dévaluation
interne
• Tout pays en besoin de financement
risque le sudden stop
• Et chaque crise doit conduire à rétablir
la balance courante au prix d’une
dévaluation interne
• Au final : aucune économie ne souhaite
être en situation de déficit courant =
pousse aux politiques non coopératives
pour avoir un excédent courant
4.4.4 La zone euro n’est pas une ZMO
Les structures économiques
sont hétérogènes
Si choc : concerne une
économie et pas les autres
Pas de mobilité des actifs
Pas de transferts
budgétaires entre régions
Seule solution : la dévaluation
interne pour rétablir sa
balance courante
Chaque Etat essaie d’attirer les
« facteurs mobiles »: capital et
travail très qualifiés
Les écarts de fiscalité et de protection sociale
deviennent des « atouts » de la compétitivité d’une
économie nationale =
dumping social et fiscal entre pays européens
L’UEM : un bilan
Une période de
rattrapage et de
croissance
Un creusement de l’hétérogénéité
Des crises de balance courante
Une
Conséquence :
coordination Dévaluation interne
déficiente
des politiques
budgétaires
Choc de demande
négatif : plus de
croissance
Préventif :
Stratégie non coopérative
Absence de solidarité
4.4 Quelles voies se sortie pour la zone
euro ? Quel avenir pour l’UE ?
L’UEM :
• creuse les différences de structures
économiques entre Etats ce qui provoque des
déséquilibres des balances courantes
• ne propose pas de solution autre que la
dévaluation interne pour y faire face
4.4 Quelles voies se sortie pour la zone
euro ? Quel avenir pour l’UE ?
Solutions ?
•Repli national = solution souverainiste / fin de
l’UE
•Solution fédérale = modèle des Etats-Unis
(faire disparaître les problèmes liés à la non
optimalité de la zone euro)
•Solution intermédiaire = plus pragmatique
4.4.1 Sortir de l’UE ?
Inconvénients ? Dévaluation
•Réduire les échanges
•Réduire surplus du consommateur
•Augmenter le prix des biens intermédiaires
•Augmente dette extérieur
Avantages ? Tout dépend
•si le pays participent à Schengen et l’euro
•si la dévaluation stimule les exportations
4.4.2 Créer deux zones monétaires
• Avantages :
Des économies qui ont des caractéristiques
structurelles proches partagent la même
monnaie car elles forment une « zone
monétaire optimale »
• Inconvénients:
Les pays à monnaie faible manipulent leur
monnaie pour gagner en compétitivité ;
nécessité d’une coordination des deux
politiques monétaires
4.4.3 Une solution intermédiaire
Avancer progressivement vers la constitution
d’un marché du travail européen
Inciter à la mobilité en
créant une portabilité
des droits
Ex: une assurance
chômage européenne
4.4.4 Les transferts budgétaires
fédéraux
Réponse à :
• Éviter les crises de balance courante dans une
zone monétaire non optimale
• Sous investissement de certains Etats dans le
domaine social (éducation & santé) et la R&D,
donc dans le capital humain = action sur leur
croissance potentielle (France Stratégie)
• Admettre que l’hétérogénéité des territoires est une
conséquence « normale » (Artus) de l’intégration
des économies nationales = il faut donc pouvoir
la « gérer collectivement » (Crozet)
Source : Patrick Artus et Isabelle Gravet « La crise de l’euro. Comprendre les causes. En sortir par de nouvelles
institutions », A .Colin (2012), p.143
Patrick Artus et Isabelle Gravet
« La crise de l’euro » 2012
Sans cette évolution vers le fédéralisme, il ne peut y
avoir qu’éclatement de l’euro, les pays de la zone euro
étant pris entre la nécessité d’équilibrer leurs comptes
extérieurs et celle de respecter la spécialisation
productive conforme à leurs avantages comparatifs et
à leurs dotations en facteurs de production. Le
fédéralisme est sans conteste la seule réponse
possible à la crise actuelle. C’est même la condition
sine qua non de toute union monétaire.
Téléchargement