Les années folles de la physique Dominique ODERO … les années folles : 1920 ~ 1935 des années de révolution dans tous les domaines : Architecture : Le Corbusier… Cinéma : Luis Buňuel, René Clair, Jean Cocteau… Littérature : André Breton, Louis Aragon, Paul Eluard… Mode : Paul Poiret… Musique/Danse : le Jazz, Joséphine Baker… Peinture : Salvador Dali, Picasso, Braque, Miro, Magritte… Sculpture : Mayol, Abbal… …Et la Physique ! : Niels Bohr, Albert Einstein, Louis de Broglie, Paul Dirac, Werner Heisenberg, Erwin Schrödinger, Max Born, Wolfgang Pauli, Enrico Fermi, Ettore Majorana… Aujourd’hui, on utilise tous les jours : Mais il y a aussi le gigantesque, par exemple : l’étude du fonds diffus cosmologique avec le satellite européen Planck Laser méga joule CEA Bordeaux ITER Cadarache LHC Cern genève La Physique Quantique décrit le comportement des particules constituant l’atome. Les objets de tous les jours font appel à la physique atomique (énergies de l’ordre du KeV) Le « gigantesque » fait appel à la physique nucléaire ou physique des particules (énergies de l’ordre du GeV et du TeV) Petit lexique 1/2 L’atome est constitué d’un noyau et d’un nuage d’électrons L’électron : « particule » de matière Le noyau : protons et neutrons Le photon : « particule » de lumière Energie exprimée en électron volt (eV et ses multiples : keV, MeV, GeV, TeV) Fréquence ν : nombre de cycles par seconde (Hz) Longueur d’onde λ : λ= c/ν E=mc² Petit lexique 2/2 Le rayonnement électromagnétique : Comment en est-on arrivé là ? La « préhistoire » -350aJC Aristote La physique « moderne » 1700 1600 Galilée La physique quantique 1800 1850 1900 1927 1964 1982 2000 Les années folles Fermat Newton Moreau de Maupertuis Young Lagrange Hamilton Congrès SOLVAY Interprétation de Copenhague Röntgen, JJ Thomson, Maxwell E Rutherford, H Becquerel, P & M Curie, M Planck, A Einstein, N Bohr, A Sommerfeld, … L De Broglie, W Heisenberg, E Schrödinger, M Born, W Pauli, PA Dirac, … Au commencement : ARISTOTE (- 350 a. J.C, Grec) Au XVIème siècle, naissance de la « physique moderne » GALILEE (1564-1642, Italien) : la première expérience de pensée (loi de la chute des corps), et notion de variables cachées. ( l’élément qui manque pour finaliser la compréhension) … puis Isaac NEWTON (1643-1727, Anglais) théorie de la gravitation universelle ( unification de la mécanique terrestre et de la mécanique céleste) la lumière est constituée de corpuscules (mais Christian HUYGENS pensait que la lumière était constituée d’ondes) et « inventeur » de la non localité (transmission instantanée d’une force) … et enfin James Clerck MAXWELL (1831-1879, Ecossais) La lumière, l’électricité, le magnétisme sont constitués d’ondes (1865) … sans oublier les « fabricants d’outils » : Pierre De FERMAT (début XVIIème siècle-1665) : Principe du moindre temps pour la lumière (1662) Pierre Louis MOREAU DE MAUPERTUIS (1698 -1759) : Principe de moindre action pour les corpuscules (1744) Pierre Simon De LAPLACE (1749-1827) Joseph LAGRANGE (1736-1819) et William HAMILTON (1805-1865) Arthur CAYLEY (1821-1895) et James SILVESTER (1814-1897) Thomas YOUNG ( 1773-1829) et Louis-Augustin FRESNEL (1788-1827) Fentes de Young (1801) : Phénomène de diffraction / interférence de la lumière (optique ondulatoire) : Les principaux moyens expérimentaux à la fin du XIXème siècle la spectroscopie Le spectroscope est un appareil destiné à observer les spectres lumineux émis par différents corps simples chimiques. : A la fin du XIXème siècle, la physique semblait être complète et bien expliquée par • les particules (mécanique, thermodynamique), d’une part, • les ondes (optique, électricité, magnétisme), d’autre part, • et, un accros au déterminisme, la théorie cinétique des gaz (MaxwellBoltzmann). Le credo de l’époque : « CAUSALITE- DETERMINISME- LOCALITE » • Mais, il restait juste « 2 petits nuages » : • l’« éther luminifère » • la catastrophe ultraviolette Ancienne théorie des quanta Max PLANCK (1858-1947, Allemand, Prix Nobel en 1918) Décembre 1900, explication de l’élimination de la « catastrophe ultraviolette » par l’introduction de discontinuités de l’énergie rayonnée par la matière sous forme de « quanta » : E=hν 1/3 Ancienne théorie des quanta Albert EINSTEIN (1879-1955, Allemand, prix Nobel en 1921) En 1905, publication de 3 articles fondamentaux : - Explication de l’effet photoélectrique en tenant compte des idées de PLANCK : c’est la lumière elle-même qui est « quantifiée » ! - Explication du mouvement brownien par la prise en compte de la nature atomique de la matière - Introduction de la théorie de la relativité restreinte. 2/3 Ancienne théorie des quanta Niels BOHR prix Nobel en 1922) (1885-1962, Danois, 3/3 ONDE ou PARTICULE? Début des années 20, la révolution quantique est en marche! Louis DE BROGLIE (1892-1987, Français, prix Nobel en 1929) Théorie de l’onde pilote pour expliquer la dualité onde-corpuscule. (1924) p = h/λ Association des principes de Fermat et de Maupertuis Erwin SCHRÖDINGER (1887-1961, Autrichien, prix Nobel en 1932) Introduction de la mécanique ondulatoire avec la fonction ψ (1925) : C’est une superposition d’ondes de fréquences très proches (paquet d’ondes). Le volume associé correspondrait à la taille de l’électron. Un saut quantique constituerait un simple échange d’énergie entre deux formes de vibrations différentes « Erwin ne cesse de calculer Avec son ψ ondulatoire Mais à quoi ça peut ressembler Ça, on aimerait bien le savoir » Bloch Max BORN (1882-1970, Allemand, prix Nobel en 1954) Interprétation probabiliste : La fonction ψ représente une densité de probabilité de présence de l’électron autour du noyau. (1926) Werner HEISENBERG (1901-1976, Allemand, prix Nobel en 1932) Les « observables » (les fréquences des raies spectrales et leur intensité) : la mécanique matricielle et le principe d’indétermination (1925) : Δp*Δq ≥ h ΔE*Δt≥ h p = impulsion ou quantité de mouvement du quanton q = position du quanton La dualité onde-corpuscule : L’électron, le photon se comportent soit comme une onde, soit comme une particule. Cette dualité peut s’exprimer par le mot « quanton » (J.M. LEVY-LEBLOND) Picasso - Seated woman-1927 Le principe de complémentarité : 1/2 Le principe de complémentarité : Onde et corpuscule sont les deux aspects exclusifs de la réalité. On ne peut les observer en même temps. (C’est-à-dire avec le même dispositif expérimental) Quand on conçoit une expérience pour déterminer si le quanton est une onde, le résultat trouvé est une onde. Quand on conçoit une expérience pour déterminer si le quanton est une particule, le résultat trouvé est une particule. Magritte – Magie noire 2/2 Le principe de superposition : L’addition est la quintessence du formalisme quantique : Soit u l’état possible d’une particule (c.a.d sa masse ,sa charge, sa position, sa vitesse, son spin ou sa polarisation…) Et v un autre état possible de la même particule, alors: u+v est aussi un état possible, et encore mieux : au + bv est aussi un état possible! a et b étant des nombres. Wolfgang PAULI (1900-1958, Autrichien, prix Nobel en 1948) L’inventeur du 4ième nombre quantique: le spin: s= 0 ou ± n/2 Le principe d’exclusion (1926) Le neutrino … « L’effet » Pauli ! Paul Adrien DIRAC (1902-1984, Anglais, prix Nobel en 1933) 1928: Equation relativiste : généralisation de l’équation de Schrödinger aux vitesses proches de la célérité de la lumière Mise en évidence de la possibilité d’existence d’antiparticules. (Découverte du positron en 1932) Opérateurs de création et d’annihilation de particules Précurseur de la physique quantique des champs Cinq caractéristiques de la genèse de cette nouvelle physique Ça s’est passé en Europe : « Le théâtre quantique » Des échanges constants entre les physiciens Une imagination fertile (expériences de pensée) La jeunesse et l’audace La « Knabenphysik » en Allemagne Les « ragazzi de la via Panisperna » en Italie La complémentarité entre jeunes et « vieux » Le Congrès SOLVAY de 1927 L’interprétation de Copenhague (1927) : - Tant qu’il n’y a pas de mesure, il n’y a pas d’existence d’un résultat. - Avant la mesure, il y avait superposition d’états. Après la mesure, il n’y a plus qu’un état mesuré. (Effondrement instantané de la fonction d’onde lors de la mesure : réduction du paquet d’ondes) - La réalité dépend de l’appareil de mesure et de l’observateur. Le désaccord d’Einstein et de Schrödinger avec l’interprétation de Copenhague : • Une théorie physique doit éliminer le hasard et son efficacité n’est pas suffisante pour la rendre incontestable. • Or la physique quantique se contente de mesurer les propriétés statistiques des constituants de la nature (« Dieu ne joue pas aux dés ! »). • Mais on doit attendre d’elle qu’elle nous explique la structure même du réel, tel qu’il existe, indépendamment de nous. « Principe de réalité » • Donc, la physique quantique est incomplète, il doit exister des variables cachées. Le chat de Schrödinger Expérience de pensée ! Le chat est dans un état « superposé », à la fois « chat mort » et « chat vivant » (heureusement pour le chat !) La physique quantique est formalisée en 1930-31 Ses fondements mathématiques ont été établis par John Von NEUMANN (1903-1957, Hongrois) d’une part et par Paul Adrien DIRAC (1902-1984, Anglais) d’autre part. En utilisant les travaux du mathématicien David HILBERT (1862-1943) … Mais ….. 1933 La fuite des cerveaux Hommes: • A. Einstein, M. Born, W. Pauli, E. Schrödinger, • E. Wigner, L. Szilard, J. Von Neumann, E. Teller, P. Erdös, • E. Fermi, E. Segré, • …. Femmes: • Emilie Noether (1882-1935) • Lise Meitner (1878-1968) • …. La physique quantique « orthodoxe » et l’intrication: 1/2 1935 : contre-attaque d’Einstein Einstein, en prenant à la lettre l’interprétation de Copenhague montre que: Si 2 photons ou 2 électrons d’un même atome sont rapprochés, ils interagissent. Ils ne sont plus dissociables. Ils sont intriqués. Si on les sépare, ils restent liés, quelle que soit la distance qui les sépare. La notion de localité a complètement disparu. « Alors l’un devint deux » R. Ommès L’intrication est monogame ! Le tiers est exclu ! Intrication: 2/2 Nouvelle expérience de pensée : Einstein juge les conséquences de cette intrication « farfelues », car : - Soit les propriétés de l’un des systèmes vers l’autre doivent se déplacer plus vite que la vitesse de la lumière (instantanéité ou non localité) - Soit la physique quantique est incomplète, il doit y avoir des variables cachées C’est le paradoxe EPR (EINSTEIN – PODOLSKY – ROSEN) Fin des Années folles…. … Et ensuite? Des expériences de pensée vers leur réalisation expérimentale … 1964 : John BELL (1939-1990, Irlandais) Elaboration d’une inégalité, qui permet d’établir les conditions d’une expérience, pour savoir lequel, de BOHR ou d’EINSTEIN, a raison… … 1982 : Démonstration expérimentale de l’existence de particules corrélées par Alain Aspect et son équipe (P. Grangier, G. Roger, J. Dalibard) (Institut d’optique, Université d’Orsay, France) Intrication de deux photons sur une distance de 10 m. BOHR avait raison, et EINSTEIN avait tort : « La physique quantique est complète » Le problème de la mesure quantique : question philosophique La physique quantique n’est pas sensée décrire la réalité : • Interprétation de Copenhague (N Bohr, W Heisenberg, W Pauli,… Stephen Hawking) La physique quantique décrit totalement la réalité : • • • • La théorie de l’onde pilote (D Bohm et L De Broglie 1952) Les univers multiples (Hugh Everett 1957, John Wheeler) La réduction spontanée de la décohérence (H D Zeh et W Zureck 1970, S Haroche) Les histoires consistantes (R B Griffith 1984, M Gell Man) • L’intrication : un tunnel spatio-temporel (ER = EPR) ? (J Maldacena et L Sussking) … Et la suite ? L’intrication et la décohérence amènent à développer de nouvelles technologies : • La cryptographie quantique • L’ordinateur quantique • La téléportation Mais ça, c’est une autre histoire !…